« Le Bal des Vampires » se joue à pleines dents à Mogador
- LE BAL DES VAMPIRES
- photo © Theothea.com
Du projet « Mary Poppins » abandonné à celui validé « Bal des Vampires » se concrétisa, entre temps, au Théâtre Mogador, celui de « La Belle et la Bête », un peu comme si l’imaginaire fantastique de la Comédie musicale se devait, en période actuelle, de rompre peu à peu d’avec le simple charme onirique au profit d’un certain cynisme démoniaque !
Bien entendu, c’est la distanciation artistique qui autorégulerait le concept Amour-Haine ainsi véhiculé dans les arcanes du désir voire de l’addiction sanguinaire.
Dans cette perspective symbolique du « Je t’aime moi non plus… » quel réalisateur de grande notoriété pourrait avoir une personnalité plus emblématique, même à son corps défendant, que Roman Polanski à égale distance tout à la fois de la sensualité et du souffre ?
Créé en 1997 en Autriche, ce Musical fut donc, à l’époque, directement adapté du film (1967) de Polanski où le metteur en scène avait lui-même joué le rôle d’Alfred.
Pour la version française 2014, la prouesse technique découle notamment de l’exiguïté relative du plateau de Mogador forçant à des déplacements millimétrés du décor.
Intégralement chanté et orchestré live, le livret doit rendre compte de l’humour initial au énième degré tout en racontant ce conte où les vampires sont bien réels, comme le prétend le professeur Abronsius (David Alexis), et surtout parfaitement contagieux !
Sur scène, Alfred (Daniele Carta Mantiglia) et Sarah (Rafaëlle Cohen) sont donc les jouets de leur innocence et de leur crédulité livrées aux influences contradictoires des aficionados et de leurs opposants.
Les répliques sont à lire et à décoder dans le double sens, tel que pouvait l’être, par exemple, du temps de Gainsbourg, celui des « sucettes à l’anis » ! Ici, par exemple, les vertus d’une « éponge » s’avèrent particulièrement métaphoriques !
Tout est néanmoins calculé pour que les oreilles chastes ne soient point choquées et que les morsures restent dans le domaine du fantasme, mais chacun y pourrait trouver son contentement selon ses motivations.
Bref, quasiment politiquement correcte, cette mise en scène vise avant tout les qualités esthétiques des voix, de la musique, des images, des lumières, des costumes… alors même que les chorégraphies soufflent en des rythmes heurtés, décalés voire désynchronisés.
Certes, on ne rit pas à gorge déployée car l’attention est, de fait, sans cesse captée par l’orchestre mais si, un mois et demi après, l’on se réfèrait à la première de gala, il est notable que les spectateurs ressentent spontanément l’envie de jouer le jeu … avec les artistes.
Ce qui crée automatiquement une dynamique positive où tout le monde se trouve joyeusement embarqué !
photos © Theothea.com
photos première gala le 16/10/14
LE BAL DES VAMPIRES - **** Theothea.com - de & mise en scène Roman Polanski - livret & paroles Michael Kunze - avec Stéphane Métro, David Alexis, Daniele Carta Mantiglia, Rafaëlle Cohen, Solange Milhaud, Sinan Bertrand, Pierre Samuel, Moniek Boersma, Guillaume Geoffroy.... - Théâtre Mogador