vendredi 12 août 2022 - par C’est Nabum

Délivrance

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Sot en auteur.

Si la plume me démange, il ne fait pas bon cependant me prendre à rebrousse-poil quand il s'agit de tourner la page. Le risque est grand d'une prise de bec à propos d'une coquille ou bien d'une faute d'impression. N'ayant jamais eu de plomb dans la tête, faire étalage de ma prose pour en tirer argent : content ou désenchanté. Les expériences se suivent et se ressemblent, le bouffon n'est pas crédible dans le rôle du marchand livresque, tentant vainement de distribuer ses ouvrages. Seule la dédicace me réjouit, malheureusement pour remplir ma page d'écriture personnifiée, il me faudrait au préalable, vanter la marchandise, ce qui est au-dessus de mes forces et de mes appétences.

Devant cette quadrature du cercle littéraire, si je ne renonce pas à éditer à compte d'auteur mes agitations littéraires, je me refuse désormais à chercher à vendre le fruit de mes macérations et de mes circonlocutions. Être jugé sur ma bonne mine de crayon pour attirer le chaland et lui proposer un imprimé me semble parfaitement contradictoire. Nous avons depuis longtemps dépassé l'époque du manuscrit ou de l'incunable.

Mes livres existeront sans figurer dans les boutiques, bibliothèques ou salons littéraires. Je ne suis pas un pot de fleurs pour attirer la curiosité d'un lecteur éventuel. Me dessécher des heures durant derrière l'étalage de ma production n'est pas de mon goût. D'ailleurs, je ne cherche même plus à réimprimer les titres aussi épuisés que leur géniteur. Ils continueront leur chemin dans la clandestinité et une extrême discrétion, c'est tout le mal que je leur souhaite.

N'étant au final qu'un sot en auteur ou plus exactement un imbécile singeant l'écrit vain, je ne vois qu'une manière de franchir l'obstacle pour retomber sur mes pieds dans le bac à sable : la technique du ciseau. Je ne risque pas de cette manière d'atteindre les sommets mais bien plus de tendre l'élastique au risque qu'il finisse par me revenir en pleine farce. Pour d'autres, ce fameux ciseau serait celui de la censure, comme celle dont usent les libraires qui refusent de commander mes précédents opuscules ou bien les baveux qui ne prennent pas la peine d'en faire l'article dans leur canard.

Ne cherchant plus la tête de gondole puisque depuis mes trois derniers livres j'ai renoncé à la grande distribution, je préfère en bon navigateur à la rame, me laisser couler dans le marbre et l'indifférence. Je ne jetterai plus l'ancre par le hublot pas plus que la bouteille à l'amer. J'en ai trop souffert de ses stupides rancunes et rancœurs parce qu'une connaissance refuse de m'acheter un exemplaire ou parce que cet autre prétend que je lui ai forcé la main. Je me délivre du livre comme objet de commerce, de transaction et de promotion. Chacun agira comme il l'entend à défaut de le lire, la transaction littéraire devenant le farfadet de mes soucis.

Un prochain ouvrage est en préparation. Il sortira en catimini, s'épargnera le ridicule des refus, des ricanements ou des rejets. Il ne se proposera qu'à ceux qui le réclameront sans que je leur serine ses mérites supposés ou exagérés. Une impression homéopathique facilitera l'écoulement de rares exemplaires sans que nul média ne soit importuné par un auteur en mal de promotion. Les bibliothèques en ignoreront l'existence ce qui ne changera guère des précédents.

Pour être vendu, il faut un nom, une particule, un entête d'écran ou de placard publicitaire. N'ayant couché avec aucun ministre ni aucune célébrité, ne disposant pas d'un casier judiciaire ou d'un compte en Suisse, je ne vois pas comment espérer ne serait-ce que le stade du succès d'estime ; cette curieuse arène où le tout à l'ego s'impose tandis que les coups bas y sont légion. Auteur sans diffusion, voilà un rôle qui me sied à merveille, l'art du contre-pied de page en somme pour continuer à écrire sans me prendre les ouvrages dans les rayons. Que ceux qui auraient par inadvertance l'une de mes précédentes productions, la détruise sans sommation afin de n'être pas importunés par les amateurs de rareté ou la range dans un coffre pour un espoir de spéculation à très très long terme. Merci !



31 réactions


  • armand 12 août 2022 16:37

    Vous avez eu la bonne idée de ne pas faire la photo aujourd’hui....


  • armand 12 août 2022 17:26

    Votre livre est toujours sur « book edition » mais leur système de paiement ne me permet pas de la commander, désolé.


    • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 12 août 2022 18:16

      @armand
      Il est très facile de commander un livre sur Thebookedition. Il suffit d’avoir une carte bancaire. Sinon, on peut toujours demander à un libraire de le commander.


    • C'est Nabum C’est Nabum 12 août 2022 18:19

      @armand

      Je constate également que des libraires refusent de le commander
      Tant pis


    • C'est Nabum C’est Nabum 12 août 2022 18:19

      @Jean J. MOUROT

      Nombre d’entre eux s’y refusent comme ceux d’Orléans d’ailleurs


    • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 12 août 2022 18:29

      @C’est Nabum
      La « librairie » est un commerce parmi d’autres. Seuls quelques passionnés en font un sacerdoce ! En tant qu’éditeur bénévole, j’ai reçu des commandes de quelques libraires disséminés dans l’Hexagone pour les livres que j’« édite ».


    • armand 12 août 2022 18:30

      @Jean J. MOUROT
      oui je sais mais je n’ai plus de carte visa suite à des arnaques d’amazon, donc je n’ai qu’une sorte de carte « locale » qui ne passe pas dans ces systèmes de paiement.


    • C'est Nabum C’est Nabum 13 août 2022 06:58

      @Jean J. MOUROT

      Vous avez de la chance

      J’en ai connu des libraires qui ont fait la démarche de la commande et ont omis le paiement


  • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 12 août 2022 18:25

    " J’en ai trop souffert de ses stupides rancunes et rancœurs parce qu’une connaissance refuse de m’acheter un exemplaire ou parce que cet autre prétend que je lui ai forcé la main.« 

    Il ne faut pas en souffrir... Tout le monde n’a pas envie de lire, surtout des livres.

    L’avantage de The book edition, c’est que cela ne coûte que le mal de fabriquer la maquette du livre et le prix de ce qu’on achète, imprimé à la demande à partir d’un exemplaire. Mais il faut bien sûr »chiader" la maquette...

    En dehors des circuits commerciaux traditionnels, il ne faut pas espérer une large distribution. Quelques lecteurs de choix suffisent à justifier l’entreprise.


    • C'est Nabum C’est Nabum 13 août 2022 06:59

      @Jean J. MOUROT

      Je l’ai compris
      Je ne cherche plus à vendre

      Ce n’est pas mon métier

      Les livres existent et c’est là l’essentiel


  • Aristide Aristide 13 août 2022 09:38

    Pour être vendu, il faut un nom, une particule, un entête d’écran ou de placard publicitaire. N’ayant couché avec aucun ministre ni aucune célébrité, .... etc, etc ...


    Peut-être aussi un certain talent qu’une maison d’édition reconnaitrait dans vos oeuvres. Mais bon vous devez être de ces artistes de génies, victimes de ce monde culturel pourri etc, etc ....


    • C'est Nabum C’est Nabum 13 août 2022 09:59

      @Aristide

      Je ne compte pas proposer ma médiocrité aux éditeurs


    • Aristide Aristide 13 août 2022 11:37

      @C’est Nabum

      Je ne suis pas compétent pour juger de votre médiocrité dans ce domaine, ce dont je peux juger c’est de votre aptitude certaine à vous auto-proclamer auteur de talent non reconnue par un milieu de l’édition pourri ... Un artiste maudit en sorte !!!


    • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 13 août 2022 12:02

      @Aristide
      Les lecteurs des maisons d’édition ont laissé passer jadis bien des talents... Ce qui compte, pour un éditeur commercial, c’est le fait que le livre proposé soit« bancable ». Cela coûte cher d’éditer un livre dans le circuit commercial. Il faut être sûr de sa rentabilité. Le talent n’a pas grand-chose à voir là-dedans... Il est accessoire. D’ailleurs, l’appréciation du talent est relative. Personnellement, je n’apprécie guère certains talents reconnus et j’aime lire des auteurs moins appréciés des critiques littéraires...


    • Aristide Aristide 13 août 2022 12:24

      @Jean J. MOUROT

      Le talent n’a pas grand-chose à voir là-dedans... Il est accessoire.

      Affligeant de voir une personne sensée écrire cette bêtise. Ou alors comme une sorte de désir refoulé dans cette remarque, vous avez été refusé ?  

      Allons, un peu de jugeotte, quand un éditeur prend un livre et souvent passe un contrat avec l’auteur, donne des avances sur les ventes, ... c’est qu’il pense qu’il trouvera un public ... et qu’il rentrera dans ses frais. Certains éditeurs parient même sur le long terme.

      Que vous préféreriez certains auteurs à d’autres n’est en rien une démonstration de ce que vous avancez. Comme vous d’ailleurs, j’ai été sensible à certains auteurs par particulièrement encensés par la critique et au contraire déçus de certains unanimement reconnus. Cela ne veut rien dire sur le talent de ces auteurs, seulement sur mes gouts ...


    • Aristide Aristide 13 août 2022 12:30

      @Aristide

       vous avez été refusé ?  

      Effectivement, une petite recherche google et vous voilà apparaitre sur de multiples sites d’autoédition.

      Ceci explique peut-être cela « Le talent n’a pas grand-chose à voir là-dedans... Il est accessoire. » et un esprit de corps entre auteurs de grand talents mais refusés par l’édition commerciale qui ne publie que les mauvais !!!



    • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 13 août 2022 16:55

      @Aristide
      "Allons, un peu de jugeotte, quand un éditeur prend un livre et souvent passe un contrat avec l’auteur, donne des avances sur les ventes, ... c’est qu’il pense qu’il trouvera un public ...« 
      C’est ce que je dis : le livre doit être rentable, qu’il soit littérairement bon ou moins bon. Le livre d’un footballeur connu, rédigé par un »ghost writer", aura plus de chance de se vendre que celui d’un C’Nabum, surtout connu sur les bords de Loire et sur Agoravox ;


  • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 13 août 2022 16:50

    Vous devez bien connaître le milieu de l’édition...

    Je m’étonne qu’un intervenant sous le patronage de Marx, Lénine, Staline, Mao... ne puisse pas reconnaître les motivations fondamentales des grands trusts de l’édition...Ce qui ne signifie pas qu’ils ne publient que de « mauvais livres » mais qu’ils publient avant tout ceux qui se vendent, bons ou moins bons.

    PS/ j’ai effectivement envoyé un manuscrit à quelques éditeurs qui l’ont poliment refusé. Je ne leur en veux pas. J’ai quand-même constaté que quelques livres acceptés – par d’autres éditeurs – ne transpiraient pas le talent, mais l’ennui.


    • C'est Nabum C’est Nabum 13 août 2022 18:10

      @Jean J. MOUROT

      Me faire l’honneur de ces inspirateurs est fort excessif
      Je ne suis d’aucune caste

      Quand au talent, c’est bien trop encombrant pour que je m’en réclame


    • exocet exocet 15 août 2022 10:00

      @Jean J. MOUROT
      Bonjour, don’t feed the troll, please...


  • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 13 août 2022 18:33

    @ C’est Nabum

    C’est à Aristide que je m’adressais ! C’est lui qui semble se revendiquer de ces grands personnages si l’on en croit l’image qui accompagne ses interventions. Je sais bien que C’ Nabum ne s’en revendique pas !


  • juluch juluch 15 août 2022 14:35

    effectivement ça peut etre compliqué..... smiley


  • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 16 août 2022 10:09

    Précisons que l’« autoédition »n’est pas l’édition à compte d’auteur, surtout quand elle a recours à l’impression à la demande. L’édition à compte d’auteur est souvent une arnaque, l’auteur finançant un certain nombre d’exemplaires qu’il n’est pas sûr de vendre... Pour ma part, j’ai créé une association éditrice, me permettant d’éditer mes livres et ceux de mes amis en recourant à un imprimeur à la demande qui vend ses livres (nos livres) en ligne sur son site, en versant des droits d’auteurs aux bénéficiaires. On trouve de tout sur son catalogue. Mais si certains livres sont mal écrits ou mis en page, d’autres soutiennent la comparaison avec les productions des grands éditeurs. Hélas, ils ne bénéficient pas d’une large couverture médiatique ! Et je ne parle pas de mes propres livres qui ne peuvent intéresser qu’un public restreint !


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