On ne le voyait pas tirer sa révérence si vite et quitter ainsi la scène d’un monde sur lequel il a jeté tout sa vie, un peu comme Balzac, un regard cruel et acide, tendre et émouvant, corrosif et drôle, passé maître-es-ambigüité, du moins pour les films les plus réussis, ceux qui resteront.
Un esprit alerte de toujours jeune créateur , encore productif et facétieux, à la joie communicative, pratiquant gaiment l’autodérision, démentant l’idée gaullienne que la vieillesse serait un naufrage.
- Un oeil entraîné à disséquer au scalpel la nature humaine avec acuité, jusque dans ses aspects les plus ambigüs, les plus noirs parfois, côtoyant le crime, comme Dostoievski.
- Une caméra, filmant la vulgarité avec grâce, sachant transfigurer les plus sombres aspects de la psychologie humaine, l’insoutenable parfois, ce que rarement nous osons regarder en face ou évoquer. Une esthétique de la représentation du pire, rendue possible par une distance curieuse, amusée parfois, indulgente souvent, sans morbidité ni complaisance, sans didactisme ennuyeux.
- Un lecteur attentif de la complexité de l’âme humaine, du bal des pantins, de l’enfer qui nous habite parfois, la fleur du mal . Je est un autre...
- Un homme qui savait donner aux femmes la place qui leur manquait, généreux envers tous ceux qu’il côtoyait, pas seulement sur les plateaux de tournage, qui ne se prenait pas au sérieux, ouvert aux critiques, du moins les plus pertinentes, celles qui ne confondaient pas réalité et fiction sur la réalité, libre sublimation esthétique.
Salut Claude !
Les films que tu aurais pu produire encore nous manqueront....
Bel hommage Zen, merci à vous. Je l’ai entendu récemment sur FI commenter les jours de la semaine précédentes (le samedi matin) du vitriol, je le regrette beaucoup
Difficile de bien parler de cette bête de film, qui tranche tant dans le paysage cinématographique J’ai revu dimanche soir L’ivresse du pouvoir I.Huppert est étonnante d’ambigüité, glaçante malgré ses faiblesses, seule dans un monde de fauves (allusion à l’affaire Elf) et et de lâches.Une juge blessée, loin des images d’Epinal... Eva Joy est à côté de la plaque en reprochant à Chabrol de minimiser l’ampleur des affaires financières. Un film n’est pas une reproduction de la réalité, mais une libre interprétation. D’ailleurs, sachant ce que l’on sait, on a aucun mal à imaginer ce que les images nous disent par leurs forces et par les non dits.