jeudi 11 novembre 2010 - par Luc Torreele

Complètement Nabe, ce mec !

Marc-Edouard Nabe, ça vous dit quelque chose ?

C’est l’histoire d’un type, un écrivain qui a décidé d’arrêter d’écrire et qui pour le faire savoir, décide….d’écrire un bouquin, le bien nommé « L’homme qui arrêta d’écrire », autoédité, imprimé et distribué par l’auteur lui-même ! L’homme n’en est pas à son coup d’ essai, c’est un provocateur né, dont il s’agit ici du vingt-huitième ouvrage. C’est après avoir été viré par son éditeur (Le Rocher) et que n’en trouvant pas d’autre, que Nabe a décidé de vivre et d’écrire en homme libre.

Après avoir récupéré les droits sur son œuvre, ainsi que les invendus, personne ne voulant plus de lui, des éditeurs aux libraires, en passant par les critiques et les journalistes, il a simplement décidé de se débrouiller tout seul en vendant lui-même ses bouquins via Internet, ou si vous habitez Paris, chez quelques boutiquiers : bar-restaurants, fleuriste ou même boucher et coiffeur ! (voir sur marcedouardnabe.com ) .

Si Nabe est ainsi ostracisé, c’est qu’il est parfois provoquant à l’extrême et qu’il n’a pas bonne presse. Ainsi en 1985, il sort Au régal des vermines, il est taxé d’antisémitisme et sa venue chez Pivot à Apostrophes tourne au pugilat. Si on peut dire d’un livre qu’il n’est peut-être pas destiné à être placé entre toutes les mains, celui-ci en est un exemple : Nabe y est, par moment haineux, vomissant tout et tous, s’y « attaquant » même, erreur fatale, aux juifs.

A la fin d’Apostrophes, surgit George Benamou, girouette carriériste et arrogante, ayant commencé sa carrière en tant que mitterrandiste pour la terminer sarkozyste disgracié par l’Elysée pour avoir déplu à Pomponette et ses amis de la gauche (caviar bien sûr), donc surgit Benamou qui balance un bourre-pif à Nabe, parce qu’il estime que les propos de celui-ci sont racistes. Cet épisode l’aidera à lancer sa carrière.

Au régal des vermines est polémique, parce que Nabe est polémique, pour certains c’est un « connard », pour d’autres un écrivain génial.

Dans tous les cas, il s’agit d’un auteur avec une aura, même si c’est dans son cas, celle des écrivains maudits, avec un style flamboyant, inégalable, faisant fi des conventions et de la bienséance. Ses critiques disent de lui que son inspiration est égocentrique, mais quel écrivain ne l’est pas ? On dit de lui qu’il est antisémite, fasciste même, bref on retrouve en Nabe des relents céliniens, comme un goût de Voyage au bout de la nuit.

Après les attentats du 11 septembre, Nabe sort un pamphlet, à nouveau polémique : Une lueur d’espoir.

Nabe y traite l’après 11 septembre, son propos est que ces attentats puissent enfin réveiller cette société assoupie qu’est devenue la nôtre et qu’il exècre, donner le coup d’envoi d’un Grand Soir, bien que Nabe soit conscient que cela ne sera pas, on comprend bien qu’il le réalise simultanément tandis qu’il écrit, alors il s’emporte, désignant presque les kamikazes comme des héros, sauveurs d’une société qu’il abhorre. On sent bien qu’il se délecte de dire tout le mal qu’il pense de cette société qu’il déteste, nous traitant de larves et de tarés, arrivant même à placer au détour d’un paragraphe son ennemi juré, Houellebecq, qui n’en demandait pas tant et dont on se demande ce qu’il vient faire là : « …le lecteur français se trempe dans l’œuvre de Houellebecq comme dans une baignoire d’eau sale où l’autre a pissé (et pas seulement) pendant des années…).

Mais d’autres thèmes abordés, obligent à réfléchir : « Le fanatisme, ce ne sont pas seulement des Arabes hurlant des gutturances menaçantes…ça peut être aussi un winner, fringué friday, pratiquant onze heures par jour à son bureau et en se forçant à s’y épanouir ». Ou « TRIBUTE TO HEROES ! Quels héros ? Hormis quelques centaines de pompiers zélés, les milliers de morts ne sont que des victimes ».

Une nouvelle polémique pourrait bien naître cette année si d’aventure, son « L’homme qui arrêta d’écrire » devient le prochain… Renaudot.

Dans cet opus, Nabe tire à tout va sur une cible qu’il connait bien : le milieu littéraire : les écrivains, les critiques, les éditeurs, journalistes, artistes,… Tout ce beau monde y passe, tour à tour et chacun y prend pour son grade… Jouissif !

Nabe se trouve donc dans le dernier carré sélectionné pour le prix, mais il serait étonnant que celui-ci soit adjugé à quelqu’un qui boycotte les professions du livre et bien que Nabe puisse compter sur le soutien de F.O. Giesbert, l’influent patron du Point et membre du Renaudot, il compte également des ennemis au sein du Renaudot qui refusent même d’ouvrir son livre.

Il serait amusant de retrouver cette année les deux ennemis de toujours, face à face, Houellebecq au Goncourt et Nabe au Renaudot, à moins qu’il ne s’agisse que d’un coup de marketing du Renaudot, la suite ce lundi 8 novembre…

Sources :
Guide de la bonne lecture - François Lavallée
Le Nouvel Observateur - Le retour du maudit - Delfeil de Ton
Marcedouardnabe.com
Le Monde des livres

 


9 réactions


  • soakely 11 novembre 2010 11:54

    Je vous le conseil, il est instructif, drôle et bien écrit.


  • Sérénité océanique 11 novembre 2010 12:15

    Je rajouterai juste ceci :

    "C’est après avoir été viré par son éditeur (Le Rocher) et que n’en trouvant pas d’autre qui lui convienne, que Nabe a décidé de vivre et d’écrire en homme libre."


  • HEJIRA HEJIRA 11 novembre 2010 15:00

    Choisir à lire et aimer entre Marc Edouard Nabe et Michel Houellebecq, je choisi sans l’ombre d’un doute le premier.


  • Serpico Serpico 11 novembre 2010 19:23

    Houellebecq est un imposteur. Un fumiste.

    Mettre le nom de Nabe dans la même page que celui de cet ivrogne, c’est sacrilège.


  • Guy Liguili Guy Liguili 11 novembre 2010 19:41

    Houellebecq, Nabe... on se croirait revenu dans les années 30 à l’époque où Céline, Drieu, Rebatet sévissaient !


  • moebius 11 novembre 2010 21:43

    Nabe est un gros con
     ( c’est provocant non !)


  • morice morice 11 novembre 2010 23:16

    Nabe, l’antisémite déclaré et proclamé : son père était plus drôle et plus ... intelligent.


    « Houellebecq, Nabe... on se croirait revenu dans les années 30 à l’époque où Céline, Drieu, Rebatet sévissaient ! »
    on ne peut mieux dire....

    Houellebecq est un imposteur. Un fumiste.
    ça aussi c’est vrai et le Goncourt un dîner de cons alors, c’est devenu évident.

    la gueule des cons, c’est donc ça.

    De gauche à droite : Françoise Chandernagor, Tahar Ben Jelloun, Patrick Rambaud, Michel Tournier, Edmonde Charles-Roux, Robert Sabatier, Jorge Semprun, Françoise Mallet-Joris, Bernard Pivot, Didier Decoin

    la plus grosse tâche dans le lot : Bernard Pivot, mari de madame Nous-Deux.

    le genre de littérature chez les Pivot 

    le niveau du jury :

  • vinvin 12 novembre 2010 00:12

    (@L’ AUTEUR).


    Vous dites dans votre texte consacré a NABE que pour certains NABE est un « Connard », et pour d’ autres il est « Génial » ! 

    Et bien, voyez-vous, pour ce qui me concerne je me situe dans la seconde catégorie !

    En effet NABE est le plus grand écrivain que je connaisse. Le Premier livre de NABE que j’ ai lu est UNE LUEUR D’ ESPOIR, et actuellement je suis en train de lire L’ HOMME QUI ARRÊTA D’ ECRIRE ( un pavé de 685 pages,) et sans aucun article séparés. Bref, tout ce tient !....

    Il me tarde une éventuelle réédition DU RÉGAL DES VERMINES pour que je m’ y précipite dessus !

    Vous dites également que NABE c’ est lui même auto-édité pour son livre L’ HOMME QUI ARRÊTA D’ ECRIRE.

    Certe, il c’ est auto-édité, mais je ne vois pas où se trouve le mal ?....

    Il n’ y a aucun mal pour un écrivain de s’ auto-éditer lui-même ?

    Et puis s’ auto-éditer soit-même, c’ est tout bénef, car passer par l’ intermédiaire d’ un éditeur, il est évident que l’ éditeur prend son pourcentage sur la vente de chaque bouquins. ( sans compter les libraires, etc....). 

    Alors, qu’ est-ce qui est le plus avantageux d’ après vous ? 

    Passer par un éditeur et des librairies, ou s’ auto-éditer, et créer sa plateforme de vente via internet ?



    A Méditer !......



    VINVIN.

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