jeudi 12 décembre 2019 - par Orélien Péréol

Dakar P(art)cours n°8

Le P(art)cours Dakar revient cette année en son n°8, moment de concentration de l’art visuel dans cette ville culturellement dynamique de Dakar.

Le P(art)cours se déroule cette année jusqu’au 14 décembre. Vingt-deux espaces d'exposition, qui sont des lieux permanents, y participent dans toute la ville et en banlieue. Le P(art)cours est un focus qui vise autant à rassembler un public dans un « événement », qu'à faire mieux connaître ces lieux pour qu'ils améliorent leur visibilité et augmentent leur fréquentation tout au long de l'année.

Il s’agit de penser art, respirer art… L’art n’est pas un loisir, c’est un travail dur, qui demande respect et considération, engagement et même sacrifice. Le P(art)cours n’est pas un événement de plus. Il participe d’un écosystème dakarois, car il y a une écologie de la culture… il met l’accent sur les programmations continues, permanentes de la capitale du Sénégal.

La brochure concoctée par Theo Petroni est le vecteur de cette mise en réseau des lieux d’exposition. Le design, très réussi, est lié au chiffre 8 qui compte la suite des P(art)cours. Ce chiffre 8 définit l’espace de la page comme un labyrinthe. Dans le P(art)cours, à chacun de se faire son chemin. On trouve dans la brochure une présentation de chaque espace d'exposition et bien sûr une présentation de l’exposition, texte poétique ou politique, avec photo(s)... Un plan du quartier, les dates des vernissages, un vade-mecum parfais.

Un site très bien fait complète cette présentation, il contient outre le n° 8, la succession des années (toujours cette idée de permanence, de durée dans la présence et dans l'action artistique...). http://www.partcours.art/ Egalement, un groupe Facebook : https://www.facebook.com/partcours.dakar/

Voyons quelques-uns de ces vingt-deux lieux :

Le centre d’art RAW Material Company, fondé par Koyo Kouoh qui est aussi à l’initiative du P(art)cours avec Mauro Petroni, présente une exposition en lien avec le cinéma, et Éric Baudelaire. La participation de Raw est toujours en lien avec les cessions de Raw academy dont le thème cette année est : images pour notre temps. Sera projeté au cinéma Empire, le film « Atlantique » de Mati Diop, tourné à Dakar, primé à Cannes, projection suivie d’un débat avec, entre autres, la réalisatrice.

Aux Céramiques Almadies de Mauro Petroni, autre fondateur du P(art)cours, six créateurs atypiques sont réunis pour découvrir dans le partage du même lieu, des mêmes murs, les similitudes et les chocs de leurs disparités, faisant naitre comme des concepts qui disent ou même façonnent notre monde actuel.

Yataal Art, « élargir l’art » en wolof, n’est pas un lieu à proprement parler, c’est un quartier populaire, la Médina, vu comme « un musée à ciel ouvert ». La présentation est en wolof, avec la mention : « Pour la traduction de cette présentation, vous êtes invités à vous adresser à votre boutiquier, à votre gardien ou à votre femme de ménage. » Parlez d’art avec tout le monde, pas seulement avec les privilégiés de votre entourage qui sont à l’aise avec. Rapprocher l’art et les gens, la rue fait ça, et que l’annonce soit aussi pour tout le monde ! Modboye Diallo fait parcourir la rue et en montre la foisonnante singularité, il fait entrer le public dans les cours, dans les maisons, il rompt les barrières qui mettent l’art en scène et le donne à voir sans intermédiaire.

Il faudrait citer Loman Art House, superbe lieu, et l’artiste Barkinado Bokoum qui brise les portraits en éclats hétérogènes, et surtout porte interrogation sur les limites de la parole par cette réunion autour de la piscine d’étranges humanoïdes déconstruits et inversé, pourrait-on dire.

A l’Espace Médina, les retrouvailles des quatre fondateurs de cet atelier d’artistes : Sayo Camara, Aladji Koné, Khassim Mbaye et Moussa Traoré (peinture, sculpture…).

Ruines et futur, à Kerthiosane, est lié à des projets éducatifs radicaux liés à l’indépendance du Sénégal. Visions plurielles de la décolonisation : des pontins de Gorée à l’Université du Futur Africain abandonnée à Sébikotane. Au milieu des champs, se produit le territoire futur : ville nouvelle de Diamniadio, mais quelle place au citoyen dans cette « émergence » ?

A l ‘école des Manguiers, le Laboratoire Agit’Art ancre des pratiques artistiques dans le quartier, surtout avec les enfants. Les masques n’ont pas été destinés aux musées : Nu della fa nu jogé (il manque quelques accents et tildes à mon clavier) : Retourner d’où nous venons. Pour entrer, il faut apporter un livre pour enfant, afin d’augmenter la bibliothèque.

Il faudrait les citer tous, ils sont là tous les jours. Le P(art)cours est là pour le souligner.

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Le Musée à ciel ouvert



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