« Hôtel Dorothy Parker » au Théâtre La Bruyère

Après avoir fait carrière sur la très petite scène du Théâtre des Déchargeurs en début d’année 2006, le fantasque hôtel de Dorothy Parker vient d’être consacré par le succès en reprise au Théâtre La Bruyère pour deux mois prolongés jusqu’au 24 juin.
Ce spectacle, mis en scène par Rachel Salik qui souhaitait faire revivre la célèbre chroniqueuse des années folles à New-York, est l’aboutissement d’une adaptation en compagnie de Valeria Moretti de quelques-unes des nouvelles de l’écrivain-journaliste, pour reconstituer en une dizaine de séquences le destin d’une intellectuelle emblématique à la fois brillante et caustique durant les années 1930.
Sur des rythmes de jazz, certains de ses poèmes nourrissent les contours d’une comédie musicale emmenée par quatre jeunes femmes qui constituent autant de facettes de la femme américaine égérie d’une époque aspirant à l’autonomie mais corsetée par de multiples contraintes et préjugés.
C’est ainsi dans une lutte avec ses propres démons que Dorothy Parker nous emmène au travers de quatre portraits en quelque sorte autobiographiques et qui se répondent en échos par-delà les soirées festives ou suicidaires, selon les vertus de l’alcool.
Geneviève Mnich, Suzanne Schmidt, Yvette Caldas et Sylvie Jobert négocient ainsi ces passages en force ou sensualité lascive sous le regard d’un cinquième personnage féminin, une gouvernante noire qui se pose en juge implicite et sans appel face aux comportements contradictoires et capricieux de ces maîtresses femmes : Betty Bussmann y excelle dans ce rôle qui lui permet d’y dévoiler un véritable talent d’actrice blues.
En outre, c’est au piano live que Suzanne Schmidt, avec sa triple casquette de musicienne, comédienne et chanteuse, accompagne et assure la direction vocale de ses camarades de scène.
Par ailleurs, Gonzague Phélip, assistant à la mise en scène, compose une succession de rôles muets en contrepoint de la guerre livrée à l’entité du couple traditionnel.
L’ensemble constitue un spectacle dont le charme pseudo-désuet s’inscrit dans un registre de modernité dont l’inspiration au féminin conjugue le chant et la chorégraphie avec un souffle artistique de subtilités subliminales... et par conséquent délicieuses.
Photos © Florence Delahaye
HÔTEL DOROTHY PARKER - ** Theothea.com - de Valeria Moretti & Rachel Salik - mise en scène : Rachel Salik - avec Geneviève Mnich, Susanne Schmidt, Yvette Caldas, Sylvie Jobert, Betty Bussmann, Gonzague Phélip - Théâtre La Bruyère -