samedi 25 juin 2022 - par Lucia Gangale

Les métamorphoses de Monet à l’abbaye de Fontevraud, jusqu’en septembre 2022

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 L’art de Monet arrive à l'abbaye de Fontevraud avec une exposition contenant trente toiles de l'artiste, dont son fils a fait don au musée Marmottan à Paris. Cette exposition, belle et évocatrice, est vraiment exceptionnelle pour un village de seulement 1600 âmes, a déclaré Dominique Gagneux, directrice de ce musée installé dans l’abbaye royale de Fontevraud.

 “Méthamorphoses dans l’art de Claude Monet” est le titre de cette exposition qui aborde l’évolution de son art dans l'ordre chronologique, à travers un parcours historique guidé par de grands panneaux explicatifs. L’itinéraire est divisé en quatre sections : « Peindre les sensations », « Fixer l’effet », « Dépasser l’horizon », « Peindre ce que l’on ne voit pas ».

 Admirer ces splendides toiles représente une expérience sensorielle et spirituelle, faite de beauté et d’enchantement. Nénuphars, églises, villages, soleil, neige, brouillard, eau, prairies, ciels, fleurs, arbres, vent, sons. Et puis la lumière particulière qui éclaire chaque toile. Les impressionnistes rejettent les règles de la perspective classique et adoptent des cadrages déséquilibrés et des lignes d’horizon très hautes qui rendent mieux compte de l'instantanéité de la vision devant un paysage. Les principaux lieux fréquentés par les impressionnistes s'articulent principalement autour de la vallée de la Seine. Claude Monet s’installe dans différents villages français, toujours à la recherche de ciels et de lumières adaptés à son art. Il est sans aucun doute l’artiste le plus prolifique de l’impressionnisme. C’est le journaliste français Louis Leroy qui a inventé ce terme, pour se moquer de ces jeunes artistes destinés à faire parler d'eux et à faire scandale. Cependant, progressivement, avec le soutien d’artistes et de marchands tels que Durand-Ruel, le groupe gagne en visibilité et les œuvres de Monet sont mieux accueillies.

 Au début, les caricatures, dessins et articles contre les impressionnistes abondent. Par exemple Albert Wolff, sur Le Figaro du 3 avril 1876 écrit : « La rue Le Peletier a du malheur. Après l’incendie de l’Opéra voici un nouveau désastre qui s’abat sur le quartier. On vient d’ouvrir chez Durand-Ruel une exposition qu’on dit être de peinture. Le passant inoffensif, attiré par les drapeaux qui décorent la façade, entre, et à ses yeux épouvantés s’offre un spectacle cruel. Cinq ou six aliénés, dont une femme, un groupe de malheureux atteints de la folie de l’ambition s’y sont donné rendez-vous pour exposer leurs oeuvres. Il y a des gens qui pouffent de rire devant ces choses, moi, j’en ai le coeur serré. Ces soi-disant artistes s’intitulent les intransigeants, les impressionnistes ; ils prennent des toiles, de la couleur et des brosses, jettent au hasard quelques tons et risquent le tout. C’est ainsi qu’à la Ville-Evrard, les esprits égarés ramassent les cailloux sur le chemin et se figurent qu’ils ont trouvé des diamants. Effroyable spectacle de la vanité humaine s’égarant jusqu’à la démence ».

 Mais l’année suivante, Émile Zola donne une autre image du nouvel art qui fait débat à Paris : « M. Claude Monnet est la personnalité la plus accentuée du group. Il a exposé cette année des intérieurs de gare superbes. On y entend le grondement des trains qui s’y engouffrent, on y voit des débordements de fumée qui roulent sous les vastes hangars. Là est aujourd’hui la peinture, dans ces cadres modernes d’une si belle largeur. Nos artistes doivent trouver la poésie des gares comme leurs pères ont trouvé celles des forêts et des fleuves ». Il riferimento è à la troisième exposition impressionniste en avril 1877 sept versions de La Gare Saint-Lazare, che Zola aveva visitato.

 Encore Zola, en 1896 dans Le Figaro écrit : « D’abord, ce qui me saisit, c’est la note claire, dominante. Tous des Manet alors, tous des Monet, tous des Pissarro Autrefois, lorsqu'on accrochait une toile de ceux-ci dans une salle, elle faisait un trou de lumière parmi les autres toiles, cuisinées avec les tons recuits de l'École. C'était la fenêtre ouverte sur la nature, le fameux plein air qui entrait. Et voilà qu'aujourd’hùi il n’y a plus que du plein air, tous se sont mis à la queue de mes amis, après les avoir injuriés et m'avoir injurié moi-même. Allons, tant mieux. Les conversions font toujours plaisir. Même ce qui redouble mon étonnement, c'est la ferveur des convertis, l’abus de la note claire, qui fait de certaines œuvres des linges décolorés par de longues lessives ».

 Le peintre Wassily Kandinsky, fondateur de l’art abstrait, était fasciné par l’impressionnisme et, en 1913, il écrivait : « Je n’ai pas tout de suite reconnu le sujet de cette peinture. Cette incompréhension me troublait et m’agaçait. Je sentais sourdement que le sujet manquait dans cette oeuvre, mais je constatais aussi qu’il s’en dégageait la puissance d’une palette qui dépassait tous mes rêves. Le sujet n’était donc pas indispensable au tableau ».

 En 1923, Paul Morand, écrit : « Nous sommes certains qu’avec le Traité de Versailles les Nymphéas sont le plus vilain cadeau qu’un homme d’état n’ait jamais fait à la France ».

 Le 17 mai 1927, à la mort de son père, Michel Monet remet à l'État les 22 panneaux décoratifs qui avaient été exposés dans l’Orangerie des Tuileries. Sans descendance, Michel Monet a fait du musée de Marmottan son légataire universel.

 Grâce à cette exposition, l’Abbaye de Fontevraud consolide et accroît sa vocation de centre culturel international. L’exposition peut être visitée jusqu'au 18 septembre 2022.

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