vendredi 18 mars 2016 - par Theothea.com

De « La Vénus » à « La Rivière » en compagnie de Nicolas Briançon

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Dernière de LA VENUS A LA FOURRURE
Marie Gillain & Nicolas Briançon photo © Theothea.com

Lorsque le 3 février dernier, Nicolas Briançon fêtait au Trianon avec Marie Gillain & toute l’équipe de « La Vénus à la fourrure » la toute dernière représentation de leur pièce à succès, prolongée à plusieurs reprises et plébiscitée en tournée après avoir été couronnée par deux Molières 2015, il était de fait naturel pour le comédien, comblé par cette formidable réussite, de vouloir enchaîner immédiatement par une nouvelle création dirigée par ce même metteur en scène, Jérémie Lippmann, qui avait si bien oeuvré à mettre le roman de Léopold van Sacher Masoch au cœur de la modernité transgressée sur les planches.

Or, il se trouve que Jérémie, un an auparavant, n’ayant écouté que son instinct, avait alors sauté dans un avion pour assister à la dernière à New-York de The River de Jez Butterworth, venant de triompher à Broadway ainsi que précédemment à Londres.

D’emblée conquis par le jeu de la vérité qui glisse entre les mains, tel le poisson métaphorique de ce conte fantastique, le découvreur revenait en France avec quasiment une mise en scène « clefs en main » intégrant sa distribution top niveau. Alea jacta est !…

Et voilà donc comment deux jours après la fameuse fête du Trianon, Anne Charrier, Emma de Caunes & Clara Huet allaient, en chœur, retrouver l’étrange séducteur d’une nuit sans lune, interprété par l’irrésistible Nicolas Briançon, ici grand pêcheur, en eau douce, devant l’éternel.

Reclus dans une cabane au fond de la forêt baignée de tous ses sortilèges, celui-ci pourrait fort bien être l’ermite fuyant tous ses contemporains pour se rapprocher au plus près du monde animal et plus spécialement piscicole, si ce n’est qu’un étrange ballet féminin va s’organiser autour de lui alors que les silhouettes, les visages, les voix paraîtraient se confondre au point, peut-être, de n’en constituer qu’une seule et même figure.

Mieux, l’espace temps semblerait lui-même se rétrécir en se réitérant dans une nuit infinie, récurrente et obsessionnelle alors que notre homme des bois, lui, se plairait à discourir sur les vertus de la pêche sous toutes ses composantes, y compris métaphysiques.

Y aurait-il un événement fondateur ou un traumatisme initial à cette répétition d’une même scène ou d’une même situation (re)jouée dans un cycle apparemment sans fin ?

Mais qui est donc cette jeune femme ou quelles sont-elles ? Que représente-t-elle ? Pourrait-elle avoir des accointances, fussent-elles inversées avec La Lorelei du romantisme germanique ?

Et quel objectif poursuit donc le deus ex machina qui organiserait ce bal des fantasmes sylvestres accaparant l’imaginaire des spectateurs sans jamais leur donner le loisir de pouvoir se mettre d’accord sur la version consensuelle de cette histoire fantasmatique sans intrigue ?

Autant de questions sans véritables réponses rationnelles que l’esprit latin a sans doute quelques difficultés conceptuelles à admettre.

LA RIVIERE

Et voilà donc, peut-être, pourquoi, quelque 50 jours après la première à la Comédie des Champs-Elysées, la rivière continuera de s’écouler sauvagement mais sans cette tribu parisienne chic & choc ayant su transformer une vision forestière de l’aléatoire et de l’éphémère en un spectacle culte que, seuls, quelques happy few auront donc pu apprécier… faute de présence conséquente du public pourtant convié mais attendu en vain… à cette fascinante « Fishing Party ».

photos © Theothea.com

LA RIVIERE - **.. Theothea.com - de Jez Butterworth - mise en scène Jérémie Lippmann - avec Anne Charrier, Emma de Caunes, Clara Huet & Nicolas Briançon - Comédie des Champs-Elysées 




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