La Vénus Hottentote, Michel Polnareff, Courbet, Jean-Paul Goude ont un point commun : les fesses. Ils ne sont pas les seuls, les fesses étant la chose du monde la mieux partagée, comme disait Antoine Blondin.
Pourtant ces hémisphères gémeaux qui n’ont de sens que par paire relèvent bien des mystères que les réalisateurs Caroline Pochon et Allan Rothschild tentent de nous dévoiler dans « La Face cachée des fesses ».
Diffusé ce soir à 22h30 sur Arte (disponible en dvd et en livre), ce film un peu savant et un peu coquin, est hélas toujours le cul entre deux chaises.
« Réservé à un public averti » est-il précisé sur la version dvd de La face cachée des fesses. Ah bon ? Il s’agit pourtant d’un film très sage sur un sujet, certes, qui l’est un peu moins. Cela dépend comment on le prend, bien sûr. Mais que les âmes sensibles se rassurent, ce film ne pénètre pas au fond des choses. Il est vrai que la gageure était de taille. Faire parler les fesses, cette bouche à l’envers, pendant moins d’une heure, relevait du défi. Car mystérieuses elles sont, mystérieuses elles demeureront.
Evitant la grivoiserie, le film navigue entre sérieux et légèreté. Les intervenants sont triés sur le volet : Jean-Luc Hennig (auteur notamment d’une Brève histoire des fesses), Alina Reyes (auteur du Boucher), Claudine Cohen (historienne des sciences), Brice Ahounou (anthropologue), Philippe Comar (professeur de morphologie aux Beaux arts), Jean-Paul Goude (photographe et publicitaire).
« Les fesses dissimulent ce qu’on ne maîtrise pas : on maîtrise son corps, ses mains, ce qui est de face. Les fesses, on ne peut pas », souligne l’écrivain Jean-Luc Hennig qui ajoute que « quand on parle des fesses c’est de nous-mêmes que nous parlons ». Autrement dit « ton style c’est ton cul » (Léo Ferré). Jean-Paul Goude, dont on se souvient des publicités avec la fameuse Cookie, estime que « la fesse c’est la touche finale qui fait que le corps est exceptionnel ».
Mais d’où vient le mot fesse ? Du latin fissa, fente. On apprend que « les muscles fessiers sont le propre de l’homme en cela qu’ils permettent la station bipède. Ce sont des muscles extrêmement puissants. Le grand fessier est le muscle le plus puissant du corps. Et s’il est si puissant qu’il nous permet la station redressée et la marche » explique Claudine Cohen, historienne des sciences (EHESS).
Le français, et en particulier l’argot, définit l’oignon (ou le fion ou encore le valseur) de mille manières. Mais l’anglais qui brille sur les marchés financiers est pauvre dans ce domaine. Question de culture.
« Toute l’anthropologie du 19ème siècle est traversée par des courants idéologiques forts qui diffusent un certain racisme où les peuples de la terre sont classés. Cette échelle de valeurs n’a rien de scientifique », rappelle l’anthropologue Brice Ahounou à propos de Saartjie Baartman, dite La vénus hottentote (restituée à l’Afrique du Sud en 2002). Cette Vénus callipyge (ou stéatopyge, là encore la définition n’est pas neutre, apprend-on) « débarque dans une Europe où les têtes sont complètement farcies de cette approche pseudo-scientifique ».
C’est quoi des belles fesses ? Réponse impossible. Question d’époque et de culture. Mais d’où vient que les sculptures, de la préhistoire à Maillol, en passant par la statuaire grecque, Michel Ange et Leonard de Vinci nous émeuvent toujours ? Pourquoi Ingres, Degas, Rubens, Courbet ont-ils accordé tant d’attention à ces fesses qui se dévoilent à mesure qu’elles s’éloignent et à cause desquelles on passe son temps à se retrouner dans la rue, à l’instar de Jean-Luc Hennig. Oui, on se retourne sur de belles fesses, mais quoi ? « Cela retient l’attention sur le moment, mais pas davantage », constate Alina Reyes.
Pas davantage ? Pourtant il n’a sans doute pas été difficile pour les réalisateurs de trouver des images pour illustrer ce sujet, preuve qu’il retient l’attention durablement : pochettes de disques, unes de Charlie hebdo, films - Le Mépris avec la fameuse tirade de Bardot sur ses fesses est évoquée, mais est montré un extrait des Galettes de Pont-Aven avec l’inénarrable Jean-Pierre Mariel - ou encore photographies ou séquences d’actualité nous rappelant le scandale causé par l’affiche de Michel Polnareff lorsqu’il avait montré ses fesses à tous les passants. L’un d’entre eux, lors d’un micro-trottoir estime que « c’est un gars qui a besoin d’une bonne petite fessée ».
C’est alors que le film commence à devenir intéressant. On aborde enfin les régions infernales, celle de la fessée et de la sodomie. « Le châtiment et le plaisir au même endroit », précise la réalisatrice Caroline Pochon dans Ouest-France.
Dommage que ça n’arrive qu’à la fin du film la fesse interdite, subversive, diabolique, politique. Il y avait tant à dire. « C’est pour ça qu’on en parle, constate Jean-Luc Hennig dans le documentaire. Il y a encore un côté souffre. Vous n’avez pas fait une émission sur le bras ».
Heureusement citée par l’auteur, cette merveille de chanson de Ferré, un des plus beaux hommagesà l’amour charnel et à la femme (à écouter jusqu’à la dernière phrase)...
Parties charnues de nos muses érotiques, que d’encre ont-elle
fait couler. Du plus jeune age à l’heure du départ c’est la seule ride
acceptable où, afin d’évacuer nos lassitudes, par plaisir ou nécessité nous nous assoyons dessus. Merci à son créateur !
Quel précocité ! (pseudo photographique) Evoquer les fesses avec autant de maturité et de détachement. Le cul d’une femme, source intarissable du désir. Troubles, exaltation, créativité. Comment se fait il que la femme ose s’assoir dessus ? Cela fait bien longtemps que je me pose la question.
Une belle photo qui en dit plus que l’article lui-méme (comme quoi il est parfois difficile de tourner autour du petit pot de beurre du petit chaperon rouge et de Marlon Brando/ Maria Schneider), une citation appropriée de l’une des trois plus belles chansons de Léo Ferré... Dites, je réve ou y’aurait un retour de la cul-ture sur Avox ?
Savez vous que c’est un français qui a été élu au concours des plus belles fesses du monde, bon c’est un homme dommage mais tant pis et puis celà dépend du côté on penche.
Je vois que la parité, une fois de plus n’est pas respectée. Voir une paire de fesses masculines bien proportionnées ne relève pas du désagréable. Un article de mec écrit pour des mecs, si c’est pas une misère tout ça !
¨Mais non, mais non, ne vous méprenez pas. Mais avez-vu quelques photos d’arrières train masculins, non. De commentaires flatteurs pour ces derniers ? Non, alors je constate, c’est tout. Pourtant les fesses féminines n’existent que par l’existence de fessses masculines. Mais bon, il est vrai aussi que les hommes se penchent plus sur les rondeurs en papier glacé que les femmes, l’oeil a quelques fois ses petits plaisirs.
Avec l’envers de nos contemporains, sur la même page,on a aussi l’endroit de notre mère à tous, la Vieille Lucy. Pas bien excitante, la mamy, malgré la phrase célèbre du chevalier d’ Eon : - L’envers vaut bien l’endroit.
Du point de vu érotique je dirais que les Latins américains aiment des fesses que les Europenns. Je me souviens d’un filme...« Et Dieu créa la femme » avec Brigitte Bardot ,elle était divine dans la photo... !
Les fesses à la Rubens ou à la Renoir sont plutôt adipeuses et peu appétissantes, l’odalisque blonde de François Boucher commence à avoir meilleure tenue, mais comme le chantait aussi Brassens s’adressant au créateur : « la courbure des reins, ça c’est une trouvaille... »et une mousseuse dentelle découvrant la naissance d’un arrondi beaucoup plus érotique qu’une bête paire de fesses crûment exposée.