jeudi 15 février 2007 - par Theothea.com

« Eva » avec Niels Arestrup et Linda Hardy au Théâtre des Mathurins

Daniel Colas a donc rassemblé pour EVA, la seconde pièce de Nicolas Bedos, un casting de comédiens ayant participé récemment à des spectacles de qualité.

Ainsi Benjamin Bellecour était-il le partenaire masculin de Laurent Terzieff dans Mon lit en zinc, Coralie Audret était Charlotte Corday au Petit Hébertot, Brigitte Catillon jouait sous la direction de Roger Planchon dans S’agite et se pavane ainsi que dans La promise, Linda Hardy débutait en 2002 dans Putain de soirée et ne parlons pas de Niels Arestrup qui, enchaînant les prestations à succès, déclamait dernièrement les Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke.

Mettant donc toutes les chances de notoriété éprouvée du côté d’une création efficace, le metteur en scène expérimenté et nouveau codirecteur du Théâtre des Mathurins choisit de valoriser l’atmosphère crépusculaire qu’il perçoit dans la situation, les personnages et le texte avec l’intention d’y faire résonner de multiples nuances.

Ainsi la mort d’une épouse, d’une mère, d’une romancière talentueuse va-t-elle laisser tous ses proches en état d’abandon, voire de prostration tant sa présence venait impulser une force de vie, inégalable et digne, à l’égard de son entourage qui ne va pas s’avérer à la hauteur de tant de vertu.

Le sujet de la pièce est fort et mérite effectivement une empathie pour l’ensemble des protagonistes pris dans les nasses d’un filet qui les forcerait à s’élever au-dessus d’eux-mêmes et de leur ambition contradictoire.

Cependant le jeune auteur Nicolas Bedos, s’il échappe plus aisément aux outrances verbales et dépits impudiques de sa première pièce Sortie de scène alors souvent insoutenables, maintient ici sa perception cynique voire dépravée d’un monde à la mesure germanopratine globalisée.

Or n’est pas nécessairement "Françoise Sagan", qui veut !... En tout cas faudrait-il être candide pour être certain de posséder d’emblée avec justesse, la maîtrise de l’écriture picturale d’un milieu social en fin de cycle... que Daniel Colas qualifierait donc de "crépusculaire".

Défaut de jeunesse que le dramaturge devrait corriger en affinant la crédibilité psychologique et relationnelle de ses personnages qui présentement sur scène, malgré toute l’énergie morbide mis à leur disposition, semblent davantage être cernés par des miradors virtuels que par un chagrin véritablement charnel.

Photo © BM PALAZON 2007

EVA - ** Theothea.com - de Nicolas Bedos - Mise en scène : Daniel Colas - avec Niels Arestrup, Linda Hardy... - Théâtre des Mathurins -



1 réactions


  • (---.---.79.46) 15 février 2007 16:08

    Suffirait-il de regrouper qq ingrédients appétissants ds une soupe d’opportunisme pour ns régaler ?


Réagir