vendredi 2 juillet 2010 - par Gérard Gorsse

La chanson d’expression et de conviction muselée !

La censure actuelle ne dit pas son nom

La chanson française se porte bien, j’en prends pour preuve la pépinière des jeunes chanteurs Auteur-Compositeur-Interprètes dont je découvre régulièrement le talent et que je présente sur mon site. C’est le système de distribution qui est malade, n’ayant pour unique objectif que le profit lié à l’audimat, ce qui n’est pas un gage de qualité dans notre société d’économie libérale.

Pour plus de précisions, le mot "Rebelle", étymologiquement, se dit des choses qui n’obéissent pas, ne se laissent pas manier.

Une citation de Jean Louis Foulquier qui illustre bien mon propos :

"Le Festival d’été de Québec m’a donné l’idée, j’ai compris que la chanson francophone était un acte militant : si on ne relève pas la tête, quitte à passer pour un ringard, on meurt", Jean Louis Foulquier, Francofolies de la Rochelle 2009
Alors je présente sur ce site des chanteurs d’expression et de conviction que les médias boudent car ils ne sont pas rentables financièrement et j’affirme que la chanson n’est pas un art mineur.

Voilà déjà plus de quarante ans que je promène ma guitare et ma voix pour chanter Brel, Ferré, Brassens, Ferrat, Caussimon, Béranger, Allwright, Bruant, Leclerc, Moustaki, Perret, Vian et tant d’autres, sur des scènes ou dans la rue, avec bien sûr mes propres chansons. Cela m’a valu ce surnom de "Colporteur de chansons françaises".

En amateur passionné, je continue pour que la chanson, la vraie, pas celle que l’on fabrique et que l’on vend comme n’importe quel produit de consommation, non l’autre coup de cœur ou coup de gueule, avec son texte teinté de poésie et sa musique, tous deux faisant l’amour, pour mieux vous saisir au cœur ou aux tripes. C’est plus de 170 chanteurs qui sont présents sur le site, arrivés là par cet aspect libertaire qui m’anime.

La chanson est un moyen d’expression, qu’on se le dise !!! et non un produit de consommation, n’en déplaise à ceux qui la vendent. La chanson est un art à part entière vous entendez !!! Vous qui la sous-traitez comme une chose mineure toute juste bonne à galvaniser les foules manipulées par les médias.

Raymond Devos disait que "Les rengaines commencent par vous entrer par les oreilles et finissent par vous sortir par les yeux", c’est mon cas. Julos Beaucarne a écrit "Pourquoi appelle-t-on les chansons à succès des tubes ? Parce qu’ils sont creux". J’ai donc décidé de passer de la clandestinité à la résistance, du silence à la rébellion, pour faire partager ma passion pour cette chanson française que beaucoup considèrent comme ringarde parce qu’elle a des choses à dire et qu’elle se vend mal. Mais y a t’il encore de la place pour les créateurs dans notre société ?

La libération des radios nous avait fait espérer que les chansons de l’ombre prendraient un peu le pas sur les chansons "tirelire". Ce n’était qu’un rêve, la majorité n’ont été qu’une pâle copie de leurs grandes sœurs commerciales. A noter dans les exceptions une radio locale "Radio Canut" qui émet sur 102.2 Mhz dans la région de Lyon et l’émission "Bistanclaque" animée par Jean Pierre Guinard où la chanson française y est défendue. Il faut donc que nous redoublions de courage pour porter la chanson dans la rue ou bien ailleurs comme disait Léo Ferré, dans tous les lieux, par tous les temps. Jean Baptiste Poquelin dit Molière avait déjà eu cette idée avec sa troupe itinérante.

Alors que nous reste-t-il ? Brassens censuré dans son temps, Vian de même, Ferré aussi, Le Forestier dérangeant, Béranger écarté, Aragon catalogué, Brel oublié. Pourtant leurs textes mériteraient de figurer dans les manuels scolaires pour la qualité de leur écriture et comme témoignages de leur temps. Mais les médias ont mieux à faire : faire fructifier leur usine à gaz qui font de l’audimat. Je fais donc de la résistance, heureux et debout dans mes bottes.

Mais voilà, ces textes dérangent, comme "L’affiche rouge" d’Aragon ou "Le déserteur" de Vian, "Lily" ou "La bête immonde" de Perret. D’ailleurs les médias ne diffusent plus ou presque plus ces auteurs, c’est pour cela que je prends mon bâton de pèlerin pour colporter, en courageux et modeste saltimbanque, tous ces petits trésors tombés trop facilement dans les oubliettes pour des questions de gros sous.

Verrons-nous un jour des chanteurs cotés en bourse ? Nous n’en sommes pas loin.

Michel Valette* m’a confié que ce n’était pas la chanson française qui était malade, mais bien le système de distribution. J’en prends pour preuve la pépinière de jeunes chanteurs présents sur le site.

Enfin j’exprime ma colère face à certaines revues spécialisées, à certains journalistes et à certains festivals qui donnent de plus en plus dans le consensuel, il faut remplir les salles, rentabiliser, participant ainsi au grand autodafé des créations d’auteurs-compositeurs qui ne sont pas rentables médiatiquement, mais qui sont pourtant dignes d’intérêt de par la qualité de leurs chansons.
 
* Michelle Valette est le créateur du cabaret "La Colombe", un temps gestionnaire du théâtre Mouftard, initiateur de l’association "Chant’Essonne,il vient de sortir un livre sur son ami "Jean Ferrat tout simplement"

Gérard Gorsse
 


14 réactions


  • Catherine Segurane Catherine Segurane 2 juillet 2010 10:22

    Cet article correspond à des questions que je me suis souvent posée.

    Je suis d’une génération où l’on entendait partout Brel, Brassens, Edith Piaf, et où l’on trouvait normal de vivre dans une ambiance musicale saturée de talent et même de génie.

    Puis, tout à coup, plus rien ... uniquement des nullités parmi les nouveautés.

    Cela en devenait mystérieux ; on se demandait par quel miracle l’époque était devenue incapable de produire de bonnes chansons et de bons chanteurs.

    En réalité, ils étaient tout simplement étouffés.

    Cela s’arrange maintenant grâce à Youtube. Ces bons chanteurs peuvent mettre leur musique directement en ligne, et ils ne s’en privent pas.

    Personnellement, je suis une fan des soirées musique sur Youtube.

    Bien sur, le son est casserolesque, mais je m’en fous ; au moins, on peut trouver de belles chansons et des chanteurs qui savent chanter.


  • Thomas Roussot Thomas Roussot 2 juillet 2010 11:44

    Je me gausse.


  • Gérard Gorsse Gérard Gorsse 2 juillet 2010 12:49

    Bonjour,
    Hormis le fait que vous vous gaussiez, pourriez-vous être plus précis afin d’expliquer votre pensée, le sujet est quand même suffisamment important pour que le traitions avec sérieux.
    Salut et fraternité
    Gérard Gorsse 


    • Thomas Roussot Thomas Roussot 2 juillet 2010 13:58

      Et bien je suis allé consulter votre site, et je constate que la plupart des artistes engagés dont vous parlez sont morts ou moribonds. Quant à ceux bien vivants, permettez-moi de chercher où est leur rebellion. Même christine Boutin pourrait les fredonner sans plus de difficultés.
      J’ignore pourquoi votre message est replié, il n’a rien d’insultant.


    • Gérard Gorsse Gérard Gorsse 2 juillet 2010 14:43

      Bonjour,
      On ne peut rien contre la mauvaise foi, et c’est pour cela que ce que vous appelez les moribonds, où ceux qui à vos yeux ne sont pas rebelles, ne peuvent que mépriser les personnes qui utilisent les forums comme faire-valoir, ou qui vivent par procuration.
      Il m’étonnerait que vous ayez visité les 175 pages de chanteurs, les dossiers, les coups de gueule etc, et que vos critiques non fondées sont bien minces faces au 300 et quelques mille visites du site.
      Monsieur, trouvez un forum polémique, car vous avez l’air de vous y trouver bien, et laisser écrire ceux qui ont des choses intéressantes à faire partager.
      Gérard Gorsse


    • Thomas Roussot Thomas Roussot 2 juillet 2010 16:29

      Y a t-il un seul de ces artistes « rebelles » vivants qui a rencontré par exemple un procès pour ses paroles ou sa musique, non parce qu’à priori, s’ils sont rebelles, ils le sont envers notre société n’est-ce pas ? Ont-ils été l’objet d’interdiction de spectacles, bref, ont-ils véhiculé une quelconque opposition qui dérange qui que ce soit. Merci de vos précisions.


    • Gérard Gorsse Gérard Gorsse 2 juillet 2010 17:00

      Bonjour,
      je vous conseille vivement de visiter mon site, il y a des réponses aux questions que vous posez, vos remarques, non seulement sont faites pour essayer de tourner en dérision mon texte, mais vraisemblablement vous n’avez pas lu mes articles, et celui sur la censure d’Eric Mie au milieu d’une chanson, et celle plus pernicieuse de la non-programmation de certains chanteurs sont pourtant édifiantes.
      Gérard Gorsse


  • Neosysteme Neosysteme 2 juillet 2010 13:01

    @ l’auteur : Je connaissais déjà ton site : « chanson rebelle » qui est de qualité.

    Tu fais un travail formidable, je tenais à le souligner.

    Malheureusement, ta colère n’est pas prête de disparaitre ; dans cette société au capitalisme débridé, où tout est business, la musique n’est qu’un support (tout comme le foot et le reste).

    Et puis, les gouvernements n’ont jamais aimé les auteurs engagés qui poussent à faire cogiter la populace.

    Le peuple est là pour bosser, pas pour se mettre à penser.

    L’avenir de la chanson rebelle est aussi noir que son drapeau...

    Bon courage pour la suite et merci d’exister !


  • norbert gabriel norbert gabriel 2 juillet 2010 15:16

    « La poésie n’est pas que belle, elle est rebelle » (Julos Beaucarne)

    et la chanson est une fille des rues, une insoumise qui a du mal à se caser dans les codes-barres bien calibrés des médias.

    Quand on voit ce qui se passe à France Inter, où il n’y a plus que des émissions en conserve, à part Le pont des artistes et Sous les étoiles, ça change des années Pollen un vrai magazine de chanson.. et pourtant c’est un art populaire majeur.
    je me demande sur quelle antenne pourraient passer aujourd’hui les Higelin, Fontaine, Font et Val (avant...) mais il reste la scène... heureusement.


    • Gérard Gorsse Gérard Gorsse 2 juillet 2010 17:09

      Salut,
      Oui la purge et la grande lessive ont commencé sur France-Inter, mais hélas les scènes deviennent de plus en plus hermétiques.
      Lors du dernier festival « Paroles et Musiques » de Saint Etienne, dont le parrain a été Léo Ferré lors de la première édition, il y a 19 ans, Diam’s a été programmé au Zenith, il faut amortir la salle, et parmi les chanteurs en émergence (dans une plus petite salle) nous avons pu écouter Agnès Bihl et Sarclo. Ceux-ci chantent pour l’une depuis 15 ans et pour l’autre depuis 35 ans. Etonnant non !!!!
      J’interpelle le ministre de la culture depuis un an pour envisager une autre politique culturelle.
      Salut et fraternité
      Gérard


  • 1984 2 juillet 2010 15:18

    Salut Gérard article salutaire !

    Au passage une chanteuse que tu n’entendra pas non plus à la radio, même si le style ne te plaira certainement pas, les paroles valent le détour. Moi perso je suis fan même si j’adore aussi Ferré et Brel.

    http://vimeo.com/channels/miracle

    http://www.marijane-miracle.com/


    • Gérard Gorsse Gérard Gorsse 2 juillet 2010 17:02

      Salut,
      Effectivement les paroles sont excellentes, mais l’environnement musicale est hélas trop tapageur pour facilité l’écoute des paroles.
      Salut et fraternité
      Gérard


  • olivier cabanel olivier cabanel 2 juillet 2010 20:05

    merci Gérard pour ce bel article
    la chanson de création a encore de beaux jours devant elle, quoiqu’en disent les amateurs de vide.
    amicalement


    • Gérard Gorsse Gérard Gorsse 4 juillet 2010 15:58

      Salut Olivier,
      Je me doutais bien que cet article t’interesserait.

      Bien sûr que la chanson de création a de beaux jours devant elle, hélas, le système de distribution est de plus en plus ancré dans la société d’économie libérale comme on l’appelle pudiquement, bref le capitalisme.
      Depuis bientôt 9 ans je ne cesse de découvir de nouveaux chanteurs, et pas des vieux cons comme certains l’affirment.
      Salut fraternel
      Gérard


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