mardi 5 mai 2015 - par fatizo

« Le Labyrinthe du silence » de Giulio Ricciarelli. Un film instructif

L’histoire :

1958, une cour de récréation. Des enseignants discutent lorsqu’un homme passe dans larue et cherche du feu pour allumer sa cigarette. L’un des instituteurs s’avance et lui tend un briquet à travers la grille. L’homme dans la rue est pétrifié, il reconnait l’un des bourreaux du camp d’Auschwitz…

 Seul un journaliste s’intéresse à cette histoire, ….et aussi un jeune procureur qui va découvrir des preuves essentielles permettant l’ouverture d’un procès contre d’anciens SS ayant servi à Auschwitz. Mais il doit faire face à de nombreuses hostilités dans cette Allemagne d’après-guerre. Déterminé, il fera tout pour que les allemands ne fuient pas leur passé.

 Ce qui prime avant tout dans ce film, bien plus que l’oeuvre cinématographique, c’est la force du sujet qui permet de rappeler des événements peu connus de l’Histoire.

On a beau prétendre tout savoir ou presque sur la seconde guerre mondiale, « Le labyrinthe du silence » nous montre un aspect encore inconnu jusqu’ici, le désir de l’Allemagne d’après guerre de vouloir enfouir son passé, et ceci jusqu’au plus haut sommet de l’état, à commencer par le président Adenauer.

On découvre à quel point la jeunesse allemande de la fin des années 50 était totalement ignorante de ce qui a pu se produire dans les camps de concentration, lorsqu’elle déclare « Auschwitz, connais pas ! ». On voit aussi que notre jeune procureur avait toutes les peines du monde pour mener son enquête face à l’hostilité de la majeure partie de l’opinion.

Mais comment pouvait-il en être autrement, c’est tout du moins ce que l’on comprend au fil de l’histoire, lorsque l’on sait que dans toutes les familles il y avait des nazis, et qu’il fallait faire « la part des choses », entre ceux qui d’un coté étaient coupables d’exactions ou de meurtres, et les autres qui se « contentaient » de véhiculer l’idéologie nazie, ou de suivre tout simplement.

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Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le réalisateur Giulio Ricciarelli est bien allemand. « Le Labyrinthe du silence » est son premier long métrage en tant que réalisateur et scénariste.

Grace à un rythme élevé et de nombreux rebondissements, on ne s’ennuie pas un instant dans ce film construit comme un thriller historique. Il faut également y ajouter la qualité de l’interprétation, en tout point remarquable.

De cette enquête va découler le procès de Francfort, qui se déroula durant 20 mois, d’octobre 1963 à août 1965, le premier au monde où un pays jugeait ses propres criminels de guerre.

Il s’agit d’un réel tournant dans l’histoire de la RFA qui en finissait enfin avec des années d’oublie volontaire.

Le film de Giulio Ricciarelli, est remarquable pour son scénario, qui prend certes quelques libertés avec la réalité (le personnage du jeune procureur rassemble en réalité trois hommes), mais se révèle par ailleurs fidèle au processus général.

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13 réactions


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 5 mai 2015 11:33

    À l’auteur :

    « le procès de Francfort, qui se déroula durant 20 mois, d’octobre 1963 à août 1965, le premier au monde où un pays jugeait ses propres criminels de guerre. »

    Est-ce bien sûr ?
    En 1946, le Procès de Nuremberg allié acquitta Hjalmar Schaht, Franz von Papen et Hanz Fritzsche.
    Mais, immédiatement après, un tribunal allemand de dénazification les condamna, respectivement, à 8, 10 de travaux forcés et à 5 ans de prison.
    N’exagère-t-on pas « l’amnésie allemande » ?...


    • Garance 5 mai 2015 16:08

      @Jean-Pierre Llabrés


      D’autant qu’en matière d’ « amnésie » collective nous sommes vraiment bien mal placés pour donner des leçons à quiconque 

      Un Francisqué ex-cagoulard n’a-t-il pas été élu président de la république française alors qu’il aurait du être rédhibitoire pour l’honneur de la France qu’il osa même penser le devenir

    • fatizo fatizo 5 mai 2015 17:45

      @Jean-Pierre Llabrés

      Je n’ai fait que rapporter les dires du réalisateur et de ce que confirmait de nombreux articles. 

    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 5 mai 2015 19:14

      @fatizo

      Je ne vous ai fait aucun reproche. Je n’ai fait qu’apporter une précision historique.


    • fatizo fatizo 5 mai 2015 19:18

      @Jean-Pierre Llabrés
      Je tenais juste à préciser que je n’avais pas écrit cela au hasard, que je l’avais lu sur plusieurs articles.


    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 5 mai 2015 19:21

      @fatizo

      Je n’en doute pas.


  • alain_àààé 5 mai 2015 16:30

    excellent article mais je voudrais rajouter lors des échanges entre collegiens de la france et l allemagne j étais dans une famille a sttugard ou aprés le souper cette famille avec des voisins passait des flims ou on voyait défilés les soldats en chantant l hymne allemand


  • non667 5 mai 2015 22:46

    né pendant la guerre je m’en br... de la repentanceet j’en ai ras le bol de la propagande pro juive sur la shoa qui autorise les nazisraëliens à génocider les palestiniens !
    de toute façon la prochaine n’aura rien à voir avec 39/45

    « Celui qui ne connait pas l’histoire est condamné à la revivre » alors n’oublions pas.

    c’est beau mais c’est con ! comme si la prochaine allait ressembler à la précédente !
    les juifs se laisseraient-ils prendre aussi facilement ?
    ne sont -ils pas eux-même en train de génocider plus discrètement le peuple palestiniens ?

    et puis l’histoire ? grattez Auschwitz et vous trouverez katin !
    grattez les armes de destructions massives et vous trouverez le fric et le pétrole !
    ...........
    ...........
    .......... etc


  • yvesduc 8 mai 2015 13:19
    Une chose est sûre : les français, eux, ne risquent pas d’oublier Auschwitz… Mais le rôle de la Crise de 1929 dans la crise économique allemande, l’appui (d’une partie) du grand capital allemand et étasunien (Ford, GM, IT&T, IBM, etc.) au NSDAP, l’anti-communisme primaire du NSDAP, la politique de l’autruche de l’Europe de l’Ouest pendant l’armement accéléré de l’Allemagne, les Accords de Munich, la Drôle de Guerre et le rôle prépondérant des Russes dans la victoire, peuvent en revanche tomber tranquillement dans les oubliettes.

    À lire : « Le mythe de la bonne guerre » et « Big business avec Hitler » de l’historien Jacques Pauwels.

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