jeudi 8 mars 2018 - par Theothea.com

« La Femme rompue » Monologue Josiane Balasko - Nuit noire pour nuit blanche à L’Hébertot

Quand le rideau s'ouvre, elle est allongée dans un pyjama noir informe sur un étroit canapé orange pour tout décor, comme isolée du reste du monde, restant bien ainsi immobilisée deux longues minutes, telle une respiration silencieuse nécessaire dans le calme inquiétant d'avant la tempête.

 

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LA FEMME ROMPUE Monologue
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Car cette femme va bientôt déverser un torrent de bile en cette soirée de réveillon où elle cherche à s'endormir pour oublier son immense solitude alors qu'autour d'elle les fêtards font un bruit assourdissant que le public n'entend pas.

Seul le soliloque de Murielle nous en informe car les uniques éclats qui nous parviennent sont ceux qu'elle débite sous la pression, fardeau trop lourd, de ses tourments intérieurs qu'elle ne parvient plus à maîtriser et qui l’assaillent, l’empêchant de trouver le repos salvateur.

 

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LA FEMME ROMPUE Monologue
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Ne pouvant fermer l'oeil, elle va tourner, se retourner sur ce lit, ruminant des pensées noires, des mauvais souvenirs. Elle s’agite, se redresse, s’énerve, se repositionne sur le dos telle une analysée sur le divan, tombant le masque, ouvrant les portes cadenassées de son inconscient, nous livrant ses douleurs et ses échecs, s’étonnant de n’être pas aimée, alors qu’elle déteste la terre entière.

Elle s'en prend à ses proches : à sa mère qui n’a pas su l’aimer, à son père parti trop tôt, à son frère, à ses maris qui l’ont « jetée comme une vieille chaussette », à son fils dont on lui a soustrait la garde. Le cancer de la culpabilité remonte à la surface et la ronge : elle n’a pas su empêcher la mort de sa fille qui s'est suicidée.

 

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LA FEMME ROMPUE Monologue
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Pleine de rancoeur, excédée, elle va vitupérer contre un monde indifférent à ses problèmes. Elle dégaine sa colère, crachant son mal de vivre, pestant des flots d’insanités « Je m’en branle de l’humanité », bloc de ressentiment contre les « salauds » elle conspue, insulte, accuse.

« La femme rompue » : Simone de Beauvoir a donné un titre très juste à un recueil de trois nouvelles écrites en 1967 qui parlent de femmes en pleine crise existentielle et en proie aux désillusions affectives dont ce Monologue écrit comme une sorte d'auto-analyse féroce dans une langue drue, rude, qui ne fait pas "dans la dentelle", ne manquant pas de surprendre et bien loin de la « jeune fille rangée ».

 

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LA FEMME ROMPUE Monologue
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Dans un réalisme cru et quelque peu outrancier, Murielle, en rébellion contre elle-même et en guerre contre une société machiste qui met au ban les épouses délaissées, ne cesse de se trouver des excuses et rejette la responsabilité sur l'ingratitude des hommes.

Après les Bouffes du Nord en 2016, cet âpre monologue, mis en scène par Hélène Fillières, est repris au théâtre Hébertot. Josiane Balasko le vocifère de son lit pendant une heure et c'est là que le bât blesse, lorsque, allongée, elle s’adresse au plafond ou pire lorsqu’elle se retourne, dos au public, la salle perd des répliques complètes. Dommage pour cette litanie implacable et sans concession.

 

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LA FEMME ROMPUE Monologue
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Josiane Balasko défend son personnage avec un courage et une vérité qui forcent le respect. Elle l’interprète avec une morgue insolente, sans fioriture, refuse d’émouvoir et d'apitoyer mais le parti-pris scénique d’Hélène Fillières froid, radical et systématique, tempère beaucoup trop la rage qui consume intérieurement Murielle et canalise en une déclamation quasi monocorde cette colère et cette violence quand la lave aurait dû jaillir du volcan en éruption.

Enfin, Josiane Balasko quitte son sofa tel un radeau de sauvetage sur lequel elle s'agrippait fébrilement et se lève pour les saluts ! Certes, la comédienne fut audacieuse, mais il manque à ce spectacle le vibrato bouleversant des fêlures d'une femme "rompue".

  
photos 1 à 5 DR.
photo 6 © Theothea.com
  
MONOLOGUE - **.. Cat’s / Theothea.com - d'après "La Femme rompue" de Simone de Beauvoir - mise en scène Hélène Fillières - avec Josiane Balasko - Théâtre Hébertot 

 

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LA FEMME ROMPUE Monologue
© Theothea.com

   



2 réactions


  • antiireac 8 mars 2018 13:29

    C’est dommage que l’auteur débite autant des conneries pour arriver à la conclusion que les hommes sont machistes..

    Le féminisme misandre. quand tu nous tiens....

  • Montdragon Montdragon 8 mars 2018 17:06

    Dans une interview récente Balasko rejetait le malheur sur son personnage de mère possessive qui a fait fuir son mari après le suicide de la fille unique.
    Chaud le Castor.


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