jeudi 17 novembre 2011 - par CHALOT

Il était une fois l’Italie...

Beaucoup de communistes authentiques français ont écrit leur parcours, leur refus du stalinisme et leur soif en un avenir nouveau.

Ils luttaient contre la bourgeoisie mais refusaient la caricature du socialisme que représentait le stalinisme.

De l'autre côté des Alpes, d'autres communistes ont mené le même combat dans des situations dramatiques...Ils ont subi le joug fasciste bien avant la guerre, ils ont eux aussi combattu dans la résistance et eux aussi ont refusé la bureaucratie....

Ce roman largement autobiographique mérite d'être connu.

LE SOCIALIME ! OUI

LE STALINISME ! NON

« Trois amis »

roman de Mario Tobino

collection Feux croisés

chez Plon

août 2011

174 pages

18,50 €

Ils avaient 20 ans sous Mussolini !

A l'occasion du 10 ème anniversaire de la mort du poète et écrivain italien, Mario Tobino, les éditions Plon sortent cette œuvre largement autobiographique, traduite par Patrick Vighetti.

Comme le titre l'indique, il s'agit de la rencontre et de la vie de trois amis.

Les trois se sont trouvés à la faculté de médecine au moment où Mussolini était au faîte de sa puissance.

Ils échangeront des regards, exprimeront par leur regard le refus de cette prison fasciste et ne se quitteront plus par la pensée.

Ils s'engageront dans la résistance, chacun à sa façon, l'un Campi, devenant leur héros et référence notamment après sa pendaison par les nazis avant la Libération.

C'est l'histoire d'une génération communiste, d'hommes de réflexion et d'action qui, serviteurs d'idéal connaîtront la clandestinité, le combat sous toutes ses formes et la désillusion au moment de

la fin si attendue du fascisme.

Ils avaient 20 ans sous Mussolini et une rage partagée de combattre ce régime honni, de participer au renouveau de l'Italie et de mettre fin à l'exploitation capitaliste.

Comme beaucoup de militants de la résistance, ils étaient communistes.

Le livre raconte avec force leur amitié, leur intégrité, la force de leur conviction commune et leurs échanges faites du silence d'une complicité intellectuelle et militante et de conversations sur le monde nouveau qu'il faut construire.

Mais après la Libération, au tout début des années 50, le stalinisme règne en maître absolu sur le parti communiste italien et gare aux contrevenants, à tous ceux qui critiquent la ligne officielle.

C'est un choix difficile pour Turri, héros de la résistance, député communiste que celui qu'il a choisi : rompre avec le parti communiste italien tout en restant fidèle au combat social et politique lié au mouvement ouvrier.

Toutes les portes se referment, ils deviennent des pestiférés et des « ennemis du peuple ».

Les deux amis, restés seuls après la mort de Campi partagent les mêmes doutes et les mêmes interrogations :

« Les mêmes masses qui naguère avaient acclamé le magnifique Duce, à présent chérissaient un marxisme léninisme trouble que nul ne saurait expliquer avec clarté, avec simplicité. »

Il y avait tant à faire, tant à construire à cette époque avec un mouvement de masse puissant, une situation politique favorable au changement....

Quel gâchis....

La force de ces hommes fut de ne pas « jeter le bébé avec l'eau sale du bain » donc de poursuivre sous une autre forme leur combat pour une humanité meilleure sans capituler devant le stalinisme ni passer de l'autre côté.

Jean-François Chalot



14 réactions


  • jaja jaja 17 novembre 2011 10:29

    On peut aussi évoquer le « Premier maquisard de France », Georges Guingouin, dont l’histoire est hélas trop méconnue, honteusement traité aussi bien par le PCF stalinien que par les nouvelles autorités issues de la Libération...

    Le héros rebelle

    Le 27 octobre 2005, Georges Guingouin disparaissait. Premier maquisard de France et libérateur de Limoges, il eut également à affronter la répression stalinienne. Guingouin fut un résistant social, qui peut servir d’exemple à tous ceux qui luttent aujourd’hui pour « un juste développement humain ».

    Le colonel Guingouin est avant tout connu pour ses hauts faits d’armes. Il sait organiser, entre 1940 et 1944, jusqu’à 20 000 hommes en Limousin et il livre notamment les combats héroïques au mont Gargan contre les unités hitlériennes du général Ottenbacher. Sans son action, qui fixe sur le sol limousin une division blindée entière, le débarquement de Normandie eut certainement été un échec, comme le reconnaîtra lui-même le commandant en chef des forces alliées d’alors, le général américain Dwight Eisenhower. Pour sa contribution à la libération de la France et de l’Europe, Guingouin se voit décerner l’acte de reconnaissance de la nation américaine, et De Gaulle le fait compagnon de la Libération, une distinction rarissime pour un communiste.

    Car Guingouin n’est pas qu’un stratège et un patriote, c’est un communiste. Natif de Magnac-Laval, dans la campagne haut-viennoise, il se définit lui-même comme un descendant du mouvement syndical et révolutionnaire du Limousin et de l’Occitanie. Il est fils de ce pays où les bergers lisent Marx, sous l’influence des maçons de la Creuse - des gueux crevant de faim qui, montant à Paris pour survivre, en ont rapporté le socialisme.

    « Préfet du maquis »

    C’est donc naturellement qu’il s’est tourné vers le Parti communiste (PCF). Il adhère en 1935 au rayon d’Eymoutiers1, tout près de Saint-Gilles-les-Forêts, où il officie comme instituteur. Et c’est aussi naturellement, comme responsable de son rayon, qu’il prend le maquis, le 18 juin 1940 (sans avoir écouté la radio !), avec quelques-uns de ses camarades. Distributions clandestines de tracts sur le marché d’Eymoutiers, destructions de machines à faire des bottes de foin et sabotages de fabriques travaillant pour l’occupant : on ne compte plus les actions de « Lou Grand »2 qui se proclame « préfet du maquis ». Cela ne plaît guère à l’occupant. Mais cela ne plaît pas plus au PCF qui, du fait du Pacte germano-soviétique, proscrit tout acte de résistance. Le parti tente de ramener à la raison « le fou qui vit dans les bois », sans succès. Puis, c’est une tentative de liquidation physique. Devant ce nouvel échec, on tente de le mettre au placard en lui proposant une promotion à la direction des Francs-tireurs partisans (FTP) du Puy-de-Dôme. Il refuse.

    En juin 1944, alors que le parti estime que toute résistance valable doit être ouvrière et urbaine, et qu’il ordonne aux communistes, par la voix de Léon Mauvais, de prendre les villes, « Lou Grand » ne se soumet pas. Il sait qu’un assaut serait coûteux en vies humaines et que la ville risquerait d’être reprise et soumise à des représailles terribles. Cette nouvelle désobéissance lui est vivement reprochée. À ce moment-là, d’autres villes de la région seront prises par les maquisards, puis perdues, comme Tulle, où 99 otages sont pendus. Encore une fois, les faits ont donné raison à Guingouin contre le parti. Et c’est sans effusion de sang qu’il prends Limoges, au mois d’août, après avoir encerclé la ville et négocié la reddition du général allemand Gleiniger.

    À ce moment, Guingouin est au faîte de la gloire et le parti doit se résoudre à le soutenir, au moins publiquement. C’est ainsi que le PCF remporte les élections municipales de 1945 à Limoges, une ville tenue par les socialistes depuis 1912. L’ex-« préfet du maquis » s’installe donc à la mairie et met en pratique ses idées. Il finance de grands travaux (complexe sportif, cités ouvrières, voirie...) dans l’intérêt des classes populaires limougeaudes, et il encourage la vie associative (patronages laïques, « samedis rouges »). Pour faire face aux problèmes du logement, il crée un service municipal, chargé de réquisitionner des habitations privées, et il soutient l’occupation des casernes par les comités locaux, qui comptent y faire des appartements.

    L’ancien maire, Léon Betoulle, qui, député, a voté, en 1940, les pleins pouvoirs à Pétain, ne désespère pas cependant de retrouver sa place. Et lorsque, deux ans plus tard, de nouvelles élections sont convoquées, Guingouin est battu, victime d’une union sacrée entre les staliniens et les socialistes. Le vœu du bourgeois attentiste Betoulle est exaucé.

    Mais cela ne suffit pas. Ceux qui l’ont battu politiquement veulent l’abattre, le détruire, casser son prestige. C’est ainsi qu’il sera brisé, au sein du parti, par Duclos et Thorez3. Comme Marty et Tillon4, il est écarté des directions, avant d’être exclu, en 1952, comme «  titiste »5 et « ennemi de la pire espèce ». À l’extérieur, les socialistes déclenchent la curée. L’un d’eux, le normalien Jean Le Bail, publie dans Le Populaire du Centre une série d’articles intitulés «  Limousin, terre d’épouvante ». Dans ce feuilleton, qui devient quotidien, le dirigeant de la SFIO6 déterre des affaires classées, et il attribue chaque jour un nouveau crime à la Résistance.

    Calomnie

    À chaque fois, Guingouin est pointé du doigt. La balle est alors dans le camp de la justice, qui ouvre une instruction et emprisonne le libérateur de Limoges. C’est l’Affaire Guingouin7 qui commence ! Le héros se retrouve en position d’accusé. On tente même de le « suicider » dans sa cellule de Brive. Il restera plusieurs jours entre la vie et la mort. On tente alors de le faire passer pour fou. Grâce à la détermination de ses proches et de deux jeunes avocats (Roland Dumas et Robert Badinter), il est libéré après quelques semaines. Il mettra tout de même cinq ans à se laver de l’injure et de la calomnie, jusqu’au moment où, en 1959, le procureur du tribunal de Lyon déclare « ne pas comprendre, en son âme et conscience, qu’on ait pu engager des poursuites contre Georges Guingouin ».

    Instituteur jusqu’à sa retraite, Georges Guingouin s’est établi près de Troyes. Il revient cependant sur la terre limousine périodiquement, notamment pour assister aux cérémonies du mont Gargan. C’est de là qu’il lance, en 1992, son appel à voter « non » au traité de Maastricht. Dans ses entrevues avec des camarades du cercle Gramsci ou de la LCR de Limoges, il se revendique régulièrement de l’autogestion, se réclamant à la fois de Pierre Leroux qui, en 1845, avait créé la première coopérative en Creuse, de la féministe Pauline Roland ou de Rosa Luxemburg, pour sa critique de la bureaucratie. Analysant la situation actuelle, il s’exprime ainsi, en 2002, après la naissance des mouvements altermondialistes à la suite des rassemblements de Seattle, Gênes et Porto Alegre : « Il y a un foisonnement, c’est certain. Du moment qu’en haut, il y a un échec, à la base, il y a une recherche. Tout le problème, c’est de savoir quand les masses peuvent faire basculer la situation. Mais ça, personne ne le sait. »


  • zelectron zelectron 17 novembre 2011 19:14

    La lutte contre la bourgeoisie n’était-ce pas son anéantissement par tous les moyens, tous ?


  • eric 18 novembre 2011 08:43

    « Les mêmes masses qui naguère avaient acclamé le magnifique Duce, à présent chérissaient un marxisme léninisme trouble que nul ne saurait expliquer avec clarté, avec simplicité. »

    Eh oui ! Même quand le peuple se trompe, « on » ne le trompe pas. Lui a bien vu que c’était la même chose...
    En revanche, il reste des individualités, et jusqu’à nos jours, des croyants, qui eux n’ont pas compris. Il en est même qui parviennent encore à faire des différences entre Trotski et Staline !.
    Un comble pour des marxistes ! Que les mêmes superstructures idéologiques produisent la même victoire des forces bureaucratique au sein de partis assez homogènes sur le plan sociologique, c’est à dire des infrastructures matérielles ne semble rien leur apprendre sur la nature de leur propre idéologie.
    Le fait que Staline ait pris le pouvoir « à droite », mais pour immédiatement appliquer le programme de Trotski, « de gauche », non plus. ( Fin de la NEP, dékoulakisation). Là aussi, trahison du marxisme : explication de l’histoire par « un homme providentiel » Staline était méchant. Ou par une segmentation de classe improbable. Tous les bolchéviques se ressemblaient dans leurs origines de classe ( petite bourgeoisie lettrée). SI la bureaucratie l’a emporté, c’est bien parce que c’était dans la logique du système. La preuve, Mao est un Trotski qui a réussi : la révolution culturelle c’est bien la lutte réussie contre la bureaucratie du parti et au final, le résultat à été le même.

    Il y a en ce moment un bon docu.sur histoire : « le rêve perdu de Nicola Kazakov » Dans les années 90, d’anciens communistes de l’Usine Zill fêtent la révolution d’octobre. Ils ont été en camp, torturés, etc...Il regrettent sincèrement d’avoir cautionner en leur temps le massacre de 20 millions de citoyens soviétiques auquel ils ont échappé de justesse. Ils restent communistes. Attendrissant et triste. On peut tous pardonner à des hommes, et vos trois amis en font partis. Cela ne signifie pas que l’on puisse être indulgent avec ces idées génocidaires.



    • jaja jaja 18 novembre 2011 09:31

      Éric, sur le mécanisme de la victoire des forces bureaucratiques, vu que la question a l’air de vous intéresser, il faut lire Anton Ciliga et Makhaiski (Jan Woclav)...

      Un petit extrait de Makhaiski qui répond à votre affirmation sur la bureaucratie produite pat les mêmes superstructures idéologiques (staliniennes et trotskistes)...

      "LA DOMINATION DE LA CLASSE OUVRIÈRE

      Le pouvoir qui tombe des mains de la bourgeoisie ne peut en aucune manière être repris et conservé par une classe non possédante, telle que le reste la classe ouvrière. Une classe non possédante et en même temps dirigeante est une absurdité totale. C’est l’utopie fondamentale du marxisme, grâce à laquelle la dictature bolchevique peut aussi facilement et rapidement, devenir la forme démocratique de l’achèvement et du renforcement de la révolution bourgeoise, une sorte de copie russe de la dictature des Jacobins.

      Le pouvoir qui échappe aux capitalistes et aux gros propriétaires terriens ne peut être saisi que par les couches inférieures de la société bourgeoise - par la petite-bourgeoisie et l’intelligentsia, dans la mesure où elles détiennent les connaissances indispensables à l’organisation et à la gestion de toute la vie du pays - acquérant ainsi et se garantissant solidement le droit à des revenus de maîtres, le droit de recevoir leur part des richesses pillées, leur part du revenu national. Or, les couches inférieures de la bourgeoisie, ayant obtenu des capitalistes un régime démocratique, reviennent rapidement à un accord et à une union avec eux. Le pouvoir retourne à l’ensemble des possédants ; il ne peut être séparé trop longtemps de la source de tout pouvoir : l’accumulation de richesses.

      Ne conviendrait-il pas alors d’en conclure que les ouvriers doivent abandonner toute idée de domination ? En toute situation  ? Non, refuser de dominer signifierait refuser la révolution. La révolution victorieuse de la classe ouvrière ne peut être, en effet, rien d’autre que sa domination.

      Il s’agit simplement de poser la thèse suivante : la classe ouvrière ne peut simplement copier la révolution bourgeoise, ainsi que le lui conseille la science sociale-démocrate, ceci pour l’unique raison qu’une classe, condamnée à des rations et à des salaires de famine, ne peut aucunement accumuler, et se voit même privée de toute possibilité de le faire, contrairement à la bourgeoisie du Moyen Âge qui amassait les richesses et les connaissances. Les ouvriers possèdent leur voie propre pour s’émanciper de l’esclavage. Afin de rendre sa domination possible, la classe ouvrière doit supprimer une fois pour toute celles de la bourgeoisie, la priver d’un seul coup de la source de sa maîtrise, de ses fabriques et usines, de tous ses biens accumulés, amener les riches au rang de gens obligés de travailler pour vivre.

      Voilà pourquoi l’expropriation de la bourgeoisie est le premier pas inévitable de la révolution ouvrière. Certes, ce n’est que le premier pas sur la voie de l’émancipation de la classe ouvrière ; l’expropriation de la bourgeoisie n’amènera encore ni la suppression complète des classes, ni l’égalité totale.

      Après l’expropriation de la grande et moyenne propriété, il restera encore la petite propriété à la ville et à la campagne, dont la socialisation nécessitera plus d’une année. Il reste, chose encore plus importante, le cas de l’intelligentsia. En dépit du fait que ses rémunérations de maîtres seront fort réduites à l’occasion de l’expropriation de la bourgeoisie, elle ne sera toujours pas privée de la possibilité de conserver pour elle une rétribution élevée de son travail.

      Tant que l’intelligentsia restera, tout comme auparavant, la détentrice unique des connaissances, et que la direction de l’État et de la production restera entre ses mains, la classe ouvrière aura à mener une lutte opiniâtre contre elle, afin d’élever la rémunération de son travail jusqu’au niveau de celle des intellectuels.

      L’émancipation complète des ouvriers se réalisera lorsqu’apparaîtra une nouvelle génération de gens, instruits de manière égale, événement inévitable du fait de l’égale rémunération du travail intellectuel et manuel, tous disposant ainsi de moyens équivalents pour élever leurs enfants.

      La domination des ouvriers ne peut précéder l’expropriation des riches. Ce n’est qu’au moment de l’expropriation de la bourgeoisie que peut commencer l’hégémonie de la classe ouvrière. La révolution ouvrière obligera le pouvoir d’État à mener l’expropriation de la grande et moyenne bourgeoisie, et à légitimer la conquête par les ouvriers des usines, des fabriques et de toutes les richesses accumulées."


    • eric 18 novembre 2011 09:53

      A jaja, c’est très exactement la politique qui a été conduite pendant toute l’union soviétique avec le résultat que l’on sait.


    • jaja jaja 18 novembre 2011 10:16

      Non, jamais l’égalité salariale n’a existé en URSS ni le pouvoir des ouvriers qui n’était que fictif... Makhaiski tout comme Ciliga font chacun une critique de gauche de la théorie marxiste et ce ne sont certainement pas leurs vues qui ont été appliquées en URSS...


  • eric 18 novembre 2011 10:21

    Faux, un ouvrier du métro était mieux payé qu’un prof ou qu’un médecin. Un gosse d’ouvrier bénéficiait d’une discrimination positive dans les études. Staline a mené la lutte contre l’intelligentsia même si pour des raisons pratique, il a parfois fait mine de la confondre avec un combat antisémite.


    • jaja jaja 18 novembre 2011 10:40

      Seuls les anciens du PCF m’ont fait le coup de l’ouvrier mieux payé que le médecin.... smiley

      Mais il se trouve que j’ai connu la réalité de ces pays et le confort des datchas réservées à la Nomenklatura avec personnel de maison et le soir projectionniste privé pour passer les dernières niaiseries occidentales interdites aux gens du peuple....
       
      Vous devriez lire Salarié aux pièces de Miklos Harasti et les nombreux témoignages d’ouvriers communistes Français revenus d’URSS écoeurés...

      Lire aussi la Nomenklatura de Voslensky qui recense des écarts de salaire faramineux (de 1 à 271 dans les années 1980) les revenus des plus hauts dignitaires étant eux totalement inconnus.

      Éric vous raisonnez sur le mythe d’une URSS égalitaire qui n’a jamais existé !


  • eric 18 novembre 2011 13:17

    Jaja, non visiblement vous n’avez pas connu la réalité de ces pays, vous en avez entendu parlé...


    • jaja jaja 18 novembre 2011 13:23

      Mon premier voyage date de 1969... A cette occasion j’ai traversé la Yougoslavie puis la Bulgarie pour arriver à Odessa...

      Mais libre à vous de ne pas me croire....


    • jaja jaja 18 novembre 2011 13:37

      Quelques éléments de plus concernant les ouvriers et ce dès les débuts de la Révolution :

      Moins d’un an après la révolution socialiste, en avril 1918, le Conseil central des syndicats soviétiques se prononce pour le salaire aux pièces dans les usines. Salaire aux pièces et primes sont alors considérés comme « formes normales du salaire ». Lorsque l’on sait avec quelle vigueur cette forme de rémunération a été combattue, partout et toujours, par les ouvriers, comment elle est ressentie comme l’une des armes essentielles de division entre eux, l’on peut être sceptiques, dès ce moment, voire affirmer que la « Dictature du prolétariat » est fictive en Union soviétique.

      Voici ce qu’écrivait Lénine, dans une maxime qui n’est pas passée à la postérité en Occident.
      "Il faut inscrire à l’ordre du jour, introduire pratiquement et mettre à l’épreuve le salaire aux pièces ; appliquer les nombreux éléments scientifiques et progressistes que comporte le système Taylor, proportionner les salaires au bilan général de telle ou telle production...« Et c’est ce qui fut fait ! Le Taylorisme, rebaptisé  »Organisation scientifique du travail" (NOT) fut introduit dans l’économie russe, Lénine « oubliant » alors ses critiques de 1914 sur ce « système scientifique pour extorquer de la sueur ».

      Le décret du 21 février 1919 ouvrira l’éventail des salaires quelque peu resserré au lendemain de la Révolution. Le salaire minimum officiel, pour la région de Moscou, est de 600 roubles, le salaire maximum de 3000 roubles pour le personnel administratif « hautement qualifié ».

      Charles Bettelheim, marxiste convaicu affirme même dans son ouvrage « Les luttes de classes en URSS » :
      "En fait pour le personnel administratif très qualifié des salaires supérieurs à 3000 roubles sont accordés. Les salaires sont en outre variables suivant les régions".
      Il existe donc un rapport officiel de 1 à 5 entre les salaires des différentes catégories sociales. Mais la réalité est encore bien pire. Le salaire minimum n’est, très souvent, pas respecté, les salaires les plus élevés totalement inconnus et les avantages en nature dont bénéficient les mieux lotis faussent toute comparaison
      .

      D’autre part, les écarts au sein d’une même catégorie sociale se creusent. Ainsi pour les ouvriers les salaires qui variaient de 1 à 1,75, passeront de 1 à 2 en avril 1920. Le règne du fayotage et de la division à l’atelier est ainsi renforcé.

      Ces mesures entraîneront le mécontentement des ouvriers qui culminera dans les grèves de 1921, lorsque ces inégalités seront encore accrues.
      Des voix s’élèveront alors même au sein du parti bolchévik, dont celles de Chliapnikov et Kollontaï, pour protester contre les derniers décrets.
      Avril 1919 voit l’abandon de la thèse concernant les travailleurs du Parti, les « travailleurs politiques responsables » dont les salaires, à l’exemple des fonctionnaires de la Commune de Paris en 1871, auraient dûes être limités au salaire moyen d’un ouvrier qualifié. Leur rémunération passe à 2000 roubles par mois. Dès cette date, de nombreux avantages en nature leurs sont consentis ainsi qu’aux ingénieurs, spécialistes et administrateurs de toutes spécialités.
      C’est des années 1920 que date la direction en « triangle » des entreprises soviétiques. Le Triangle c’est le pouvoir réel au sein des entreprises.

      Qui dirige à l’usine, en dehors de la fiction que ce sont les ouvriers ?
      Trois dirigeants forment le Triangle.
      1) Le directeur de l’entreprise
      2) Le Président du comité syndical
      3)Le secrétaire de la cellule communiste

      Tous les trois sont, la plupart du temps, membres du Parti communiste et ont un pouvoir hiérarchique énorme. l’on peut aisément imaginer les difficultés pour le salarié de base à exprimer ses revendications lorsque l’on connaît la « poigne de fer » appliquée par la direction du Parti pour faire respecter ses directives.

      Ainsi, simplement pour changer d’entreprise, il faut obtenir le piston de l’un des « Angles » qui présentera la requête du travailleur à ses deux collègues. Chacun peut imaginer sans peine que de bassesses et d’humiliations un tel système engendre.

      L’ouvrier ne peut se faire licencier que pour faute et celle-ci est mentionnée sur ses papiers. Il ne lui reste plus alors, dans la plupart des cas, qu’à partir se faire embaucher dans les régions froides et lointaines de Sibérie, terres de relégation et de déportation des anciens Tsars.

      Le Xème Congrès admettra l’insuffisance des salaires et des rations. L’« Opposition ouvrière » de Chliapnikov et Kollontaï exigeant même une "plus grande égalité des salaires". Il leur sera répondu que cet objectif ne pouvait être atteint dans l’immédiat.

      Ces inégalités sociales flagrantes sont les causes essentielles des grèves qui allaient paralyser Pétrograd, la ville révolutionnaire par excellence, et du soulèvement armé de Cronstadt.
      Nier le mécontentement des ouvriers, dès les débuts de la Révolution et avant que les inégalités deviennent effarantes, serait renier Lénine lui-même qui fustigeait, sans rire :
      "Les poignées, les groupes, les couches d’ouvriers qui s’accrochent obstinément aux traditions, usages du capitalisme et continuent à considérer l’État soviétique comme ils considéraient l’État d’hier : lui fournir le moins de travail possible, de la qualité la plus basse, et lui arracher le plus d’argent".(Éditions sociales-tome 28). 




  • eric 18 novembre 2011 16:29

    Vous êtes passés, et pour le reste vous avez lu.
    De toute façon les années dont vous parlez n’ont guère d’importance,après il y a eu la NEP, puis le Stalinisme et la suite.


    • jaja jaja 18 novembre 2011 16:50

      C’est vrai je n’ai fait que passer.... mais j’ai quand même pu voir ces formidables inégalités dont parlent les auteurs que j’ai lu...

      La NEP dont vous parlez aggravait encore ces dernières avec le retour à une certaine forme de capitalisme privé qui scellait l’union (provisoire) de la bourgeoisie citadine et paysanne avec la Nomenklatura et ce contre le prolétariat qui venait de se soulever (Kronstadt)...

      Une fois ce dernier maté Staline put s’écrier au Diable la NEP et donner tous les pouvoirs à la Nomenklatura en écrasant ses anciens alliés ( dont les Koulaks)...

      Il y a bien longtemps que le socialisme était liquidé dans ce pays...


  • eric 18 novembre 2011 17:50

    Je crois qu’il faudrait que vous veniez faire un stage prolongé au pays de l’ex socialisme réel.


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