mardi 8 août 2023 - par Franck ABED

La Théologie de Joseph de Maistre - Entretien avec Marc Froidefont par Franck Abed

Marc Froidefond a écrit un très bon livre, intitulé La Théologie de Joseph de Maistre. Dans son étude passionnante, il analyse et explique, en très bon pédagogue, les idées développées par le penseur savoisien.

Franck Abed, philosophe et historien, se définit depuis presque toujours comme maistrien. Après avoir lu cet ouvrage très instructif et extrêmement pertinent, selon ses propres mots, il a soumis à Marc Froidefond une série de questions.

Nous publions, en exclusivité pour Le Contemporain, cet échange intellectuel de très haute volée.

Franck Abed : Bonjour Monsieur. Merci d’accepter de répondre à nos questions. Avant d’entrer dans le vif du sujet, merci de vous présenter pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas encore ou qui croient vous connaître.

Marc Froidefond : Je suis agrégé de philosophie et docteur en littérature et poétique. J'ai écrit une thèse à propos de Joseph de Maistre, laquelle a été rééditée en format de poche en mai dernier (Théologie de Joseph de Maistre, éditions Garnier, collection Classiques Jaunes). J'ai également rédigé, pour un plus large public, un petit livre intitulé Joseph de Maistre, la nation contre les droits de l'homme (éditions La Nouvelle Librairie).

FA : Pourriez-vous présenter dans les grandes lignes Joseph de Maistre et son oeuvre ?

MF : Joseph de Maistre est né en 1753 à Chambéry, dans le Duché de Savoie lequel dépendait alors du Royaume du Piémont-Sardaigne, dont la capitale était Turin. Noble, marié et père de famille, magistrat consciencieux, Maistre eût pu vivre paisiblement à Chambéry, mais la Révolution française vint bouleverser son existence. En septembre 1792, les troupes révolutionnaires françaises envahirent le Duché de Savoie. Maistre, contrairement à d'autres nobles qui s'accommodèrent du régime républicain, fit le choix courageux d'émigrer, et, après quelques péripéties dangereuses, se fixa en Suisse. Là il vécut plusieurs années modestement, tout en organisant, depuis Lausanne, une propagande royaliste à destination des Savoyards, afin de les mettre en garde contre le régime républicain, tout en espérant une reprise militaire de la Savoie par le royaume du Piémont. Maistre fut aussi chargé par son gouvernement de veiller aux intérêts des quelques compatriotes qui comme lui, avaient émigré. Fonction relativement modeste que l'on pourrait comparer aux rôles d'aujourd'hui d'un consul et d'un agent de renseignement. Les succès militaires de Bonaparte en Italie du nord mirent à mal les espoirs de Maistre d'avoir un emploi à Turin. Les vicissitudes de la guerre fit qu'il erra un temps, sans ressources, du Val d'Aoste à Venise. En septembre 1799, il fut choisi pour être Régent (c'est-à-dire magistrat) de l'île de Sardaigne. Ce nouvel emploi n'était ni de tout repos ni sans embûches, mais en octobre 1802, Maistre eut la surprise d'apprendre qu'il allait être envoyé comme ambassadeur du Roi de Sardaigne à Saint-Pétersbourg. Maistre écrivit dans son journal : « [...] grande et inattendue nouveauté, qui, suivant les apparences, m'ôte pour toujours à la Magistrature, et doit absolument changer mon sort ».

Maistre resta en Russie jusqu'en 1817. Sa fonction d'ambassadeur était en principe modeste, car il représentait un roi, le Roi de Sardaigne, sans grande importance politique ou militaire puisque ce roi avait perdu ses états de terre ferme, à savoir le Piémont. Maistre néanmoins, grâce à ses talents d'homme du monde, sut se faire accepter des salons aristocratiques et fréquenta nombre de gens importants, proches du Tsar. Il eut même la confiance de ce dernier et fut un temps son conseiller officieux. Maistre ayant une propension au prosélytisme, et amenant certaines personnes à se convertir au catholicisme, cela déplut au Tsar, lequel demanda à regret son rappel. Maistre s'installa alors à Turin. Il mourut déçu, car en dépit du retour du Roi en France, il constatait que les principes révolutionnaires, provisoirement vaincus, continuaient cependant à se propager non seulement en France, mais dans toute l'Europe. Il mourut à Turin en 1821.

FA : Est-il juste sur le plan intellectuel et philosophique d’établir une filiation entre la pensée de saint Augustin et celle de Maistre ?

MF : Votre question est des plus pertinentes car la pensée de Maistre, en de nombreux points, peut être rapprochée de celle de l'évêque d'Hippone. Bien entendu, les différences entre les deux auteurs sont nombreuses, Augustin était évêque, théologien et philosophe alors que Maistre n'était, comme il se désigne lui-même qu' « un homme du monde », ce qui implique qu'il n'y ait pas toujours chez le second les analyses conceptuelles que l'on trouve chez le premier. En dépit de cela, la filiation que vous suggérez est bien réelle. Si saint Augustin a entrepris de rédiger son grand ouvrage Cité de Dieu, ce fut pour essayer de comprendre un événement inimaginable pour ses contemporains et qui pourtant a eu lieu, plongeant alors le monde civilisé dans la stupeur, à savoir la prise de Rome en 410 par les Barbares. Lorsque Maistre écrivit son premier livre important, les Considérations sur la France, ce fut pour réfléchir sur la Révolution française, laquelle surprit l'Europe entière. Comment était-il possible que la monarchie, pourtant millénaire, pût être renversée et la France chrétienne saccagée ? La réponse de Maistre est la même que celle de saint Augustin : il s'agit d'un châtiment divin, Dieu punissant pour régénérer. Bien que l'Empire fût officiellement chrétien, les Romains étaient affaiblis par la décadence, résultat, entre autres causes, de l'épicurisme ; de même la France de la fin du dix-huitième siècle l'était par l'influence de la philosophie dite des Lumières, laquelle propageait le sensualisme et l'athéisme. Ainsi saint Augustin et Maistre mettent-ils en avant ce que l'on appelle en philosophie, le providentialisme, c'est-à-dire l'intervention de Dieu dans les affaires humaines, intervention qui se fait, dans le cas de la Révolution française par le biais d'hommes médiocres, lesquels ne sont que des instruments, des fléaux dont Dieu se sert pour châtier leurs contemporains.

Saint Augustin n'est cependant pas le seul auteur de l'antiquité qui ait influencé Maistre. Il était, pour ce qui est des Romains, un grand lecteur de Cicéron et de Sénèque, et pour ce qui est des Grecs, de Platon, d'Aristote, d'Origène et des Pères de l'Église. Maistre voyait dans l'oeuvre de Platon, une sorte de « préface de l'Évangile » et pensait que Sénèque avait dû connaître les Épitres de saint Paul. Ajoutons que Maistre lisait directement, comme tous les gens cultivés de son époque, les textes en grec et en latin, sans donc passer par le biais d'une traduction. Ses registres manuscrits, dans lesquels il rédigeait les commentaires de ses lectures, sont emplis d'extraits d'auteurs de l'antiquité, et, à ceux que nous venons de citer, il faut ajouter les poètes, notamment Homère, dont Maistre faisait grand cas.

FA : Quelle place occupe le péché originel dans la pensée maistrienne ?

MF : Le péché originel occupe une place importante, capitale même, dans la pensée de Joseph de Maistre. Chaque catholique sait que le péché originel est lavé par le baptême, mais si ce péché est effacé en tant que tel, certains effets du péché originel n'en demeurent pas moins, à commencer par un affaiblissement de notre volonté et conséquemment une attirance vers le mal.

Les philosophes de l'antiquité avaient déjà fortement insisté sur le fait que les hommes, bien qu'ayant en eux les notions de bonté et de justice et les approuvant, étaient néanmoins enclins au mal. Sénèque, par exemple, que Maistre citait souvent, ne manquait pas une occasion, dans ses livres et ses lettres, de rappeler cette triste réalité. Maistre, tout comme Leibniz avant lui, et comme ses contemporains les abbés Bergier, Nonnotte et Feller, n'hésitait pas à mettre en avant les vers du poète latin Ovide : « Video meliora proboque, Deteriora sequor » qu'il traduisait ainsi : « Je vois le bien, je l'aime, et le mal me séduit ».

Le christianisme explique cette propension au mal par le péché originel. Saint Paul, dans l'Épître aux Romains en a parlé mieux que quiconque : « Je n'approuve pas ce que je fais, parce que je ne fais pas le bien que je veux ; mais je fais le mal que je hais ». Comment comprendre que les effets du péché d'Adam puissent ainsi affaiblir notre volonté, la rendre si réceptive au mal, alors qu'elle connaît le bien ? C'est un mystère, et comme le remarquait Pascal dans ses Pensées, sans ce mystère, « le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes ». Joseph de Maistre ne disait pas autre chose. Dans les Soirées de Saint-Pétersbourg, il insiste fortement sur notre dégradation due aux suites du péché originel. Péché, a-t-il écrit, « qui explique tout, et sans lequel on n'explique rien ».

En insistant sur les effets du péché originel, Maistre montrait que toutes les philosophies qui le refusent se condamnent ipso facto à ne pas voir l'homme tel qu'il est. Ainsi Rousseau, lequel refusait le péché originel, qu'il tenait pour une invention de saint Augustin, ne pouvait qu'avoir une idée fausse de l'homme. Tous ceux qui comme lui pensaient et pensent encore qu'il est possible de créer une société parfaite sur terre, sont dans l'erreur : le mal n'est pas seulement une réalité politique, il est en nous en tant que tentation, laquelle vient des effets du péché originel.

Maistre a rappelé à ses contemporains la réalité du péché originel que la philosophie dite des Lumières voulait faire oublier. Ceci dit, si Maistre a insisté sur la dégradation du l'homme due au péché, il n'en demeure pas qu'il a aussi exalté la dignité de l'homme. Il n'y a pas contradiction. Les effets du péché originel font que la volonté de l'homme est blessée, qu'il fait le mal alors qu'il connaît le bien ; la dignité en revanche, est son intelligence, laquelle, justement, lui montre le bien.

FA : Dans le même ordre d’esprit, certains admirateurs de Maistre ainsi que des détracteurs font de lui un militariste convaincu. Dans les faits, il fut surtout un pacifiste. La guerre était vue dans son esprit comme un scandale de la raison tout en étant une suite ou une conséquence logique du péché originel. Qu’en pensez-vous ?

MF : Vous avez tout à fait raison. Certaines présentations de l'oeuvre de Maistre, celles de Cioran ou d'Isaiah Berlin, entre autres exemples, donnent l'impression que l'auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg fait l'éloge de la guerre. La réalité est tout autre, comme vous le dites pertinemment. Dans le septième entretien du livre que je viens de citer, se trouve une longue réflexion sur ce qu'est la guerre mais aussi sur ses causes. Ces dernières ont été l'objet de différentes théories que Maistre connaissait et approuvait en grande partie. Montesquieu considérait la guerre comme l'effet de la décadence d'une nation, le luxe et les plaisirs individuels font qu'une nation s'affaiblit et conséquemment elle devient la proie d'autres nations plus combatives. Buffon insistait sur la nature belliqueuse de tout être vivant, végétal ou animal, Hume pensait, qu'en plus de ce fond animalier agressif, les hommes se battent à cause de leurs passions.

Maistre est allé cependant beaucoup plus loin. Selon lui, la guerre n'est pas seulement l'effet de causes civilisationnelles, historiques ou naturelles. La guerre est un paradoxe. Paradoxe par sa facilité, un chef d'État n'a aucun mal à déclencher un conflit, les troupes et la population sont, du moins au début, toujours enthousiastes. Paradoxe par la gloire qui s'attache aux militaires, alors qu'ils vont tuer des gens qu'ils ne connaissent même pas. Paradoxe du sort même de la guerre, certaines victoires ne le sont parce qu'on déclare qu'elles le sont, alors que la situation est parfois indécise sur le terrain. D'autres paradoxes montrent encore qu'il y a quelque chose qui dans la guerre échappe aux belligérants. C'est pourquoi Maistre voyait dans la guerre une intervention divine, un châtiment pour punir et régénérer les nations. D'une certaine manière, la guerre est un des effets du péché originel, car si les hommes avaient une volonté droite, il feraient effort pour s'élever en spiritualité, plutôt que de s'abaisser à des conduites cruelles.

Maistre ne fait pas à proprement parler l'éloge de la guerre. Durant la campagne napoléonienne en Russie, il avait son propre fils au combat qui pouvait à tout moment être tué par les Français. Il avait connaissance des atrocités des batailles et des circonstances particulières des affrontements entre Français et Russes (le froid, les difficultés de logistique etc.). Il faut prévenir les guerres, et pour ce faire, fortifier la foi, laquelle évite les situations de décadence morale.

FA : Joseph de Maistre, contrairement à de nombreux penseurs de son époque, croyait véritablement à l’historicité de événements bibliques. Il affirme clairement que l’humanité descend d’un couple unique, atteste l’existence du Déluge et analyse avec soin les événements qui se déroulèrent à Babel : multiplication et dispersion des langues. Maistre était donc un défenseur de l'inerrance biblique. Comment l’expliquez-vous ?

MF : Maistre non seulement pensait que l'humanité venait d'un seul couple, mais aussi que Dieu avait donné des connaissances et une certaine sagesse à Adam et ses descendants. C'est ce que les théologiens appellent « la révélation primitive ». Maistre admettait que nos premiers ancêtres avaient des forces intellectuelles et même physiques qui ont été perdues par la suite. Le Déluge était compris par Maistre comme un châtiment divin pour punir les désordres et l'orgueil des hommes. Il est à noter que la notion même de Déluge biblique était très discutée par les savants de la fin du dix-huitième siècle. Croyants et non-croyants étaient d'accord pour admettre la réalité d'une antique immersion des terres puisqu'on avait découvert des traces de vie marine dans les montagnes. Maistre suivait le récit biblique pour affirmer qu'après le Déluge toute l'humanité venait des trois couples, lesquels sont à l'origine du repeuplement de l'univers.

Outre la question du Déluge biblique, un autre sujet était aussi très en vogue à la même époque, c'était celui de l'origine des langues et du langage en lui-même. De nombreux livres ont alors été écrits sur ce thème. Certains émettaient l'idée d'une apparition progressive du langage et des langues. Comment les hommes s'étaient-ils mis à parler ? Y avait-il eu une première langue, dont toutes les autres seraient dérivées ? Autant de questions qui passionnaient les philosophes, et chacun proposait sa théorie. Rousseau, par exemple, soutenait que les hommes avaient d'abord chanté avant de parler. C'est dans ce contexte qu'il faut aborder les réflexions de Maistre concernant la Tour de Babel. Le penseur chrétien Origène, dans l'antiquité, avait émis l'hypothèse que la dispersion des hommes, en punition de la construction de la Tour, était proportionnée à leur implication dans ladite construction, les hommes allant ainsi plus ou moins loin et ayant dès lors des langues différentes. De cela Maistre retenait l'idée que les langues apparaissant après Babel ne viennent pas du hasard, mais des desseins divins, les langues étant liées aux différentes nations qui les parlent, elles-mêmes étant voulues par Dieu. Ainsi la Bible est-elle pour Joseph de Maistre, comme pour tous les chrétiens, source d’enseignement.

Ceci étant dit, plusieurs remarques s'imposent. Maistre, tout comme Origène que nous évoquions il y a un instant, et comme tous les penseurs chrétiens, notamment ceux de l'antiquité, distinguait entre ce que dit la Bible et les expressions utilisées par cette même Bible. Maistre remarquait, par exemple, que lorsqu'il est écrit que Dieu confectionna des habits de peau, il ne fallait pas s'imaginer que Dieu eût pour autant tué des animaux, tanné leur peau et pris du fil et une aiguille pour confectionner de tels habits. Il y a donc l'expression littérale et ce qui est donné à penser.

Une autre remarque est que Maistre se méfie des lectures personnelles de la Bible, et d'ailleurs de tout écrit en général. A l'écrit, Maistre préfère la parole, laquelle est vivante. C'est d'ailleurs pour cela que le grand livre de Maistre, les Soirées de Saint-Pétersbourg, est sous la forme d'entretiens entre trois personnages, la vérité du livre étant davantage dans les tours et détours de la discussion que dans le texte lui-même. Concernant la Bible, Maistre pense qu'elle doit être comprise à la lumière des enseignements de la tradition, c'est-à-dire de l'autorité de l'Église.

FA : Nous savons qu’il appelait Diderot « l’énergumène ». Dans plusieurs de ses écrits il épingle et tance ouvertement Voltaire et Rousseau. Maistre fut-il un adversaire déclaré des penseurs dits des Lumières ?

MF : Maistre, dans le sixième entretien des Soirées de Saint-Pétersbourg, qualifie Diderot d' « énergumène ». Vous avez raison de le rappeler. Il emploie des termes équivalents, et même plus forts encore, envers Voltaire et Rousseau, mais aussi envers d'autres comme Condillac et Condorcet.

Maistre est un adversaire résolu de la philosophie dite des Lumières. Cette dernière, selon Maistre, est anti-chrétienne et son aboutissement concret est la Révolution française. Cela ne veut pas dire que Voltaire et Rousseau eussent personnellement approuvé cette Révolution, s'ils l'avaient connue, mais leurs écrits, assurément, l'ont préparée en lui donnant par avance des arguments contre lesquels Maistre a lutté toute sa vie.

Avant la philosophie dite des Lumières, il y a eu la Réforme à laquelle Maistre s'est également opposé. La Réforme, selon Maistre, avait le tort de préconiser la lecture personnelle de la Bible, sans avoir recours à l'autorité de la tradition. C'était dès lors ouvrir la voie à la réflexion personnelle laquelle peut très vite s'égarer. La philosophie des Lumières a ses antécédents chez Bacon et Bayle, mais elle ne commence véritablement qu'avec Locke. Maistre consacre une grande partie du sixième entretien des Soirées de Saint-Pétersbourg à critiquer, à démolir, devrais-je dire, le philosophe anglais. Le grand livre de Locke, Essai philosophique concernant l'entendement humain a été traduit en française en 1700. Il eut un grand succès comme en témoigne ses nombreuses rééditions, c'est, avec l'Esprit des Lois de Montesquieu et la Nouvelle Héloïse de Rousseau, un des livres les plus lus au dix-huitième siècle. Locke expliquait que toutes nos idées viennent des sens, et que notre esprit se contente de les organiser ; en avançant une telle thèse Locke ouvrait la voie aux matérialistes. Si Locke réservait encore une initiative à l'esprit, ses successeurs feront de ce dernier un simple mécanisme, de sorte que l'on puisse désormais considérer l'homme comme un être purement naturel, sans qu'il soit besoin d'une quelconque référence à un Créateur, c'est-à-dire à Dieu. Ainsi Diderot et surtout d'Holbach en arriveront à des théories athées et conséquemment hostiles au christianisme.

Rousseau est un cas particulier. Maistre admirait son talent littéraire, quoique non sans certaines réserves, mais était un adversaire résolu de ses idées. Rousseau, à la différence des autres auteurs de la philosophie dite des Lumières, était croyant et en appelait à la conscience, voix de Dieu en nous. Cependant Rousseau niait la réalité du péché originel, et supposait que l'homme était bon par nature et que c'était l'influence de la société qui était corruptrice, ce qui impliquait qu'un meilleur arrangement de ladite société pourrait rendre l'homme heureux. Maistre a récusé toute cette argumentation en montrant la radicale fausseté.

Quant à Voltaire, qui se présente comme le champion de la tolérance, Maistre n'a pas eu de mal à montrer que sa prétendue tolérance n'est qu'une intolérance hypocrite.

FA : Maistre est souvent décrit comme un défenseur du Trône et de l’Autel, un contre-révolutionnaire, un ultramontain. Pourtant il fut franc-maçon et a entretenu toute sa vie une correspondance avec d’éminents maçons. Comment expliquez-vous ce fait, que d’aucuns, considéreront comme une incohérence ?

MF : Vous avez tout à fait raison, Maistre a été franc-maçon. Rappelons néanmoins que la franc-maçonnerie de l'époque n'était pas celle d'aujourd'hui. L'abbé Barruel, adversaire de la franc-maçonnerie, a expliqué dans son fameux livre Histoire du jacobinisme, que si certains francs-maçons étaient hostiles tant à la royauté qu'au christianisme, et ont conséquemment favorisé, aidé, voire mené la Révolution française, cela n'a pas été le cas de tous les francs-maçons, et qu'il a existé des loges « honnêtes », qu'il qualifiait aussi de « dupes », n'ayant aucune activité subversive.

L'engagement de Joseph de Maistre dans la franc-maçonnerie fut une activité de jeunesse. Faut-il y voir l'effet d'un certain ennui propre aux jeunes nobles d'une petite ville comme celle de Chambéry ? Les loges locales n'étaient-elles pas d'abord des sociétés de bienfaisance et des occasions de réjouissance ? C'est en ce sens que Maistre essaiera plus tard de se justifier auprès du gouvernement de Turin, lorsque ce dernier eut à son égard une certaine méfiance. Il n'en demeure pas moins que Maistre prit au sérieux son activité de franc-maçon puisqu'il écrivit un projet sur les activités et l'avenir de la franc-maçonnerie, projet dans lequel il préconisait les œuvres caritatives mais aussi l'aide à la réunion des différentes Églises chrétiennes.

Il est vraisemblable que ce qui a intéressé Maistre, dans un tel engagement, c'était la possibilité réelle ou imaginée, de pouvoir découvrir ou lire des livres aux franges du christianisme. Ainsi a-t-il fréquenté différents auteurs, franc-maçons ou proches d'un certain ésotérisme, tel par exemple, celui qui se faisait appeler le Philosophe inconnu, Louis-Claude de Saint-Martin.

Les événement révolutionnaires firent que Maistre quitta la franc-maçonnerie. Il critiqua par après tous les mouvements, franc-maçons, illuministes ou ésotériques qui, d'une manière ou d'une autre, s'opposaient tant au catholicisme qu'à la monarchie. Maistre cependant, savait faire la distinction entre ce qui pouvait dans une lecture ésotérique apporter telle ou telle idée susceptible d'intéresser un chrétien et ce qui était théologiquement condamnable. Quant au fait que Maistre ait pu, bien longtemps après son passage dans la franc-maçonnerie, converser encore avec des francs-maçons, il n'y a là rien d'étonnant, car Maistre, tout en étant ferme à propos des principes, savait apprécier les personnes qui pouvaient avoir des opinions différentes des siennes. Maistre était, comme je l'ai dit il y a un instant, un homme du monde, c'est-à-dire courtois dans les discussions.

FA : J’apprécie Maistre pour de nombreuses raisons, notamment car il fut un promoteur de la théocratie pontificale et de la souveraineté temporelle du Pape. Ces notions sont aujourd’hui inaudibles pour la majorité de nos contemporains, y compris par celles et ceux qui débattent dans le Grand Forum Public. Pourriez-vous présenter ces deux grandes idées défendues par Maistre ?

MF : Maistre accordait une grande importance aux nations. Il souhaitait que chacune pût garder ses spécificités. Les nations, disait-il, entrent dans les desseins de Dieu, et elles doivent être attentives à préserver leur langue, leurs traditions et leur patrimoine. Il n'en demeure pas moins que le péché originel, ou plutôt ses suites, font que les nations sont naturellement en concurrence, voire en conflit les unes envers les autres. C'est pourquoi Maistre souhaitait que le Pape pût être une sorte d'autorité spirituelle qui fût au-dessus desdites nations. Non que le Pape intervînt dans les affaires politiques des nations, mais qu'il pût intervenir lorsque ces nations s'éloigneraient des principes du christianisme, en déposant, si besoin était, les rois hostiles à la religion. Outre cela, et ce n'est pas le moins important, Maistre pensait que le Pape devait avoir un rôle majeur de défenseur de la chrétienté face à l'Islam. Maistre, dans son livre Du Pape, a fait un grand éloge des souverains pontifes qui ont appelé à combattre les musulmans.

Que le Pape ait aussi une souveraineté temporelle, comme c'était le cas autrefois, c'est-à-dire être lui-même le chef d'un État, cela se comprenait aisément en son temps, puisqu'il fallait que la Papauté elle-même pût avoir des revenus. Ce qui compte le plus est évidemment son autorité spirituelle, laquelle lorsque le Pape s'exprime dans la continuité des traditions de l'Église, est infaillible. Le lecteur d'aujourd'hui ne manquera pas se demander : que se passerait-il si le Pape se mettait à errer ou à contredire l'enseignement séculaire de l'Église ? Maistre a répondu par avance à une telle objection. Lorsque le Pape Pie VII allait venir à Paris pour couronner Napoléon, Maistre qui pensait que c'était une infamie pour le Pape que de se compromettre avec un héritier de la Révolution, eut pour le souverain pontife ces propos sévères : « […] je lui souhaite de tout mon cœur la mort, comme je la souhaiterais aujourd'hui à mon père, s'il devait se déshonorer demain » (lettre à M. le Chevalier de Rossi, 22 octobre - 3 novembre - 1804).

FA : D’une manière générale, les lecteurs modernes peuvent-ils comprendre Maistre ? Peut-il être un mentor voire un prophète pour notre époque ?

MF : Joseph de Maistre est au cœur de notre actualité. C'est l'un des premiers à avoir montré en quoi la célèbre Déclaration des Droits de l'Homme de 1789 assassine l'idée de nation au sens traditionnel du terme. Fonder le droit sur un Homme abstrait tel que le fait cette Déclaration c'est admettre qu'il n'y a plus aucune différence entre entre les hommes, c'est donc nier leur identité propre laquelle est d'abord l'héritage d'une culture, d'une langue, de traditions séculaires etc. Cette Déclaration des Droits de l'Homme laquelle est le fondement des décisions et des actions de nos hommes politiques d'aujourd'hui, détruit les nations et les régions, elle impose (ou prétend imposer) l'idée que les hommes soient interchangeables. On l'a bien vu quand Mme Merckel a fait entrer des dizaines de milliers de migrants dont l'immense majorité avaient une religion, une langue et des coutumes différentes de celles des Allemands. Elle eût sans doute fait entrer des extra-terrestres, s'il en existait, car ce qui comptait à ses yeux, c'était l'homme abstrait en tant qu'entité économique, quelle que fût son origine. Maistre a mis en garde contre cette Déclaration des Droits de l'Homme, fondée sur un Homme qui n'existe nulle part. Permettez-moi de vous rappeler ce célèbre propos de Maistre, qui se trouve dans son livre Considérations sur la France, il y est question de la constitution de 1795, mais ce qui est visé, est la fameuse Déclaration : « La constitution de 1795, tout comme ses aînées, est faite pour l'homme. Or, il n'est point d'homme dans le monde. J'ai vu, dans ma vie, des Français, des Italiens, des Russes etc. Je sais même, grâce à Montesquieu qu'on peut être Persan : mais quant à l'homme, je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie ; s'il existe, c'est bien à mon insu ».

La lecture de Maistre est donc un excellent antidote contre les poisons idéologiques modernes, lesquels veulent faire périr les coutumes et les traditions des peuples et des nations.

FA : Si vous ne deviez conseiller qu’un livre de Maistre ce serait….

MF : L'oeuvre principale de Maistre est sans aucun doute les Soirées de Saint-Pétersbourg. Elles peuvent être lues dans l'excellente édition qui a été faite par Pierre Glaudes dans la collection Bouquins. Cette édition comprend aussi quelques autres œuvres de Maistre, et chacune est accompagnée d'une introduction historique et suivie de nombreuses notes explicatives.

Il faut préciser néanmoins que les Soirées de Saint-Pétersbourg sont une œuvre philosophique et théologique, du moins si l'on prend ces deux termes au sens large. Pour le lecteur qui s'intéresserait à l'oeuvre politique de Maistre, il faut lire les deux courts livres : les Considérations sur la France et l'Essai sur le principe générateur des constitutions politiques.

 

 

                          Propos recueillis le 7 août pour Le Contemporain



25 réactions


  • hans-de-lunéville 1 8 août 2023 16:44

    et voilà, un bon coup de Melusine là dessus et tu auras un fil d’enfer.


  • njama njama 8 août 2023 16:54

    Bonjour Frank ABED

    Faudrait-il souhaiter le retour de la monarchie absolue, tel qu’aurait été le vœu de Joseph de Maistre, théologien et philosophe (un attelage bien singulier entre dogmatisme religieux et expressions péripatéticiennes de libres opinions sur différents sujets...).

    Nostalgie d’un monde d’avant ? que d’aucuns prétendent qu’il aurait été meilleur...

    Il fut également très fervent royaliste, et, franc-maçon, ce qui est plutôt un handicap tant religieux que politique, enfin vu de ma lorgnette, n’ayant jamais compris cette (ou ce que je tiens pour telle), compromission entre quelques éclats de lumières antiques (venus de cultes souterrains... réservés à une poignée d’initiés), révélés dans le secret* d’alcôves (pour rester poli, obscurantisme ?) loges -, et l’expression d’une foi pure expression de l’âme qui communie à la Lettre aux Évangiles.

    * serments prononcés par les impétrants cooptés au doigt mouillé(...)

    Ne voyez pas dans mon propos une quelconque lapidation intellectuelle ou spirituelle de ce personnage du passé qui illuminerait votre esprit comme ceux d’autres, lecteurs ici peut-être (?), chacun, enfin pas tous quoiqu’ils (elles) auraient aimé en avoir l’opportunité de le faire, n’ayant pu tracer leur histoire que sur du sable souvent mouillé que les marées humaines ont effacée.

    L’Humanité est en mal de repères... je ne suis pas convaincu que la seule foi catholique (jésuite...par opposition au jansénisme ?) dont il fut une expression ardente, malgré ce que nous pourrions lui trouver d’admirable d’un point de vue mystique, suffira à la remettre sur les rails de la voie du « Bien ». Nous faisons notre miel spirituel avec ce que nous trouvons sur notre « Chemin » de Vie (Camino), je ne doute pas qu’un Joseph de Maitre aurait pu ici et là motiver quelques élans positifs, généreux, charitables, de l’âme...

    Mais, ne fut-il pas (comme tout un chacun) un peu prisonnier de son monde, le sien aristocratique, bourgeois, de sa noblesse héréditaire qui lui faisait (nécessairement et malgré lui) porter un regard condescendant sur ses congénères bipèdes moins avantagés par la naissance, moins instruits ?


  • njama njama 8 août 2023 18:34

    Bien sûr la foi catholique a ses vertus charitables incontestables (heureusement) et autres, mais a-t-elle jamais empêché l’émergence de l’iniquité (raciste, ou anti-humaniste) revendiquée à sa droite et à sa gauche pendant des siècles...

    Certains se gaussent encore comme d’une image d’Épinal de ce qui se serait (malheureusement pour eux) écarté de la foi catholique (et pis de la monarchie), mais qu’ont-ils à revendiquer de l’amélioration du, sinon du bien-être, du bonheur du monde, des avancées du christianisme ?

    Le colonialisme, en Afrique, comme ailleurs, Asie et Amérique du Sud... a fait beaucoup de dégâts, au nom de quoi ? de Dieu, de la foi catholique ?

    Certains oublient seulement notre histoire, celle sous nos cieux de France, sous les pas de nos aieux, l’intransigeance dogmatique (théologique des clercs) et les Croisades contre les Cathares, les Albigeois, l’inquisition. Contre les Vaudois, puis ensuite contre les protestants...

    Les interdictions contre les hérétiques de la foi (officielle) chrétienne, dont celles contre les Juifs (Israélites en fait) ne paraissent dans le paysage que anecdotiques.

    Les français feraient bien de se souvenir des persécutions contre les protestants qui ont duré plus d’un siècle...

    Que ceux qui veulent donner la leçon aux musulmans regardent un peu leur histoire... qui n’est pas à la gloire ni de la foi catholique (idéalisée), ni de la monarchie.

    Les Camisards : Genèse et histoire de la guerre des Cévennes (1702-1705)

    https://www.amazon.fr/Camisards-histoire-C%C3%A9vennes-1702-1705-Arr%C3%AAts-sur-Images/dp/2911515897


    • Franck ABED Franck ABED 10 août 2023 10:09

      @njama
      « Le colonialisme, en Afrique, comme ailleurs, Asie et Amérique du Sud... a fait beaucoup de dégâts, au nom de quoi ? de Dieu, de la foi catholique ? »

      Certainement pas au nom de la doctrine catholique...


    • SilentArrow 11 août 2023 14:36

      @njama
       

      Que ceux qui veulent donner la leçon aux musulmans regardent un peu leur histoire... qui n’est pas à la gloire ni de la foi catholique (idéalisée), ni de la monarchie.

      Vous mettez le doigt sur la différence essentielle entre la violence des chrétien et celle des mahométans.

      Comme vous dites, la violence des chrétiens n’est pas à la gloire de la foi catholique, puisqu’elle est condamnée par les Évangiles.

      Tandis que la violence des mahométans, elle, est tout à fait à la gloire des enseignements du Coran et des récits de la vie du chauffeur de chameaux.


  • njama njama 8 août 2023 18:42

    Le pasteur Rabaut Saint-Étienne, fils de Paul Rabaut, contribue à faire inscrire, dans la Déclaration des droits de l’homme, l’article X relatif à la liberté de conscience :

    « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par le Roy ».

    Les réformés peuvent dès lors reconstruire leurs temples et organiser leur Église.


  • Decouz 8 août 2023 22:23

    "Le comte Joseph de Maistre (1753-1821) est l’un des pères de la vue du monde contre-révolutionnaire, or le même homme fut un franc-maçon éminent et un ésotériste influencé par la kabbale et l’oeuvre de Louis-Claude de Saint-Marin. Y a-t-il un paradoxe, voire une contradiction, à fréquenter les loges et à être en même temps un ultra-royaliste et un partisan résolu de l’autorité papale ? Telle est la question que pose ce livre en nous présentant les rapports de Joseph de Maistre avec le martinisme, l’illuminisme et la franc-maçonnerie et en dévoilant l’influence qu’eurent les doctrines mystiques et occultes sur sa pensée religieuse et politique."

    https://www.librairiedialogues.fr/livre/16756907-joseph-de-maistre-mystique-ses-rapports-avec-l—emile-dermenghem-ars-magna


    • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 9 août 2023 21:01

      @Decouz
      Je ne sais pas ce que répond le livre, mais sur les contradictions apparentes entre par ex. Franc-maçon et monarchiste conservateur, c’est juste l’effet du triomphe contemporain d’une vision totalement biaisée de l’abbé Barruel, diffusée à qui veut l’entendre par les médias de droite. 


    • Franck ABED Franck ABED 10 août 2023 10:10

      @Decouz
      « Y a-t-il un paradoxe, voire une contradiction, à fréquenter les loges et à être en même temps un ultra-royaliste et un partisan résolu de l’autorité papale ? »

      La réponse est donnée dans l’entretien...


  • Decouz 8 août 2023 22:28

    "Sur l’engagement maçonnique de Joseph de Maistre, sur sa précocité, sa profondeur et sa permanence, je renvoie aux recherches éclairantes de Jean Rebotton6. Il est néanmoins utile de rappeler que, dès 1782, dans son Mémoire au duc de Brunswick, grand maître de la Stricte Observance Templière, Maistre fixe aux maçons du second grade comme double mission « l’instruction des gouvernements et l’union des Eglises « 

     »Quelques pages plus loin, à propos du Christianisme transcendant, objet d’étude du troisième grade, il écrit : « Tout est mystère dans les deux Testaments, et les élus de l’une et l’autre loi n’étaient que de vrais initiés. Il faut donc interroger cette véritable antiquité, et lui demander comment elle entendait les allégories sacrées...

    Maistre a été sa vie durant fidèle à ce programme, même si la mise en accusation de la Franc-Maçonnerie dans les milieux contre-révolutionnaires le contraignit à la plus extrême prudence : sa correspondance en témoigne. Il a privilégié l’entretien personnel où son « impérieuse éloquence » faisait merveille : ses carnets intimes conservent la trace des nombreuses audiences demandées et obtenues, notamment avec Alexandre..."

    https://books.openedition.org/pulm/209?lang=fr


  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 août 2023 06:05

    @ l’auteur

    Merci pour cet aperçu très éclairant sur la personne de Maistre. Je le connais peu, seulement par ce qu’en a évoqué René Girard sous l’angle du sacrifice dont il avait probablement perçu toute l’importance sous le rapport de l’unité qu’il réalise entre les hommes.

    J’ignorais cette aspiration à l’unification des Eglises et il me semble qu’elle traduit parfaitement la justesse et la profondeur de ses vues. Le Mal c’est la division de la foi, cad, ce qu’il y a de plus essentiel pour rassembler les hommes. 

    @njama

    J’ai bien peur que le prisonnier de son monde et, surtout, de son époque ce soit vous njama tant vous semblez réciter les stéréotypes que les « puissances de ce monde » ont élaborés contre l’Eglise et les rois catholiques. 

    La foi catholique est bien celle dont l’Humanité a besoin. Vous le comprendrez en comprenant la Trinité.


    • njama njama 10 août 2023 09:45

      @Luc-Laurent Salvador

      C’est juste dommage pour l’humanité que le christianisme n’aurait commencé qu’il y a deux mille ans...
      J’ai bien retenu de votre article de juin dernier que la Trinité fait sens pour vous, là où d’autres n’en voient pas... j’avoue ne pas être très catholique sur ce point théologique (christologique) que je tiens pour une vue de l’esprit, une parmi les différentes hérésies des tout premiers siècles de cette religion naissante.
      https://img.over-blog-kiwi.com/1/46/43/03/20170403/ob_05d47b_heresies.png

      Je serai plutôt de tendance ébionite / arianiste, ce qui me paraît plus cohérent qu’un Fils de Dieu fait homme, auquel cas les dés auraient été pipés, et que par nature il ne pouvait pas mourir vu que les dieux sont immortels. Quel sens dès lors donné au sacrifice, à la croix ?
      Le christianisme n’est pas mort pour autant, il a juste besoin d’être revisité, dépoussiéré sérieusement de toutes les bondieuseries et Ors qui lui ont donné majesté au fil des siècles, un vrai cabinet de curiosités ! Une sorte de « Great Reset » en somme, pas façon Davos.
      C’est que propose la Révélation d’Arès, reçue de manifestations christophaniques en 1974, et théophaniques en 1977.
      Elle devrait vous intéresser... on peut la consulter en ligne


    • njama njama 10 août 2023 09:50

      « Les épis les plus lourds seront les plus difficiles à gerber : ceux poussés à Rome et à Athènes. Un rempart d’épines les tient loin de ta faux ; un orgueil inouï dresse leurs tiges comme des lances.
      Que ton courage ne faiblisse pas devant eux, car ils sont Ma plus belle Récolte... »
      (14/2-3)

      « Car la Vérité, c’est que le monde doit changer, Je n’ai rien dit d’autre à Mes Témoins. Ma Parole est la Loi Qui vient ; les nations s’Y sont-elles encore jamais soumises ? Même Pierre ne L’a pas accomplie. » (28/7)


    • Franck ABED Franck ABED 10 août 2023 10:12

      @Luc-Laurent Salvador
      Tout catholique désire l’union des chrétiens. Le protestantisme est facteur de division, tout comme l’idéologie libérale...


    • Franck ABED Franck ABED 10 août 2023 10:14

      @Luc-Laurent Salvador
      René Girard est également l’un de mes auteurs favoris...


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 26 août 2023 13:42

      @Franck ABED

      Bien d’accord sur le protestantisme, ça a été la grande bascule du monde chrétien qui s’est mis en chemin vers les « mystères d’iniquité » d’un présent apocalyptique...

      Au vu des moinssages, il y a une bande de diablotins qui grincent des dents ici... smiley


  • Gollum Gollum 10 août 2023 10:40

    Vous écrivez, suivant la pensée de De Maistre : 


    Fonder le droit sur un Homme abstrait tel que le fait cette Déclaration c’est admettre qu’il n’y a plus aucune différence entre entre les hommes


    Or l’épitre de Paul aux Galates nous dit :


    vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse.


    Ce qui contredit De Maistre.

    La déclaration universelle des droits de l’homme est au contraire d’inspiration parfaitement chrétienne.

    Mieux, l’idéologie transgenre vient directement du : il n’y a plus ni homme ni femme.

    Je rajoute que j’aime bien De Maistre qui fut le maître à penser de Baudelaire, et bien que je ne partage pas nombre de ses vues, mais cela nous emmènerait trop loin...


    • Franck ABED Franck ABED 10 août 2023 10:45

      @Gollum
      Vous n’avez pas saisi la phrase de Paul. Pour être sauvé, pas besoin d’être juif ou d’être un homme. Or la société moderne promeut un homme/femme sans passé, sans genre, sans histoire, sans avenir... Simplement un esclave consommateur et jouisseur. L’homme en tant que tel n’existe pas... Pire, c’est une négation de l’Homme.


    • Gollum Gollum 10 août 2023 13:09

      @Franck ABED

      Je m’attendais à votre déni.

      Il n’en reste pas moins que Paul dit de façon textuelle qu’il n’y a plus d’homme, ni de femme pour un baptisé.. (ce qui est une tendance claire à un désir d’universalisme)

      Ce qui ne l’empêche pas, par ailleurs, de façon hypocrite, de retrouver cette différence fondamentale quand il s’agit d’ordonner aux femmes de se couvrir la tête dans les assemblées ou de les déclarer inaptes à l’enseignement théologique...

      Là de façon curieuse, fini les belles envolées lyriques sur l’égalité homme/femme dans le Christ.

      Mais passons.

      Vous même êtes dans la contradiction, je cite : L’homme en tant que tel n’existe pas...

      et juste après : Pire, c’est une négation de l’Homme.

      Et là vous employez l’Homme comme un concept universel...


    • SilentArrow 11 août 2023 14:48

      @Gollum

      Épeautre de St Pile
      Épile de St Pautre
      Épaule de St Pitre
      Épître de St Paul

      Je savais que j’y arriverais.


  • Decouz 11 août 2023 14:46

    Guénon a émis des réserves sérieuses sur sa connaissance effective de la Maçonnerie :

    "La réponse à une autre question prouve encore que l’initiation de Joseph de Maistre, malgré le haut grade qu’il possédait, était loin d’être parfaite ; et combien d’autres Maçons des grades les plus élevés, alors comme aujourd’hui, étaient exactement dans le même cas ou même en savaient encore beaucoup moins ! Nous voulons parler de la question des «  Supérieurs Inconnus » ; voici ce qu’il en dit : « Avons-nous des Maîtres ? Non, nous n’en avons point. La preuve est courte, mais décisive. C’est que nous ne les connaissons pas...Il ignore évidemment de quoi il s’agit en réalité, et quel peut être le mode d’action des véritables « Supérieurs Inconnus » ; quant au fait que ceux-ci n’étaient pas connus des chefs mêmes de la Maçonnerie, tout ce qu’il prouve, c’est que le rattachement effectif à la vraie hiérarchie initiatique n’existait plus, et le refus de reconnaître ces Supérieurs devait faire disparaître la dernière chance qui pouvait encore subsister de le rétablir."

     http://esprit-universel.over-blog.com/article-rene-guenon-un-projet-de-joseph-de-maistre-pour-l-union-des-peuples-2-57981464.html


  • Decouz 11 août 2023 14:54

    "La partie la plus intéressante du mémoire est sans doute celle qui contient la réponse aux deux dernières questions...

    « la forme est une grande chose »

    dit-t-il,

    mais " il ne parle cependant pas du caractère essentiellement symbolique du rituel et de sa portée initiatique, ce qui est une lacune regrettable ; mais il insiste sur ce qu’on pourrait appeler la valeur pratique de ce même rituel, et ce qu’il en dit est d’une grande vérité psychologique...

    Ensuite vient une sorte de plan de travaux pour les différents grades, dont chacun doit avoir son objet particulier, et c’est là ce sur quoi nous voulons insister plus spécialement ici ; mais, tout d’abord, il importe de dissiper une confusion..."


  • Decouz 11 août 2023 14:57

    "M. Dermenghem semble avoir compris qu’il s’agissait, dans son intention, de réduire la Maçonnerie aux trois grades symboliques ; cette interprétation est inconciliable avec la constitution même du Régime Écossais Rectifié, lequel est essentiellement un Rite de hauts grades" (rite réservé aux chrétiens en principe, en tout cas le symbolisme est de nature chevaleresque et chrétienne)


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