jeudi 6 septembre 2007 - par Stéphane W.

Goya’s Ghosts : les fantômes de l’église catholique !

Film réalisé Milos Forman

Les plus grandes injustices sont celles qui requièrent le moins de justification possible. Goya’s Ghosts de Milos Forman en est la preuve écrite, racontée et filmée. C’est l’histoire d’une jeune fille, tout ce qu’il y a de plus innocent dans une ville espagnole. Par une recette miracle dont l’Église catholique via son côté le plus obscur - l’inquisition - avait le secret, elle se retrouve enfermée, torturée, abusée et violée dans son corps et dans son esprit. Rien ne pourra la sauver de l’enfer des hérétiques. Ni l’argent pourtant maître de ce monde, ni l’amour d’une famille blessée, ni les tableaux de Francisco Goya, peintre des rois dont elle est la muse, ni sa foi inébranlable en l’institution religieuse.

Cette jeune fille s’appelle Inès, interprétée par une Nathalie Portman au sommet et qui donne toute la profondeur à cet opium de Forman (Man of the moon, Lary Flint, Amadeus). Elle est méconnaissable. Loin de ses rôles de midinette super galactique comme dans la série de Star Wars ou dans Mars attack, elle rappelle cette actrice formidable qui nous a agréablement surpris dans Free zone de Gitaï ou récemment dans ce cinéma expérimental qu’était Paris je t’aime. Cette fois, Milos Forman lui a trouvé un rôle d’exception comme peu d’actrices peuvent se targuer d’en avoir eu le privilège. À la fois mère et fille, c’est elle qui donne le ton et la cadence : joie, solitude, tristesse, détresse, agonie, colère, désespoir puis espoir mais toujours colère...

Si le progrès a emporté sur son passage une partie des habitudes du passé, il y a des choses qu’il vaudrait mieux oublier et s’obliger à renoncer pour l’éternité. Voilà ce que pourrait être l’idée de Milos Forman. Faire prendre conscience à la société d’aujourd’hui des dérapages extrêmes dans lesquels l’homme peut s’abandonner et qu’il faut à tout prix délaisser. La méchanceté gratuite de l’être humain, son envie démesurée de tout expliquer rationnellement, son habileté à profiter de la faiblesse de l’autre, son mépris, sa soif de pouvoir et sa capacité d’autodestruction. Si Goya’s Ghosts est avant tout la peinture d’une antique société espagnole enracinée dans une tradition rétrograde, archaïque et dépassée, rien ne laisse croire qu’on est à l’abri aujourd’hui des mêmes dérives.

Bref, un excellent film sur la mémoire de tous ces innocents, morts au nom de principes et d’idéaux débiles et dont la seule finalité n’était que de servir l’avidité, l’égoïsme et la manipulation d’êtres abjects.



6 réactions


    • ripouette ripouette 6 septembre 2007 13:22

      « Comme c’est mal écrit à certains endroits ! Pourtant, le sujet permettait de beaux morceaux de belle critique. » DW

      C’est toi Demian avec ta prose iampoulée bourrée de fautes de syntaxe qui vient donner des leçons d’écriture ????

      Honte à toi smiley


  • kingofshifumi 6 septembre 2007 11:46

    J’ai trouvé au contraire que Les Fantômes de Goya était un très mauvais film, extrêmement maladroit à cause de la grande confusion concernant le sujet même du film. Car au final, on ne sait pas si l’histoire parle de la peinture, de l’Inquisition, de la révolution française ou de philosophie, tant ces thèmes sont baclés les uns après les autres. C’est un film que je déconseille fortement.


  • LE CHAT LE CHAT 6 septembre 2007 12:49

    il est bon que des films rappelent à certains les méfaits commis au nom de la religion ! smiley


    • Ornithorynque Ornithorynque 6 septembre 2007 19:22

      L’auteur n’a pas dit que le film « rapellait » les crimes.

      L’auteur nous dit que ce film est « la preuve » desdits crimes...

      Je n’ai pas vu le film, mais ce genre de film « historique » et à charge, toujours dans le même sens commence à me fatiguer.

      Pour avoir une bonne critique sur agoravox (et aucun problème pour obtenir des fonds ) faites un film historique avec quelques ingrédients qui sont la PREUVE de la noirceur de l’histoire de l’Eglise.

      Les gentils : Une fille jeune et belle. Et par exemple Son amant, artiste et rebelle.

      Les ambigus : des intellectuels éclairés de l’époque, proches du pouvoir et de l’église, mais faisant leur possible pour changer cette insupportable situation.

      Les méchants : Choisissez : Un moine pervers, un inquisiteur, Bernardo Gui, Un roi pédophile et catholique, Un prince incapable, et tortionnaire, des brutes épaisses passant de l’église (qui les protège) à la prison (où ils torturent - Violent - Tuent (plusieurs réponses possibles). Une Reine complexée frigide et sadique qui passe son temps au confessionnal.

      Voilà les ingrédients pleins de nuance et chargés de vérité Historique qui permettent de donner la PREUVE.

      1 - Vous ne pensez pas qu’il y a un tout petit peu de manipulation ?

      2 - Qui vous dit que vous êtes du côté des bons ?

      La preuve...


  • ernst 6 septembre 2007 18:01

    C’est quoi ce méli-mélo où tout s’embrouille ?...

    Depuis des lustres on confond l’Inquisition et la religion, la Révolution et les révolutionnaires mercenaires dont seul V.Hugo prétend qu’ils ont le sourire aussi doux que son père le cocu qui fut le véritable tortionnaire de l’Espagne. Non, pas les cathos, le Général Hugo en personne....

    Mais de toute façon, tout le monde est d’accord pour soutenir que les cathos c’est des pourris, sans avoir le moindre remord à jeter le bébé avec l’eau du bain. Les cathos, en dehors de la hiérarchie qui préside à l’existence de Dieu, c’est la plus formidable maison de la Culture qui ait jamais existé. Ne serait-ce que le plafond libidineux de la Chapelle Sixtine...

    Allez, arrêtez de cracher dans la soupe, cette soupe, c’est la seule chose que les chinois vous envient, la seule chose qui nous différencie des bouilleurs de chiens vivants...


  • rodofr rodofr 7 septembre 2007 02:16

    Un peu de lecture vous feras pas de mal ! Car n’est pas historien qui veut. Pardon pour la longueur.

    Conférence par le fr. Jean-Michel Potin, o.p. Le 12 mars 2006

    De toutes les institutions du passé, l’Inquisition a le bénéfice de provoquer encore des passions déchaînées. Au point que l’Église doit aujourd’hui se pencher sur elle, sur son action et sur ses effets afin de savoir si et comment demander pardon. Une quantité innombrable de livres, d’études, de colloques ont eu lieu ces dernières années pour faire le point sur cette institution judiciaire et néanmoins ecclésiale. Entre fantasme et sources historiques, nous suivrons durant cette conférence une procédure classique de l’institution judiciaire, puis nous tenterons de démêler quelques éléments de fond qu’inspire cette procédure, parmi lesquels nous verrons la relation entre l’Évangile et la justice des hommes, la parole et la torture, ainsi que les questions politiques qui entourent la naissance de l’Inquisition, et enfin l’influence que cette institution a eue sur notre système judiciaire actuel.

    L’Inquisition languedocienne

    (XIIIe-XIVe siècles)

    Un historien de l’Inquisition disait un jour : « Vous pouvez dire ce que vous voulez sur l’Inquisition, les gens ne vous croiront que si vous confirmez leurs fantasmes sur elle ! »

    En effet, il est assez étonnant de voir comment l’Inquisition, après près de 800 ans, nourrit encore les indignations, les colères, les passions.

    Et tout travail de l’historien semble inopérant quand il démontre que l’institution n’a pas été forcément ce que l’on en dit. Peu importe. Les gens ne veulent entendre qu’un discours sur l’Inquisition, c’est celui qui correspond à leur indignation.

    Face à cela l’attitude qui consisterait à considérer les gens comme sourds, butés n’est pas bonne, il faut aller plus loin.

    Une autre personne me disait un jour : « Si l’Inquisition est un tribunal de l’Église, c’est qu’elle a quelque chose à voir avec le Christ » et je crois que c’est cette permanence (quelque chose à voir avec le Christ) qui concerne ceux qui se sentent concernés par le Christ.

    Mais de plus, si cela a quelque chose à voir avec le Christ, l’Inquisition a aussi quelque chose à voir avec d’autres notions essentielles (au sens où elles font partie de son essence) de l’humanité : la vérité, la justice, la relation entre la vérité et la justice, la question de l’aveu, de la torture de la relation entre la parole et la torture. Je viens en deux phrases de parler de trois questions actuelles : La parole est-elle capable de blasphème ? Le parlement doit-il légiférer en matière de vérités historiques ? et la parole des enfants d’Outreau a-t-elle plus d’importance et pourquoi que la parole des accusés ?

    Et de fait l’Inquisition semble être un sujet « total » puisqu’elle ressort à la fois à l’étude de droit (évolution du droit romain, implication droit ecclésiastique, droit civil et droit pénal...), à l’étude de l’histoire intellectuelle (comment se forgent les vérités et quel rapport les époques entretiennent-elles avec elle), à la théologie (rapport à l’Écriture sainte, rapport à l’eschatologie, le mal). Tout cela en plus sur une période considérablement longue puisqu’elle va en ce qui concerne l’institution du début du XIIIe siècle au début du XIXe siècle.

    Puisqu’il faut se mettre d’accord sur une définition de l’Inquisition, je vous propose la suivante, basée sur l’étymologie du mot : c’est la recherche au XIIIe siècle des hérétiques, leur jugement et leur condamnation par le bras séculier. C’est l’enquête d’office qui se différencie sur le plan judiciaire du système accusatoire ou il faut la parole d’un accusé pour qu’il y ait procès. Le mot Inquisition insiste donc sur la question de l’enquête, il s’agit d’aller débusquer l’hérésie plutôt que d’attendre une plainte.

    Je différencie ainsi l’Inquisition de la dénonciation de l’hérésie qui est aussi ancienne dans l’Église que l’Église ellemême et qui perdure encore aujourd’hui. En effet, on peut trouver l’origine de la lutte contre l’hérésie dans le Nouveau Testament (« Il y a là [Éphèse] des gens qui enseignent de fausses doctrines et il faut que tu leur ordonnes de cesser » (1 Tm 1, 3) ; De même le combat contre l’hérésie continue dans l’Église par le biais de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (présidée actuellement par Mgr Levada). C’est une congrégation qui a changé souvent de nom, montrant peut-être par-là la difficulté à assumer l’aspect disciplinaire en matière de foi de l’Église. Elle s’est en effet appelée en 1542 : « Sacrée Congrégation de l’Inquisition romaine et universelle » puis « Sacrée Congrégation du Saint-Office » en 1908 jusqu’en 1967 où elle a pris son nom actuel.

    Ainsi je situe chronologiquement l’Inquisition du début du XIIIe siècle.

    Je ne traiterai que l’Inquisition languedocienne. Je ne parlerai pas de l’Inquisition espagnole (fin XVe et qui dure jusqu’au début du XIXe siècle) ni de l’Inquisition que l’on qualifie de romaine (du Concile de Trente jusqu’à aujourd’hui) même si l’Inquisition languedocienne est également romaine. Non pas qu’il n’y ait pas de lien entre toutes ces inquisitions mais parce qu’elles demanderaient des traitements particuliers. Rien ne m’empêche de répondre à vos questions après la conférence.

    On peut relever seulement que ces autres Inquisitions ne se sont pas tant intéressées à l’hérésie (peut-être pour la simple raison que la première l’avait fait disparaître) qu’à d’autres catégories de « déviants » : on connaît bien sûr la chasse aux sorcières au XVe siècle, la chasse aux juifs et musulmans convertis en Espagne au XVIè siècle ainsi qu’aux sodomites,aux prostitués etc...

    Pourquoi se contenter du Languedoc pour le XIIIe siècle ? Parce que même si elle existe ailleurs, c’est en Languedoc qu’elle est le plus symptomatique et exemplaire. Elle apparaît en Allemagne en même temps qu’en Languedoc mais elle disparaît vite après les abus de l’inquisiteur Conrad de Marburg en 1233 et ne réapparaît qu’en 1369. Elle n’apparaît en Angleterre et en Suisse romande qu’au début du XVe siècle. Dans ces trois derniers cas l’Inquisition ne s’occupe que des sorcières et non des hérétiques. Quant à l’Italie, les villes étant divisées entre l’influence de l’Empire et celle de la Papauté, toutes les villes sous influence impériale refusent que le Pape se mêle de la justice de leur juridiction. Et je ne parle pas de ville comme Venise, tellement jalouse de son indépendance que l’Inquisition n’y aura jamais aucun tribunal, les doges se chargeant de faire régner la justice. Enfin, l’Espagne est encore en guerre contre les musulmans et si l’Inquisition existe en Castille, elle est inconnue en Aragon. Elle se rattrapera amplement au XVIè siècle.

    Nous n’avons que peu d’informations sur les autres parties de l’Europe : le Nord et l’Est, même si nous savons que des Inquisiteurs se baladent dans ces zones-là.

    Attention à ne pas confondre l’Inquisition et la Croisade contre les Albigeois. Même si l’ennemi est le même (cathare),la procédure et l’objectif sont distincts. La Croisade est une guerre, elle débute le 10 mars 1208 après l’assassinat d’un légat pontifical et s’achève le 16 mars 1244 avec la chute de Montségur, dernier château cathare. L’objectif de la Croisade est l’éradication de toutes structures politiques soutenant les Cathares. À la différence de l’inquisition, qui fait des enquêtes personnelles, la croisade tente de détruire les fondements politiques, sociaux et culturels de l’hérésie. La phrase d’Arnaud Amalric, « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens », même si elle est apocryphe, dit bien que le principe est l’éradication de toutes bases hérétiques.

    De toute façon, ce qu’une époque dit de l’Inquisition renseigne plus sur cette époque que sur l’Inquisition.

    Pour continuer lire la suite en pdf : http://saintebaume.dominicains.com/IMG/pdf/Inquisition.pdf


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