samedi 29 septembre 2012 - par Georges Yang

Le blanc mange l’œuf !

Initiation au français parlé populaire au Congo

Le français parlé au Congo (ex-Zaïre) se traduit avant tout par une créativité, des trouvailles linguistiques et un humour décalé, inégalé dans toute l’Afrique francophone. Alors que l’argot des banlieues entraine souvent le rejet et l’exclusion de classe, le français congolais inspire immédiatement la sympathie. Encore faut-il faire un effort de compréhension lors des premiers contacts. Certes, le nouveau venu ne saisira pas instantanément le sens de la phrase : « Faites le minervale et un petit singlet à l’enfant, au moins ça, il en a trop soif » (pour en saisir la signification, il faut allez plus loin dans le texte). Contrairement au sabir de nos banlieues dont la pauvreté du vocabulaire n’a d’égale que la médiocrité de la syntaxe, le français parlé au Congo est d’une richesse étonnante et respecte le plus souvent les règles grammaticales et les phrases sont loin d’être bancales. Certes, il a de quoi dérouter au début, mais ce français est d’une créativité, teintée d’humour et de surréalisme qui n’a d’équivalent nulle part ailleurs. Et, comparativement au langage employé dans nos cités sensibles, le vocabulaire est riche, varié et recherché et souvent, le Congolais utilise le passé simple lors de l’expression orale, ce que ne font plus guère les Français.

Il faut d’abord se souvenir que les Congolais ont été colonisés par la Belgique et cela se ressent. Bien sûr, ils emploient régulièrement septante et nonante pour compter, mais on s’y fait rapidement. « Nous autres, les Congolais, nous parlons belgement ». Des belgicismes, on en retrouve quelques-uns, mais ce ne se sont pas eux qui font la richesse de cette forme de français équatorial. Savoir au lieu de pouvoir est un classique. « Est-ce-que tu sais venir chez moi à 15 heures », mais ce n’est pas ce qui surprend plus le « Français de France  ». Loques, à la place de serpillière, essuie, pour serviette, singlet pour maillot de corps et bien d’autres expressions sentent Bruxelles à plein nez. Et l’on ne dit pas « il a du mal à…marcher, parler », mais « il a difficile à… ». Le légumier est un précurseur des AMAP, il s’agit d’un maraicher attitré qui vient vos apporter régulièrement un panier de légumes à votre domicile et non d’une pièce rare et surannée d’un service en porcelaine. Quant aux minervales, il faut entendre par là les frais de scolarité. « Par pitié faites les minervales à mon fils, car je suis en carence de pénurie ».

Par contre, si les Kinois et en général ceux qui parlent lingala en dehors du français, ont tendance à mélanger allègrement les deux langues au sein d’une phrase, les habitants de l’Est du pays ont plus souvent recours à une traduction littérale du kiswahili ou d’une langue vernaculaire quand ils parlent en français. Si celui qui a longtemps séjourné au Zaïre se souvient du célèbre « esali vaste blague  » lancé comme une apostrophe par Mobutu lors d’un discours officiel devenu célèbre, le visiteur est surtout marqué par des phrases commençant par « en tout cas, vraiment » suivi de mots en lingala. On pourrait multiplier les exemples de franco-lingala, mais cela ne pourrait intéresser que ceux qui maitrisent cette langue. « Mundele, (le blanc) pesa la caisse », viendrait d’une erreur d’interprétation à la suite d’une célèbre chanson en lingala. Par contre, la formule de politesse « approchez » utilisée dans l’Est de la RDC quand arrivent des visiteurs est une traduction de karibu, mot swahili. A cela, celui qui vient d’être accueilli doit répondre par une évidence « Nous sommes, là » ou bien « Nous sommes chez vous » Totalement explicite et surréaliste à la fois est la réplique d’une ménagère (femme de ménage) : « Il faut que je change de sous-vêtement, j’attends des visiteurs  ».

Les gens de l’est du Congo, emploient souvent faire à la place de donner ou prêter. Il s’agit encore d’une traduction venue du kiswahili. Faire : « faites-moi un Bic, faites-moi un vide, Le caissier lui a fait 10.000, nous sommes affamés, faites-nous trois sucrés » se traduisent par, passer-moi votre stylo, donner moi un emballage, il a reçu 10.000 Francs à la caisse et nous sommes fauchés payez nous trois sodas. Notez qu’il ne faut pas confondre, vide, (emballage, sac plastique, bouteille vide, etc…) avec casier de vidange qui concerne les bouteilles consignées et qui vient par contre de Belgique.

Déchirer remplace fendre ou casser : « déchirer le bois à la hache, le carreau est déchiré, l’os est déchiré ». Venu du kiswahili, l’on dira « la tête, le ventre me fait mal » et non j’ai mal à la tête, au ventre. Refuser, pour dire que ça ne fonctionne pas « la clé refuse, le moteur refuse ». Et comme partout en Afrique « celui qui a la clé est parti à un deuil ! ».

Manquer s’utilise fréquemment dans un contexte peu courant en France : « Je manque le mot » signifie que l’on fait face à une lacune de vocabulaire, par contre dire, « tu manques le sens du mot », signifie que votre interlocuteur exagère. Manquer peut aussi dire ne pas avoir ou ne pas retrouver : « Je manque l’huile pour faire des beignets, je manque la clé  ». Plus surprenante sera la réplique de l’unijambiste présentant son moignon en déclarant « je manque le membre ». Dans le domaine du surréalisme, on ne peut qu’apprécier cette anecdote racontée par un vieux curé philosophe. Une paroissienne vient à la cure et se présente en grand désarroi, « Je souffre énormément, je suis présentement dans le dénuement le plus atroce  » et d’ouvrir largement son pagne en insistant « Regardez, mon père, je manque même le sous-vêtement ». Et le curé de dire, « Dans ce pays, le célibat des prêtres, on a difficile à le respecter ». Tout en continuant par « Dans la nature, la mante religieuse dévore le mâle après l’accouplement. Heureusement que cela ne se produit pas dans l’espèce humaine, sinon beaucoup d’abbés auraient disparu prématurément  ». Mais le plus souvent, les mères de familles présentent leurs requêtes de façon plus classique, qu’elles aient à faire à un religieux ou à un laïc. « En tout cas, je souffre. Faites-moi au moins 5.000, nous sommes complètement soumis, (fauché, ruiné). Au moins ça ». Ceux qui suivent le texte depuis le début auront déjà traduit par : je suis dans la misère, donnez-moi 5.000 francs, on est dans la dèche et on a vraiment besoin de ce fric.

Escorter est souvent employé pour conduire au poste de police : « Votre employé a été escorté après avoir troué les maisons des femmes libres », il a été interpelé par la force publique, pour avoir défoncé la porte de prostituées. Dans le même état d’esprit, l’article 3 du règlement de l’Hôtel Bunia Palace : « Il est interdit de toucher le mur, de gratter le mur de la chambre, tout client qui touchera le mur de quelque façon que ce soit se verra escorté vers la sortie  ». Flatter, s’entend dans le sens d’avoir des relations sexuelles clandestines : « Elle se disait ta sœur, et pourtant, elle flattait ton mari !  ». Soutien est indifféremment employé comme support, assistance et soutien-gorge. Le peintre Chéri Samba l’a très bien illustré dans une toile monumentale longtemps exposée dans le hall de l’ex-musée des Colonies à Paris, intitulée, « Marche de soutien », montrant des femmes en colère défilant dans les rues de Kinshasa, poitrine au vent et soutien-gorge à la main. Le passe-vite enfin est l’appellation courante du moulin à légume.

L’adverbe impoliment est très souvent employé pour marquer le manque d’à propos d’une situation. Si tout le monde comprend « Il m’a insulté impoliment jusqu’à la moelle », il est plus difficile de saisir, « Elle a grossi impoliment (comme une femme d’opérateur économique°) ». Cela signifie que la femme dont il s’agit a pris subitement du poids comme une épouse de commerçant aisé. « Etre enceinte, impoliment » traduit une grossesse non désirée qui donnera un enfant sporadique, c’est-à-dire naturel. L’infortunée pourra gémir à la remarque qu’elle a pris du poids par un « En tout cas, hélas, j’ai grossi d’un seul côté ! ». En tout cas, renforce l’insistance de la phrase « En tout cas, je m’efforce » marque la bonne volonté, même si celle-ci n’est pas couronnée de succès.

 

Néologismes, inventions et détournement d’expressions :

Le Congolais possède le génie de la trouvaille linguistique qui peut être fort drôle, surréaliste ou poétique. Il en existe des centaines, cet article n’y suffirait pas. Retenons : l’adverbe, à l’aisement, qui a servi de refrain à la danse « Canetons, à l’aisement » du groupe Minzoto Wella Wella. Géniale est l’expression « Déambuler sans but lucratif », qui signifie glander dans les rues, baguenauder, « assouvir la passion » signifier copuler en dehors des liens du mariage. Collosser veut dire, tourner le volant à la force des bras dans un virage, sur un véhicule sans direction assistée. Quant à Torcher rien à voir avec s’essuyer les fesses, il s’agit d’éclairer avec une lampe torche. « Attendez-moi ici, je vais torcher Françoise jusqu’à chez elle et je repars avec vous ». Bref, vivre avec des Congolais, c’est être surpris en permanence et selon leur mot, vivre une ambiance totale ; rien à voir avec les ambianceurs, qui eux, sont des fêtards.

 En dehors des prostituées qui ont un langage imagé pour alimenter leur fonds de commerce, le Congolais emploie rarement des mots crus. Tout le monde comprendra facilement : « coup pressé, 1500, nuit blanche 3000 ». Par contre il est moins aisé de saisir le sens de « tapis vert » qui signifie, baiser dans l’herbe ! Le Congolais est explicitement allusif, le plus souvent. Ainsi, cet homme frappé d’impuissance qui déclara : « Depuis peu, le mouvement du bâtonnet sexuel a fortement diminué » ou cette femme frappée de douleur coïtales, « Le gland pique fort ». On ne parlera pas d’avortement clandestin. Il est préférable de dire « elle s’est fait chipoter par un simple praticien de la place ». Contrairement à l’usage en France, le praticien n’est pas un professionnel de qualité, mais un non diplômé qui a appris sur le tas. Tout peut donc rester dans l’allusion et la métaphore : « Sa femme s’est vue mystérieusement fricoter avec un petit homme » (sa femme le trompe avec un va-nu-pieds sans un rond). Le Congolais ne supporte pas l’insulte, mais pratique l’autodérision. Quand l’un de ses compatriotes dit une énormité, il peut lui répliquer excédé : « Non seulement, tu es un nègre, mais tu es un sale nègre  » ; ce qu’il ne supporterait pas bien sûr d’un étranger. Il n’aura non plus pas peur de déclarer « Kin la belle, Kin poubelle » en constatant l’état de délabrement de sa capitale. Singe ou animal seront quelquefois employés quelquefois dans les moments de colère, mais le plus souvent sous la forme vernaculaire macaco, makaki ou nyama. Par contre, le Congolais peut se montrer ironique. Les jeunes de Butembo ont tendance d’apostropher les voyageurs se rendant à Béni par la route sur un ton railleur : « Si tu vas à Béni, n’oublie pas d’amener ta poire  ». Il s’agit de la poire à lavement ! Quand le Congolais est mécontent, il murmure. A l’est, il peut dire « C’est quoi » sur un ton indigné pour marquer sa désapprobation (traduction d’iko nini, en swahili).

 

Mais le plus savoureux concerne l’expression écrite. Les Lettres, formules de politesse, qui sont le plus souvent de véritables bijoux :

Je vous prie d’agréer ma petite note,

Je prends mon pauvre Bic et d’une écriture malhabile, je vous gribouille cette petite note

Il m’échoit d’accoster votre haute personnalité,

L’honneur m’échoit par la présente de solliciter auprès de votre grandeur l’insigne honneur de postuler au modeste poste de planton

Bonjour ou bonsoir, selon l’heure à laquelle vous recevrez cette note,

Je me jette à vos pieds avec disgrâce pour vous présenter ce qui suit

- Plus paradoxal, C’est pourquoi j’exige une augmentation de salaire en me prosternant rigoureusement à vos pieds

Pour commencer, je serais bref (en général, cela débute une missive d’au moins quatre pages)

Très cher Grand en entête…. Signé votre petit

Je coupe le fil, pour mettre fin à un courrier

- Et tant d’autres qu’il serait fastidieux de compiler ici.

 

Certaines narrations sont de véritables chefs-d’œuvre. Nous ne retiendrons ici que ces deux citations : « Il s’est jeté sur elle avec la fureur morbide et peut-être même lubrique du taureau en rut qui assaille la modeste colombe » et « Vous en seriez au paroxysme de la colère la plus abominable, telle celle de Moise ou d’un quelconque prophète descendant du mont Sinaï pour casser les tables de la loi sur la gueule du veau d’or !  ». Qui peut jamais écrire cela à Trappes ou à Vénissieux ?

Il faut aussi compter sur des affirmations péremptoires, des mots quelquefois détournés de leur sens initial, la naïveté rustique de certains villageois pour surprendre l’auditeur. Ainsi cet agronome, encore ivre dans le bus à 6 heures du matin, commençant une « animation ». « Moi, je suis un agronome ; et je peux vous dire que dans la nature il y a les tubercules et les légumineuses. Les tubercules poussent sous terre, les légumineuses à l’air libre. Nous pouvons donc tirer la conclusion que l’homme est nettement plus proche de la légumineuse que de la tubercule. D’autre part, si nous parlons de la pomme de terre, nous ne disons pourtant jamais pomme de l’air et toutefois cela serait logique ».

Celui qui se fera draguer sa copine enseignante non titularisée lors d’une fête protestera par un « cri plaintif », « Je m’étonne, les garçons ont voulu me ravir la surnuméraire ».

Surprenant est encore l’étonnement exprimé à l’expression, avoir un port de reine entrainant un dubitatif : « Je m’étonne, je ne savais pas que les reines élevaient des cochons ! ». L’infirmier zélé qui craint les ruptures de stock de consommables et de médicaments dira à son responsable : « Ramenez nous de l’équipement médical avec de nombreuses munitions pour le dispensaire ». Faire le pied, faire le piéton, signifie marcher. Le blanc à pied étonne, car il est supposé se déplacer en véhicule, il sera interpelé par un exclamatif, voire admiratif « Ah ! Vous faites le pied aujourd’hui ».

La peur de montrer sa richesse fait qu’il faut se sous-estimer et se dévaloriser en permanence pour éviter la jalousie et la sorcellerie. Ainsi, les petits commerçants nommeront leur petit établissement, baraque en bois appelée kiosk : « Rien, mieux que zéro, Ets pas à pas, Au moins ça  ». Et quand la faillite sera proche « le kiosk est complétement soumis ». Certains cependant oseront nommer un boui-boui, « Ets Calzatura di Roma » ou encore mieux « Place aux Vandomes » voire « Discothèque aux cris plaintifs ». De toute façon, il faut toujours minimiser, on ne sait jamais ; à un comment ça va, on répond en général : « Un peu, un peu bien, ou plus ou moins » et dans un autre contexte « J’ai plus ou moins cassé la gueule du Pascal qui bougeait la nuit avec ma femme ». (Venant de cheza, bouger, jouer, danser).

En philosophe atterré par la déliquescence du pays, un petit fonctionnaire un peu margoulin sur les bords constatera amèrement : « Du temps de Mobutu, on détournait suffisamment pour nourrir la famille, maintenant, en détournant le double, on n’y arrive plus ». Le margoulin de la place est un petit escroc qui vit d’expédients, souvent après avoir travaillé le chômeur. Après avoir raccompagné chez elles les femmes des enseignants dont les maris étaient ivres-morts à la fin d’une fête et jonchaient le sol, un bon samaritain déclara : « On a été larges » pour ne pas avoir profité de la situation. L’enseignant congolais, surtout de la coordination catholique, est souvent un buveur excessif. Certaines phrases marquent par contre le désappointement ou une méconnaissance de la modernité. Ainsi pour de nombreux Congolais du village, les boites de nuits ne sont pas des dancings, mais de boites vides de lait en poudre où les femmes pissent la nuit dans la hutte, de peur de sortir se soulager. L’utilisation de déjà est souvent hors de propos ou surprenant. Ainsi, à une question sur une volaille ou un enfant que l’on n’a pas vu depuis longtemps, il peut vous être répondu selon les circonstances : « Monsieur, votre poule est déjà morte, elle est déjà cuite  » ou bien « L’enfant est déjà mort ». Plus apocryphe par contre semble l’anecdote du spectateur arrivant en retard au stade et qui demande à son voisin de gradin :

« Quel est le score du match ? »

Zéro, zéro !

« Déjà ! »

Il est désormais temps d’expliquer l’expression reprise en titre. Le blanc est supposé manger beaucoup d’œufs. Cette certitude date de la colonisation et surtout de l’évangélisation du Congo Belge. La plupart des Africains élevaient des volailles mais ils consommaient fort peu les œufs. Dans certaines ethnies, l’œuf était interdit à la femme enceinte par analogie au produit de l’avortement de la poule. Les enfants n’y avaient pas droit car un proverbe disait que l’enfant qui mange l’œuf peut devenir voleur. Aucun lien cependant avec le proverbe « Qui vole un œuf, vole un bœuf ». Au temps de la colonie, (cette pratique a persisté au Zaïre indépendant), on ne baptisait pas l’enfant africain en bas-âge. Il devait d’abord recevoir une éducation religieuse, il était catéchumène pendant des années. A 6 heures du matin, le missionnaire belge ou hollandais le plus souvent, disait la messe devant les catéchumènes. Puis il prenait son petit déjeuner. Pendant que le blanc mangeait l’œuf, les jeunes chrétiens néophytes recevaient une éducation religieuse dispensée par les catéchistes. Ensuite, pour mériter de devenir catholiques, les catéchumènes faisaient des briques ou cultivaient les terres de la paroisse pendant des heures. Leur seul moment de tranquillité survenait donc quand le missionnaire était supposé devant une omelette. La croyance a perdurée. Ainsi ce jeune garçon fut fort étonné, quand tapant aux carreaux à 5h 30 du matin, il se fit sèchement rembarrer car il avait osé dire « Je suis votre vendeur d’œufs » Et de partir en maugréant « Je m’étonne, d’habitude, les blancs aiment les œufs ! ».

 

PS/ Comme pour la méthode Assimil, il faudrait joindre une bande son, car l’accent et les intonations font partie du charme de cette langue. Ainsi l’impossibilité de prononcer le son U souvent assimilé au I pose problème. On prononce léguimes et cela donne à l’écrit départ brisque et chaude-puce. Le R est souvent très roulé, les enfants demandent aux adultes l’uniforRRRmé scolaire. Les adultes quant à eux, disent : « Très chers membRRes » un peu comme Mireille Mathieu.



11 réactions


  • Montagnais .. FRIDA Montagnais 29 septembre 2012 11:01

    Très agréable lecture.


    Le temps de passer la wassingue, de mettre mes singlets à la lessiveuse et je vous sonne..


    Mon voisin de lit à l’EAABC était un Kabangu. A l’école de char, on a touché des jumelles..

    Devant son étonnement, je lui ai dit que c’était une invention purement français.. pour voir l’ennemi plus petit, moins peu..

    Je ne saurais dire si ça vous amuse ?

  • ZEN ZEN 29 septembre 2012 11:16

    Présentement, je ne vois rien à redire à cet excellent article


  • voxagora voxagora 29 septembre 2012 11:45

    Quel plaisir que ce témoignage !

    Je pense à la jubilation linguistique, et à la jouissance que procure le mot d’esprit,
    et suis très tentée par un commentaire linguistico-psychanalytique si cela ne vous rebute pas ?

    • Georges Yang 29 septembre 2012 11:55

      Faites donc, je n’en disconviens pas.

      Ce que je vais entendre sera un régal pour les yeux !


    • voxagora voxagora 29 septembre 2012 17:30

      .

      Avec le mot « régal » vous mettez en plein ds le mille puisqu’il s’agit de jouir : des mots, et des images qu’ils font se lever, surtout quand ils sont dé-chaînés.
      Cet article illustre formidablement le mot d’esprit, son fonctionnement, ses effets, sa mise en récit pour nous amener à succomber -de plaisir- à son effet comique.

      C’est très pertinent de poser comme contrepoint à la richesse du chant de la langue (française/belge en l’occurrence) le parler des banlieues réduit à communication et gestuelle (nous généralisons), qui n’évoquent plus ni « mot », ni « esprit » et encore moins « lettre »,
      faisant un sort à ce qui est inhérent à l’exercice de la langue : l’ambiguïté.

      L’exemple le plus excitant, celui où on se « déboutonne » le plus, c’est celui qui évoque l’extinction des abbés si les humains se mettent à copuler comme des mantes religieuses« .
      Freud a démontré les mécanismes de condensation, déplacement, et autres jeux de mots et d’esprit qui, »précipitant« 2 sens pour en faire jaillir un nouveau, inattendu, déclenchent le rire qui dé-foule.

      En rupture avec avec le langage conscientisé, maîtrisé dans un code qui organise la réalité (personne ne tique si »abstinence« suit »abbé« ), le mot d’esprit est ce coquin à la langue fourchue qui sert plusieurs maîtres à la fois : l’essentiel y est le double sens.
      Le rire accuse réception de l’ambiguïté, du sens apparent soudain doublé de la promesse d’un autre sens, de l’association nouvelle qui a désorganisé la morale. 
      L’inconscient est au-delà du code : les mots y sont chargés de jouissance. On comprend cet axiome que »tout plaisir a un effet de transgression« avec cet exemple sur les abbés : nous recevons les mots comme transgressant un ordre. (qd on ne fait pas gaffe l’inconscient l’incs noue le »cela veut dire« , du sens, avec le »ça veut jouir« , du désir).

      Mais pour jouir de ce plaisir des mots, 3 éléments sont nécessaires :
      - un émetteur, qui a parlé (exprès : »j’en ai une bien bonne« , ou pas exprès, c’est encore mieux) et fait se concrétiser un dérangement dans le code,
      - un receveur/passeur, qui décèle le lien entre 2 éléments et donne sa valeur au dire, mais avec habileté pour que ==> surprise, et effet comique,
      - un indispensable tiers qui prend plaisir à la trouvaille et jouit du déchiffrement.

      IL y a une condition, et par là nous rejoignons l’intro sur le parler banlieues, c’est d’être dans une situation de connivence, de posséder suffisamment de restes métonymiques semblables pour pouvoir les partager.
      Figurez vous que Lacan appelle cela »être de la paroisse" ..

      Merci bien pour la permission, je me suis régalée. 
      .

    • Georges Yang 29 septembre 2012 17:39

      Vous avez raison pour le rap qu’il soit français ou américain, tout est dans la gestuelle

      Un rapeur ligoté ferait un bide

      Mais le Congolais, certes influencé par la culture et l’inconscient, sait aussi provoquer, être explicite et surtout drôle en peu de mot, même s’il a tendance à parler trop

      On rentre OK on sort KO , pas besoin d’en rajouter tout est dit

      Quand à la question ; Tu prends une bière ? à une fille abordée dans un bar, elle répond « Non pas ce soir, je saigne » Tout est dit aussi

      Je ne suis pas contre, mais je ne suis pas de celle qui font perdre temps et argent, on peut se revoir dans quelques jours, et je suis ouverte à toute initiative

      Dire autant en une si courte phrase tient du génie


    • voxagora voxagora 29 septembre 2012 18:01

      Oui.

      Dommage pour votre article, avec la rafale d’article qui sont sortis depuis, il est relégué.
      C’est la politique d’A.V qui se prend pour le post et espère du clic,
      mais c’est peut-être raté, les commentateurs aiment autant échanger sous les articles
      que cliquer sur les titres et passer au suivant.
      Bonne fin de soirée.

    • Georges Yang 29 septembre 2012 18:23

      Un article parlant d’Afrique est toujours peu lu


  • Abou Antoun Abou Antoun 29 septembre 2012 19:52

    Savoir au lieu de pouvoir est un classique. « Est-ce-que tu sais venir chez moi à 15 heures », mais ce n’est pas ce qui surprend plus le « Français de France ».
    D’autant moins que la même confusion existe dans le Nord Pas de Calais.


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