samedi 22 décembre 2012 - par camus

L’odyssée de Pi en 3D du formosan Ang Li

Ce film est un événement. Parce qu’il est en rupture avec tout ce qui se fait habituellement et actuellement. Plus encore que le grandiose et ambitieux « Avatar » de James Cameron qui recyclait en apothéose tous les mythes graphiques de la fin du Vingtième siècle… du western à la bande dessinée française et belge des trente dernières décennies. Nous reviendrons longuement la semaine prochaine sur un film à inscrire parmi les dix œuvres marquantes de ce début de XXIe siècle, celles qui donnent au cinéma une dimension accrue, l’œuvre cinématographique prenant figure d’opéra en créant ou en recréant un imaginaire collectif à échelle planétaire. Trois mots pour dire que « Le voyage de Pi » n’est pas vraiment un film pour enfant, enfin pas pour les petits. Personnellement nous le déconseillerions avant dix ans parce que c’est un film qui “fait peur“… peur par le réalisme effrayant de la tempête, la présence massive des éléments déchaînés - du jamais vu – et par le contenu même du film, un contenu métaphysique quelque peu dérangeant : l’histoire de Pi est une histoire double, une histoire dans l’histoire qui n’est pas sans faire écho à « Rashômon ou La porte des démons » d’Akira Kurosawa : quelle est l’histoire réelle ? L’histoire “vraie“ ?

Reste que tous préfèrent l’histoire merveilleuse, plutôt que le sinistre et terrifiant prosaïsme incarné ici par l’abominable “hyène“ qu’incarne le truculent Depardieu. Au demeurant, les contes pour enfants, peuplés d’ogres et de sorcières sont des paraboles de la réalité la plus crue, celle de l’épouvante quotidienne parsemant la rubrique des faits divers. En cela « l’Odyssée de Pi », opéra visuel en 3 D est bien un conte pour (grands) enfants, ceux d’un siècle de toutes les horreurs et de toutes les violences notamment lorsqu'elles s’invitent dans les établissements scolaires, celui de Sandy Hook à Newton par exemple… À mille lieux des fronts de guerre et des petits corps mutilés au sein de ces brasiers qu’allument ici et là de cyniques incendiaires. Ceux qui dirigent en sous main un monde où vivent et meurent d’infortunés innocents, en paiement ou en punition des crimes inouïs à jamais ignorés. À ce titre et à d’autres, le Voyage de Pi, est celui d’une rencontre avec Dieu sur l’immensité cosmique de l’Océan… le propos est explicite et en cela ce film, porteur de vie et d’Espérance, de réconciliation de l’homme avec la nature et avec lui-même, avec sa propre nature, constitue une sorte de petit miracle en ces temps de déshérence… mais aussi à quelques jours de la fête de la Nativité.

 



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