vendredi 15 mars 2019 - par Theothea.com

« Le Cas Eduard Einstein » interloque La Comédie des Champs-Elysées

Si Michel Bouquet avait été pressenti pour le rôle d’Albert, père d’Eduard et néanmoins génie scientifique du Xxème siècle célébré universellement, l’immense comédien de 92 ans dut se désister durant les répétitions ; c’est néanmoins avec confiance et grand soulagement qu’il accepta que Michel Jonas le remplaçât pour endosser cette responsabilité artistique à 72 ans.

 

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LE CAS EDUARD EINSTEIN
© Lisa Lesourd

  

Celui-ci, méconnaissable tant sa transformation quotidienne atteint à la ressemblance avec l’image photogénique du savant, endosse ainsi la paternité de trois enfants dont l’un lui posera un problème récurrent majeur qui ne sera jamais résolu, fût-il lui-même expatrié dans la communauté scientifique aux Etats-Unis pour cause de nazisme décimant l’Europe.

Au fil de leurs destinées respectives, après que la famille Einstein eut admis qu’Eduard (Hugo Becker) devait être pris en charge psychiatrique, une seule entrevue entre père et fils eut lieu dans la clinique Suisse, en 1933, juste avant le départ d’Albert pour son émigration définitive.

Et pourtant, à distance, quels que soient ses multiples engagements, les honneurs et l’ambition du travail accompli dans la recherche de pointe en physique quantique, le mal rongea la personnalité du grand théoricien se trouvant ainsi face à un mur problématique et éthique qu’il fut dans l’incapacité de solutionner.

 

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LE CAS EDUARD EINSTEIN
© Theothea.com

  

Il faut dire que la récente découverte de la psychanalyse lui était complètement étrangère et sa contemporanéité avec Sigmund Freud ne suscitait chez lui guère plus d’intérêt, sinon de la méfiance.

Laurent Seksik, auteur du roman pour lequel de nombreux prix furent décernés à partir de 2013, et découvreur de cette situation familiale jusqu'ici méconnue, en a effectué lui-même l’adaptation théâtrale, à la demande précisément de Michel Bouquet qui s’était enthousiasmé à l’idée de porter cette histoire à forte valeur signifiante sur la scène dramaturgique francophone.

Symbolisant la Schizophrénie en action au cœur de cette filiation douloureuse de part et d’autre, la réalisatrice Stéphanie Fagadau a chargé Antoine Malaquias de concevoir un décor coupé en deux à l’instar de cette maladie séparant l’identité comportementale en zones hétérogènes frontales :

A jardin donc, le lieu médicalisé de l’enfermement ; à cour, le lieu de travail du paternel en recherche active.

 

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LE CAS EDUARD EINSTEIN
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D’autres protagonistes interviendront en jouant plus ou moins des rôles tampons entre ces deux pôles antagonistes que l’on serait tenté de caricaturer sous les étiquettes recto, L’Esprit supérieur reconnu, verso, Son Fou caché.

Et ainsi donc, oeuvrait la mère (Josiane Stoléru) et ex-épouse d’Albert en tentant, lors de ses visites, d’apaiser la colère et la révolte chroniques d’un fils croulant sous les traitements médicamenteux sans jamais trouver de véritable apaisement.

Un psychiatre (Pierre Benezit) aura une importance cruciale auprès d’Eduard en le confortant dans l’espoir d’une « normalité » retrouvée par le biais de conversations où la logique latente du raisonnement apparaîtra sans cesse comme une vérité criante.

Dans la souffrance indicible, Hugo Becker révèle une puissante capacité à la composition du trouble visuel et gestuel.

 

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LE CAS EDUARD EINSTEIN
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Cependant, il n’y aura pas de miracle et c’est de fait le « statu quo » psychologique qui fera office de « morale » à cette saga familiale.

Et pourtant, il ne s’agit ici ni d’une fable, ni d’un conte métaphorique, mais bel et bien d’un cas particulier de filiation à l’image de tant d’autres au sein de la société humaine tellement imparfaite. Seulement, vue de la mémoire patrimoniale collective, il s’agissait ici précisément de la famille Einstein ayant à sa tête le prix Nobel de physique, fondateur de la théorie de la Relativité.

  
photo 1 © Lisa Lesourd
photos 2 à 5 © Theothea.com
  
LE CAS EDUARD EINSTEIN - ***. Theothea.com - de LAURENT SEKSIK - mise en scène STÉPHANIE FAGADAU - avec Michel JONASZ, Hugo BECKER, Josiane STOLERU, Pierre BENEZIT, Amélie MANET & Jean-Baptiste MARCENAC - Comédie des Champs-Elysées
  

  

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LE CAS EDUARD EINSTEIN
© Theothea.com

   




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