lundi 18 octobre 2010 - par Theothea.com

« Interview » Off de Sara Forestier par Patrick Mille

Au jeu de « qui dira la vérité en dernier » a nécessairement perdu toutes ses illusions sur le monde contemporain, l’interview en huis-clos, auquel se soumettent Katya et Peters, elle actrice de séries télévisées et lui journaliste baroudeur, théâtralise formellement le duel « Sara Forestier - Patrick Mille » en joutes verbales essentiellement stratégiques.

Si, par quelque laxisme de circonstances, le flirt devait s’inviter à leur débat, c’est qu’aucune méthode de self-control ne peut, décemment, être appelée à la rescousse.

A l’image d’une génération « hard » mais repeinte en « rose bonbon » pour les besoins de la représentation sociale, la futilité de leurs propos ne peut que dissimuler un profond désarroi dont il n’est guère possible de sonder l’abîme originelle.

Velléitaires l’un et l’autre par ambition respective affichée, l’intimité les propulse en une conflagration insupportable dans chacun des deux rôles publics qu’ils se renvoient mutuellement en miroir à peine déformant.

Ecartelé entre une caméra vidéo et un enregistreur audio, le duo va rejouer en direct live l’éternel combat masculin-féminin dont l’issue ne devrait désigner qu’un seul gagnant.

En effet, quand un journaliste politique, habitué des terrains de guerre et autres conflits extériorisés, doit interviewer une starlette déguisée en baby-doll, que peuvent-ils se dire ?

Il n’y a pas de mot pour se confier, il n’y a pas d’alternative pour se cacher, réciproquement, la douleur existentielle sur laquelle l’autre n’a pas le droit de regard.

Tout la durée de leur rencontre ne pourra se constituer qu’en faux-fuyants, tromperies, et mystifications de part et d’autre, d’autant plus sophistiqués que le partenaire fera preuve de répartie, du tac au tac.

A ce jeu de dupes, sous carapaces délibérément endurcies, c’est bien celui ou celle qui enverra l’ultime missile qui, in fine, aura gain de cause.

Mais, au terme d’une partie de poker menteur, comment qualifier l’enjeu du joker croyant s’octroyer le droit de domination alors que, dans l’instant d’après, celui-ci va se trouver, lui-même, annihilé par un effet de boomerang radical ?

Le désenchantement de l’individu sera le prix à payer pour cette scintillante mise en scène entomologiste interprétant, à mots couverts, la dégradation effective des relations humaines.

visuel affiche - photo © Pascalito 

INTERVIEW - **.. Theothea.com - d’après Théo Van Gogh - mise en scène : Hans Peter Cloos - avec Sara Forestier & Patrick Mille - Studio des Champs Elysées




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