lundi 22 août 2011 - par CHALOT

L’Afrique et son combat !

« Seuls les morts sont tristes de ne pouvoir se relever »

Pendant des décennies ce Continent a été exploité et spolié par les colonialistes.

Aujourd'hui des « nations » connaissent la famine, la misère ou la guerre et parfois les trois réunis.

Des africains essayent de fuir la pauvreté afin d'atteindre un hypothétique Eldorado, d'autres, nombreux tentent de construire pour leur peuple un avenir plus serein.

Yasmina Khadra nous invite à un voyage dramatique et magnifique afin de nous faire découvrit ou mieux connaître ce Continent.

« L'équation africaine »

roman de Yasmina Khadra

Éditions Julliard

327 pages

août 2011

19 €

 

 Un hymne splendide et émouvant

Chaque œuvre de cet auteur est un événement littéraire. Celui ci s'inscrit dans la lignée des précédents et notamment de « l'Olympe des infortunes »....

Le lecteur est invité à découvrir un Continent, tel qu'il est et à rencontrer ses différents acteurs dans leurs diversités.

C'est à la fois un tableau de maître, un roman d'aventures et une œuvre de réflexion.

On se croirait dans un film 3D particulièrement soigné : les descriptions superbes des paysages sont telles qu'il suffit de fermer les yeux pour prendre possession du cadre et le « spectateur » est capté par l'histoire et la magnificence.

Mais que va faire le médecin généraliste Kurt dans cette Afrique lointaine ?

Tout sourit à cet homme : une maison confortable, une résidence secondaire, une vie réglée et surtout une femme aimée et aimante.

Un jour tout bascule et un drame familial l'accable. Il décide d'abandonner son existence luxueuse pour partir avec son ami Hans en voilier aux Comores.

Le voyage de l'oubli se transforme très vite en cauchemar, le voilier est arraisonné par des pirates africains et les deux amis sont traînés de force et sans ménagement par leurs ravisseurs .

De la Somalie au Soudan, le voyage est long et pénible : les coups et les humiliations subies donnent à Kurt une image partielle et partiale de l'Afrique.

Qui lui donne le droit de prendre ces africains pour des sauvages. La réplique d'un de ses gardiens est sans appel :

« ...La guerre ? Les vôtres sont pires que les cataclysmes. La misère ? C'est à vous que nous la devons. L'ignorance ? Qui te fait croire que tu es plus cultivé que moi ? »

C'est tout le drame et la réalité d'un continent livré à la violence des prédateurs occidentaux et africains et aux tyrans qui sont résumés ainsi....

Ce sont parfois des hommes simples, tranquilles et très cultivés qui se trouvent victimes d'une attaque génocidaire et qui à leur tout peuvent devenir des aventuriers sans foi ni loi...

L'Afrique est une terre de constates où se côtoient le pire et le meilleur, le premier étant le fruit des politiques colonialistes et locales .

L'enfer sur terre n'existe pas, il n'y a que « des démons et ils ne sont pas invincibles » …

Kurt arrivera t-il à comprendre et à se débarrasser de sa répulsion, née d'une détention pénible ?

Va t-il saisir et comprendre la force de ces africains qui, spoliés, pauvres, désarmés, soumis aux violences ne cèdent « pas une miette de leur lamentable existence » !?

Ce livre est comme un bijou incandescent qui brillerait de mille feux....

 

Jean-François Chalot



5 réactions


  • dan29000 22 août 2011 10:49

    Je n’en suis pour le moment qu’à la moitié de ce roman, mais je puis déjà dire que cet article est un parfait reflet de ma lecture,encore un très grand roman de Khadra, du niveau de « L’attentat », avec un style et surtout un éclairage politique et humain donnant à voir un peu mieux ceux que le monde a oublié depuis longtemps. J’aurais le plaisir à mon tour en septembre de faire un « papier » pour la rubrique lecture de mon site : danactu-resistance, site d’actus politico-culturelles.


  • eric 22 août 2011 22:25

    Rien à voir avec l’article mais je viens de croiser une responsable de l’UDAF des bouches du Rhône qui me racontait comment une grande association familiale laïque a été exclue parce qu’elle déclarait 3000 adhérents dont la plus part étaient bidons. On inscrivait sans les prévenir des familles d’autres associations amies ; Les subventions et la représentativité étant dépendant des adhérent déclarés, il y avait effectivement un grave manquement aux règles civiles civiques citoyennes et légales et d’une certaine manière un détournement d’argent public. Etant vous même un responsable national d’une grande association familiale laïque, votre opinion sur ce grave manquement m’intéresserait. Est ce une pratique généralisée ? Ou alors façon Martine Aubry, pensez vous que c’est l’exotisme marseillais façon Guerini ?


  • CHALOT CHALOT 23 août 2011 10:23

    C’est une pratique que je dénonce et que je n’ai jamais pratiqué

    Mais pour les Bouches du Rhône ce n’est pas exact : deux UDAF le Var et les Bouches du Rhône ont refusé d’agréer ûne association familiale laïque pour des raisons idéologiques et non liées à des inscriptions bidon et d’ailleurs l’UNAF a débouté ces deux UDAF qui d’ailleurs n’appliquent pas la décision nationale


  • lebedsanso 27 août 2011 11:21
    On se demande qui écrit vraiment ses livres et ce qu’ils foutent chez Julliard. Ont-ils des correcteurs ? Disons que je suis resté sur ma faim, pour ne pas dire plus...

    D’une part parce que l’auteur visiblement n’a pas relu ou fait relire son roman. Ainsi il parle des palettes de l’hélicoptère, sans doute conviendraient elles mieux à un marchand de fruits ou d’armes. Pour ce qui est du bateau, c’est pareil, 15 jours de vent en poupe. On dit essentiellement de vent arrière, et je pense qu’aucun marin au monde n’ a pu bénéficier de cela. C’est aussi le fait qu’il n’y ait jamais de quart sur un voilier alors qu’ils ne sont que 2 avec un cuisinier, dont l’auteur, qui n’y connaît rien ni en voile ni en navigation.

    On n’est pas aux commandes d’un voilier, on est à la barre. Je ne connais aucun cordage, il y a des bouts, des drisses, des écoutes. La seule corde est celle de la cloche, ou celle qui sert à attacher la vache. Donc on ne peut se tenir à aucun cordage qui tiendrait le foc, éventuellement à son étai. Enfin quand un bateau chavire c’ est définitif, à moins qu’ il ne fasse un tour sur lui même, c’est donc très différent du roulis qui est effectivement détestable. 

    Les dialogues avec les pirates sont pour le moins hallucinants, car on peut se demander comment des pirates de la corne de l’ Afrique puissent connaître l’allemand. Et avoir une langue aussi évoluée. Il n’y a que Khadra pour faire croire à ses lecteurs ce genre de « trucs. »

    C’est tout cela qui m’amène à avoir quand même beaucoup de réticences, car je trouve que l’ auteur avec tous ces manques ne respecte pas vraiment le lecteur.

    Je me suis pincé pour arriver jusqu’à la fin (une fin banale et sans intérêt, fût-il littéraire...)


    • Liline 27 août 2011 12:38

      Bonjour,

      Je viens aussi de lire le livre. Apparemment, l’auteur ne connaît pas grand chose sur le fonctionnement des bateaux. Moi, qui n’y connais rien non plus, je n’ai pas été choquée, mais il faut être clair, la plupart des romans, comportent des erreurs de ce genre. Je suis par contre très attentive aux erreurs historiques ou géographiques, puisque j’ai plus de connaissances dans ce domaine. Une belle erreur que j’ai relevé, c’est sur le « prix Sanghor » qui aurait récompensé le livre Blackmoon de ce poête Soudanais ou Somalien, mais en tout cas pas francophone. En effet, ce prix récompense des romans francophones. Je le pardonne volontiers aux auteurs pour peu que leur roman soit intéressant par ailleurs, car en lisant un roman, je n’ai pas les mêmes exigences que pour un documentaire. Le but d’un roman est de nous raconter une histoire, et pourquoi pas de nous ouvrir de nouveaux horizons qui nous encourageront éventuellement s à aller plus loin, comme par exemple à consulter un ouvrage sur le la situation dans la corne d’Afrique, sur les pirates de la Mer Rouge, voire sur les voiliers. Quant à la question de la langue, je me la suis posée aussi, et j’ai eu la même interrogation. Ceci dit, nul part il n’est précisé que les dialogues se font en allemand... pas plus qu’en anglais d’ailleurs. Il y a des moment (plutôt rares) où les pirates emploient des dialectes locaux et où les otages ne peuvent rien comprendre. Je pense qu’en fait l’auteur a voulu éviter d’instaurer des barrières de la langue, qui auraient limité les échanges qu’il souhaitaient mettre en scène dans son roman entre les personnages. Pour parler de la langue « aussi évoluée » des pirates, ce n’est pas le cas pour tous, mais pour certains, notamment, Joma, cet poête, devenu haineux, à la suite de la mort de sa femme dans un attentat.
      Enfin, la fin est effectivement assez banale, mais au moins à t-elle été une petite touche de rose dans un roman aussi sombre. Bref, je peux dire que j’ai bien aimé ce roman, qui m’a tenu en haleine du début à la fin.


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