samedi 18 décembre 2021 - par Eliane Jacquot

Les Calanques

Le paradis existe, dans les Calanques qui de Marseille à La Ciotat en passant par Cassis déchirent les roches blanches de calcaire, s'enfoncent dans le bleu turquoise et émeraude de la mer, au travers de la luminosité éclatante du soleil. C'est le territoire de celles et ceux qui savent prendre le temps d'arpenter ce massif avec ses vents violents, ses lumières changeantes, ses oiseaux marins, sa végétation faite de pins d'Alep dont les longues racines vont chercher l'eau dans les anfractuosités des rochers, et de garrigues parsemées de genets et d'iris au printemps.

En Vau au lever du jour {JPEG}

Site classé depuis l'année 2012

Bienvenue dans un paysage de dentelles de falaises découpées qui plongent dans la mer Méditerranée, là où la lumière change de couleur à toute heure du jour et au fil des saisons. Dès le matin, le ton est au bleu franc et acquiert à midi une limpidité aveuglante. Souvent à l'approche de la nuit et au lever du jour les nuages dans le ciel offrent l'aspect d'un gigantesque brasier.

Site classé depuis l'année 2012, le Parc national des Calanques s'étend sur 5000 hectares sur un territoire à la fois terrestre et marin à 90% périurbain. Au portes de la cité phocéenne il est le résultat d'un long combat mené par des amoureux de la nature et des sociétés d'excursionnistes. Une lutte qui permettra à ses promoteurs de créer un groupement d'interêt public ( GIP) en 1999 avant la naissance du parc en 2012. La diversité des habitats naturels qui le composent au travers de garrigue, pinède, falaises et canyons sous marins abrite une faune et une flore exceptionnelles. Sur plus de 25 kilomètres de côtes, sur des sentiers dont les itinéraires sont parfois exigeants, les panoramas sont époustouflants conduisant au travers d'éboulis rocheux vers les eaux cristallines de criques protégées de par la géographie des lieux. L' aigle de Bonelli, les goélands et les cigales nous accompagnent au gré des randonnées sur des sentiers rocailleux. L'étymologie du mot calanque qui signifie escarpé en provençal reflète un relief marqué par la présence de falaises calcaires à la blancheur éclatante.

Paradis des sportifs et des grands espaces 

Le site fait de terres de roc sujet à des vents violents comme le mistral et dont les accès sont aisés offre d'innombrables ballades à la journée. Ceci a conduit récemment à la nécessité pour la direction du Parc National à réguler les flux de touristes qui en été sont parfois peu respectueux de cet environnement naturel à protéger dans une optique de conservation d'un patrimoine unique. La calanque d' En Vau est le plus beau et le plus grandiose coin de ce massif canyon étroit et profond, avec ses falaises et ses aiguilles ivres de ciel dont la plus haute est appelée le doigt de Dieu. L'archipel de Riou est un chapelet d'iles sauvages qui accueille des oiseaux marins menacés tout près du port des Goudes. L'archipel du Frioul, sauvage et lunaire au large du Vieux Port de la cité Phocéenne reste un sanctuaire à protéger d'un afflux trop important de plaisanciers, particulièrement en été. A la sortie de Cassis, débute un itinéraire sinueux à flanc de la falaise du Cap Canaille, la route des Crêtes jalonnée de belvédères surplombant la mer Méditerranée qui rejoint le port de La Ciotat. Le domaine de Luminy, campus universitaire florissant au coeur du massif est l'une des portes d'entrée pour les randonneurs dans le Parc.

De nombreux grimpeurs viennent aussi se lancer à l'assaut d'un massif comptant plus de 3000 voies. Gaston Rebuffat, grand alpiniste, enfant de la région disait à leur propos « Ce pays a une âme, c'est un lieu de rencontre, l'eau, la pierre verticale le soleil s'y retrouvent et le vent quand il en a envie. Dans ce temple de la nature, l'homme est toujours invité. » Plus près de nous, les calanques sont un bain de jouvence pour Sylvain Tesson qui aime à y revenir sans jamais se lasser « La lumière y joue le rôle du peintre qui recompose sa toile en permanence. Elles font partie de ces lieux inépuisables rares sur cette terre. »

La grotte Cosquer

Découverte par Henri Cosquer, plongeur professionnel en 1985 près du cap Morgiou, elle apparaît comme un monde insoupçonné de parois peuplées d'extraordinaires dessins et gravures rupestres. On y observe plusieurs représentations animalières de chevaux préhistoriques, de bisons, de panthères et d'animaux marins peints il y a environ 18000 ans. Nos ancêtres préhistoriques fabricants d'images partageaient leur hymne à la vie en laissant leurs traces au travers de fresques gravées sur les parois de calcaire. Cosquer, interdite au public est classée en tant que sanctuaire de l'art rupestre occidental au même titre que la grotte Chauvet, participant à la renommée internationale des Calanques. Mais le lieu unique et fragile dont l'entrée a été verrouillée est aujourd'hui menacé par la montée du niveau de la mer lié au réchauffement climatique... ce dans quelques milliers d'années. C'est ainsi que les nouvelles technologies liée à la photographie numérique ont conduit à fabriquer à la Villa Méditerranée à Marseille une réplique de la grotte qui ouvrira ses portes aux visiteurs dans le courant de l'année 2022.

Ce site, qui dans sa solitude intemporelle s'offre au regard de l'homme depuis des millénaires est sans doute un des plus beaux lieux du monde vivant. Entre le blanc des roches calcaires que la réverbération transforme en de multiples sources de lumière et le bleu profond qui mélange dans une même unité le ciel et la mer au cours de la journée. Au soleil levant, au soleil couchant, le littoral et ses anses semblent posés sur le miroir orangé de la mer, offrant à voir ses tonalités sourdes nimbées de mystère. Préservons le à l’ère de la nécessaire transition écologique.

Un très beau film, via le site officiel du Parc national des Calanques :

Eliane JACQUOT

 



27 réactions


  • Clark Kent Schrek 18 décembre 2021 09:25

    J’ai cru que Rosemar était enfin passée en sixième, mais non, c’est pas elle.


  • Fergus Fergus 18 décembre 2021 09:44

    Bonjour, Eliane

    J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cet article. Il m’a permis de retrouver ces lieux que je connais un peu pour les avoir parcourus entre Les Goudes et Cassis, non seulement en suivant le côtier, mais également en « crapahutant » sur les rocailles calcaires des hauteurs du Mont Puget ou à la découverte des vallons cachés.


  • Eliane Jacquot Eliane Jacquot 18 décembre 2021 10:01

    Bonjour Fergus, 

    J’avais lu votre papier sur les Calanques et admiré vos très belles photos .

    J’ai moi aussi toujours du plaisir à vous lire.

    très belle fêtes de fin d’année .


  • wagos wagos 18 décembre 2021 11:36

    Superbes endroits effectivement, j’ai logé à la Ciotat juste au départ de la route des crêtes qui rejoint Cassis...et ensuite à Sausset-les-Pins , toujours pour mon travail...

    On a vraiment l’impression d’être en vacances toute l’année .

    C’ était fin 70 débuts 80....il y avait encore les constructions navales à la Ciotat...

    Et l’ambiance des soirs en Provence à ces époques heureuses, c’était quelque chose ! 


    • Fergus Fergus 18 décembre 2021 11:47

      Bonjour, wagos

      La Ciotat, c’est sympa également. Je n’y ai jamais séjourné, mais à deux pas de là, dans le vieux village de Ceyreste.
      Personnellement, j’ai une prédilection pour la petite calanque de Figuerolles (hors saison), tout particulièrement lors que le soleil décline : les massifs de poudingue qui enserrent la plage de galets prennent alors un rouge intense. Superbe ! 


  • DLaF mieux que RN ou Z / Ukraine nemesis 18 décembre 2021 12:42

    Le problème est que le Français ne ramasse pas ses déchets en fin de journée... et comme les éboueurs ne passent pas en calanques....


  • ddacoudre ddacoudre 18 décembre 2021 13:49

    Bonjour

    Merci pour cette balade danss mes jeunes années.

    Cordialement

    http://ddacoudre.over-blog.com/page/2


  • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 18 décembre 2021 15:23

    @Eliane Jacquot

    Pour vous, cette petite balade claire-obscure au Cap Canaille, par Nevché ( alias Nevchehirlian), le poète maudit des Goudes et des Calanques.

    https://www.youtube.com/watch?v=xW61kcHa8I0

    (A la mémoire de Cova, s’il peut capter de là-haut.)


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 décembre 2021 15:26

      @Sandro Ferretti
      J’a pensé a lui ce matin en répondant sur les anglaises pisseuses d’huile...


    • Eliane Jacquot Eliane Jacquot 18 décembre 2021 16:21

      @Sandro Ferretti
      Merci à vous, très beau clip et magnifiques images de Marseille au Cap Canaille sur la route de la Gineste .


    • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 18 décembre 2021 17:21

      @Eliane Jacquot
      Tout n’est pas aussi bucolique et pur à Marseille, ceux qui y ont habité le savent.
      Nevché (ex. prof de lettres ayant claqué la porte) vous le dit ici, il faut se méfier des cartes postales :
      « sur ta peau j’ai fait la pause
      géographie sentimentale,
      politique de carte postale.. »

      Puisque vous aimez Nevché, je vous en tire une deuxième cartouche dans l’oreillette : ce très beau clip sur la vraie ville de Marseille, underground. Prenez le métro avec Frida Khalo et Terry Richardson.

      https://www.youtube.com/watch?v=lJ5XWLhV03Y


  • Sandro Ferretti Sandro Ferretti 18 décembre 2021 17:59

    Et aussi ce morceau brillant, à l’intro quasi hypnotique et miraculeuse -il avait envie de se faire plaisir à la guitare , bien qu’un peu long, à la Ferré ( un ami dit que Nevché, « c’est le Ferré du pauvre ». En tous cas, c’est un des rares type qui peut vous réconcilier avec Marseille et les marseillais-).

    Ici :

    https://www.youtube.com/watch?v=hw-VbRtLDNw


  • Lole 18 décembre 2021 21:35

    Ouais, mais ça c’était avant les boues rouges et les boues de touristes...


  • olivier cabanel olivier cabanel 18 décembre 2021 21:52

    @ l’auteure

    oui, jolie page de poésie... un peu vaine peut-etre

    vous semblez ignorer la réalité... moins poétique.

    les égouts de marseille qui se déversent tout près...

    les boues rouges de Gardanne

    les tensio actifs qui ont rendu cette mer quasi morte

    mais vous avez raison, c’est joli la poésie.

     smiley


  • Xenozoid Xenozoid 18 décembre 2021 22:00

    j’ai nager pour la premiere fois dans une calanque, c’est d’ailleur ma seul mémoire des calanques, j’avais 7 ans


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 18 décembre 2021 22:16

      @Xenozoid
      Pour un breton la honte...


    • Xenozoid Xenozoid 19 décembre 2021 15:30

      @Aita Pea Pea

      breton de fougeres,et cela aurait pu arrive a st malo35, jullouville50, st lunaire22, ben non c’est arrive apres un plongeon dans une calanque a marseille13, c’est la vie,je n’ai pas honte,pourquoi d’ailleurs ?


  • Franz 19 décembre 2021 07:19

    Les calanques sont un diamant situé à côté d’un océan de merde : Marseille


  • Sergio Sergio 19 décembre 2021 15:31

    je me souviens avoir interrompu une pratique technique avec un élève à Niolon, pour apercevoir à 20 mètres un Saint-Pierre sur le fond, il y a 20 ans et à cette époque c’était encore assez rare

    https://www.fishipedia.fr/fr/poissons/zeus-faber


    • olivier cabanel olivier cabanel 19 décembre 2021 18:31

      @Sergio
      un calanque fabuleuse, Niolon, ou du moins à l’époque... on ne pouvait y accéder par la route, à moins d’y habiter, ou d’être à l’hotel « chez Marius »...dont j’ai le souvenir d’une mémorable bouillabaisse...


    • Eliane Jacquot Eliane Jacquot 19 décembre 2021 19:06

      @olivier cabanel

      Bonsoir


      La Calanque de Niolon , petit bijou de la Cote bleue ne fait pas partie du Parc National des Calanques .

      Située à l’est de Marseille sur de la Côte Bleue, elle se trouve entre l’Estaque et Carry le Rouet.et fait partie d’un grand sentier de randonnée .

      La vue y est également remarquable sur toute la baie de Marseille et le Frioul.

      https://www.marseilletourisme.fr/fr/que-voir/calanques/calanque-niolon/


    • Sergio Sergio 19 décembre 2021 21:20

      @olivier cabanel

      Je travaillais à l’UCPA, j’ai fait un tour du côté du Cap Croisette et c’était au bout du bout. Le directeur s’appelait : Guillemin


  • Electric Electric 20 décembre 2021 15:58

    J’ai passé mon 2ème échelon de plongée à Niolon, et fait mon stage de moniteur auxiliaire à Cassis chez Patrick Delcroix.

    C’est Imbert qui m’a signé mon brevet à Niolon.

    A l’époque, il se lestait avec un 4m3 pour la remontée du mec de 20m.

    L’enfoiré !

     :)

    Une autre époque.

    Aujourd’hui, Parcs naturels oblige, des petits branleurs de 20 berges, payés avec notre fric, la morve au nez, viennent expliquer en rafiot à moteur partout ou presque sur la côte aux vieux briscards de l’écologie naturelle qu’ils ne doivent pas jeter de merdes dans l’eau.

    Insupportable l’arrogance de ces petits connards qui viennent te débiter leur catéchisme de la bienpensance écologique !

    Tout ça pour te filer des autocollants en plastoc pour coller sur la coque de ton voilier qui finiront en microplastique dans la mer.

    Putain, la couche !

    Les nouveaux gardes verts, bientôt ROUGES/BRUNS, partout chez nous.

    Restent les souvenirs des plongées de nuit sous Castelvieille, le Homard géant par 40m sous le phare de Cassidaigne, ou encore les roches trouées de la calanque de Loul.

    Mais pour les vrais poilus, c’était au Cap Croisette chez Roger Poulain que ça se passait !

    Sacré Roger, jamais en retard d’une histoire !

    Pagnolesque !

    Un beau jour, il y a bien longtemps, voilà que notre Roger voit débarquer Cousteau et sa bande de requins associés.

    Ils balisent un endroit en surface pas loin de l’île Maïre et plongent.

    Le Roger se dit que ça doit valoir le coup, le Cousteau était réputé pour ses pillages archéologiques.

    A l’époque, tout le monde se servait. En amphores, en mérous et en langoustes.

    La plongée finie, tout le monde fout le camp et notre Roger se se précipiter avec son matos bricolé.

    « Je descends, je descends, je descends à toutes blindes. J’arrive au fond : RIEN ! L’air manque, je remonte fissa, à la limite !. »

    Déçu le Roger !

    Le lendemain, annonce dans les journaux : Cousteau bat le record du monde de profondeur en scaphandre par 65m.

    Ben Roger, le même jour, il a fait 70m !

    Le bonjour aux amoureux du coin !


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