Les fossiles les firent rêver...
"Dans les galeries du Muséum, ils passèrent avec ébahissement, devant les quadrupèdes empaillés, avec plaisir devant les papillons, avec indifférence devant les métaux ; les fossiles les firent rêver, la conchyliologie les ennuya. Ils examinèrent les serres chaudes par les vitres, et frémirent en songeant que tous ces feuillages distillaient des poisons."
Dans cet extrait du roman de Flaubert, Bouvard et Pécuchet, les fossiles suscitent, plus particulièrement, l'intérêt des deux héros de l'histoire.
Comment ne pas être fasciné par ces restes très anciens d’organismes pétrifiés dans une roche sédimentaire ? Poissons, coquillages gravés dans la pierre, comme sculptés par la nature, les fossiles sont des merveilles qui attirent tous les regards.
Les couleurs rosées, pastels de ces pierres venues du fond des âges, les formes parfois incomplètes, incertaines, les brisures les transforment en objets précieux, rares.
Venu d'un verbe latin, "fodio", "creuser, fouir", le fossile est souvent enfoui dans la terre : il demande une recherche attentive et minutieuse...
Et chaque découverte est comme un émerveillement : on admire, alors, les formes, les enroulements, les stries, les volutes de ces galets qui ont porté la vie.
On devine des coquilles, des incrustations de plantes et d'herbes, des insectes, des poissons, des ammonites, des étoiles de mer, des oursins... toute une peinture de la vie d'autrefois...
Gravées dans la pierre, ces formes diverses fascinent : on y voyait autrefois des talismans, des objets magiques et mystérieux.
Les mondes minéral, animal et végétal se côtoient dans ces pierres incrustées.
On peut, aussi, y percevoir de lointains vestiges du passé : traces de pas, morceaux de bois, galeries, dents, graines...
Tirés des entrailles de la terre, les fossiles révèlent la vie d'autrefois : on est ému, devant ces objets dont les formes paraissent familières et dont les origines sont si anciennes.
Découvrir un fossile est un véritable éblouissement : chacun est unique dans ses formes, ses reliefs, ses teintes nuancées.
Troncs fossilisés, feuilles de fougères, enroulements de coquilles : quelle diversité et quelle beauté dans les motifs !
Certaines formes intriguent, sont à peine reconnaissables, et laissent libre cours à notre imagination...
Le mot lui-même est plein de poésie : fricative initiale, double sifflante confèrent à ce terme une extrême douceur, comme une atténuation et une marque d'un lointain passé.
Ce nom peut être utilisé, aussi, de manière ironique, pour désigner une personne qui vit dans le passé, quelqu'un d'arriéré.
Le fossile tiré de la terre est un vrai retour aux sources : c'est comme si on touchait du doigt un passé révolu, mais si proche de nous, par la familiarité et la beauté des formes...
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