mardi 28 octobre 2014 - par Bernard Dugué

Druckfarben, du prog canadien explosif assumant l’héritage de Yes

L’un des meilleurs albums 2014 de rock progressif nous est proposé par une formation canadienne basée à Toronto, Druckfarben. Le Canada n’est pas spécialement la patrie du prog mais il a vu naître depuis quelques décennies quelques formations assez connues comme Rush, Harmonium ainsi que d’autres groupes plus obscurs parmi lesquels Druckfarben qui mérite vraiment de sortir de l’ombre tant leur dernier CD s’avère être une perle.

Druckfarben est né au milieu des années 1980, lorsque le guitariste Ed Bernard et le batteur Troy Freener se sont rencontrés lors de sessions musicales au conservatoire. Ils se sont mis à jouer de la musique, sans se prendre au sérieux. Un jour, en déambulant, ils sont tombés sur des tonneaux dotés d’une inscription au nom étrange, Druckfarben. En plaisantant, ils se sont dit qu’un jour, ils constitueraient un groupe et l’appelleraient ainsi. Dans une autre école de musique étudiait le claviériste Will Hare, naviguant entre Bach et Rachmaninov, alors que le jeune bassiste Peter Murray commençait à se tailler une belle réputation. Ces quatre gars ont sévis indépendamment comme musiciens professionnels dans les studios d’enregistrement alors que le chanteur Phil Naro assurait les parties vocales d’un obscur groupe de métal. Ces cinq gars extrêmement talentueux dans leurs domaines respectifs avaient comme point commun la passion du rock progressif. En 2007, ils se sont trouvés réunis pour un show. Druckfarben était né. Pour le meilleur du prog. Leur second album « Second sound » vient de sortir et c’est l’occasion de faire connaissance avec cette musique jouée par des virtuoses du prog.

Le style est aisément reconnaissable. Druckfarben appartient à la galaxie Yes, qui est en fait très présente sur le continent américain pour des raisons que j’ignore. Il y eut Starcastle, Babylon, Cathedral, puis Glass Hammer et enfin cette formation canadienne qui n’a rien à envier aux précédentes auxquelles elle emprunte quelques motifs stylistiques tout en interprétant des œuvres très originales excellemment composées par Ed Bernard, secondé par Will Hare et Phil Naro. Pour situer les huit pièces musicales jouées par ce groupe de musiciens virtuose, deux références reviennent, le Yes façon « Siberian Khatru », et le Glass Hammer de la période « Lex Rex » avec aussi quelques connivences avec Gentle Giant. On l’aura compris, cette musique est endiablée, rythmée, parsemée de ruptures, avec des claviers parfois hallucinants et baroques lorsqu’ils dialoguent avec la guitare. Sans oublier le chant de Naro au timbre élevé et chaleureux. Il n’y a aucun maillon faible et ça s’entend avec une production très soignée signée Bernard.

Pour affiner la description, on notera l’usage d’un violon progressif évoquant sur la dernière suite de 16 minutes un certain Jean-Luc Ponty ou alors laissant transparaître quelques connivences avec cette légendaire formation que fut UK et son violoniste virtuose aux commandes. Druckfarben a complètement réussi son pari de faire jouer ensemble cinq virtuoses avec des compositions et arrangement très complexes, une basse claquante et l’impression d’avoir au final un torrent impétueux qui nous amène dans toutes les directions mélodiques et rythmiques. Sans conteste, l’un cinq des meilleurs albums de 2014, autoproduit et présenté dans un digipack ce qui n’est pas pour déplaire. Un album qu’on peut même écouter en boucle tant il séduit avec cette joie musicale et cet enthousiasme manifestés par les cinq membres de la formation.

En écoute ici



3 réactions


  • Yohan Yohan 28 octobre 2014 12:55

    Irish folk neo progr je dirais


  • Bernard Pinon Bernard Pinon 28 octobre 2014 14:56

    Pas mal du tout, et la voix du chanteur fait effectivement penser à celle de Jon Anderson.

    Puisqu’on est entre amateurs de prog, j’en profite pour signaler que Steven Wilson (Porcupine Tree), qui avait fait un remarquable boulot de restauration des disques de King Crimson à partir des bandes originales de 1ère génération (avant mixage), a récidivé avec ELP, Yes, XTC, Gentle Giant et même Hawkwind. Si vous disposez d’un équipement audio 5.1, ne manquez surtout pas « Close to the edge » de Yes et « The power and the glory » de Gentle Giant qui sonnent comme si ils avaient été enregistrés aujourd’hui. Un régal (et on attend « Relayer » le mois prochain...).

  • morice morice 28 octobre 2014 16:29

    l"héritage de Yes ? ça va être d’un chiant...


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