Beethoven, l’hymne à l’Europe
« Beethoven renferme en lui-même toute la nature de l’homme. Il n’est pas essentiellement chantant comme Mozart, il n’a pas l’élan architectural de Bach ni le sensualisme dramatique de Wagner. Il unit tout cela en lui, chaque chose étant à sa place : là est l’essence de son originalité (…). Jamais un musicien n‘a mieux ressenti et exprimé l’harmonie des sphères, le chant de la nature divine. Par lui seulement, les vers de Schiller : "Frères, au-dessus de la voûte étoilée / Doit habiter un père bien-aimé" ont trouvé leur réalité vivante, qui va bien au-delà de ce que peuvent exprimer les mots. » (Wilhelm Furtwängler, chef d’orchestre, 1942).
L’année 2020 aurait dû être l’année Beethoven. En effet, le compositeur allemand Ludwig van Beethoven est né il y a 250 ans, le 15 décembre 1770. C’était l’occasion de nombreux festivals et concerts au cours de cette année, mais j’ai mis au conditionnel passé car la crise sanitaire mondiale a rendu très difficile la tenue de ces événements musicaux. Certes, certains ont pu se dérouler au début de l’année, comme à la 26e édition du festival "La Folle Journée" de Nantes du 29 janvier au 2 février 2020. J’espère que ces événements annulés pourront être repris en 2021 ou 2022 pour fêter dignement cet anniversaire mais surtout, fêter le compositeur qui me paraît le plus important de tous les temps, en tout car, qui me touche le plus.
Les organisateurs des programmes des orchestres dans le monde n’attendront pas le deuxième centenaire de sa mort, le 26 mars 1827, dans six ans, pour mettre dans leurs répertoires de œuvres de Beethoven : il est au programme tous les ans, à chaque saison, dans chaque salle de concert, pour chaque orchestre philharmonique, tant il a marqué la conscience mondiale.
Faudrait-il jouer de la rivalité et reprendre la concurrence à la manière de celle entre les Beatles et les Rolling Stones pour l’installer dans un match entre Beethoven (1770-1827) et Mozart (1756-1791), ce dernier quinze ans plus âgé que le premier ?
Deux génies avec leur universalité et leur talent inégalé. La NASA ne les aurait pas départagés si l’on en croit son double choix en 1977. En effet, des disques vinyles de cuivre recouverts d’or (pour les protéger du voyage interstellaire) ont été envoyés au bord des deux sondes spatiales Voyager I et Voyager II selon une idée optimiste de l’astrophysicien Carl Sagan. Avaient été choisis non seulement des morceaux de Beethoven et de Mozart, mais aussi de Bach, Stravinsky, etc. et même des percussions sénégalaises et d’autres musiques du monde afin de représenter la diversité de l’espèce humaine, ainsi que des bruits présents sur terre (des pleurs de bébé, des chants de baleine, des cris d’oiseaux, le départ d’un train, etc.).
Ces messages destinés aux éventuels extraterrestres avaient un côté très naïf puisqu’il y avait aussi un message de bienvenue en cinquante-cinq langues (dans le cas d’extraterrestres polyglottes !), "bienvenue" amusante alors qu’on allait plutôt chez eux, et aussi des messages et des schémas pour faire comprendre ce qu’est l’homme (le fameux dessin de Léonard de Vinci, une séquence d’ADN, etc.), et le disque envoyé dans l’Espace, dont l’un des originaux a été offert au Président américain Jimmy Carter, est désormais fabriqué en série et est en vente depuis octobre 2016.
Il serait difficile de les départager, Mozart et Beethoven, mais après tout, pourquoi les classer alors que les deux s’ajoutent. Je mettrais personnellement un avantage dans mon panthéon personnel à Beethoven même si les deux me font vibrer. Beethoven a eu sa légende dès son vivant et lorsque, un siècle après sa naissance, le Chancelier de l’unification allemande, Bismarck, a décidé de prendre Beethoven comme un symbole patriotique de l’Allemagne nouvelle, il y avait tout à craindre d’une récupération nationaliste du compositeur pourtant symbole en France des vertus républicaines et universelles.
Sous la Seconde Guerre mondiale, Beethoven fut heureusement un symbole de la résistance au nazisme et les Alliés utilisaient les premières notes de la fameuse Cinquième Symphonie de Beethoven comme signe de la victoire (qu’on peut retrouver dans la retranscription en morse de la lettre V comme victoire). Enfin, après la guerre, l’Ode à la joie, un des mouvements, le quatrième, de la non moins fameuse Neuvième Symphonie de Beethoven, fut choisie comme l’hymne européen, l’hymne à l’Europe réunifiée et pacifique, lors d’un Conseil Européen en 1985, en demandant au chef d’orchestre Herbert von Karajan d’en réaliser des arrangements pour différents modes instrumentaux.
Cet Hymne à la joie provient d’un poème du poète allemand Friedrich von Schiller (1759-1805) écrit en 1785 et fut mis en musique par Beethoven et créé le 7 mai 1824, dédié au roi de Prusse (Frédéric-Guillaume III). Dans les paroles chantées écrites, on peut citer notamment :
« Joyeux, comme ses soleils volant
À travers le somptueux dessein du ciel,
Hâtez-vous, frères, sur votre route,
Joyeux comme un héros vers la victoire. ».
C’est assez commun de dire que la Neuvième Symphonie et en particulier cet incroyable Hymne à la joie m’apporte beaucoup d’émotion à son écoute. C’est pourquoi, quand j’en ai l’occasion, j’essaie d’assister à son interprétation.
Dans une grande capitale européenne, un orchestre philharmonique très réputé (mondialement) et dont j’avais déjà apprécié de nombreuses prestations, a proposé une semaine Beethoven il y a une dizaine d’années. Chaque soir de la semaine, c’était deux symphonies au programme, souvent, une "plutôt connue" et une "moins jouée" en première partie. Je n’ai pu y aller que le dernier jour avec, en seconde partie, le bouquet final, cette tant attendue Neuvième.
Malheureusement, malgré le professionnalisme de l’orchestre et du chef (je ne citerai aucun nom, donc pas de ville ni de date non plus !), leur prestation était complètement ratée, j’ai même entendu dire que certains musiciens de l’orchestre l’ont reconnu après le concert. C’était très étonnant, car ils avaient dû la jouer des dizaines voire des centaines de fois, et il peut y arriver qu’il y ait un mauvais jour. Au-delà de la déception, c’était surtout de la surprise de ma part et cette réflexion qu’une interprétation réussie (heureusement, elles le sont nombreuses), c’est toujours un petit miracle de la voûte étoilée…
Beethoven a composé bien d’autres œuvres que des symphonies, notamment des quatuors et des sonates, mais je ne résiste pas à proposer ici deux autres symphonies, l’Héroïque et la Pastorale, au-delà des incontournables Cinquième et Neuvième.
1. Symphonie n°3 "Héroïque" (sous la direction de Bernard Haitink)
2. Symphonie n°5
3. Symphonie n°6 "Pastorale" (sous la direction de Leonard Bernstein)
4. Symphonie n°9 (sous la direction de Myung-Whun Chung)
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (13 décembre 2020)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Ludwig van Beethoven.
Jean-Claude Casadesus.
Ennio Morricone.
Michel Legrand.
Francis Poulenc.
Francis Lai.
Georges Bizet.
George Gershwin.
Maurice Chevalier.
Leonard Bernstein.
Jean-Michel Jarre.
Pierre Henry.
Barbara Hannigan.
György Ligeti.
Claude Debussy.
Binet compositeur.
Pierre Boulez.
Karlheinz Stockhausen.
18 réactions
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Pale Rider
16 décembre 2020 19:37
Je suis bien content de ne pas avoir été le seul ici à rendre hommage à notre ami Beethoven ; le qualifier de géant serait encore trop peu.
Juste une remarque : l’Ode à la Joie est le poème de Schiller sur lequel Beethoven composa l’Hymne à la Joie. On confond, voire on inverse souvent les deux, comme vous le faites parfois dans l’article. Pas très grave...
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Clocel
16 décembre 2020 19:58
Coralie Delaume n’est plus... Je suppose qu’elle ne faisait pas partie de vos centres d’intérêt !?
So long, Coralie... Merci pour tout.
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Nowhere Man
16 décembre 2020 23:29
@Laconique
Parmi les albums exposés on aperçoit celui de la BO de « 2001 l’odyssée de l’espace » (0:43).
Sacré farceur ce Kubrick !
Plus anecdotique mais certainement décidé par le réalisateur : au-dessus à gauche : Thommy des Who et Magical Mystery Tour des Beatles.
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amiaplacidus
17 décembre 2020 12:04
@Albert123
Le crépuscule des dieux : Jupiter est testé positif au covid ! (il a au moins quelque chose de positif).
La déité n’est plus ce qu’elle était.
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eau-pression
17 décembre 2020 12:44
@amiaplacidus
il a au moins quelque chose de positif
en même temps, c’est à un certain ourcentage un faux positif.
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Eric F
17 décembre 2020 18:02
@amiaplacidus
« Jupiter est testé positif au covid ! (il a au moins quelque chose de positif) »
La symphonie Jupiter, c’est de Mozart, compositeur qui convient mieux ou poudré. -
amiaplacidus
18 décembre 2020 11:15
@Eric F
Oui, mais le crépuscule des dieux, c’est un opéra de Wagner.
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ETTORE
17 décembre 2020 12:06
POM POM POM POM...
Les français parlent aux français....
Les masques tombent, je répète, les masques tombent....
La nuit seras lumineuse, je répète, la nuit seras lumineuse....
pom pom pom pom !
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Pale Rider
17 décembre 2020 15:25
@ETTORE
Oui, mais sans s à « sera ». Surtout répété...
Et « Français » avec une majuscule (substantif).
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ETTORE
17 décembre 2020 12:18
amiaplacidus 17 décembre 12:04@Albert123
Le crépuscule des dieux : Jupiter est testé positif au covid ! (il a au moins quelque chose de positif).
La déité n’est plus ce qu’elle était.
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Ah, cela me rappelle une histoire, celle des explorateurs en Amazonie.
Un groupe de scientifiques partis en pleine jungle Amazonienne, tombe, un jour nez à nez avec une tribu de locaux qui n’avaient jamais vu de blancs, à barbe, et vêtus si étrangement, plein de « choses » qu’ils manipulaient et qui créaient du feu, du bruit, des reproduction de leurs visages, de véritables Dieux omnipotents pour eux !
Un jour, comme tous les autres, un de ces scientifiques eut l’impérieuse nécessité d’aller faire ses petites affaires dans les fourrés avoisinants.....
La curiosité des sauvages étant sans limite envers leurs Dieux, l’un d’eux se mit a suivre subrepticement, ce dieu qui s’éloignait du village.
Quand le dieu, s’accroupît pour faire son offre étron à mère nature, le bon sauvage, voyant cet acte, se précipita chez le sorcier de la tribu pour lui relater ce qu’il avait vu.
Le Lendemain, il y eut une grande fête au village !
Tous les Dieux étaient à la broche, prêts pour un festin digne des forces de la nature.
Moralité, quand tu es un dieu, la moindre chose qui te fait ressembler aux mortels, peut te rendre aussi mortel, qu’eux !
A méditer, Monarc, à méditer !
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Samson
17 décembre 2020 14:06
« Bismarck, a décidé de prendre Beethoven comme un symbole patriotique de l’Allemagne nouvelle, il y avait tout à craindre d’une récupération nationaliste du compositeur pourtant symbole en France des vertus républicaines et universelles...
Enfin, après la guerre, l’Ode à la joie, un des mouvements, le quatrième, de la non moins fameuse Neuvième Symphonie de Beethoven, fut choisie comme l’hymne européen, l’hymne à l’Europe réunifiée et pacifique, lors d’un Conseil Européen en 1985, en demandant au chef d’orchestre Herbert von Karajan d’en réaliser des arrangements pour différents modes instrumentaux. »
Ne confondons pas « Europe » et « €urope » !
La réduction de l’Europe à champ de ruines agrémenté des vastes charniers laissés par le IIIème Reich a - sous protectorat militaire U$, l’OTAN n’étant pas autre chose ! - ouvert les nations d’une Europe dévastée à l’abandon progressif de leur souveraineté pour la construction de ce qui s’avère désormais un IVème Reich « €urocrate » plus que jamais soumis à la botte des diktats économiques et financiers que lui impose - le sort déjà dévolu au peuple grec, et sans surprise destiné par nos technocrates à s’étendre à l’ensemble des peuples et nations européens, en atteste - le colosse teuton.
« €urope über Alles ! », Bismark avait décidément tout bon !!!
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Eric F
17 décembre 2020 18:19
Début 2020, le thème de la « folle journée » musicale de Nantes était consacré à Beethoven ; les salles étaient combles de publics de tous les âges, avec notamment des enfants venus par classes entières.
Mais ceci c’était dans le monde d’avant covid...Puisque les théâtres et salles de concert sont fermées, par solidarité les chaines de télé devraient être astreintes à diffuser une soirée de spectacle culturel en direct chaque semaine, plutôt que de payer des droits de rediffusion pour les séries américaines.
Autre suggestion pour soutenir nos artistes : les musiques d’accompagnement des pubs sont toutes anglo-saxonnes, il serait judicieux d’« inciter » que ce soit des groupes français (avec versement de droits à la Sacem).-
Aita Pea Pea
17 décembre 2020 18:26
@Eric F . Tiens j’avais déjà émis cela au niveau théâtral , retransmission par le service public. Je serais preneur .
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amiaplacidus
18 décembre 2020 11:18
@Eric F
Je ne peux que vous approuvez, et pas seulement un jour par semaine, mais trois ou quatre.
Il ne manque pas d’émission cucul à supprimer pour faire de la place.
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