lundi 7 octobre 2019 - par Theothea.com

« Le Misanthrope » Epure drastique Molière Premium d’Alain Françon

De « l’atrabilaire amoureux » spécifié en sous-titre par Molière jusqu'à « l’hiver des rapports humains » perçu par Alain Françon, se positionne sans vergogne la perspective d’une aversion sociétale érigée en art de (ne pas) savoir vivre.

 

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LE MISANTHROPE
© Jean-Louis Fernandez

  

Alors, prévenons d’emblée les rieurs ou les persifleurs d’oublier leurs addictions favorites s’ils veulent évaluer équitablement la réalisation de son « premier Molière » par le fondateur du Théâtre des Nuages de Neige a posteriori de sa direction du Théâtre de la Colline.  

En effet, le metteur en scène aux plus de cent spectacles créés, avec déjà trois Molières dédiés à la fonction (1994, 1995 & 2016), n’a aucunement l’intention, à ce stade, de céder aux subterfuges du happening comique mais, bien au contraire, résolu à voir le monde des hommes tel qu’il se présente… universel, intemporel dans son manque de discernement entre l’essentiel et l’apparence flatteuse.

 

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LE MISANTHROPE
© Jean-Louis Fernandez

  

C’est alors qu’en cohérence avec sa thématique, la versification en alexandrins va pouvoir s’articuler de la manière la plus fluide et la mieux entendue que jamais sur scène.

Cependant, à ce prix d’une interprétation au pied de la lettre, Alceste (Gilles Privat) pourra aisément apparaître comme le psychorigide de composition sorti directement du volontarisme effréné à élever la sincérité de toute expression verbale en règle intransgressible non négociable.

  

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LE MISANTHROPE
© Jean-Louis Fernandez

  

Face à cette intransigeance édictée en principe absolu, son ami Philinthe (Pierre-François Garel) aura beau tenter d’opposer le compromis faisant de la relativité ce remède indispensable à rendre supportable la vie en société, c’est à une fin de non recevoir dont celui-là sera vertement gratifié.

A contrario Célimène (Marie Vialle), celle par qui paradoxalement Alceste est complètement subjugué, se permettra ouvertement tous les accommodements opportuns avec la véracité comportementale autant qu’orale, au profit de surcroît d’une immense auto-complaisance mais tout en subissant la mise à l’épreuve d’une rhétorique disciplinaire tentant de la persuader d’une nécessité impérieuse à changer ses valeurs référentielles… en vain bien entendu. 

 

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LE MISANTHROPE
© Jean-Louis Fernandez

 

Par corollaire, les petits marquis et autres courtisans devront être évincés, l’hypocrisie dénoncée, la prétention fustigée, bref chaque intrigant en prendra pour son compte de fausseté caractérisée cependant qu'en définitive, c’est l’antihéros qui délibérément fuira la médiocrité généralisée… vers un ailleurs qui lui restera à définir.

Point de place donc présentement pour la farce pédagogique, la pièce de Molière se déroule ici tel un mécanisme froid et implacable sans toutefois se départir du quant à soi où chacun doit remplir son rôle démonstratif pour aboutir précisément là où il n’y a plus de contestation possible… concernant la petitesse humaine ainsi avérée.

 

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LE MISANTHROPE
© Theothea.com

  

Le constat est affligeant mais sa démonstration scénographique éminemment digne, sobre et, au terme du processus, forcément sublime dans ce décor ascétique à souhait où l’enjeu s’évalue à hauteur existentielle (ou non).

  
photos 1 à 4 © Jean-Louis Fernandez
photos 5 & 6 © Theothea.com
  
LE MISANTHROPE - ***. Theothea.com - de Molière - mise en scène Alain Françon - avec GILLES PRIVAT, PIERRE-FRANÇOIS GAREL, RÉGIS ROYER, MARIE VIALLE, LOLA RICCABONI, DOMINIQUE VALADIE, PIERRE-ANTOINE DUBEY, DAVID CASADA, DANIEL DUPONT & DAVID TUAILLON - Théâtre de la Ville ( Espace Cardin)
  
   

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LE MISANTHROPE
© Theothea.com

    




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