vendredi 12 avril 2019 - par Theothea.com

« Guys and Dolls » Le Musical aux 5 Tony Awards 1951... de Broadway au Marigny

« Contraria Contrariis Curantur » annonce en préambule Jean-Luc Choplin, directeur du Marigny, dans le programme présentant ce Musical aux origines de la renommée internationale de Broadway.

« Les contraires se guérissent par les contraires », voilà en effet une synthèse thématique pleinement appropriée au script de « Mecs et Poupées » où se dessine l’atmosphère précédant l’épilogue de la prohibition au sein du New-York des années trente. 

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GUYS AND DOLLS
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La faune de l’époque y faisait se côtoyer notamment la pègre des parieurs de tout poil avec celle des adeptes idéalistes de l’Armée du Salut. C’est en se référant à ces deux communautés d’apparence hétérogène que Damon Runyon rédigea ses nouvelles très à la mode dont, par la suite, Jo Swerling et Abe Burrows allaient tirer le livret de leur comédie à succès, mise en musique et chant par Frank Loesser.

Un peu plus loin dans le programme, apparaît la recommandation « A lire avant le lever du rideau » à laquelle nous souscrivons pleinement de par son utilité manifeste. 

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GUYS AND DOLLS
© Julien Benhamou

  

En effet, le système de surtitrage utilisé actuellement dans les théâtres est encore du domaine du palliatif pour lequel les spectateurs sont incités à recourir modérément tant que, contrairement à celle des écrans de cinéma, la lecture des dialogues nécessitera de modifier l’orientation de son champ de vision en marge de la scène.

En tout état de cause, lever la tête vers les cintres ou la tourner à cour, à jardin ne peut être considéré comme un outil de compréhension performant. 

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GUYS AND DOLLS
© Julien Benhamou

  

Donc le résumé francophone des deux actes de ce musical ayant été bien assimilé en amont avec son "who’s who"circonstanciel afférent, installons-nous confortablement dans la salle du Théâtre Marigny dont la rénovation fut inaugurée en septembre dernier par « Peau d’âne » sous l’égide de Michel Legrand disparu récemment.

Voici donc que cette fable sur Broadway, montée de par le monde à maintes reprises depuis sa création en 1950, est enfin arrivée à Paris pour la toute première fois en ce mois de mars 2019 sous version originale et dans une production assurément haut de gamme.  

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GUYS AND DOLLS
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L’éclosion chaotique de deux couples inattendus, la chanteuse Miss Adélaïde (Ria Jones) avec Nathan Detroit (Christopher Howell) & La Missionnaire Sarah Brown (Clare Halse) avec Sky Masterson (Matthew Goodgame), en fonction des tensions sociales liées à des mœurs antagonistes, ne pourrait être adaptée à un autre contexte que celle de la culture américaine tant celle-ci s’y révèle dans sa spécificité sociologique.

C’est d’ailleurs cette improbabilité qui sera le fil conducteur à suspens des tribulations conduisant à la parade triomphante d’une société new-yorkaise se réjouissant de son propre éclectisme pragmatique. 

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GUYS AND DOLLS
© Julien Benhamou

  

Et ce d’autant plus que ce monde interlope dans lequel nous pénétrons durant deux heures et demie n’a pas son pareil dans nos références occidentales et que, de surcroît, il s’avère distancié de notre connaissance contemporaine des Etats-Unis.

Sans néanmoins être pour autant exotique, l’approche d’une communauté par une autre, la recherche du compromis sans froisser les susceptibilités de l’éventuel partenaire, la propension à vouloir influencer sans succomber au messianisme, tous ses facteurs se disputent effectivement les intérêts financiers des truands confrontés au puritanisme de ceux qui prônent la rédemption… au beau milieu parisien d’une vingtaine de comédiens - danseurs - chanteurs anglophones. 

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GUYS AND DOLLS
© Julien Benhamou

    

L’orchestre du Théâtre Marigny installé en fosse sous la scène est quasiment invisible de la salle, sauf à s’en rapprocher durant l’entracte pour en entrevoir quelques-uns des instruments.

La qualité du spectacle s’apprécie dans tous les compartiments du jeu artistique : de celle du casting top-niveau à celle de la puissance des voix, de celle du décor jouant avec les lumières à celle des costumes rehaussés par les couleurs vives, de celle des chorégraphies dynamiques à celle de la mise en scène précise, joyeuse et humoristique (signées ensemble Stephen Mear)… bref ce régal des sens en éveil est une ode à l’âme de la comédie musicale dans son essence comme dans son divertissement.

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GUYS AND DOLLS
© Julien Benhamou

  

En faisant ainsi œuvre de pédagogie initiatrice à l’égard d’un public français encore néophyte, dans la lignée de ce qu’il avait déjà entrepris au Châtelet élaborant une programmation puisant aux valeurs sûres et constitutives de la Comédie musicale, Jean-Luc Choplin monte encore d’un cran les exigences de son projet ambitieux à l’égard de la renaissance du Théâtre Marigny pour laquelle il convie désormais le public international auquel s’adresse également son dessein de haute envergure.

Les Champs-Elysées au diapason de Broadway, voilà une bien belle gageure s’offrant un brillant avenir totalement ouvert !

  
photos 2 à 7 © Julien Benhamou
photos 1, 8 & 9 © Theothea.com
  
GUYS AND DOLLS - ***. Theothea.com - d'après Damon Runyon - livret Jo Swerling & Abe Burrows - musique & paroles Frank Loesser - mise en scène & chorégraphie Stephen Mear - avec Ria Jones, Clare Halse, Matthew Goodgame, Christopher Howell, Rachel Izen, Barry James, Joel Montague, Matthew Whennell-Clark, Jack North, Brendan Cull, Ross McLaren, Gavin Wilkinson, Ian Gareth Jones, Thomas-Lee Kidd, Jo Morris, Alexandra Waite-Roberts, Emily Goodenough, Delycia Belgrave, Bobbie Little, Joanna Goodwin, Robbie Mc Millan, Adam Dean & Louis Mackrodt - Théâtre Marigny   

 

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