jeudi 18 février 2016 - par Gwendal Plougastel

Césars 2016 : 150 secondes valent mieux qu’un long discours

Afin de mettre un terme aux discours interminables d’actrices en pleurs et de réalisateurs en transe, le président des Césars Alain Terzian a décidé de limiter la durée d’intervention des lauréats à 2 minutes et 30 secondes. Afin de doter la cérémonie de plus de télégénie, à défaut d’avoir les génies de la télé.

Il fut une époque pas si lointaine où les Césars étaient un événement majeur en soi. Au-delà de la concentration de stars du 7ème art au même moment au même endroit, la compétition faisait rage et le palmarès était scruté de près. 

Au milieu des années 2000, la cérémonie a pris un sacré virage à gauche, en récompensant à outrance des films, certes regardables, mais en partie confidentiels, à l’image de l’œuvre de d’Abdelatif Kechiche, multi-récompensé. En offrant des lauréats inconnus du grand public, la cérémonie lui a de fait tourné le dos. Et ce n’est pas son déroulé habituel qui a arrangé les choses.

 

Le monopole du fond du coeur

Il faut dire que le programme, diffusé chaque année sur canal plus, est pollué systématiquement par des discours sans fin des gagnants des diverses catégories. Surpassant toutes les parodies en la matière telles que les fameux Escars des Inconnus, les monologues des vainqueurs sont un long calvaire à endurer de l’autre côté du poste. 

Les lauréats sont le plus souvent totalement surpris d’être désignés, semblant oublier un peu vite le fait qu’ils avaient objectivement 20% de chance d’obtenir le trophée. Quant aux lauréates, elles décident soudainement, le césar entre les mains, de totalement s’approprier la cérémonie. Tout ce qu’il y a eu avant, tout ce qu’il y a de prévu après : plus rien n’a d’importance. Des trémolos dans la voix et des océans au fond des yeux, les voilà seules au monde, plus vraies que toutes les caricatures. De Louane à Isabelle Adjani, de Mélanie Laurent à Marion Cotillard, elles possèdent toutes ce don si particulier d’en faire (beaucoup) trop.

 

Il vous demande de vous arrêter

Un an après le carnage Timbuktu, qui avait vu tous les lauréats de l’œuvre littéralement braquer la cérémonie par leur prose infinie, le président de l’événement, Alain Terzian, a décidé d’agir. Et d’imposer une durée maximale d’intervention pour chaque discours de lauréat, à savoir deux minutes et trente secondes. Il était en effet plus que temps de se mettre à la page, à l’image des Oscars qui n’octroient, eux, que 45 secondes aux gagnants…Quitte à couper la chique à ceux qui font trop de chichis. 

On se souvient par exemple de Michael Moore, et de son fameux « Shame on you, Mister Bush » à peine audible à cause de la musique de fond, ou encore de Cuba Gooding Junior, récompensé pour son rôle dans Jerry MacGuire, qui dut être interrompu dans son speech sans limite. De ce fait, le nouvelle règle des Césars n’est pas tant fait pour stopper les verbeux, mais plutôt pour mettre en condition les potentiels vainqueurs : soyez brefs mains intenses !

 

Moins de souplesse, fin du supplice ?

Ces 150 secondes top chrono seront donc effectives aux Césars dès cette année. Avec pour conséquence probable une cérémonie plus courte. Mais sera-t-elle pour autant plus sexy ? Diffusés depuis quelques années seulement 48 heures avant les Oscar, les Césars sont ainsi assimilés à une sorte de hors d’œuvre avant le grand show américain. Et rien de plus. 

En décidant de leur donner un rythme plus fluide, Alain Terzian souhaite donc tirer la cérémonie vers le haut. Mais cet artifice ne sera pas suffisant, c’est certain. Il faudra pour ce faire doter l’événement de plus de rire et de spectacle, et c’est à ce titre que la partition de Florence Foresti, présentatrice des Césars 2016, sera scrutée de très près. A elle d’insuffler une humeur et un tempo, pour en fin décoincer une salle qui n’attend que ça. Quant au président d’honneur Claude Lelouch, ce sera à lui d’ouvrir le bal par un discours. Pas sûr que celui-ci, pour le coup, soit inférieur à deux minutes 30…

 

Gwendal Plougastel



3 réactions


  • Abou Antoun Abou Antoun 18 février 2016 12:23

    On devrait appliquer cela aux discours politiques également. Les zompolitiks cultivent l’art de parler pour ne rien dire.
    Bon, il y a longtemps que je les écoute plus.


  • Crab2 18 février 2016 15:00


    mais aussi Sabine Devieilhe dans ’’ THE WEBER SISTERS ’’ ( CD ), Psyché à rendre jalouse la Vénus d’Apulée, fantastique réincarnation dune Muse, à nous révélée, de l’affect Mozartien, de la technique d’éclairs d’aigus foudroyants et sublimés dans l’interprétation de la maléfique Reine de la Nuit – d’elle, que dire de plus, sinon qu’ainsi parlait Nietzsche ’’ l’art c’est la nature ’’ et d’en apprécier l’intensité d’un timbre qui semble naturellement gouverné par les lois de la cosmologie de notre monde physique dans sa plus élevée dimension spatiale au point d’en faire oublier les efforts quotidiens accomplis jours après jours par cette grande artiste lyrique afin de réaliser ’’ sans forcer ’’ sa voix, son instrument aime-telle à le rappeler, pour in fine atteindre les sommets de l’art majeur du ’’ Beau Chant ’’ - que dire, que dire de plus, sinon que c’est pour nous un immense bonheur...

    Suites

    http://laicite-moderne.blogspot.fr/2016/02/sabine-devieilhe-et-le-grand-uvre.html

    ou sur :

    http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2016/02/18/sabine-devieilhe-et-le-grand-oeuvre-5761738.html


  • cathy cathy 19 février 2016 01:32

    C’est la nuit des escarres et non pas des escars, parce que cela n’en finit pas. Cela n’a pas pris une ride, dommage que les inconnus ont été évincés, ils en auraient des choses à dire. 

    Non, Kechiche n’est pas regardable.

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