jeudi 23 août 2007 - par masuyer

Beata Palya, une voix fascinante venue de Hongrie

Il y a des gens qui sont énervants parfois. Des cumulards, intelligents, beaux, talentueux, fascinants. Beata Palya est de ceux-là. Chanteuse à la voix emplie de promesses, polyglotte, cosmopolite et ancrée, débordante de vitalité et, pour parachever le tout, belle, ce qui ne gâte rien. Cette jeune chanteuse hongroise que ceux qui connaissent le film de Tony Gatlif, TranSylvania, ont pu voir et entendre (la chanteuse du cabaret, c’est elle). Portrait d’une femme simple et libre.

Native d’un village hongrois, elle en intègre le groupe folklorique à l’âge de 6 ans et commence à étudier les chants et les danses populaires. Comme tous les chanteurs de tradition populaire du monde, son apprentissage se fait par imitation, par l’écoute des anciens et par le travail sur le collectage. La passion de la musique s’empare d’elle et son caractère curieux l’entraîne vers la [musique populaire bulgare et ses rythmes impairs. Elle apprend par coeur des chants bulgares sur des cassettes, sans connaître la langue, phonétiquement, la « feuille » du musicien de tradition. Elle s’intéresse parallèlement aux traditions musicales des Roms de Hongrie et de Transylvanie (très basée sur le contre-temps, écoutez par exemple le groupe Kek Lang- http://www.zamanproduction.com/pagessecondnivo/f_09keklang.html), y trouvant certainement une sauvagerie qui bout dans son sang, héritage d’un grand-père rom. Elle s’imprègne des collectages des années 50 à 70. Elle ajoute ainsi la dimension rythmique de ces traditions de musiques à danser à son sens de la mélodie acquis de la tradition hongroise.

Cette passion la conduira à l’université, tout en menant en parallèle de multiples expériences artistiques, où elle étudiera la culture musicale ancienne de la Hongrie et de la Transylvanie. Etudes qui s’achèveront par une thèse sur les rapports entre musique traditionnelle et moderne, sujet illustré parfaitement par sa propre démarche.

Beata s’intéresse aussi au théâtre et à l’improvisation, qui va lui permette d’améliorer son expression. Séduite par le chant persan, elle se lance dans son apprentissage avec un marchand de tapis iranien, chanteur, vivant à Budapest. Pour se faire une idée de sa voix, celui-ci lui demande d’interpréter une chanson de son répertoire à elle. Ensuite, ils chantent ensemble des chants perses. Et chaque fois qu’il perçoit quelque chose d’artificiel dans sa voix, il lui dit : « chante à ta propre voix ». Ce conseil l’a profondément marquée, elle ne l’oubliera pas.

Derrière ces « errances », il y a une volonté chez Beata d’atteindre la plénitude dans son chant, vecteur d’émotion par l’interprétation la plus naturelle possible des paroles des chants (qualité primordiale chez les chanteurs traditionnels), tout en mêlant le plus intimement possible le rythme et la mélodie. Cela la mène naturellement vers la musique indienne qui a su développer la relation la plus raffinée entre ryhtme et mélodie. Et pour s’approprier encore plus les textes, elle se met à écrire.

Je ne saurais trop vous conseiller de découvrir cette chanteuse de talent. Elle écume les scènes tant est grande son envie de partager avec le public. Pour le moment, elle est rare en France, mais la sortie pour octobre d’un album chez « Naïve » devrait sans aucun doute la mener chez nous. En attendant, je vous livre quelques liens qui vous permettront d’aller plus loin avec elle. Je la remercie pour le temps qu’elle a bien voulu m’accorder lors d’un entretien téléphonique passionnant. Son site : http://www.palyabea.hu/?lang=en. http://www.dailymotion.com/video/x1fdmo_bea-palya-esti-showder http://www.dailymotion.com/video/x14obq_beata-palya http://www.youtube.com/watch?v=9ZvVt9T1sX8 http://www.youtube.com/watch?v=A0NJbqgPQvU http://www.youtube.com/watch?v=7KD3CMbQkVs



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