vendredi 30 octobre 2009 - par Vincent Delaury

« Il était une fois la révolution » : viva Leone !

 Deuxième volet de la trilogie des Il était une fois consacrée au continent américain, Il était une fois la révolution se passe au Mexique, en 1913, nous présentant la rencontre fortuite d’un péon pilleur de diligences, Juan Miranda (Rod Steiger), et d’un révolutionnaire irlandais, John Mallory (James Coburn), membre de l’IRA spécialiste en explosifs. Alors qu’ils envisagent ensemble de piller la banque d’Etat Mesa Verde, « plus désirable qu’une pucelle et plus excitante qu’une putain de Vera Cruz  » (Juan), ces deux antihéros se retrouvent, bien malgré eux, embarqués dans la dynamique, et dynamite !, de la révolution mexicaine. 

Revu avec immensément de plaisir ce film explosif et mythique de Sergio Leone, Il était une fois la révolution (Ita., 1971, 2h30), en reprise - version intégrale restaurée - au Grand Action à Paris, dans sa salle panoramique. Tout d’abord, afin de faire comprendre ce que je ressens pour ce film « bancal » (du 5 sur 5 pour moi), réalisé dans un contexte tout particulier, je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager cette anecdote célèbre, relatée par Leone himself dans le très précieux Conversations avec Sergio Leone (1987), à propos du film et d’un autre Italien de légende (Pasolini) : « J’étais en train de terminer Il était une fois la Révolution. Des gens lui ont dit que j’allais prendre une gifle avec ce film. Que ce serait nul. Alors, il s’est levé pour déclarer : «  Je vous en prie. Taisez-vous. Leone ne peut pas faire un mauvais film. Il peut faire quelque chose de spécial et de raté. Son film peut ne pas faire d’argent. Tout cela est possible. Mais ce sera un très beau film. Arrêtez de parler comme ça. Sergio Leone ne peut pas se tromper. » Sa défense m’a beaucoup touché. »

« Sergio Leone ne peut pas faire un mauvais film ». Vingt ans après la mort de Leone, cette affirmation apparaît telle une évidence, alors que dire cela du vivant de ce cinéaste italien controversé n’était pas gagné. Devenu star suite au succès retentissant de ses fameux westerns spaghettis, ce réalisateur postmoderne, à l’écriture cinématographique immédiatement identifiable (des trognes patibulaires, la musique de Morricone, un montage agressif alternant grande profondeur de champ et plans hyper-rapprochés), était souvent aimé, par une certaine intelligenstia, du bout des lèvres, voire sur des malentendus. Ses cartons au box-office le rendaient suspect, il passait pour un roublard ou pour un « cinéaste à formule », et l’échec de son génial et hyper-stylisé Il était une fois dans l’Ouest aux Etats-Unis (il n’a pas marché là-bas alors qu’il a triomphé en Europe) en réjouissaient certains, se régalant à l’idée de sa chute à venir. Depuis, le temps a fait son travail. Et, avec le recul, on sait que Leone n’était pas un faiseur ou un calculateur (il aurait pu produire des kilomètres de pellicule de western spaghetti), mais un grand artiste du cinéma moderne, avec à son actif sept films rentrés, à jamais, dans l’Histoire du cinéma ; et Il était une fois la révolution y a sa place, en tant que « grand film malade » (Truffaut) - Leone ayant lui-même déclaré l’aimer « comme un enfant mal formé ». Effectivement, le film n’est pas exempt de défauts (son rythme est étrange, on fait longtemps du surplace ; la mise en scène hyper-codée de Leone peut parfois virer à l’effet de signature trop attendu ; les trains du finale qui déraillent ont un côté maquette quelque peu gênant). Pour autant, doit-on demander à un grand et beau film d’être parfait ? Perso, je ne le pense pas. Tant qu’il est animé par le tempérament d’un artiste, un film peut bien souffrir de quelques scories, surtout lorsqu’il est emporté par la puissance visuelle lyrique et mélancolique d’un Leone.

A l’orée des 70’s, le maestro ne veut plus réaliser de westerns. Il a déjà la tête ailleurs, dans ce qui s’avèrera hélas son ultime opus, Il était une fois en Amérique (1983). Dans le contexte politique du moment (le renouveau post-soixante-huitard en Europe), Leone veut produire un film sur la révolution mexicaine, un « western zapata », et souhaite en confier les rênes à Peckinpah, qui décline la proposition, puis à Peter Bogdanovitch, mais ça ne prend pas. Rod Steiger et James Coburn déclarent alors ne vouloir faire ce film que si c’est Leone qui le réalise. Banco ! Leone réécrit le récit, choisit d’en faire un film-manifeste sur le miroir aux alouettes de la politique, sur fond d’histoire intime et de grande Histoire, puis se lance dans le tournage du côté d’Almeria (Espagne). A la revoyure, Il était une fois la révolution est un film bizarre. Son statut de film hybride, voire bâtard (les sources d’inspiration sont diverses), est à l’image des différents titres qu’on lui connaît : Il était une fois la révolution s’appelle aussi Giu la testa (Baisse la tête), Duck you, sucker ! (Planque-toi, connard !) ou encore A Fistful of Dynamite. C’est vraiment le film-charnière entre les deux trilogies. D’un côté, on retrouve le caractère picaresque des westerns spaghettis (Steiger a le côté histrion d’Eli Walach/Tuco et Coburn, le flegme canaille de Blondin/Eastwood dans Le Bon, la Brute et le Truand) et, de l’autre, le film, avec ses temps suspendus consacrés aux rêveries cotonneuses du terroriste irlandais Mallory/Coburn, est attiré par la complexité narrative de l’onirique Il était une fois en Amérique.

Cette impression d’entre-deux est partout : se passant essentiellement en extérieur (c’est un grand film solaire), le film se terre, par moments (la fameuse séquence de 25 mn dans la luxueuse caravane), dans des intérieurs crépusculaires rappelant, avec leur clair-obscur caravagesque, le Tres de Mayo (1814) de Goya. Le film démarre, très folklo, très drôle, puis finit tragiquement ; on assiste à des morts en cascade. Au début, on se croit dans un western spaghetti, puis dans un western zapata, avant que l’ensemble ne vire au film politique désenchanté. En commençant par l’épigraphe de l’ancien leader communiste Mao, « La révolution n’est pas un dîner social, un événement littéraire, un dessin ou une broderie, elle ne peut se faire avec élégance ou courtoisie. La révolution est un acte de violence.  », le film annonce d’emblée la couleur (rouge et noir) et, plus il avance, plus il accumule les rêves envolés, les charniers et les pelotons d’exécution menés par la dictature moderne de l’armée espagnole. Difficile de ne pas y voir des allusions constantes aux tragédies du XXe siècle (le fascisme, le nazisme, la Shoah, les purges staliniennes). Ainsi, pour Leone, fils de communiste et socialiste déçu, les luttes politiques et idéologiques se font toujours au détriment des plus pauvres, les élites finissent toujours par trahir et l’idéal révolutionnaire, bafoué, laisse la part belle à la lutte des classes : « La révolution ? C’est quand ceux qui savent lire vont voir ceux qui savent pas lire et leur disent qu’il faut tout changer. Les pauvres bougres se mettent au boulot. Puis, le boulot fait, ceux qui savent lire se réunissent, puis parlent, puis bouffent, puis parlent, puis bouffent. Pendant ce temps-là, les pauvres, eux, ils sont morts. Et après, eh bien tout recommence comme avant !  », dixit le péon Juan. Alors qu’on aurait pu s’attendre à ce qu’un cinéaste révolutionnaire (il a révolutionné le western et la narration cinématographique) se lance dans un éloge attendu, et quelque peu facile, de la révolution, Leone, en tant qu’artiste épris de liberté, se méfie des dogmes et des idéologues, préférant certainement aux dommages collatéraux d’une révolution brute de décoffrage, la forme d’une « révolution tranquille », pouvant parfois amener (comme au Québec, depuis les 60’s), un changement politique profond, et sans violence.

A la fin du film, l’émotion était palpable dans la salle du Grand Action. Pendant le générique, les spectateurs ne sortaient pas comme à l’accoutumé, semblant savourer la profondeur mélancolique du film. Il faut dire qu’Il était une fois la révolution s’achève par un flash-back poignant (la bulle de bonheur de Mallory avec sa bien-aimée et son meilleur ami) et au son de la musique magistrale signée Morricone. Difficile alors de ne pas être saisi par la nostalgie d’un certain âge d’or du cinéma italien (les années 60 & 70) et par le souvenir de la mort prématurée du maestro Leone, à 60 ans, en 1989. Lorsque le film finit par les mots de Juan Miranda - « Et moi alors ? » - assistant à la mort de son ami John, on a un peu le même réflexe que cet enfantin et naïf Juan, en pensant à la mort de Leone alors que celui-ci s’apprêtait à réaliser ses 900 jours de Leningrad on se dit en tant que spectateur : Et nous alors ? C’est peu dire que, face au manque de lyrisme patent de la plupart des films actuels, le cinéma à la « trivialité majestueuse » de Leone nous manque cruellement. Sergio Leone ou Il était une fois le cinéma.



35 réactions


  • orage mécanique orage mécanique 30 octobre 2009 11:28

    ouah qu’elle joie de reprendre une louche d’un de mes films préférés,
    empreint de la mélancolie annonciatrice de « il était une fois l’amérique » comme si Leone au final de sa vie c’était rapproché de ses héros Mallory ou son pendant américain Noodles.

    je n’y ai jamais vu de « ratage » car j’aime les faux rythme de Leone sa façon d’être là où on ne l’attend pas et qu’importe si les techniques ont évolués. Mon esprit marche mieux aux maquettes qu’au moches images de synthèse ou même à l’incrustation bricolée « Messa Verde » faisant apparaitre Coburn comme le Messie.
    Je dit ça parceque mon désarroi fut grand lorsqu’au détour d’une interview Leone annonça regretter ce film car il estimait au final qu’un film ne devait pas être politique ou plus nuancé faisant référence aux allusions historiques du film (exécution de Mussolini, république de SALO, Massacre des Fosses Adréatines...)


  • Bardamu 30 octobre 2009 13:26

    Merci pour l’article talentueux !

    Ce film : un chef d’oeuvre !
    Attention à la mèche courte, car ici tout est détonant... la fulguration vous prend aux tripes.
    La scène du délateur, se réfugiant derrière les phares du fourgon de la mort... baissant les yeux pour désigner ses victimes : un moment d’art !

    La relation à l’Ira qui, dans les mains indélicates d’un réalisateur débutant, aurait été du plus mauvais goût, devient ici comme indispensable, traçant la genèse d’un véritable révolutionnaire qui fait passer ses convictions avant tout, sans être inhumain pour autant, ni invulnérable, loin de là !
    L’éveil de la conscience d’un garçon du peuple -ce mexicain !... une initiation sans pareille.
    De dieu, on n’a pas ça, chez nos amis socialistes, des initiateurs de cette trempe !

    Sergio, reviens ! Klapisch et Jeunet m’emmerdent !


  • abdelkader17 30 octobre 2009 13:45

    Une des meilleurs réalisations de Léone,je peux le visionner en boucle jamais je ne m’en lasse,le libéralisme économique a tout anéanti sur son passage jusqu’à l’inspiration de nos pseudo réalisateurs ,nous ne sommes pas prêt de revoir tant de talent et de générosité.


    • armand armand 30 octobre 2009 15:29

      Eh bien, cela m’épate ce que tu viens d’écrire, Abdel, car non seulement je peux visionner en boucle, mais une fois sur deux, quand je donne un dîner chez moi, j’en passe la bande annonce... Sean, Sean, Sean...

      Plsusieurs westerns à la même époque offrent une image décapante de la politique et de la mythologie officielle.
      « Major Dundee » de Peckinpah, où le héros (même rôle apparent que J. Wayne dans Rio Grande) apparaît en réalité comme une tête brûlée qui fait tuer ses hommes pour sa gloire personnelle...

      Un de mes préférés, « From Noon till Three » avec Bronson (Frank Gilroy, 1976) : comment naît une légende mondiale à partir des galipettes d’un brigand avec une belle veuve dans une grande maison déserte.


    • JahRaph JahRaph 30 octobre 2009 17:09

      Hé hé, comme quoi, faudrait plus d’articles cinématographiques, ça nous mettrais tous d’accord !! smiley


    • abdelkader17 30 octobre 2009 18:21

      @Aramand
      La politique outil de division des hommes,Ennio Morricone la grande classe.


  • orage mécanique orage mécanique 30 octobre 2009 15:14

    il ne faut pas non plus sombrer dans l’angélisme,
    rappelez vous que ce film à rencontrer son publique avec le temps, il existe des films équivalents en « qualité » aujourd’hui.

    mais quand on regarde les chiffres des entrées on se désespére et on doit espérer que le phénomène sera le même qu’avec ’il était une fois la révolution" et que le temps fera son affaire.


  • Gollum Gollum 30 octobre 2009 15:38

    Un de mes films de Leone préféré, même si mon film culte est « le bon, la brute et le truand » avec un trio hors pair... Ah nostalgie !


  • François51 François51 30 octobre 2009 16:12

    Leone. chaque image, chaque plan est un tableau.
    la revolution est un nectar, accompagner de l’inoubliable musique d’Ennio.
    la séquence au début du film, scène ou le « peon » Juan monte dans la diligence. l’analyse et le jugement du « paysan » par les gens de la « haute » est mémorable.
    il y sont tous ! le militaire, l’evêque, l’homme d’affaire,la bourgeoise bourré de préjugés.
    heureusement le paysan en question est une bête certes,mais la bête se montrera indulgente avec tous ces « braves gens ». après avoir soulagé la bourgoise, il enverra tous ce petit monde dans la fosse aux cochons. ...

    des scènes comme celle là, sont assez rares au cinéma, il faut bien le dire.
    immense Sergio. ...


  • morice morice 30 octobre 2009 17:58

    « Sergio Leone ne peut pas faire un mauvais film ». ah ah ah !!!

    .... le problème, c’est qu’il n’a fait que des navets. Comme quoi c’est fort subjectif. En fait, Leone est un enfileur de clips qui a retenu les leçons de cadrage d’un Orson Welles, soutenu par un des plus pénibles faiseurs de musique de films, j’ai nommé l’insupportable Morricone. Tout est dans le Colosse de Rhodes, par exemple : navet absolu, avec  Rory Calhoun, le « Cary Grant du pauvre », habillé comme un plouc (aucun costume ne va à un acteur et les décors sont à chier !)... mais on préfère oublier les péplums de tâcheron du cinéma pour encenser un genre ridicule qui ne peut plaire qu’aux lecteurs des BD de chez Artima. Leone ne fait attention à rien, ne respecte rien (surtout historiquement), mais on trouve ça « kitch » alors c’est bien. Fondamentalement, c’est nullissime, mais ça fait bien plus chic de dire que c’est chouette. Façon de se poser, en faiseur. Je ne connais pas un seul admirateur de Leone qui ne corresponde pas à cette définition. Finalement, Leone est comme son colosse de Rhodes : il est complètement creux.

    • morice morice 30 octobre 2009 18:33

      marrant, on l’a jamais vu ramasser quelque chose à Cannes ou ailleurs : la profession ne l’aimait pas, sans doute, ce doit être ça. Vous savez, au bout de 500 films de série Z, logiquement on doit arriver à faire un film de série B.... mais Leone n’a jamais joué en première division, visiblement.... 


      question de style sans doute
      Le style Leone
      • Le format de pellicule (Techniscope)
      • La grande profondeur de champ (utilisation de focales courtes)
      • Les gros-plans extrêmes (scènes de duel), souvent sur les seuls yeux d’un personnage, en alternance avec de grandes vues d’ensemble. Le contraste qui en résulte est l’un des responsables de l’impression d’ampleur qui résulte de la mise en scène de Leone.
      • Les travellings arrière (d’un détail au plan d’ensemble)
      • Le temps étiré : de nombreuses scènes d’observation longue, tendue et sans dialogue entre duellistes
      • Une musique très présente (composée par Ennio Morricone), souvent indispensable comme dans les scènes d’observation citées ci-dessus, mais qui alterne avec des moments de « silence »... où les bruitages sont exacerbés.

  • catastrophy catastrophy 30 octobre 2009 18:25

    Une de mes films cultes.


  • morice morice 30 octobre 2009 18:34

    Evidemment ; pour Morice....à part le « Cuirassé Potemkine »....


    remarquable film.

    • morice morice 30 octobre 2009 18:56

      ça manque aussi de ralentis, de gars mal rasés et de chapeaux de cow-boys, et le traveling en poussette c’est pas ça non plus ; vous avez remarqué vous aussi ? Tenez, puisque vous y êtes, regardez les dates respectives, et comparez ce qui est comparable.


    • morice morice 30 octobre 2009 20:34

      vous êtes hilarant aussi quand vous voulez... 


  • catastrophy catastrophy 30 octobre 2009 18:42

    J’aime mes jujubes, lorsque j’en voie je salive.

    Mais en fait cela n’a pas grand goût sinon aucun, c’est merdique à manger, c’est pas terrible pour l’estomac. La valeur nutritive doit être quasiment nulle, la peau chiante au possible colle aux dents et entre les dents c’est infect.
     Mais bon sang, les jujubes, je m’en ferais pêter la panse. 
    Il en va de même pour certaines oeuvres. 
    La rhétorique et les oeuvres d’art ne vont pas bien ensembles.
     Et puis, avec les fluctuations de notre conscience, qui est l’apanage des gens qui ne désirent pas faire du sur place, on découvre des choses (des petites choses comme disait M. Duchamp) que l’on n’appréciait pas et d’autres qui perdent leur qualités mythologiques dans notre paradis personel des voluptés mouvantes. 


    • morice morice 30 octobre 2009 20:43

      Il en va de même pour certaines oeuvres. 


       à l’échelle du jujube ça vaut combien un Leone alors ? 3 jujubes ? Purée on avance là....

  • Gazi BORAT 30 octobre 2009 18:45

    Sergio Leone a filmé des séquences qui sont de véritables bijoux..

    Je me régale toujours de celles du début de « Il était une fois en Amérique ». Quant à la musique d’Ennio Morricone, même composée pour d’autres, je n’ai rien à redire.

    Par contre, les films d’Ennio M. m’emm.. prodigieusement ! Que de longueurs ! De sentimentalisme lourd (les flash-backs de "Il était.. en Amérique). Le rythme global est sa faiblesse principale..

    Des scènes admirables entremêlées de passages sans intérêt..

    Dommage, on ne peut tout avoir §

    Je ne bouderai jamais mon plaisir pour les leçons de cinéma éparses qu’il m’a offert.. mais je crierai pas au génie !

    gAZi bORAt


  • morice morice 30 octobre 2009 18:53

     « mais je crierai pas au génie ! »


    ben ç’est bien ça le débat du jour : on oscarise la série B aujourd’hui, pour faire « branché » et « décalé ». IL existe un absolu quand même en cinématographie : Leone en est loin, très loin.

  • morice morice 30 octobre 2009 18:58

    ah, j’ai trouvé : le réalisateur est « post moderne » nous dit l’ineffable auteur du jour.


    donc Eseinstein était « moderne » : ouf.

  • morice morice 30 octobre 2009 19:04

    « se passant essentiellement en extérieur (c’est un grand film solaire),  »


    ben imaginez ça tourné dans une cour d’école, ça devient un grand film scolaire
    ben imaginez ça tourné sur une banquise, ça devient un grand film polaire
    ben imaginez ça tourné en caméra numérique, ça devient un grand film binaire
    ben imaginez ça tourné en format carré, ça devient un grand film square
    ben imaginez ça tourné avec Sandrine, ça devient un grand film Bonnaire

    et ainsi de suite... je vous laisse continuer tellement la prose est poilante....

  • Vincent Delaury Vincent Delaury 30 octobre 2009 19:15

    Merci pour les différents commentaires.


    Bardamu : « Sergio : reviens ! Klapisch et Jeunet m’emmerdent !  »
    EXCELLENT !

  • Moristovari Moristovari 30 octobre 2009 20:05

    Il y a quarante ans, la critique n’était pas tendre avec Léone. Aujourd’hui elle est presque devenue trop douce.

    Il était une fois la révolution est avant tout un film de commande, un projet contracté ne pouvant être annulé. Ce n’est qu’une semaine avant le début du tournage que, face aux refus de nombreux cinéastes proposés et contactés, Léone consentit à prendre la casquette de réalisateur, remettant à plus tard le véritable projet qu’il chérissait : il était une fois en Amérique.

    Il était une fois la révolution est donc dans une certaine mesure un enfant non-désiré. L’impression de brouillon, de manque d’unité du film doit à cette précipitation mais aussi au tournage, difficile et conflictuel. Un autre cinéaste, Alberto de Martino, dû venir en soutien pour alléger les épaules du maître.

    Il était une fois la révolution est donc semblable à ses nombreux titres et ses nombreux montages. Un beau bazar, une compilation de scènes d’inégales mesures où l’outrance à beau jeu. Le fond est là, manque une forme. Mieux vaut le voir comme un film inachevé que comme une vraie œuvre accomplie.


  • fredleborgne fredleborgne 30 octobre 2009 20:06

    Un article qui fait plaisir. Personnellement, la première fois que je l’ai vu, ce film m’avait laissé perplexe, justement à cause des différences de genre.
    Et puis, avec le temps, je savoure chaque phase comme autant de tableaux/temps forts devenus inoubliables.


  • morice morice 30 octobre 2009 20:42

    Et puis, avec le temps, je savoure chaque phase comme autant de tableaux/temps forts devenus inoubliables.


    ben vous faut pas grand chose. Essayez « l’invasion des fourmis géantes » (« Them ») de Gordon Douglas, ça fait le même effet normalement.

  • le pen la vie la vraie 30 octobre 2009 21:18

    le colosse de rhodes c’était pas mal
    leone, ça se regarde mais sans passion, c’est vrai, cinématographiquement c’est du sacré boulot, mais c’est beaucoup d’emphase pour un résultat...disons peu attachant
    combien de western de ford, walsh, hattaway, mann et aujourd’hui eastwood et costner laissent de bien meilleurs souvenirs
    et j’ai revu récemment il...en amérique : bof
    le pire c’est que peut-être un type comme leone a « produit » l’immonde tarantino : là c’est grave


    • blackmetal 31 octobre 2009 00:11

      L’immonde Tarentino ? Tiens, moi j’aime Tarentino, lui au moins ne sert pas de la soupe populaire visuelle aseptisée à la sauce aigre douce ethno-masochiste et moralisante.

      Et Kevin Costner, hormis se prendre pour un Chaman apatride défenseur de la cause apache n’a pas laissé de souvenir percutant.

      Moi j’aime Leone mais niveau Western je préfère le plus sympathique « Soldat Blue » bien politiquement incorrect.


  • italiasempre 30 octobre 2009 21:24

    Beaucoup de scènes mythiques, beaucoup de dialogues inoubliables.

    Bel hommage à l’immense Sergio Leone, vous connaissez et vous aimez le cinéma, merci pour cet excellent article.


  • armand armand 31 octobre 2009 12:41

    Bonjour à tous,

    C’est sûr, le ciné adoucit les moeurs - même si on n’est pas tous d’accord.
    Des goûts et des couleurs... Bref.
    S’agissant de musique, Morricone soit on n’aime pas, soit on adore. Je suis dans la deuxième catégorie. C’est une musique qui rend si bien compte du temps, de la nostalgie, du souvenir, que je ne peux pas m’empêcher d’entendre dans ma tête, en me promenant dans le Bas-Manhattan (anciennement Petite Italie, actuellement Chinatown) la musique d’« Il était une fois l’Amérique », même si le film ne m’as pas spécialement emballé.
    Ma préférée, cependant, reste celle d’« Il était une fois dans l’Ouest ».

    Pour ce qui est des films, les gros plans sur les visages en sueur, les échanges de regards, les prémices d’un duel qui durent de longues minutes, c’est bien... mais pas tout le temps.
    Pour les amateurs de western, je recommande « Appaloosa »(2008) - réalisme absolu des duels, qui se passent en quelques secondes à peine, en même temps dialogue savoureux entre Viggo Mortensen et Ed Harris.
    En même temps, comme chez Léone, chaque plan est un tableau.


    • sisyphe sisyphe 1er novembre 2009 03:06

      @ Armand

      je ne peux pas m’empêcher d’entendre dans ma tête, en me promenant dans le Bas-Manhattan (anciennement Petite Italie, actuellement Chinatown) la musique d’« Il était une fois l’Amérique », même si le film ne m’as pas spécialement emballé.

      A noter (pour les puristes) que le principal thème musical du film (celui lié aux « rencontres » de Noodles avec Deborah ; Elisabeth Mac Govern) n’est pas de Morricone ; c’est « Smile » ; une musique de Charlie Chaplin.

      Sinon, pour Leone, il est évident qu’à partir du Colosse de Rhodes, pour suivre avec tous les « western-spaghettis », son parti pris est celui du « pastiche » des peplums, puis des westerns.
      Pastiche jouant sur l’ironie et l’outrance, avec un incontestable humour. et un réel talent cinématographique.
      Rien à voir, évidemment, avec les westerns classiques de John Ford et autres, mais instaurant un nouveau style, décalé, déconnant, rigolo...
      Pas de quoi enflammer les puristes du cinéma ; mais, pour ma part, beaucoup plus ludiques et jouissifs que ceux, par exemple, de Peckinpah ; où, là, l’outrance (dans la violence) se prend au sérieux, et aboutit à une espèce de jouissance malsaine de la violence gratuite.

      Pour « Il était une fois en Amérique », changement de registre ; Leone réalise là une oeuvre à laquelle, visiblement, il tient ; plus « sérieuse », plus classique, plus aboutie cinématographiquement, avec une alternance de séquences très fortes, et d’autres moins utiles, le tout basé sur un scénario beaucoup plus élaboré ; mais où il retombe, sur la fin, avec cet espèce de « coup de théâtre » baroque et peu crédible (son ancien compagnon devenu gouverneur sous un faux nom, et qui a épousé son amoureuse), très outrancier.

      Il reste de superbes séquences, entrées dans l’histoire du cinéma, à côté de celles (proches) des films de Scorcese, s’attachant pratiquement au même sujet ; l’histoire de la constitution de la mafia italo-américaine lors des années qui ont précédé, accompagné et suivi la prohibition.

      Je revois les films de Leone avec plaisir  ; ce n’est pas du « grand cinéma » au sens classique, mais le choix et la direction d’ acteurs sont remarquables, il manie avec brio l’ ironie,l’humour, et la musique de Morricone est toujours un régal.

      Quant à Morice, cessez de jouer les ayatollah du cinéma ; l’histoire du cinéma est, heureusement, prolixe et multiforme ; au cinéma, les plaisirs éprouvés ne s’excluent pas ; ils s’additionnent (si vous n’aimez pas ça, n’en dégoutez pas les autres). 


    • Gazi BORAT 2 novembre 2009 07:04

      @ARMAND & SiSYPHE

      Il existe une quasi-version turque de « Il était une fois en Amérique » :

      Eşkiya

      http://www.youtube.com/watch?v=uCwE8956x-A

      Film policier avec parfois des éléments poétiques plutôt décalés, peu comparable à « Il était une fois en Amérique » si ce n’est par son scenario qui est reprend la trame de façon troublantes et à mon avis certainement pas fortuite..

      @ MORICE

      Il existe des chefs-d’oeuvre classés dans la « série B » qui méritent que l’on s’y attarde.

      @ L’auteur

      Klapisch et Jeunet vous emm.. ? Je suis dans le même cas !

      gAZi bORAt


  • morice morice 1er novembre 2009 00:36

    En même temps, comme chez Léone, chaque plan est un tableau.


    faudra revoir vos notions sur l’art cinématographique, ou regardez Orson Welles, ou « la Nuit du Chasseur » de Charles Laughton. Là vous saurez ce qu’est un tableau.

  • Vincent Delaury Vincent Delaury 2 novembre 2009 12:27

    italiasempre, et les autres (même ceux qui ont amené un autre son de cloche), thanks !


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