mardi 21 août 2012 - par mohcin Bammou

La Littérature et l’Histoire

Le vingtième siècle est l’un des plus macabres, voire sanguinaires de toute l’histoire humaine, les morts et les victimes s’y comptent par millions. Jamais l’espèce humaine n’a connu de telles affres, avec des événements si calamiteux, à l’instar de la Première puis la Deuxième Guerre mondiale, et la dissémination programmée des populations, sous le justificateur de la légitime défense, le dommage collatéral, et le tribut de sang.

D’un autre côté, les hécatombes et les carnages sont aussi monnaie courante durant ce siècle, le génocide des Arméniens en 1915, la déportation et la concentration des juifs de l’Europe, les multiples tueries perpétrées par les Israéliens à l’encontre des Palestiniens. Les massacres de Sabra et Chatila en 1982, le génocide des Tutsi au Rwanda en 1990, etc. Ils sont dorénavant des faits ineffables de l’histoire contemporaine. Or, pourquoi faut-il évoquer cette période honteuse ?

En fait, la réponse est que l’histoire continue toujours de se réitérer, tant que le comportement et la bêtise humaine ne changent pas, tant que les facteurs gisant derrière la barbarie et la cruauté humaine ne sont pas mis en relief, les massacres et les camps de concentration seront de mise ad vitam æternam, voire concomitants à l’existence des hommes sur terre, Tzvetan Todorov soutient à ce propos : « parce que les passions et les conduites humaines ne changent pas brutalement et que donc, même si les institutions et la technologie se transforment, l’histoire se répète ».( Tzvetan Todorov, La Signature humaine, Paris, Seuil, 2009, p. 246).Nonobstant, quel rapport la littérature entretient-elle avec cette période de l’histoire ? Et quel rôle lui est-il conféré pour dénoncer la barbarie ?

La littérature est un élément de la superstructure, un miroir qui reflète l’affrontement opposant plusieurs strates sociales. Pour Georg Lukács toute œuvre littéraire est une entité dont la vocation est de donner forme aux différentes apories du monde historique, du monde « réel ». Ainsi, cette thèse engendre un critère d'évaluation esthétique : les œuvres les plus accomplies au sens strict du terme sont des œuvres « réalistes », sont celles qui incarnent cette fonction à l’idéal. Les romans qui ont marqué la sphère littéraire impliquent des personnages « typiques », à la fois incarnent des individualités et expriment la genèse inhérente à l'histoire. En ce sens, la littérature devient le porte-parole de ceux dont la voix est inaudible et donne ainsi lieu à des récits d’une beauté inouïe, relatant les navrements de l’âme humaine à cette époque sombre. C’est le cas en effet de Primo Levi et son autobiographie testimoniale : Si c’est un homme.



8 réactions


  • eric 21 août 2012 09:26

    ? ????????????????


    • mohcin 21 août 2012 15:35

      Je vois que tu te poses une pléthore de points d’interrogation. Félicitation et bienvenu au club des êtres pensants. Bien à vous.


    • mohcin 22 août 2012 00:16

      Bonsoir, mais le boom démographique ne légitime guère le massacrer d’innocents, et l’usurpation de leurs terres, comme c’est le cas en Palestine. Concernant la deuxième remarque, vous avez raison ; mais j’ai préféré évoquer l’Histoire plutôt que la nature humaine puisqu’il y a un rapport de métonymie entre les deux. De même, le concept d’Histoire autorise une nitescence viscérale de la nature humaine à différents stades de son existence. Bien à vous.


    • mohcin 23 août 2012 00:02

      Pour nous musulmans, la cause palestinienne n’est pas universelle, mais religieuse, et revendiquer le territoire palestinien en tant que tel, ne nous incommode pas. Bien à vous. 


    • mohcin 21 août 2012 23:54

      Bonsoir, dans mon article j’ai soutenu que « les victimes s’y comptent par million », ce n’est point un argument captieux, ni un gage de mauvaise conscience. L’expression « Million de morts » communique une charge sémantique plus forte. Il s’agit commodément de rendre à César ce qui est à César, et admettre sans se cacher la face que des « millions de morts » sont le corollaire de la tyrannie du vouloir. En outre, cette locution est loin d’être pléonastique. Cordialement. 

       


  • Djinnzz Djinnzz 22 août 2012 20:29
    Très bon article, j’ai du mal à comprendre l’accueil si agressif dans les commentaires et dans les votes...

    « la réponse est que l’histoire continue toujours de se réitérer, tant que le comportement et la bêtise humaine ne changent pas » : c’est un des points que je m’évertue à démontrer sur mon site... Quand on décortique l’histoire, cette affirmation est irréfutable ! ;)

  • mohcin 22 août 2012 23:51

    Bonsoir DJINNZ, merci pour l’intérêt porté à cet article et l’appréciation.

    En fait, une dissection idoine de  l’Histoire permet la « nitescence » des évènements qui cahotent actuellement notre monde, comme le printemps arabe, les guerres, les conflits…

    Concernant la réception défavorable émanant de quelques lecteurs, ils sont tenus parallèlement d’étayer leurs propos sur des arguments tangibles. Cordialement.


  • skarsnik05 9 octobre 2012 19:07

    Tout d’abord bonjour,

    je m’excuse par avance pour mon style peut être un peu trop scolaire ( étant actuellement en première année de classe préparatoire en physique/chimie, la français n’étant donc pas encore bien mon fort ) mais j’ai trouvé ton article d’un réalisme étonnant avec le rapprochement fidèle de la littérature et de l’histoire ( étudiant le thème de la Parole cette année je retrouve parfaitement mes cours dans ton article ) mais si je peux me permettre je voudrais savoir si selon toi il est possible que l’histoire se réitére encore plus violament au cours de notre siècle que précédemment ? Je m’explique on voit bien qu’au file des siècles les violences ont augmenté en intensité donc je me pose si cela va continuer encore ou si à un moment les violence seront telles qu’il faudra les stopper complétement ?

    Encore merci pour ton article qui fut très instructif

     


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