Bonheur, prospérité, longévité ! Nouvel an chinois !
Mystérieux et fascinant Nouvel An chinois, qui arrive à une date chaque fois différente… Déterminé suivant un calendrier luni-solaire, et basé sur un cycle de soixante années, le Nouvel An chinois, qui trouve son équivalent au Viet Nam avec la fête du Têt, est ancré à la fois dans le passé, le présent et l’avenir. Extraordinairement riches de rituels et de traditions, dont la signification se trouve toujours dans les légendes anciennes, et auxquels on y ajoute une grande proportion de symbolisme et de poésie, presque de magie, les Nouvel An chinois et vietnamiens ont cependant chacun leurs particularités, qui font d’eux des fêtes fortement imprégnées de leurs cultures respectives.
Toute l’Asie de l’est ne fêtera pas l’entrée dans l’année du Tigre le 14 février 2010. Ce ne sera le cas que pour le Viet Nam et
Douze animaux et cinq éléments.
Lorsque Bouddha convia les animaux à venir le rejoindre pour fêter avec lui le Nouvel An, seuls douze d’entre eux répondirent à son invitation. Ils arrivèrent dans un ordre très précis. Tout d’abord le rat, puis le buffle, le tigre, le lièvre, le dragon, le serpent, le cheval, la chèvre, le singe, le coq, le chien, et enfin le cochon, le plus flegmatique de tous. En réalité, le buffle était arrivé le premier, mais le rat, malin comme un singe, s’était posé sur son dos. Au dernier moment, il fit un bond, le dépassa, et se présenta donc devant le Bouddha avant son compagnon de route. L’animal fit pire encore : il mentit au chat en lui racontant que le rassemblement aurait lieu plus tard. Le chat partit donc bien après les autres et arriva treizième. C’est pour cette raison qu’il n’apparaît pas dans l’astrologie chinoise. En revanche, il a été réhabilité au Viet Nam, où il remplace le lièvre dans le calendrier. Et c’est depuis ce jour que le rat et le chat sont ennemis jurés. C’est également depuis ce jour que, suivant une promesse faite par Bouddha aux animaux venus le rejoindre, un animal est mis à l’honneur chaque année, suivant scrupuleusement l’ordre d’arrivée des douze animaux de la légende.
Pour résumer la manière dont l’année est déterminée dans le calendrier traditionnel chinois, ces douze animaux (dont l’un mythique, le dragon) forment une phase, qui se renouvelle, une fois achevée et en se combinant aux « cinq éléments », à l’intérieur du cycle de soixante années. Le cycle dans lequel nous nous trouvons a débuté en 1984 et s’achèvera donc en 2044.
Entrent donc également en jeu dans cette roue du temps les cinq éléments que sont le bois, l’eau, la terre, le métal et le feu. Sans que l’on sache exactement pourquoi, les cycles d’apparition de ces éléments peuvent être différents en Chine et au Viet Nam. Par commodité, nous retiendrons ici le système chinois. Cette année,
Il ne faut cependant pas chercher à créer trop d’analogies entre les théories de ces philosophes et le système des cinq éléments du calendrier chinois. Ces cinq éléments n’ont en effet pas de caractère créateur sur les autres choses du monde, mais seulement des relations d’engendrement ou de destruction. Ainsi, le bois engendre le feu, qui engendre la terre, qui engendre le métal, qui engendre l’eau qui finalement engendre le bois. L’eau détruit le feu, etc.
Ces cinq éléments du calendrier chinois ont également été choisis en fonction des cinq planètes principales de notre système solaire, que les astronomes observaient dans
Le calendrier chinois est donc basé sur les connaissances en astronomie, ce qui le rapproche de notre vision occidentale, mais également sur des facteurs culturels et spirituels.
Le rapport au temps des humains est également différent en Asie et en Occident. Au Viet Nam, la tradition ancienne veut que l’on fête son anniversaire le jour du Nouvel An. En Chine, on le fête le septième jour suivant la nouvelle année. De plus, on commence à décompter l’âge à partir de la date de procréation et non à partir de celle de la naissance. Ainsi, un enfant né un mois avant
De même, les autres fêtes chinoises de l’année, comme la fête de la mi-automne, durant laquelle on déguste les délicieux petits Gâteaux de Lune (en vente dans les pâtisseries asiatiques du treizième arrondissement de Paris), ou la fête des bateaux-dragons, ont des dates de célébration variables selon les années.
Les célébrations précédant
Les célébrations du Nouvel An commencent, en Chine comme au Viet Nam, par un nettoyage complet et approfondi de la maison, qui a lieu normalement le vingtième jour du douzième mois lunaire, quelques jours avant
Au Viet Nam, si la maison est soigneusement nettoyée en prévision des festivités, le balai devient un élément tabou à ne pas utiliser le jour du Têt (de son nom complet et exact, tel qu’il a été trouvé sur internet : « Lễ Tết Nguyên Ðán », -avec le ‘d’ barré qui se prononce ‘ye’-, qui signifie Fête du Premier Jour, d’autres fêtes traditionnelles ayant donc elles aussi un nom commençant par le terme « Têt », comme le « Têt
Que l’utilisation du balai soit interdite le jour du Nouvel An provient d’une variante d’une légende. Autrefois, une jeune servante qui travaillait dans les cuisines célestes se montra trop gourmande, piochant systématiquement dans les plats qu’elle préparait. En guise de punition, elle fut exilée sur terre, réincarnée en balai et condamnée à trimer sans relâche, n’ayant droit qu’à une seule journée de repos dans l’année, fixée au jour de l’an.
Un certain nombre d’interdits sont d’ailleurs posés pour la fête du Nouvel An. Les paysans ne peuvent pas travailler la terre, par exemple. Ce que l’on fait ou ne fait pas le jour du Têt détermine la qualité de l’année à venir. Ainsi, on est extrêmement vigilant au Viet Nam au sujet de la première personne qui vous rend visite pour vous souhaiter le Nouvel An, et franchit donc le seuil de votre maison. Selon son statut dans la société, son état marital, son état de santé, elle portera chance ou malchance à votre famille. Certains chefs de famille ont trouvé une bonne astuce pour contourner le problème. Aux douze coups de minuit, ils sortent de chez eux pour y rentrer aussitôt après.
Quelques jours avant le Nouvel An (premier jour du premier mois lunaire), on célèbre en Chine Zaowangye, le Dieu des Fourneaux, qui trouve son équivalent au Viet Nam avec Ông Táo, le Génie du Foyer. On parle en effet de ‘Dieux’ en Chine, et de ‘Génies’ au Viet Nam. Là encore, la raison de leur existence est expliquée par des légendes anciennes, dont les variantes, régionales ou non, sont nombreuses. Un point commun de ces variantes est que ces Dieux ou Génies séjournent toujours dans la cuisine, et que leur existence à un rapport avec un drame conjugal, dont voici un exemple.
Un couple est contraint de se séparer, par exemple parce que le mari, très pauvre, doit partir faire fortune ailleurs. Au bout de nombreuses années d’attente, voyant que son époux ne revient pas, l’épouse finit par accepter, la mort dans l’âme, la proposition de remariage d’un autre homme. Mais voilà que seulement quelques mois plus tard, l’époux revient au village ! Dans certaines légendes, il est devenu mendiant. Il frappe à une porte, sans savoir que son ancienne épouse vit dans la maison. De honte, il se cache alors dans le fourneau de la cuisine, où il périt par les flammes. Désespérée par la mort de son premier époux qu’elle avait reconnu, la femme met fin à ses jours, suivie peu de temps après par le second époux, qui se sent responsable de tous ces malheurs. C’est pourquoi, de nos jours, trois briques symbolisent dans les cuisines traditionnelles vietnamiennes les trois époux sacrifiés de la légende.
Emu, l’Empereur de Jade (divinité centrale du Taoïsme, présente à la fois en Chine et au Viet Nam) qui trône dans son Palais Céleste, décide alors de faire du premier époux repenti le Dieu du Fourneau, ou Génie du Foyer. C’est lui qui, quelques jours avant le Nouvel An, monte au ciel, assis sur une carpe, pour aller faire à l’Empereur de Jade un rapport sur la famille chez qui il séjourne. Dans certaines versions, la carpe se transforme en dragon au moment où elle se trouve entre la terre et le ciel.
Il est donc très important d’amadouer, lors de la cérémonie, celui qui, par son rapport, va influencer les événements de l’année à venir. On brûle de l’encens, on lui fait des offrandes sucrées, qu’on colle parfois en Chine directement sur la bouche de sa représentation, on sacrifie une carpe pour aider au voyage (parfois deux, une pour l’aller, l’autre pour le retour), ou l’on en rejette, notamment au Viet Nam, dans les rivières. Ce rituel du Génie du Foyer/Dieu du Fourneau lance véritablement les célébrations de
Le premier jour du premier mois lunaire, jour de
A l’origine, les pétards que l’on fabriquait en Chine étaient de simples tronçons de bambous que l’on enflammait, et dont le fort crépitement effrayait les mauvais esprits, qui quittaient alors précipitamment le village. Après l’invention de la poudre à canon, les tubes de bambous furent remplis de cette substance, et l’explosion qui en résulta lorsqu’on les enflammait n’en fut que plus retentissante. Arrivèrent plus tard les différents modèles de pétards roulés dans du papier, jusqu’à ceux que l’on connait de nos jours, mais que l’on trouve de moins en moins, car ils ont été interdits en Chine et au Viet Nam pour des raisons de sécurité. Cela ne va pas sans poser de problème pour le respect de la tradition, le bruit de ces pétards étant indispensables au bon déroulement des cérémonies. En conséquence, certaines familles ont, là aussi, trouvé un moyen astucieux de contourner le problème, et diffusent dorénavant des enregistrements de bruits de pétards pour faire fuir les mauvais esprits et s’assurer ensuite une année de tranquillité. On utilise également, dans les rues, le bruit des tambours pour éloigner les mauvais esprits. A Paris, les pétards ne sont pas interdits et, pendant la célébration du Nouvel An et le célèbre défilé du dragon, les rues du treizième arrondissement de la capitale française, dans le triangle « Italie-Choisy-Ivry », résonnent de leur explosion et, s’ils sont tirés en grande quantité, suffoquent sous les épaisses fumées âcres qu’ils dégagent.
Et les Chinois, inventeurs des feux d’artifices, ne ménagent pas leurs efforts pour offrir à la population de magnifiques spectacles explosifs et colorés.
Pour éloigner les mauvais esprits, on habille également l’entrée et l’intérieur de la maison de bandes de papier rouges, car cette couleur les effraye, décorées de proverbes et sentences écrits avec des lettres d’or. On dresse parfois aussi devant la maison de longues tiges de bambou portant elles aussi des papiers rouges. Il est également de tradition, en particulier en Chine, de placer au seuil de la maison l’idéogramme signifiant ‘bonheur’. On le met cependant à l’envers, pour évoquer son arrivée prochaine. Selon une légende, ce signe avait été placé, sur recommandation de l’impératrice Ma, sur les portes de toutes les maisons, pour protéger les familles de son cruel époux, l’Empereur. Un paysan illettré eut le malheur de placer le signe à l’envers. Il n’eut la vie sauve que grâce à la présence d’esprit de Ma, qui suggéra à son époux que le signe avait délibérément été placé à l’envers pour signifier l’arrivée prochaine, par la visite de l’Empereur, du bonheur chez lui.
De nos jours, et bien qu’ils ne soient pas liés à la tradition du Nouvel An, on peut également offrir durant les festivités des « Fortune Cookies », ces biscuits (inventés au début du vingtième siècle par un restaurateur asiatique immigré aux Etats-Unis) à la forme si caractéristique, qui contiennent à l’intérieur, lorsqu’on les casse en deux avant de les manger, une petite bande de papier, d’un papier spécial supportant la chaleur de la cuisson, sur lequel est écrit un de ces proverbes ou petites maximes traditionnelles certaines datant de l’époque de Confucius. Les maximes de ceux que l’on trouve dans les magasins en France, utilisées ici comme illustration, sont écrites d’un côté en anglais, et de l’autre en français.
Et pour finir, quelque soit l’animal honoré pour la nouvelle année, le dragon garde une place incontournable durant les festivités du Nouvel An. Il n’est pas de fêtes du Nouvel An sans le traditionnel défilé du dragon dans les rues. Le dragon du défilé qui, comme les vrais dragons, mesure plusieurs mètres de long, est fait de bois, de papier, parfois de soie. Il est richement décoré, et le rouge domine sur son corps. Il est manipulé par plusieurs hommes qui soutiennent son corps grâce à des poteaux de bois et lui font faire différents mouvements chorégraphiques au son de l’orchestre. Durant le défilé du dragon, on peut également assister à la danse du lion, au masque presque effrayant, et dans lequel se trouvent enfermés deux hommes, qui exécutent une chorégraphie avec la difficulté pour eux de coordonner leurs mouvements.
Ce timbre à été issu à Taïwan pour commémorer cette année du tigre.
Toutes les dates des prochaines Fêtes du Printemps.
Assister au défilé du dragon à Paris.
Cette année, comme tous les ans désormais, deux défilés du dragon auront lieu à Paris.
Sauf modification de dernière minute dans les dates, le premier se tiendra le dimanche 14 février dans le 3ème arrondissement de Paris, quartier où s’est établie une forte communauté asiatique. Le second, le plus connu, aura lieu le lendemain, dimanche 21 février, dans le « Chinatown » parisien du 13ème arrondissement. Ne pas prévoir de circuler en voiture ces jours là dans les quartiers concernés.
Pour plus de renseignements sur ces dates, les horaires et le parcours précis, se connecter au site « Chine Information ».
Note.
La photo du tigre blanc est l’œuvre de Marc Mac Carthy. Elle a été trouvée sur Wikipedia, et l’on peut consulter sa source et la nature de son copyright ICI.