lundi 18 mars 2019 - par Theothea.com

« Bells and Spells » Aurélia Thierrée se poétise en cleptomane à l’Atelier

En créant, il y a quelques cinquante ans, le cirque Bonjour, Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée fondaient également une famille dont Aurélia et James allaient devenir partie prenante de l’univers artistique parental tout en le prolongeant de leurs propres compétences respectives. 

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BELLS AND SPELLS
© Richard Haughton

  

C’est ainsi que « Bells and Spells » est la troisième création où Aurélia, sous la mise en scène de sa mère, est au coeur d’un imaginaire qui associe autant les idées que les formes fondues sous une esthétique qui, en soi, constitue le fil conducteur et thématique.

En partant, cette fois-ci, d’un personnage cleptomane dont les compulsions semblent impossibles à réfréner, la valse d’objets hétéroclites apparaissant et disparaissant au gré de transformations instantanées et souvent inattendues va nourrir une soif intangible de répétitions, de manipulations et de détournements formant un geste à la fois poétique et étrange dont la traduction française du titre par « Vols de nuits » est bel et bien significative d’un jeu de mots aspirés par les forces obscures. 

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BELLS AND SPELLS
© Richard Haughton

  

En donnant vie, durant plus d’une heure au sein d’une pénombre sous éclairage aléatoire, à un malicieux tour de passe-passe continu jouant avec les drapés de tout acabit, les profils biscornus, les silhouettes mystérieuses, nul ne s’étonne de contempler une porte à tambours en plein escamotage, une sculpture de porte-manteaux déambuler dans la préhistoire animalière ou une marionnettiste se faire aspirer la chevelure.

Ainsi le surnaturel donne l’illusion de prendre possession de notre esprit tout en substituant, le temps d’un instant, l’appartenance des objets au monde de l’inanimé pour en échafauder le fantasme d’une agitation fébrile ajustée à notre perception fugitive. 

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BELLS AND SPELLS
© Theothea.com

  

Car, ne nous trompons pas, en agençant et en juxtaposant ces sketchs disparates, Victoria donne à Aurélia le pouvoir de s’abstraire de la pesanteur terrestre mais celle-ci, en retour, provoque chez l’observateur attentif un irrésistible besoin de donner du sens à ce qu’il voit ou ce qu’il croit voir…

Et c’est bel et bien dans cette focalisation sans cesse remise en question que s’exerce une fascination hypnotique dont le spectateur se sent, à son corps défendant, la proie tétanisée, consentante voire émerveillée.

Son fidèle partenaire (Jaime Martinez) assure avec maestria, à l’instar des deux spectacles précédents « L’Oratorio d’Aurélia » et « Murmures des murs », l’enveloppement chorégraphique de cette hallucination fantomatique. 

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BELLS AND SPELLS
© Theothea.com

  

Pour eux deux, les courbes rétroactives se délient comme les songes dont ils sont porteurs et si leur mirage duel se boucle sur la salle d’attente initiale, c’est à la manière d’une boîte à musique dont il suffirait de remonter le ressort pour que la magie réapparaisse immédiatement d’un seul coup de baguette.

 
photos 1 & 2 © Richard Haughton


photos 3 à 5 © Theothea.com
  
BELLS AND SPELLS - ***. Theothea.com - de & mise en scène Victoria Thierrée Chaplin - avec Aurélia THIERRÉE & Jaime Martinez - Théâtre de l'Atelier

  

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BELLS AND SPELLS
© Theothea.com

 




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