lundi 4 août 2008 - par Rachid Yahou

Kaci Abderrahmane : une poésie très recherchée

Sanctionné durant de longues années par les habitants de son village natal qui l’empêchaient de chanter ou même de jouer de son instrument musical, le "banjo", kaci abderrahmane a fini par briser le tabou et faire son bonhomme de chemin dans la chanson kabyle.

RACHID YAHOU : Qui est kaci abderrahmane ?

KACI ABDERRAHMANE : Je me nomme Kaci Abderrahmane, suis chanteur et suis âgé de 53 ans et on me donne 45/49 ans pas plus. Je suis marié et père de quatre enfants.

RACHID YAHOU : Quand êtes-vous venu à la chanson ?

KACI ABDERRAHMANE : En 1965 que je suis mis à jouer de la flûte. Une année, j’ai gratté sur une guitare. En une journée, j’ai appris à maîtriser cet instrument. Ce jour-là, j’ai joué Arnou yas amane a khali, un air folklorique algérien repris en arabe et en kabyle.

RACHID YAHOU : A quand remonte votre première composition ?

KACI ABDERRAHMANE : C’était en 1976, j’avais composé As nitra (ô guitare !).

RACHID YAHOU : Et vos débuts réels dans le domaine de la chanson ?

KACI ABDERRAHMANE : En 1979, au mois de juin plus exactement, j’ai enregistré mon premier tube pour le public et je me suis produit sur la chaîne Kabyle. L’enregistrement a été fait à Alger. A cette époque "Mahboubati" était le seul qui possédait d’ailleurs un studio.

RACHID YAHOU : Comment avez-vous appris à chanter ?

KACI AABDERRAHMANE : J’étais attiré par la chanson dès mon enfance. J’écoutais d’ailleurs la radio des voisins en collant mon oreille au mur qui séparait nos deux demeures.

RACHID YAHOU : Vous-a-t-on aidé à faire vos premiers pas dans le domaine artistique ?

KACI ABDERRAHMANE : Bien au contraire j’ai rencontré des problèmes monstres au village "IGHIL BOUKIASSA", mon village natal situé dans la commune ATH YIDJAR. Les gens se moquaient de moi, chanter était une honte. Ensuite j’ai brisé les tabous en me reférant aux grands chanteurs. J’avais peur d’être sur la mauvaise voie, mais lorsque je pensais aux vedettes et à tous ceux et celles qui ont combattu pour réussir, je me disais qu’il me fallait tenir bon.

RACHID YAHOU : Comment avez-vous pu vous débarrasser de cet handicap ?

KACI ABDERRAHMANE : J’ai pû m’en sortir grâce à l’intervention d’un artiste de mon village émigré en France et très connu sous le sobriquet "ami Ali - passage tiret". C’était en 1968. A son retour, il m’avait trouvé endetté envers le village de 16 000 ff.

RACHID YAHOU : Pourquoi cette dette ?

KACI ABDERRAHMANE : A chaque fois que je jouais au banjo, les gens du village m’imposaient une amende. Aussi, ce jour-là, "ami Ali" me demanda de lui passer mon instrument. Il s’est mis à jouer, narguant tout le monde. Il a même demandé aux gens du village de me laisser tranquille.

RACHID YAHOU : Vous avez donc beaucoup souffert !

KACI ABDERRAHMANE : Comme tout artiste d’ailleurs je vais vous raconter une anecdote. Un jour, le "amine" du village qui m’avait par le passé dressé des amendes pour avoir joué à la guitare m’aborda et me dit " ce matin je t’ai entendu à la radio". J’ai eu cette réplique : "Qu’attends-tu pour me faire un procès maintenant que je chante dans ta maison même ? A cela, il ne m’a pas répondu, préférant continuer sa route.

RACHID YAHOU : Que pensez-vous de la chanson kabyle aujourd’hui ?

KACI ABDERRAHMANE : La chanson kabyle est en nette déclin. Ce vide est rempli par le "raï".

RACHID YAHOU : Et de la culture AMAZIGH ?

KACI ABDERRAHMANE : Les hommes de culture sont rares de nos jours. La relève n’est pas assurée. Les proverbes disparaissent peu à peu du vocabulaire. Ils sont peu utilisés. Les anciens les ont sauvegardés. Je découvre Zdeg Mouloud qui fait de la belle poésie, un chanteur qui fait un travail de recherche dans les paroles. Ses créations sont plaisantes.

RACHID YAHOU : Quels sont vos chanteurs préférés ?

KACI ABDERRAHMANE : AIT-MENGUELET et les anciennes gloires.

RACHID YAHOU : Des pojets d’avenir ?

KACI ABDERRAHMANE : Refaire mes anciennes chansons avant d’enregistrer mes nouvelles.

RACHID YAHOU : Elles traitent de quels thèmes ?

KACI ABDERRAHMANE : L’amour de la vie, le mépris, l’émigration, la culture et la fraternité sont les sujets que j’ai traité.

RACHID YAHOU : Avez-vous déjà des produits sur le marché ?

KACI ABDERRAHMANE : Je possède quatre cassettes audio.

RACHID YAHOU : Vous avez des regrets à propos de votre carrière ?

KACI ABDERRAHMANE : J’ai un regret, celui de ne pas avoir fait plus. J’ai eu un bon début. Je n’ai pas tout donné à la culture. Les obligations familiales m’ont quelque peu freiné. Je pouvais faire beaucoup mieux vu l’aura que j’avais auprès des auditeurs avertis.

RACHID YAHOU : Que pensez-vous de la femme kabyle ?

KACI ABDERRAHMANE : Marginalisée comme elle est, elle ne peut pas se défendre. Elle n’a pas sa place dans notre société. Afin d’avoir une certaine importance la femme se doit de poursuivre des études très poussées et d’être une intellectuelle.

RACHID YAHOU : Un bon souvenir ?

KACI ABDERRAHMANE : En 1976 alors que je n’avais que 21 ans je m’étais présenté au T.N.A. d’Alger face à un public nombreux. Je n’avais pas ce trac.

RACHID YAHOU : Un mauvais souvenir ?

KACI ABDERRAHMANE : Ma non-participation à trois commémorations du 20 avril, le printemps berbère. Au 1er, on m’a imposait des chants courts. J’ai refusé. A la seconde, le passage vers le stade était bloqué. Quant à la troisième, je ne pouvais pas chanter à cause d’une dispute à laquelle je n’étais pas bien sûr mêlé.

RACHID YAHOU : Le mot de la fin.

KACI ABDERRAHMANE : Je vous remercie et souhaite une longue vie à votre journal "AFRIQUE DU NORD".



9 réactions


  • del Toro Kabyle d’Espagne 4 août 2008 15:29

    @ Constant danslayreur,

    Vous êtes un véritable raciste.
    Ça vous fais mal à ce point de voir des Kabyles se faire publier ?
    Vous êtes incapable de vous adressez à lui sans recourir au langage nationaliste (dignité, fierté souillées) et islamiste (dieu ou Dieu, on s’en moque : on n’est pas en république islamique ici).
    Dois-je rappeler que parmi vos contributions les plus saillantes, on compte :

    • une vulgaire apologie coranique basée sur une superstition numérologique pathétique
    • un post qui a presque tourné au hoax avec votre pauvre compétence en informatique (fliquer des IP pour laisser de graves rumeurs de collusions idéologiques au sujet d’AV).
    • une activité de trollage reconnu par tout le monde et surtout par la modération
    Pour votre gouverne, vos commentaires sont souvent peu intelligibles : même Rex (Gilles Louïse) avait malheureusement raison. Votre performance sémantique relevait du délire.

    Savez-vous aussi que vous êtes le seul à être aussi hargneux sur ses fils ? Ses articles sont certes critiquables mais vous êtes le seul à le faire dans le langage du national-islamisme.
    Je sais que pour vous, ce n’est qu’un Kabyle, un montagnard qui vous fout la honte urbi et orbi. Et qui en plus publie des articles en rapport avec le monde juif. Le signe de la haute trahison nationale-islamiste.

    (vous n’avez d’ailleurs pas manqué d’associer argent et kabyle ... c’est sans doute pour cela que ce mauvais Algérien est incapable d’orthographier le nom de son pays, tellement il est pressé de se vendre pour de l’argent !)

    Constant danslayreur : vous êtes aussi constant dans la haine anti-kabyle que votre ironie mal maîtrisée a du mal à dissimuler.
    Vous êtes un troll national-islamiste. Vous avez été censuré plus d’un vingtaine de fois pour des propos injurieux, diffamatoires et racistes.
    Vous récidivez avec une haine patente alors que vos contributions se limitent au trollage et au hoax.
    On s’occupera du vous donner l’éducation qui vous manque.

    Votre post a été signalé pour les injures ostensibles qu’il contient.
    Vous êtes libre d’harceler cet internaute (même sous couvert de critiques qui ne construisent rien) mais les injures, les diffamations et le contenu raciste de vos interventions ne passeront pas.

  • La Taverne des Poètes 4 août 2008 16:14

    Assurancetourix n’est donc pas le seul à se faire baillonner et attacher à l’arbre ? Sérieusement, je suis révolté qu’un artiste se voit interdire de jouer et de chanter par son propre village et mis à l’amende à chaque nouvelle tentative ! Il n’est pas étonnant dans ces conditions que la chanson kabyle décline.

    Un passage attire mon attention : "En une journée, j’ai appris à maîtriser cet instrument." (la guitare) Soyez sérieux, s’il vous plaît... smiley
     


  • del Toro Kabyle d’Espagne 4 août 2008 17:04

    @ Constant danslayreur

    Votre post a été retiré pour les injures qu’il contenait. Vous êtes en outre incapable de vous exprimer sans insultes (de préférence avec des connotations racistes).
    Votre fascination coloniale pour le "bien écrire hors métropole" vous est en revanche pardonné.


  • pinson 4 août 2008 18:58

     Dès le début de l’article, on sent que ça va être passionnant :

    "Qui est kaci abderrahmane ?

    KACI ABDERRAHMANE : Je me nomme Kaci Abderrahmane...."

     le reste est à l’avenant....,
    "suis chanteur et suis âgé de 53 ans et on me donne 45/49 ans" C’est vrai que c’est pas donné à tout le monde !

    On apprend ensuite que Kaci Abderrahmane -qui se nomme d’ailleurs Kaci Abderrahmane - a maîtrisé la guitare au bout d’un an ! Chapeau !

    Une telle rapidité d’acquisition des techniques musicale, devrait lui permettre aujourd’hui de maîtriser une trentaine d’instruments ! C’est pourquoi je reste sur ma faim d’apprendre seulement qu’il joue aussi "au banjo".
    Oui, mais lequel ? :

    - banjo-guitare ? (auquel cas il n’y aucun mérite supplémentaire)

    - banjo-mandoline ?

    - banjo ténor ?

    - banjo plectrum ?

    - banjo à 5 cordes ? et si oui : "openback "ou à résonnateur ? manche court ou long ? en "picking "ou en "clawhammer" ?
    Vous me direz qu’à part faire plaisir au joueur de banjo que suis moi-même, tout ce post n’a guère d’intérêt.
    L’article non plus....
    J’oubliais : il y a aussi le banjo-ukulélé.


  • jak2pad 5 août 2008 11:50

    je propose, vu l’état de la chanson française actuelle, que l’on inflige des amendes à :

    Raphaël
    Cali
    Jennifer
    Sanseverino
    Benabar

    et à tous les autres désolants que je ne connais pas

    et cela dès qu’ils ouvriront le bec pour se mettre à chanter


  • Rachid Yahou rachidyahou 5 août 2008 14:42

    Monsieur,
    Je ne comprend pas très bien votre intervention. Je n’ai jamais été raçiste envers les Kabyles car je suis moi-même...Kabyle. Je crois que ce message ne m’est toutefois pas destiné.
    Je me nomme RACHID YAHOU et suis journaliste...Berbère de Kabylie (Algérie)
    Reçevez mon respect.
    RACHID YAHOU


  • ahcene mariche ahcene mariche 24 octobre 2008 14:36

    Quel plaisir de retrouver les traces de ce grand chanteur avec sa voix roc et chaude et des textes très riches.
    Sincèrement kaci Abderahmane a bien bercé mon enfance et a su bien m’inspirer au point d’adorer l’art.
    Je connais parfaitement ses chansons : ssnitra, lhebs...taneqlets n belaajudh 
    je me rappelle comme si cela datait d’hier quand j’écoutais ses chansons à la radio chaine2 et tout le bonheur que j’ai eu c’est le jour où il a chanté chez moi lors du mariage d’un parent en août 1980.
    Ça voix retenti en ce moment dans mes tympans et quel bonheur que je ressens.
     j ai eu aussi la chance de le rencontrer à la maison de la culture d e tizi ouzou il y a quelques mois.
     C’est un grand artiste qui a vraiment laissé ses traces et resteront à jamais gravées dans nos mémoires. J’espère bien que vous vous mettiez sérieusement a votre carrière car notre culture a vraiment besoin d’artistes de talents comme vous
    je vous remercie infiniment monsieur Rachid YAHOU pour cet entretien très intéressent..

     

    Poétiquement Ahcene Mariche


  • Rachid Yahou Rachid Yahou 24 octobre 2008 22:26

    Azul felak à g’ma,
    Tout d’abord, je vous remercie en retour pour votre commentaire. Je vous signale que l’on s’est déjà rencontré et que je vous ai transmis mes salutations par l’intermédiaire d’une personne qui vous connait très bien et qui pourrait même être de votre village. Je voudrai rester en contact avec vous et vous promet de passer votre bonjour à Kaci Abderrahmane qui est mon voisin.
    Mes amitiés les plus sinçères
    RACHID YAHOU
    JOURNALISTE


    • ahcene mariche ahcene mariche 9 novembre 2008 19:03

      tanemirt a gma et quel plaisir. le monde est vraiment trop petit grâce a internet. voici mon e mail : [email protected]

      voici mon tel : 00 213 7 71 50 32 63/ 07 71 50 32 63

      poétiquement ahcene mariche a très bientôt


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