jeudi 3 avril 2014 - par C’est Nabum

Au bord du monde

Nécessaire, tout simplement.

Un cri magnifique …

Paris la nuit. La ville lumière, la ville splendeur et, à la périphérie de la vie, presque invisibles à qui ne veut les voir, des hommes et des femmes survivent dans la rue à deux pas de notre opulence. Le documentaire de Claude Drexel leur redonne la parole en les filmant au plus près tout en optant pour un parti pris esthétique. Le décor en arrière-plan est somptueux ; la capitale brille de ses mille feux puis soudain le regard se porte sur ceux qu'on ne voit jamais.

Et c'est alors le coup de poing dans nos certitudes, la fin d'un mythe confortable. Ce sont des êtres de raison et de conscience qui se tiennent là, à l'écart de notre monde, qui observent sans juger, qui nous disent leurs vies, en longs monologues, sans rancœur ni plaintes. C'est bien là le plus troublant de ces histoires, livrées par minuscules fragments comme si la pudeur était l'unique rempart de ceux qui n'ont plus aucune intimité.

Soudain, nous sommes happés par des récits bouleversants. Ne croyez pas qu'ils se racontent, qu'ils versent ici leur sac à misères. Point de récriminations ni de propos larmoyants. C'est bien ce qui nous trouble et nous interpelle. Ils se placent en marge d'une vie qui se refuse à eux, d'un flot quotidien dans lequel ils n'ont pas su ou pas voulu prendre leur place.

Ce sont leurs silences et leurs regards qui en disent le plus ; non qu'ils aient perdu l'usage de la langue mais plutôt l'habitude d'être écoutés. C'est dans le poids d'un souffle, dans la brûlure d'un sourire en décalage, dans la fissure d'un regard qui s'enfuit vers un ailleurs inaccessible que nous percevons le poids d'une vie comme rétractée autour des fonctions vitales : manger, dormir, se protéger.

Leur quotidien, on le devine bien plus qu'ils ne nous le racontent. Leurs discours prennent de la hauteur, jugent avec une acuité sidérante cette société en marge de laquelle ils nous observent. Ils sont aux premières loges, observateurs sidérés par notre folie, notre vitesse et notre absence d'humanité. « La société recule aussi vite que le progrès avance » nous lance l'un de ces philosophes du bitume. Je crains qu'il n'ait raison.

La caméra se perd alors dans les lignes de fuite du métro et des rues, des bâtiments et de la Seine. Nous nous perdons nous aussi dans cette géométrie abstraite, froide, lugubre où la vie, paradoxalement, est portée par cet homme , par cette femme qui, à ras le sol, sont plus grands et plus civilisés que nous. Ils nous fascinent et nous déstabilisent. C'est nous ces passants qui filons à toute vitesse sans même un regard, c'est encore nous ces employés qui exigent de ne pas voir de tentes face à leurs bureaux ; c'est toujours qui venons hurler à leurs oreilles alors que nous sortons d'un lieu de fête …

Les valeurs se renversent ; nous sommes scrutés par ces êtres que nous nous refusons de considérer. C'est notre vie qui devient absurde, notre pauvre repli égoïste sur l'argent et des soucis si matériels. Eux, ils savent la solidarité et le courage, la persévérance et l'opiniâtreté. Ils sont au-dessus de notre condition de furieux de l'égoïsme.

Alors, nous les écoutons enfin nous dire leurs failles et leurs fulgurances. Ce sont des philosophes et des poètes, des gens de bien et des cœurs purs. Nous sommes emportés par l'absurde, le magnifique, le dérisoire, le sublime, le tendre et le sordide. Sans révolte ni méchanceté, ils nous affirment qu'ils ont une âme et nous font douter que nous ayons su garder la nôtre.

Paradoxalement, eux qui habitent au bord de notre monde, qui sont, par ou pour nous, cachés, rejetés, écartés, eux seuls placent encore l'humain au centre de leur discours avec une générosité d'une incroyable force, avec des propos parfois christiques, toujours humbles, toujours porteurs de compassion. Le décor est renversé, les rôles ont été inter-changés. Les clochards, les sans-abris, les exclus, les sans domicile, les marginaux sont les seigneurs de cette superbe ville nocturne.

Le film se termine et vous laisse sans voix, sans force, touchés par une incroyable tempête intérieure. Comment ne pas sortir différent de cette projection qui devrait être déclarée de salubrité publique ? Dans la salle, nous ressentons la honte ineffable d'être dans une ville qui interdit la mendicité, qui fait la chasse au bivouac, qui poursuit la misère au lieu d'y apporter des réponses humaines.

Puis nous comprenons que c'est d'abord notre regard qui doit changer, que les agitations sécuritaires d'une municipalité ne sont rien en comparaison de notre indifférence, de notre gêne, de notre fuite, de nos lâchetés. Chacun se promet de ne plus jamais fuir le regard de celui qui est à terre, de lui dire un mot en passant, de le considérer comme frère devant l'humanité.

Voilà la leçon magnifique que nous ont offerte Claus Drexel et ceux qu'il a filmés avec une telle générosité. Je ne peux que vous inviter à remuer ciel et terre pour que passe dans votre ville ce film remarquable. C'est si rare une œuvre qui vous rend meilleur ! Ne passez surtout pas à côté de ce cadeau magnifique !

Ontologiquement leur. 



46 réactions


  • Bubble Bubble 3 avril 2014 17:01

    Bonjour Monsieur Nabum,

    "Chacun se promet de ne plus jamais fuir le regard de celui qui est à terre, de lui dire un mot en passant, de le considérer comme frère devant l’humanité.« 

    Vous n’habitez pas à Paris, mais cette résolution, vous ne pourriez pas la tenir dans notre capitale. Pour avoir été 5 ans étudiant à Paris, on croise au moins une dizaine de sans abris à chaque fois qu’on met le nez dehors. J’ajoute les mendiants menteurs qui droguent leur bébé pour qu’il se tienne tranquille et attendrissent l’homme du métro, ou bien ceux qui demandent leur chemin à Montparnasse et au moindre effort pour répondre, vous mettent un bouquin dans les mains et vous déclarent sans honte, »bravo vous avez gagné (le droit de payer le livre)", ou encore ceux qui vous attrapent le poignet dans un fil à Notre Dame pour vous faire un bracelet minute avec deux perles et vont insister bien fort et à plusieurs pour vous le faire payer, ou le paquet de moignons encore en vie déposé à Arts et Métiers par on ne sait qui le matin et qui vous fend le cœur, avant que vous compreniez que ce n’est pas l’infirme qui touchera votre pièce. Les associations humanitaires aussi, dans leur action certainement respectable, mais de sortie en k-way multicolore sur tous les tronçons des artères de la ville dès qu’il fait beau et qui vous passent à grands coups de speechs publicitaires l’envie d’avoir l’air ouvert aux autres.

    Sourire et croiser le regard à Paris, ce n’est pas être humain, c’est montrer qu’on est une bonne poire, et il y a beaucoup de monde pour essayer d’en profiter. Rien de plus normal que les passants apprennent à ne plus voir et à ne plus entendre.


    • C'est Nabum C’est Nabum 3 avril 2014 17:56

      Bubble


      Si tel est le cas, cette ville ne mérite plus d’être un phare de notre nation pour se transformer en repoussoire immonde.

      Je ne supporte pas l’indifférence.

    • Fergus Fergus 4 avril 2014 09:39

      Bonjour, C’est Nabum.

      Bubble a raison. Ne pas supporter l’indifférence, c’est facile quand on n’est pas confronté au quotidien à ces SDF de plus en plus nombreux dans les rues. Je ne crois pas être parmi les pires, surtout depuis que j’ai suivi quelques maraudes avec des travailleurs sociaux. Mais je reconnais, à l’image des travailleurs sociaux eux-mêmes hors de leur temps d’action humanitaire, ne pas pouvoir systématiquement engager le dialogue avec les sans-abris. Désormais, je me contente la plupart du temps de les saluer. Leur porter attention n’est d’ailleurs pas si facile que cela en raison du profil psychologique difficile de certains, surtout si l’on a pris conscience qu’une partie d’entre eux sont des manipulateurs. Pas évident !


    • Bubble Bubble 4 avril 2014 11:49

      Je pense que l’indifférence est aussi plutôt difficilement supportable pour un certain nombre de parisiens, mais qui y sont contraints par l’environnement.

      Pour ma part, je suis sans doute trop sensible et je vous avoue que j’ai préféré m’enfuir de Paris pour revenir faire du caritatif dans une ville plus petite, où les demandeurs sonnent moins faux et sont moins nombreux.


    • appoline appoline 4 avril 2014 12:18

      Non, les différents gouvernements préfèrent s’occuper des roms et autres traîne-savates qui nous viennent d’on ne sait où plutôt que de s’occuper de la misère bien française.


    • Fergus Fergus 4 avril 2014 12:44

      Bonjour, Appoline.

      Ce sont donc les gouvernements qui, dans leur grande bonté envers « les Roms et autres traîne-savates » les parquent, pour leur bien, dans des bourbiers innommables en bordure des autoroutes, des zones industrielles ou même des déchetteries !


    • appoline appoline 6 avril 2014 13:03

      Oui mais je me pose une question pourquoi les étrangers à l’âge de la retraite se voient verser, sans avoir travaillé ni cotisé par l’agirc et l’arcco sur le sol français, 709 euros ou 1157 euros de retraite. Qu’est ce que ça veut dire ça, alors que des français crèvent de faim et ne savent pas où se loger. C’est une honte


    • lsga lsga 6 avril 2014 13:06

      ça veut dire que la France pille les ressources naturelles de l’Afrique depuis plus d’un siècle, et que pour éviter que ces populations ne se révoltent et passent des contrats avec les chinois, les russes ou les américains, la France leur balance des visa comme on balance un os à un chien. 

       
      ça va ? tu comprends mieux maintenant ?

  • Vipère Vipère 3 avril 2014 19:58

    Nabum

     

    Ce qui est étrange et qui m’interpelle est le fatalisme de ceux et celles qui ont tout perdu !

    Par quels mécanismes sont-ils parvenus à accepter, l’inacceptable sans haine de la Société qui les a mis au ban, comme des déchets indésirables ?

    C’est sidérant, sidérant, sidérant ...


    • C'est Nabum C’est Nabum 3 avril 2014 21:58

      Vipère


      Plus que ça en effet
      Leurs discours étaient emprunt d’humanité et même de mansuétude vis à vis de cette société à laquelle ils ne peuvent ou ne veulent se mêler.

      Curieux, aucune colère ! 

  • Auxi 3 avril 2014 21:37

    Ça peut aller très, très vite. Lorsque je suis tombé malade et que j’ai été reconnu invalide à 80%, l’Insécurité Antisociale m’a laissé UN AN sans un seul centime de rentrée. D’où, inévitablement et à mon corps défendant, l’impossibilité évidente de continuer à payer mon loyer comme je le fais rubis sur l’ongle depuis vingt-quatre ans. Huissiers, menaces d’expulsion, tribunal. J’ai dû m’endetter lourdement pour ne pas finir à la rue. Aujourd’hui, sur ma très maigre pension d’invalidité (895 euros / mois), je dois rembourser cent euros par mois pour éponger ma dette. Voilà comment on peut devenir SDF.


    • C'est Nabum C’est Nabum 3 avril 2014 22:00

      Auxi


      Que vous dire ?

      Je vais diffuser votre témoignage. merci vraiment du fond du cœur et tenez le coup
      Si je passe en concert près de chez vous, vous êtes mon invité. Faites vous connaître à l’entrée 

  • Vipère Vipère 3 avril 2014 22:14

    Nabum

     

    Ce serait au-dessus de mes forces ! comment est ce possible ?


    • C'est Nabum C’est Nabum 4 avril 2014 06:56

      Vipère


      Quoi ?

      De passer quelques instants à discuter avec un exclu ?
      ou pire encore
      D’aller à l’un de mes spectacles ?

  • Karol Karol 4 avril 2014 08:10

    Bonjour Nabum,
    Merci pour ce très beau texte sur ces oubliés, ses exclus, ses sans voix.
     Dans notre monde on ne tolère rien de celui qui n’a rien, en revanche les écarts des puissants forcent le respect.


    • Karol Karol 4 avril 2014 08:54

      Oups,
      Merci pour ce très beau texte sur ces oubliés, ces exclus, ces sans voix.....
      Dans notre monde on ne tolère rien de celui qui n’a rien, en revanche les écarts des puissants forcent le respect.


    • C'est Nabum C’est Nabum 4 avril 2014 10:55

      Karol


      Mon texte ne fait que mettre en mots l’émotions qui fut la mienne grâce à ce documentaire extraordinaire.
      C’est le réalisateur qu’il faut applaudir

    • Fergus Fergus 4 avril 2014 10:07

      Bonjour, Musima.

      Vous avez raison, la réponse est politique et non individuelle. L’important est moins de nouer des relations (souvent difficiles, voir plus haut) avec les SDF que d’harceler les élus de tous niveaux pour que des mesures concrètes et efficaces soient prises. Cela ne doit évidemment pas dire que l’on doit cesser de prêter attention à la misère des rues, mais l’essentiel n’est indiscutablement pas là.


    • C'est Nabum C’est Nabum 4 avril 2014 10:58

      Musima


      Les témoignages n’ont d’autre but que de briser le silence.
      Ce ne sont pas les témoins qui changent le monde, hélas ! 

      Maintenant, espérer que les politiques apportent une réponse est illusoire. C’est une prise de conscience collective et des gestes individuels qui feront bouger les lignes.

      Ne pas attendre l’impossible est une urgence

    • Fergus Fergus 4 avril 2014 11:29

      @ C’est Nabum.

      « C’est une prise de conscience collective et des gestes individuels qui feront bouger les lignes. »

      Non, désolé. Que la « prise de conscience collective » soit indispensable, nous sommes d’accord car rien ne pourra se faire sans elle. Mais les « gestes individuels » ne feront pas bouger les lignes. Ils ne seront (ils ne sont déjà) que des remèdes de grippe appliqués dans le traitement d’un cancer. On peut, individuellement, apporter son aide en participant à la distribution de nourriture, mais on ne peut résoudre le problème de l’hébergement qui, lui, relève des pouvoirs publics.

      C’est pourquoi la seule solution est dans le collectif avec pour objectif de harceler les élus, de faire de cette question un enjeu électoral majeur.


    • C'est Nabum C’est Nabum 4 avril 2014 11:41

      Fergus


      Les gestes individuels sont les euls à faire avancer les choses dans tous les domaines

      Attendre que la voie soit tracée ne mêne jamais nulle part

    • Fergus Fergus 4 avril 2014 12:01

      @ C’est Nabum.

      Je n’ai pas parlé d’« attendre que la voie soit tracée », mais d’utiliser l’énergie du plus grand nombre pour faire bouger le politique.


    • Bracam Bracam 5 avril 2014 01:11

      Eh oui, c’est Nabum, je partage entièrement le point de vue de Fergus. Je pense qu’il y a mille façon d’agir, à prendre en considération, qui ne dévaluent en rien la vôtre mais la nourrissent et s’en nourrissent. C’est vrai, beaucoup d’entre elles ne dépassent pas la déclaration d’intention, mais l’ensemble seul peut infélchir ue politique esclavagiste. En opposition, il y a des millions de manière de vouer à l’enfer nos semblables. Le choix du coeur est donc multiple mais étroit, restreint face à la désespérance de la condition humaine. 


      (empreint/emprunt...)

  • Pasco 4 avril 2014 10:15

    Bonjour Nabum,
    Joli texte, belle envolée lyrique mais qui est, hélas, un autre coup dans l’eau.
    Vous dites : « Je ne supporte pas l’indifférence. » Je comprends et je partage, mais je peux vous dires, sans risque de me tromper, que les SDF et autres mendiants, à Paris, c’est comme la tour Eiffel ou l’arc de triomphe pour le Parisien que je suis ; A force de passer devant, on ne les voit plus.
    Et je rajouterais au commentaire de Bubble que certains font preuve d’une grande agressivité et d’une grande violence, entre eux mais aussi avec les passants.
    Proposons à Hollande un ministère de la condition humaine.


  • Vipère Vipère 4 avril 2014 12:08

     

    Nabum

     

    Je serai ravie de vous connaître et de vous serrer la pince, ainsi qu’à votre entourage familiale si l’occasion se présentait ! smiley

    Et j’adhère complètement au propos de Fergus, d’abord éveiller la conscience collective pour qu’ensemble nous harcelions les pouvoirs publics dont l’indifférence et le mépris des exclus ne se présume pas, les SDF en sont la preuve vivante.

    J’ai voulu dire que je ne comprends pas la tolérance des exclus à l’égard de la Société qui les rejette, « c’est au dessus de mes forces » comment font-ils ?


    • Fergus Fergus 4 avril 2014 12:50

      Bonjour, Vipère.

      « Comment font-ils ? » Malheureusement, beaucoup sont psychologiquement trop cassés pour réagir. Et parmi les SDF, n’oublions pas qu’il existe également des personnes en situation de grand délabrement psychiatrique. D’où l’énorme difficulté rencontrée par les travailleurs sociaux (j’en ai été le témoin) pour canaliser de manière positive ce qu’il reste d’énergie chez la plupart des exclus. C’est ainsi que j’ai connu le cas d’un jeune auprès duquel il a fallu des mois d’efforts d’une amie maraudeuse pour l’amener à prendre un premier contact avec une structure d’accueil.


  • keiser keiser 4 avril 2014 12:27


    Salut Nabum .

    Autrefois y avait des gens
    Qui ont dit faisons des villes
    Pour enterrer nos frayeurs
    Ce sera plus simple à plusieurs
    Ce sera plus simple à beaucoup
    Derrière nos murs de pierre
    L’oeil collé aux meurtrières
    De chasser les hordes de loups
    De chasser tout ce qu’est pas nous
    Etrangers pestiférés
    Truands saltimbanques filous
    Juifs errants et faux prophètes
    Jour et nuit de la lumière
    Temples d’or chatoyants
    Rumeurs douces de la vie
    Tous les samedis la fête
    L’âge d’or des villes vint
    Villes phares éblouissants
    Vers qui vont tous les désirs
    Et les rêves de continents
    Et puis les villes ont grandi
    Sont devenues boulimiques
    Monstrueuses et hystériques
    Bouffant tout ne rendant rien
    Gigantesques tentaculaires
    Boursouflées et hydropiques
    Pestilentielles et criardes
    Villes mutilées dans leur corps
    Qui exhalent des senteurs
    De mille tortures chimiques
    Cadavre très avancé
    Nous nous sommes les produits
    D’une de ces saloperies
    Ça s’appelle Paris Lumière
    Ça agonise comme Venise
    "Sous les ponts de Paris
    Coule la Seine"... et la merde
    Nous nous sommes les produits
    D’une de ces saloperies
    Où l’un est l’ennemi de l’autre
    Retranché aveugle et muet
    Chacun fait sa propre geôle
    Dans un désert surpeuplé
    Des millions de morts s’agitent
    Dans un flot d’indifférence
    Tu me croises je te croise
    Et vite nos regards s’évitent
    On se frôle par accident
    C’est la décharge électrique
    Les nourritures éclectiques
    Ensachées dans du plastique
    Vont faire de nous des mutants
    Grosses têtes et corps éthiques
    Et bientôt le Centième Plan
    Bétonnera notre cerveau
    Plus jamais d’insurrection
    Grâce au conditionnement
    Alors nous naïvement
    Pour nous sauver du néant
    Par nos guitares fluettes
    Nos ridicules voix aphones
    On balance nos curieux chants
    Chants dérisoires inutiles
    Essayant juste un moment
    D’être avec vous vous avec nous
    Puis après comme si souvent
    Dans la salle morte et déserte
    La solitude va rentrer
    Nous aider à tout ranger
    Dans la nuit les bagnoles vont
    Vers l’hôtel aseptisé
    Dont les murs pissent une musique
    De pauvres musiciens châtrés
    Et dans le lit seul et froid
    Mains en coquille sur le sexe
    Comme un foetus dans un ventre
    Rêves enluminés d’enfant.

    François Béranger .
    Paris-Lumière .


  • Auxi 4 avril 2014 13:51

    Avant de tenter un geste individuel, il convient de bien mesurer ses propres forces. Un jour, à un gars qui m’avait demandé une pièce, j’ai proposé de venir chez moi afin de faire ce qui est - devrait être - banal : dormir quelques heures confortablement installé, prendre une douche, manger chaud dans une assiette, avec des couverts, assis à une table… Mais, comme l’homme s’attardait de plus en plus, il m’a fallu lui faire comprendre, avec tout le tact requis en une telle circonstance, que je ne pouvais le prendre en charge plus longtemps avec mes faibles moyens. Il m’a alors regardé avec une incompréhension douloureuse et m’a dit : « Mais, je croyais que tous mes problèmes étaient réglés ! ». Et sa réaction est bien compréhensible : quand un naufragé voit une planche de salut, il s’y agrippe de toutes ses forces et ne veut plus la lâcher. Depuis, je fais extrêmement attention à ne pas donner le pire : un faux espoir.


    • C'est Nabum C’est Nabum 4 avril 2014 14:27

       Auxi


      Des années durant j’ai fait chauffer la gamelle d’un sans logis. Il ne m’a rien demandé d’autre.
      Il avait été placé sur un chantier par son beau-frère promoteur de l’opération

      Rien n’est jamais simple

  • L'enfoiré L’enfoiré 4 avril 2014 17:23

    Un peu court la vidéo de Drexel.

    Comme vous dites, rien n’est jamais simple.
    Pourquoi dans les villes ?
    Parce que là, il y a encore une chance de se garer sous un porche, sous un pont.
    A Bruxelles, je peux vous en donner pas mal.
    L’hiver, la saison délicate. Elle l’a été moins cette année.
    En 2006, j’avais écrit ce petit billet de circonstance.


  • stetienne stetienne 4 avril 2014 17:56

    paris ville de bobo qui s’occupe des africains car ca fait classe mais laisse mourrir sdf francais en bas de chez lui car ca c est pas classe
    la décrepitude du socialisme dans toute sa splendeur
    les jours de cette societe sont comptés de toute facons


    • C'est Nabum C’est Nabum 5 avril 2014 16:07

      stetienne


      La décrépitude d’une société toute entière au-delà des clivages politiques

    • Master Chief117 Master Chief117 4 avril 2014 23:47

      L’égoisme est peut etre dans la nautre de l’homme mais l’égoisme est acceptable a certain degrés non ? c’est important de pensé à soit, sans pour autant etre un gros radin non ? 

      On vie un peut voir beaucoup dans une societé du « chacun pour soit et dieu pour tous »...
      mais comment changer des mentalité qui ce perpetue depuis des année et des année ? 
      les associations et tout ceux qui aide les gens a la rue et les demuni, c’est pas une solution éfficace sur le long terme, pas plus que l’aide humanitaire dans les pays en difficulté non ?
      ça aide mais c’est pas suffisant, vue que ça aide pas tout le monde.
      et dire qu’on peut pas aidé tout le monde, ça veut pas dire quelque part qu’on veut pas ?
      peut etre que dans le contexte actuel on peut pas aidé tout le monde, mais a ce moment la, c’est tout le contexte qu’il faut changé plutot que de chercher des milliés de solution qui règle pas les problème, a chaque fois on nous vend du reve on nous dit que ça va s’arranger on fait trainé les chose on regle le probleme mai entre temp un autre probleme ce crée et la on nous vend encore du reve a nous proposé des solution qui marche pas réelement.

      Ce qui est aussi déguelasse c’est que parmis ceux qui sont a la rue ya des gens qui on bossé, qui on payé des impot qui on enrichie des gens (des patron, des politicien...etc) et quand il ce retrouve en difficulté parce que il on plus du boulot et peuvent plus payé leur loyé...etc on les fou a la rue.

      La Societé ce fiche de ses citoyen a moitié du moment que la majorité suffit a les servir, les minorité qui galère on s’en occupe tardivment voir jamais.

      Les politique c’est pas ceux qui contribue au progrès mais plus ceux qui le freine le progrès, les gens qui bosse vraiment eux ils contribue au progrès il font fonctionné la societé et mieux que tout c’est politicien d’ailleur.
      les gens qui sont a la rue comment il peuvent contribué a faire fonctionné une société qui les aide a peine quand ils sont en grande difficulté ?

      les politicien font rien de concret a part épuisé tout un peuple qui ce casse le cul a travaillé.
      Comment on en est arrivé la ou plutot comment on peut en etre encore la au 21ème siècle avec tout les moyen qu’on n’a en ressource et en technologie en France et sur le Continent Européen ?

      Il ne fait aucun doute qu’il y à un gros décallage entre tout ce qu’on à et qu’on peut faire et ce qui est vraiment fait.

      c’est mon point de vue mais éclairé moi si je me trompe.



    • C'est Nabum C’est Nabum 5 avril 2014 16:08

      joyeusetés


      Je vous remercie pour ce commentaire et cette merveilleuse citation. Merci 

  • Master Chief117 Master Chief117 4 avril 2014 23:47
    Allô le bled ici la France, faut qu’j’file c’est grave
    J’suis bloqué dans le rêve d’un pédophile
    Les gens se plaignent, tout en prenant des apéros
    Génération dans la merde avec des pompes à 130€.

  • Vipère Vipère 6 avril 2014 09:41

    Bonjour Nabum

    Aux Etats Unis, précurseurs du pire, l’indifférence envers les pauvres s’est transformée en violence et en meurtre, parce qu’il est toléré de haïr les homless, les sans logis !

    Si l’on y prend garde, en France, où la pauvreté a explosé, nous pouvons nous attendre à un phénomène semblable. Ce que vous ne verrez pas et qui illustre l’article est un homme portant une pancarte verte où l’on peut lire « STOP VIOLENCE AGAINST THE HOMLESS »

    L’article ci-dessus est plus éclairant que les longs discours :

    Phénomène croissant : les violences sadiques envers les sans-abris (États-Unis)

    Soumis par Gestion le 28 août 2009

    Un rapport de l’association américaine de défense des sans-abris National Coalition for the

    Homeless (NCH) documente une augmentation de la violence au cours de la dernière décennie, avec

    au moins 880 attaques non provoquées contre des sans-abris, ayant causé 244 décès, de la part de

    personnes qui ne sont pas des sans-abris. En 2008, 106 SDF (sans domicile fixe) ont été agressés gratuitement, dont

    27 en sont morts, soit le chiffre le plus élevé depuis 2001.

    Il arrive, disent les chercheurs de la coalition, qu’une personne sans domicile en attaque une

    autre lors d’une dispute. Mais le plus souvent, les assaillants sont étrangers : des hommes ou,

    dans la plupart des cas, des adolescents qui battent, frappent, tirent avec une arme à feu ou incendient des

    personnes vivant dans les rues simplement pour le sport, leurs victimes étant presque

    invisibles de la société.

    « Les SDF sont devenus une nouvelle minorité qu’il est toléré de haïr. Si cela arrivait à une

    autre minorité, il y aurait une protestation organisée », s’indigne Michael Stoops, directeur du

    NCH.

    L’association dénonce aussi le phénomène en expansion des combats de clochards (« bum fights ») : pour quelques dollars, des sans-abris sont incités à se battre entre eux. Les

    vidéos sont ensuite diffusées sur Internet.

    En juillet, on comptait sur Youtube près de 86.000 vidéos dégradantes sur des clochards, soit

    15.000 de plus qu’un an plus tôt. Quelque 5.700 vidéos, 1.400 de

    plus qu’en avril 2008, montrent des « bum fights ».

    Si certains sans-abris acceptent de se prêter à ces humiliations, c’est parce qu’« ils sont

    alcooliques, psychologiquement perturbés et qu’ils n’ont pas d’argent », explique Michael

    Stoops.

    Selon une autre association d’aide, la National Alliance to End Homelessness, près de 700.000

    personnes dorment chaque nuit dans la rue ou en foyer aux Etats-Unis. Sur un an, on dénombre

    entre 2,5 et 3,5 millions de personnes qui ont subi ce sort au moins une fois.

    Devant l’augmentation des violences contre les sans-abris, certains Etats, comme le Maryland et

    le Maine, ont intégré les agressions contre des SDF dans leurs lois contre les crimes

    racistes ou discriminatoires. Washington, la Californie et la Floride, l’État qui a connu le

    plus de violences avec une trentaine d’agressions, comptent faire de même.

    Psychomédia avec sources :
    Libération
    Le Monde
    New York Times


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