mercredi 22 février 2017 - par Orélien Péréol

Le bateau (la revue) fête ses deux ans

Cette revue est née rapidement dans la volonté calme et furieuse de Jessica Rispal. Cette jeune graphiste et photographe a pensé qu'on n'était jamais mieux servis que par soi-même et qu’il serait plus efficace pour faire émerger ses images ainsi que celles d’un bon nombre d’artistes de créer son support. Sachant qu’elle serait prochainement en congé maternité, elle aurait quelques semaines sans travailler, au sens du salariat. Elle embarqua derechef quelques artistes pour créer une revue à son goût, une revue salée, piquante de corps en liberté, pleine des bonnes humeurs animales de l'humain, têtes bêches et vices versa. Textes, photos, dessins... Un thème ad hoc par numéro. Ainsi pensée, et vite accouchée.

Jessica Rispal devenait capitaine du « Bateau », avec une parution tous les deux mois. Ce rythme endiablé était difficile à soutenir pour un équipage restreint et indépendant ; un kisskissbankbank fut lancé à la fin de la première année, qui obtint le double de la somme souhaitée (plus de 15 000€ pour 6 900 demandés) et mis, pour une année supplémentaire, le bateau en un flot de beau temps. Les parutions s'espacèrent néanmoins pour se fixer à quatre numéros en 2016, traduits en anglais. La revue a ouvert ses pages aux artistes de tous bords et le dernier numéro a permis de publier 70 artistes.

La revue Le Bateau est un effort d'auto-organisation. Je n'aime pas l'abondance de l'anglais dans notre vocabulaire et dans notre syntaxe, mais là, ça va mieux en anglais : « Do it yourself » Allez-y. Faites-le vous-même. Quittez les chemins balisés des insiders réticulés badgés coutumiers-nés habitués lassés... Prenez les sentiers de traverse et... foncez.

On ne peut que souhaiter une longue vie à ce Bateau, qu'il courre sur ses jambes, maman, et aille loin, dérivant, solitaire et bravache, sur un fleuve inconnu, ses haleurs cloués nus aux poteaux de couleurs. On peut se souvenir que le salon des indépendants fut organisé par des refusés des salons officiels et découvrirent les fauvistes, les pointillistes, les impressionnistes, les cubistes… La quinzaine des réalisateurs est née de même, des cinéastes décadrés iconoclastes, recalés de l'institution qui se posèrent là ! Quand même ! Non mais !

Le Bateau est d’une liberté totale quant aux images du corps et à leurs usages, sexuels entre autres. Seul souci : l’esthétique, la beauté. Il se fait cataloguer « pornographique » quelquefois, par La Poste notamment, ce qui lui coute cher… A La Rochelle, L’Hybridarium a dû enlever un numéro de sa vitrine après le passage du Maire dans sa rue. Il est fini le temps où l’artistique séparait le porno et le culturel. Il y a dorénavant un porno d’art. Ici Liberté, liberté, liberté sont les trois mamelles du Bateau qui se refuse à toute encart publicitaire.

Le bateau a un site, une adresse FB, des points de diffusion (voir le site) et lance des appels à participation ; en ce moment pour le numéro 12 : Rêve – Dream, (rappelons que le Bateau est bilingue) avant le 15 avril 2017.

Le Bateau fête ses deux ans. Ses finances sont un peu sous sa ligne de flottaison, ce n’est pas encore la galère, ça va passer, moussaillons, souquez, Jessica tient bon la barre, si j'ose dire, abonnez-vous, abonnez vos amis, offrez leur un numéro pour leur anniversaire, pour leur fête... pour rien, leur faire plaisir.

Pour les deux ans du Bateau, paraît son numéro10... Chaque numéro du Bateau nait à l’occasion d’une fête, toujours différente dans ses propositions, dans son lieu. Spectacles, effeuillages, bondages… exposition des œuvres des pirates…

Pour ce deuxième anniversaire, la fête a lieu au Palais de Tokyo, dans la salle du Yoyo ; première partie gratuite de 21h à minuit avec des jeux interactifs, des projections de films érotiques, des drags queen, du flash tatoo, des shooting photo ; ensuite (payant) techno party sur le dance floor jusqu’à 6 h00…

Une expérience unique à suivre... Veux-tu monter dans mon Bateau ? Le voyage promet d'être plein de surprises, de beautés, une lune de miel, cruelle parfois, dans un décor enluminé d'aurores boréales.

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