mercredi 15 février 2012 - par Fergus

Connaissez-vous la plus vieille maison de Paris ?

Les Parisiens attachés à leur patrimoine architectural ont longtemps cru que la plus ancienne maison de la capitale était le n° 3 de la rue Volta (3e arrondissement). Il n’en est rien : depuis 1979 et les recherches accomplies par les historiens, on sait désormais avec certitude que ce titre symbolique est détenu, non loin de là, par le n° 51 de la rue de Montmorency...

Elle a belle allure, la maison de la rue Volta avec ses pans de bois, mais elle passe désormais pour une usurpatrice : elle n’est en effet qu’un pastiche de maison médiévale construit par un bourgeois nostalgique en... 1644. Une curiosité pour le moins surprenante car, pour prévenir les incendies, ce type de construction avait été interdit par ordonnance à l’issue des États Généraux convoqués à Orléans par Catherine de Médicis en 1560. Des États Généraux qui, sans relation de cause à effet avec les risques d’incendie, avaient également proscrit la prostitution en bordel et ouvert la chasse aux ribaudes par la prévôté.

Dès lors, comment ces pans de bois ont-ils pu faire leur réapparition dans une habitation du 17e siècle ? Sans doute faut-il voir là l’un de ces passe-droits comme il en a toujours existé ici et là, souvent en échange d’un juteux pot-de-vin versé aux autorités par les propriétaires désireux de s’exonérer peu ou prou des obligations légales.

La maison du n° 3 de la rue Volta a donc été déchue de son « label » médiéval. Cela n’empêche pas de nombreux Parisiens de croire encore aujourd’hui qu’elle est la doyenne de la capitale. Une certitude que raillent d’autres habitants du vieux Paris. Pétris de certitudes, ceux-là clament haut et fort que ces crédules ne sont que des ballots car, si l’on en croit ces experts autoproclamés, ce n’est pas dans le 3e, mais dans le 4e arrondissement qu’il faut chercher cette doyenne, et plus précisément au n° 11 et au n° 13 de la rue François-Miron.

Et de fait, ces deux là, respectivement dénommées la « maison à l’enseigne du Faucheur » et la « maison à l’enseigne du Mouton », sont nettement plus âgées que « l’usurpatrice ». Elles ont même été construites au 14e siècle, affirment les plaques de marbre qui ont été apposées naguère sur leurs façades mitoyennes. Hélas pour les tenants de la rue François-Miron, cette information est fausse. Certes, les soubassements de ces deux bâtisses semblent dater du 14e siècle, mais les constructions existantes ont bel et bien été élevées au 16e siècle, ce qui en fait des mamies très respectables, mais ruine toute prétention au doyennat.

C’est donc le n° 51 de la rue de Montmorency, autrefois connu sous le nom de « maison du Grand pignon  », en rapport avec une partie disparue de l’édifice, qui est incontestablement la plus vieille maison de Paris. Une bâtisse bien loin d’être banale, ne serait-ce que par l’identité de son propriétaire. Elle a en effet été construite en 1407 par Nicolas Flamel et sa femme Pernelle sur les espaces libres situés entre l’enceinte de Philippe Auguste et l’enceinte de Charles V, tout près de la première nommée. Un Nicolas Flamel dont le nom reste encore aujourd’hui attaché dans l’esprit de nombreux Français à l’alchimie, cet art sulfureux qui engendra tant de fantasmes chez nos lointains aïeux. 

Un mystérieux médecin juif

Á l’évidence, Nicolas Flamel avait, pour ses contemporains, découvert la fameuse pierre philosophale et réussi cette transmutation des vils métaux en or à laquelle aspiraient les chimistes en mal de fortune. Comment expliquer autrement qu’il ait pu devenir si riche en prenant de l’âge ? Telle est la rumeur qui courut à l’époque et qui enfla au fil du temps. Á tel point que, bien après la mort de Nicolas Flamel en 1418, plusieurs ouvrages lui furent attribués, du Livre Flamel, en réalité la traduction française d’un traité en latin d’Arnaud de Villeneuve, jusqu’au célèbre Livre des figures hiéroglyphiques, paru en 1612, qui serait la traduction de mystérieux écrits rédigés en latin par Nicolas Flamel.

L’auteur présumé y dévoile notamment le processus du Grand Œuvre, autrement dit de la transmutation. On y apprend également que l’alchimiste présumé se serait basé, pour entreprendre ses travaux, sur un très ancien texte en latin intitulé Le Livre d’Abraham le Juif, prince, évêque lévite, astrologue, philosophe, à la gent des Juifs dispersés dans les Gaules par l’ire de Dieu. Des travaux qui restèrent infructueux durant 21 longues années. Ce n’est, en définitive, qu’après avoir effectué un pèlerinage à Compostelle et s’être fait expliquer par un mystérieux médecin juif le secret des illustrations du Livre d’Abraham que Nicolas Flamel aurait, en 1582, enfin réussi à transmuter le mercure, tout d’abord en argent, puis en or.

Ainsi naquit le mythe, soigneusement entretenu durant des siècles par des auteurs plus ou moins anonymes et des éditeurs nettement plus vénaux que crédules. Tout cela est naturellement faux et relève uniquement d’une légende d’autant plus prisée qu’elle comporte une large part d’ésotérisme. N’en déplaise aux amateurs de contes, l’origine de la fortune du célèbre écrivain public et libraire-juré* ne doit en effet rien à l’alchimie, mais plus prosaïquement à l’apport de son épouse Pernelle, une veuve aisée disposant de biens conséquents lors des épousailles. Ces biens, ajoutés à l’argent que gagnait Nicolas Flamel dans ses fonctions lucratives, permirent au couple, parfois par le biais de la procédure, de spéculer habilement et d’acquérir tant intra-muros qu’extra-muros un certain nombre de locaux commerciaux et autres immeubles.

Lorsqu’ils entreprirent la construction de la fameuse maison dans l’actuelle rue de Montmorency, Nicolas Flamel et son épouse Pernelle s’étaient considérablement enrichis. Quelque peu revenus de leur boulimie de possession, ils aspiraient désormais – sans doute pour préparer leur passage dans l’au-delà en plaisant à Dieu –, à disposer d’une partie de leurs biens dans un but humanitaire. C’est ainsi que le couple multiplia les dons charitables, mais sans pour autant construire à ses frais hôpitaux et chapelles comme le rapporta la légende ultérieurement.

Les pauvres pécheurs trépassés

Construit de belle manière en pierre, le n° 51 de la rue de Montmorency répondait à une double fonction : commerciale au rez-de-chaussée, où étaient implantées des boutiques, et humanitaire dans les étages. Nicolas Flamel et Pernelle y logeaient des laboureurs et des maraîchers qui travaillaient alors sur les parcelles horticoles situées entre les enceintes de Philippe Auguste et Charles V. Le logement était gratuit pour les habitants de la maison du Grand pignon. Seule obligation faite à ces pauvres gens : dire des prières quotidiennes pour les morts comme l’indique le bandeau qui court sur la façade : « Nous hômes et fèmes laboureurs demourans au porche de ceste maison qui fu fée en l’an de grâce mil quatre cens et sept, somes tenus chascun en droit sou dire tous les jours une pastenotre et un ave maria en priant dieu q de sa grâce face perdô aux povres pescheurs trespassez, amen. »

Outre ce bandeau, la façade comporte encore des personnages sculptés en creux sur ses six piliers de pierre ainsi qu’un N sur le deuxième pilier et un F sur le cinquième, références au propriétaire de la maison. Ces sculptures, longtemps masquées par un disgracieux crépi, ne furent dégagées qu’en 1900. Au dessus du bandeau existait autrefois une grande fresque sur laquelle étaient figurés le Christ, Nicolas Flamel et Dame Pernelle. Cette fresque a totalement disparu, de même que le grand pignon qui surmontait autrefois la façade et qui a donné son nom à la maison. Elle n’en garde pas moins fière allure et vaut sans aucun doute une petite visite, ne serait-ce que pour y évoquer la vie des laboureurs des prairies Saint-Martin à l’époque de Charles VI, ou laisser vagabonder son imagination sur les expérimentations enfiévrées des alchimistes du temps jadis.

La maison du Grand pignon a été léguée à l’église Saint-Jacques de la Boucherie à la mort du libraire-juré, le 22 mars 1418. La pierre tombale de Nicolas Flamel, initialement enterré dans l’église, est visible au musée de Cluny. La voirie parisienne, quant à elle, a tenu à rendre hommage à cet homme et à sa femme : une rue de la capitale, proche du Châtelet, porte en effet le nom de Nicolas Flamel ; c’est là qu’était située la résidence du couple ; non loin de leur demeure, une autre rue porte le nom de Pernelle. Nicolas et Pernelle, de bien jolis prénoms !

* Nicolas Flamel a occupé les fonctions de copiste et d’écrivain public avant de devenir libraire juré, le serment prêté à l’Université ayant pour effet d’en faire un clerc exempté de rendre des comptes au Prévôt des marchands et dispensé de payer la « taille ».



45 réactions


  • eric 15 février 2012 08:12

    Sympa ! Merci


  • ARMINIUS ARMINIUS 15 février 2012 09:13

    Genre d’articles, joignant l’utile à l’agréable, devenu trop rare sur AV. Le temps des visites reprenant avec le printemps proche, ça ne pouvait mieux tomber. Merci !


    • Fergus Fergus 15 février 2012 09:28

      Bonjour, Arminius.

      Merci pour votre commentaire.

      Se balader dans les vieux quartiers de nos villes est toujours un plaisir, qui plus est accessible à tous.


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 15 février 2012 09:41

    Nous hômes et fèmes laboureurs demourans au porche de ceste maison qui fu fée en l’an de grâce mil quatre cens et sept, somes tenus chascun en droit sou dire tous les jours une pastenotre et un ave maria en priant dieu q de sa grâce face perdô aux povres pescheurs trespassez, amen. »


    C ’ est sûr , ils sont maintenant trespassez les homes et fèmes demourans au porche .

    Me joins ave Maria pour dire : Fergus  pastenotre des articles intéressoient .

    • Fergus Fergus 15 février 2012 10:27

      Bonjour, Capitaine.

      Merci à vous.

      Pour être « trepassez », ils le sont bel et bien, comme nous le serons tous.

      C’est pourquoi, il importe de vivre pleinement notrre vie, autant que faire se peut. Car comme l’a écrit Sénèque « Nos plus beaux jours s’envolent les premiers, s’envolent pour toujours ; vient la triste vieillesse, et puis l’heure dernière. »

      A nous de faire en sorte que la vieillesse ne soit pas triste.


  • devphil30 devphil30 15 février 2012 09:58

    Merci pour l’info


    • Fergus Fergus 15 février 2012 10:29

      Bonjour, Devphil.

      De rien ! J’ai pris beaucoup de plaisir à évoquer cette maison et son propriétaire


  • Emmanuel Aguéra LeManu 15 février 2012 09:59

    Un régal !

    Nicolas & Pernelle.... lol !
    Sacré Fergus, espèce de marchand de sable !

    J’envoie à ma famille parisienne et je programme pour ma prochaine visite à la capitale...

    Merci


    • Fergus Fergus 15 février 2012 10:33

      Bonjour, LeManu.

      Merci pour ce commentaire.

      Une ville comme Paris recèle énormément de points d’intérêt plus ou moins connus, et souvent ignorés des Parisiens eux-mêmes. La découverte du Marais, rue après rue, est à cet égard un plaisir toujours renouvelé.


  • lerenard lerenard 15 février 2012 10:04

    ce nest pas une nouvelle pour moi qui n’ai jamais mis les pieds à paris que la plus vielle maison de paris soit celle de nicolas flamel
    car j’ai été des que j’ai eu le liberté de faire ce que je voulais intéressé par les sciences ésotérique dont les ouvrage de fulcanelli sur les bas relief ou la maison de flamel est cité


    • Fergus Fergus 15 février 2012 10:43

      Bonjour, Lerenard.

      J’ignorais que Fulcanelli ait désigné la maison de Nicolas Flamel comme la plus vieille de Paris, celle de la rue Volta étant, au début du 20e siècle, considérée quasiment de manière unanime comme la doyenne de Paris. Fulcanelli aurait alors très largement devancé les historiens. A moins qu’il n’ait délibérément accordé ce titre à la maison de Flamel pour enjoliver symboliquement son récit et sa description des demeures d’alchimistes.

      Fulcanelli par ailleurs lui-même très mystérieux. A ma connaissance, sa véritable identité n’a toujours pas été découverte, et je sais qu’il a été contesté sur différents points par l’historien Didier Kahn. Mais n’étant pas féru en alchimie, vous en savez sans aucun doute beaucoup plus que moi sur le sujet.


  • kitamissa kitamissa 15 février 2012 12:21

    Très agréable .....


    merci pour celle balade dans le vieux Paris que j’adore, une de mes passions, c’est justement de juger de l’ancienneté d’une maison ou d’un immeuble et d’imaginer tout ce qui a pu s’y passer comme évènements depuis sa construction .

    • Fergus Fergus 15 février 2012 13:03

      Bonjour, Kitamissa.

      Merci à toi. Je constate que nous avons la même approche. Il est vrai que les vieux quartiers, et notamment le Marais, se prêtent parfaitement à cet exercice, entre leurs immeubles anciens, leurs hôtels particuliers ainsi que leurs impasses et cours pavées souvent méconnues. Hélas ! les digicodes sont désormais presque partout et il faut soit jouer de ruse, soit avoir de la chance pour pénétrer dans certaines cours.


  • Suldhrun Suldhrun 15 février 2012 13:28

    Le bonjour Fergus ...

     Piégé , je fus au début de l article , en tant qu alchimiste ....

    Merci , tout simplement .....

     Non , tous ne sont pas morts ( PS ) 


    • Fergus Fergus 15 février 2012 14:00

      Bonjour, Suldhrun.

      Merci à vous.

      Ainsi, il existe encore des alchimistes ? Vrais alchimistes ? Ou passionnés par l’imaginaire que suscite cet art mystérieux dont certains aspects touchent à l’ésotérisme et à la franc-maçonnerie ?

      J’avoue être bien ignorant dans ce domaine. Sans doute y aurait-il matière à développer le sujet sur ce site...


    • Suldhrun Suldhrun 15 février 2012 16:18

      Fergus ...

       L alchimie n est qu un protocole de dialogue , avec ce que nous appelons la nature universelle , comme pour le scientifique , son langage symbolique est en mesure de toute chose , de même pour l écrivain , le ressenti a communiquer , ou bien le religieux et ses icônes ,  itou le politique et ses promesses .

      La nature universelle est vivante , elle enseigne par divers protocoles , en spécificité pour le chacun .

      Je me relis , certes les mots sont lourds et mal adroits , la langue française n étant point maternelle .

      L alchimie ,
       je l ai découverte en 1974 a Laciotat , par un livre , en tant que légionnaire étranger en permission , pour de même a Trier en 75 en stage commando a Castelnau , ville Allemande inféodée aux armes françaises .

      Un musée , a la porta negra , en tableaux flamands aux symboles localisants .

      Et la je rencontre un immortel , point d imaginaire ( les souffleurs , on dit ) et point de murs pour les francs maçons .


    • Fergus Fergus 15 février 2012 17:21

      @ Suldhrun.

      Merci pour ces précisions. Etant d’un naturel curieux, je vais essayer d’en savoir plus sur l’alchimie telle que vous en énoncez les bases intellectuelles.

      Bonne fin d’après-midi.


  • ppazer ppazer 15 février 2012 14:00

    J’ajouterais que la Taverne de Nicolas Flamel, le restaurant qui est dans cette batisse, est un excellent restaurant que je vous recommande.

    (... non, je ne suis pas le restaurateur, et non je ne gagne rien à vous donner cette recommandation)


    • Fergus Fergus 15 février 2012 16:03

      Bonjour Ppazer.

      Je me posais la question de savoir ce que valait ce restaurant. Votre avis est par conséquent intéressant à connaître.

      Une chose est sûre : à l’endroit où il est implanté, il ne peut s’agir d’un piège à touristes. Rien à voir avec ceux de la rue des Lombards.


  • Pelletier Jean Pelletier Jean 15 février 2012 14:26

    Fergus, quel talent ! c’est un véritable régal de te lire et de se cultiver en même temps.
    une grande aération sur Agoravox.

    http://jmpelletier52.over-blog.com/ 


    • Fergus Fergus 15 février 2012 16:07

      Bonjour, Jean

      Merci pour ce commentaire. Mais je ne crois pas mériter de tels éloges.

      Cela dit, je pense en effet qu’il est nécessaire d’aérer un peu, pour reprendre ton image, le contenu éditorial afin qu’il ne soit pas monopolisé par les questions socioéconomiques et politiques. C’est pourquoi je m’y emploie de temps à autre.


  • Georges Yang 15 février 2012 15:06

    Bonjour Fergus

    En fait 4maison se disputent le titre de plus vieille maison de Paris

    Celle de la rue Volta, dont le rez-de-chaussée est occupé par un coiffeur chinois et un curieux restaurant asiatique où l’on sert des soupes Pho, vietnamiennes alors que le quartier est investi depuis les années d’après-guerre par la communauté du Wenzhou

    Celle de la rue de Momenrency of la Taverne de Nicolas Flammel

    Celle de la rue François Miron qui abrite (encore ?) un club libertin

    Ecelle de la rue des UIrsin sur l’île de la Cité qui fut (est peut-être encore ) propriété de l’Aga Khan

    Les 4 sont très belles, je préfère celle de la rue Volta, par nostalgie des commerces de maroquinerie des années 50 qui cohabitaient en bonne intélligence avec les juifs du même corps de métier


    • Fergus Fergus 15 février 2012 15:41

      Bonjour, Georges.

      Précisément celles que j’ai mentionnées dans l’article. Mais les faits semblent désormais établis : la maison de la rue Volta est un édifice anachronique construit au 16e siècle, tout comme les maisons de la rue François-Miron, consrtuites avant l’interdiction des pans de bois.

      Pour ce qui est des commerces de maroquinerie, j’ai bien connu cela, l’un de mes amis juifs étant artisan rue du Temple (sacs à main, portefeuilles). Désormais la maroquinerie a cédé la place au commerce, en gros et demi-gros, de bijoux fantaisie par des asiatiques.


  • Georges Yang 15 février 2012 15:10

    PS nombreuses fautes de frappe, il faut lire rue des Ursins


    • Fergus Fergus 15 février 2012 16:21

      @ Georges Yang.

      Quelques vieilles maisons également rue des Ursins (du nom d’un ancien Prévôt des marchands), mais toutes datant au mieux du 16e siècle, période de reconstruction de l’Hôtel des Ursins.

      Expérience amusante dans ce secteur : une partie des locaux de la Préfecture de Police est située rue Chanoinesse (parallèle à la rue des Ursins). Il y avait là naguère une cantine des flics où j’ai déjeuné un jour en compagnie d’un officier de police : la seule fois de ma vie où j’ai vu sur des plateaux repas des armes de service posées là pour des raisons d’aisance.


  • Loatse Loatse 15 février 2012 15:25

    Bonjour Fergus,

    Merci pour cette balade dans le temps.. :) j’ignorais que la maison de nicolas Flamel était encore débout.. c’est il me semble une sorte de miracle quand on sait que le baron Haussmann (surnommé l’Atilla de la ligne droite) a fait détruire des milliers d’habitations (sans aucunement se soucier de leur ancienneté) afin de « moderniser » Paris...

    Si le « vieux » paris vous intéresse, je vous conseille la lecture du livre de Tatiana de Rosnay, « Rose » qui a travers une histoire romancée nous raconte la vie d’une expropriée de la rue "Childebert... une petite rue qui, comme tant d’autres disparut pour laisser place aux grands boulevards...

    Ce baron Haussmann n’était pas populaire (c’est le moins qu’on puisse dire), le clou de cette impopularité atteint son apogée lorsqu’il décida d’amputer le jardin du luxembourg de ...10 hectares...

    Toutefois, sans son obstination, nous ne pourrions pas nous promener sur le boulevard saint germain... :)


    • Fergus Fergus 15 février 2012 15:51

      Bonjour, Loatse.

      Par chance, Hausmann n’a pas touché au Marais et il subsiste des centaines d’immeubles des 17e et 18e siècle. Dommage que le quartier Beaubourg, au lieu d’être restauré, ait été détruit pour laisser la place à l’édifice à tuyaux multicolores que l’on connaît. Dommage également que les Halles Baltard aient disparu, et avec elles de nombreuses maisons anciennes, pour laisser la place au Forum. 

      Je note la suggestion de lecture, et cela avec d’autant plus d’intérêt que la rue Childebert était située dnas le quartier Saint-Germain-des-Prés


    • Loatse Loatse 15 février 2012 16:23

      j’ai assisté à la construction de beaubourg (on l’appelait alors « la raffinerie ») puis on s’est habitué... aujourd’hui ca fait un peu kitch mais paris sans beaubourg ne serait pas paris.. :))
       
      chaque époque a ses réticences devant la nouveauté... certains parisiens de la fin du 19 ème trouvaient, parait-il, la fontaine saint michel hideuse...

      ps : née dans le quatrième, vivant dans le cinquième pendant presque deux décennies, j’ai du passer plus d’une fois sans la voir devant la maison de l’alchimiste et son épouse (un couple attachant selon la biographie qui en fut écrite),
       
      le plaisir anticipé d’imaginer que derrière ces murs, un athanor était alimenté jours et nuits, transformant cette antique maison en témoin d’une quête mystique, me pousse à me rendre sur ces lieux dés que possible...

      encore merci.


    • Fergus Fergus 15 février 2012 16:59

      @ Loatse.

      J’avoue avoir fait partie des opposants à Beaubourg, moins pour le projet tel qu’il a vu le jour et dont j’ai beaucoup profité par la suite (notamment en fréquentant la Bibliothèque), que par regret de voir partir des immeubles qui auraient parfaitement pu être restaurés comme l’ont été sur l’autre rive de la Seine des habitations du Ve arrondissement dans le même état.

      Imaginer le feu ronflant sous l’athanor fait effectivement partie des images que l’on associe à la maison de Flamel, et bien que cela ait été une légende, le plaisir n’en est pas moins grand.

      Bonne fin d’après-midi.


  • Hurloon 15 février 2012 15:46
    Mince alors je pensais que la maison la plus ancienne de Paris
    c’était Régine....  smiley

    • Fergus Fergus 15 février 2012 15:59

      Bonjour, Hurloon.

      La galanterie la plus élémentaire m’interdit de sourire. Cela dit, la dame commence à avoir, disons... de l’expérience. 


  • compostelle 15 février 2012 15:46

    Cette maison du 51 a appartenu à Nicolas Flamel, mais il ne l’a pas habitée. Ce n’est qu’en 1900 que la ville de Paris a posé une plaque « Maison de Nicolas Flamel »


    • Fergus Fergus 15 février 2012 15:56

      Bonjour, Compostelle.

      Effectivement, il ne l’a pas habité, sa résidence étant située rue... Nicolas Flamel, laquelle na été nommée dans la voirie parisienne qu’à partir de 1280 sous le nom de Marivas, puis de Marivaux (comprendre Marais).


  • brieli67 15 février 2012 16:22

    lappa vraiment fait biz biz (ami-ami)

    pour partager ruts d’élans
     supêmes d’archéo-ptéryx
    et porterhouse de mammouths

    Normal ! Paris c’est la Province.
    La plus vieille bicoque non !
    La plus vieille antre de Tavernier OUI !

    à la Lanterne !!

    les ARistos


    • Fergus Fergus 15 février 2012 17:17

      Bonjour, Brieli.

      Merci pour ces liens... diversifiés. J’ai constaté que je suis nul en suisse francophone, pire encore qu’en schwyzerdütsch, c’est dire !

      Comparé à Lascaux, il n’y a pas de doute, la maison de Flamel passe pour une contemporaine toute juste livrée par le promoteur. Belle occasion de se remettre en mémoire l’une des innombrables bourdes de Sarkozy.

      Euh... mammouth ou pas, la grillade est un peu trop riche en carbone à mon goût !

      Quant à Carlita, elle aura du temps devant elle dans quelques semaines pour aller passer ses vacances avec tante Gigi. Avec ou sans son looser de mari ? Chi lo sa ?


  • Vipère Vipère 15 février 2012 17:55

    Bonjour à Fergus et à tous


    Bâtisse intéressante et peu connue, à ma prochaine visite de la capitale, j’irai y faire un tour, pour la voir en vraie !

    C’est le n° 3 ? Cela me fait penser à une chansonnette d’enfance !

    Je frappe au n° 3 je demande Mamselle Angèle, la concierge me répond : mais quel métier fait-elle ? elle fait des petits jupons....

    • Fergus Fergus 15 février 2012 18:50

      Bonjour, Vipère.

      Attention, le n°3, c’est celui de la maison située rue Volta ; celle de Flamel est au 51 de la rue de Montmorency. Cela dit, les deux peuvent être vues très facilement : elles sont à environ 600 m l’une de l’autre.

      Pas sûr que Melle Angèle travaille au n°3. Quant aux concierges, il n’en subsiste quasiment plus...


  • bo bo 15 février 2012 19:32

    Merci Fergus

    très bel article, j’ai dans ma bibliothèque un livre d’Alfred FRANKLIN (administrateur honoraire de la bibliothèque Mazarine) « Paris au XVIéme siècle édité en 1921 chez Emile-Paul.
    Vous devriez le trouver facilement...c’est un magnifique travail qui vous passionera.
    Un autre ouvrage très intéressant  »Les anciennes maisons de Paris sous Napoléon III de M LEFEUVE (imprimerie Pommerry et Moreau, rue Vavin à Paris est aussi passionant (généralement relié en 3 volumes : imprimé par petites quartiers et feuillets d’environ 35 pages).
    Un peu plus difficile à trouver complet.
    Bonne soirée


    • Fergus Fergus 15 février 2012 19:56

      Merci pour votre commentaire, Bo.

      Un grand merci également pour vos conseils de lecture : je prends note immédiatement, et avec un grand intérêt, de ces ouvrages.

      Bonne soirée.


  • Henri François 19 février 2012 08:53

    Pourquoi AV ne « vendrait » pas cet excellent article à tous les quotidiens parisiens et même à la télé, tous si pauvres en de telles révélations qui fleurent bon la vie passée pilier indéracinable de notre vie et surtout de nos sensibilités présentes.
    Fergus, envoyez vous même cette délicieuse évocation historique soit à un grand titre papier soit à une grande émission culturelle de France Télévisions.
    Merci.


    • Fergus Fergus 19 février 2012 09:43

      Bonjour, Henri.

      Merci pour votre commentaire. En réalité, je n’ai pas de prétention à toucher le public le plus large possible. Et je pars du principe que les médias traditionnels savent ce qui se passe sur la toile et peuvent, le cas échéant, prendre contact avec les auteurs. Peut-être ai-je tort ?

      Je vais quand même creuser votre idée.

      Cordialement.


  • brieli67 20 février 2012 04:25

    comme d’hab, un peu hors-sujet .... mais que reste t’il du séjour de Goethe en Alsace :

    visite sur les lieux en 4 étapes

    Qui est ce Jung- Stilling ? allez voir wiki dont l’allemand.

    Il est venu faire sa médecine à Strasbourg. Pourquoi ? Rendez-vous au Theatrum Anatomicum de la Chapelle Saint Ehrard à l’entrée du Chu dite « Grande Porte »

    Strasbourg - pas vraiment universitaire - avait les circonstances aidant une floppée de cadavres à disséquer de 1500 à Napoléon : une « fabrique » renommée de chirurgien-barbiers.

    C’était la plus vieille Pharmacie d’Europe sur le parvis de notre Münster.... La municipalité précédente de Droite a fait dégager les locaux pour proposer son bien à des « sandwicheurs » internationaux.style Ronald. Annexe de l’ Office de tourisme... en attendant.


    • Fergus Fergus 20 février 2012 09:37

      Bonjour, Brieli

      Ich verstehe nicht sehr gut deutsch. So ist es ein wenig zu schwer für mich.
      Néanmoins liens intéressants sur Goethe avec prolongements possible sur son confrère Jung-Stilling, quasiment inconnu en France (moi-même, je ne connaissais de lui que son nom et son positionnement littéraire).

      Belle pharmacie que celle-ci. Peut-être pas aussi jolie que la maison Kammerzell, mais si conforme à l’image de l’Alsace. Cela me donne envie de retourner à Strasbourg, ne serait-ce que pour revoir des lieux comme la Cour du Corbeau, nettement plus cossue en hôtel 4 étoiles que lorsque je l’ai connue naguère, relativement oubliée.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 9 décembre 2020 13:59

    @FergusJe vous crois pour la rue Montmorency, ayant créché aux alentours en 1985-86 (Rue Montorgueil dans une Maison Henry IV et rue des Jeûneurs). Sans le savoir je dois être passée souvent devant. En plus selon le roman que je lis, Jehanne aurait bien été conçue dans le Marais avec le frère de son mari Charles le VI le Fol. Pourquoi le fils de ce Louis l’aurait-il fait assassiner ???? Et on retourne à la Bavière avec Isabelle... 


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