lundi 20 août 2012 - par CHALOT

Les romanciers suédois

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"Le Monde" a écrit que Karin Alvtegen était "Une des voix les plus singulières du roman suédois contemporain" !

Je n'ai pas lu beaucoup de romanciers suédois mais ce que je sais c'est que cette auteure a une très belle plume et sait admirablement passionner son lectorat.

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"Oublier son passé"

roman de Karin Altegen

éditions JC Lattès

12,50 €

mai 2012

379 pages
 

Du passé, faire table rase....

Ce roman ressemble au début à un livre d'été avec une histoire à l'eau de rose qui coule facilement et qu'on oublie rapidement.

Détrompez vous....

Très vite le lecteur s'aperçoit qu'il tient dans les mains une oeuvre pleine et entière qui, non contente de le passionner, l'interroge sur lui-même.

Anders Standberg est un homme riche, comblé par la vie-semble t-il-jusqu'au moment où las de tout, il subit un accident de voiture qu'il aurait même provoqué.

Comme d'autres, il a un passé : pour lui c'est une mère très présente, adorée qui l'a quitté prématurément...

Que faire de la vie ? A t-il encore un avenir ?

Las, il cherche après son accident un peu de repos pour repartir.

C'est chez Helena qui, séparée de son mari, élève sa grande fille et surtout tient un hôtel dans cette campagne suédoise où "le calme n'est qu'apparence"qu'il va se ressourcer.

Evidemment, tout semble simple : deux écorchés de la vie qui se trouvent enfin et ça y est l'histoire est bouclée !

Rien n'est si simple, d'autres personnages, au passé tourmenté sont là, eux aussi ainsi que le vieux Verner, cet homme qui vit, là bas dans la forêt et que beaucoup de personnes rejettent car il est différent....

Ah les différences ! Dans cette campagne, les gens passent plus de temps à parler du voisin qu'à causer avec ce même voisin.

Beaucoup de personnes détiennent un secret pesant qui les empêchent d'avancer et de trouver le bonheur. Ce n'est pas en se focalisant sur soi-même qu'on arrive à s'en sortir et à construire et comme le dit sans retenue Sanders à Helena :

"....Chacun choisit de devenir du vinaigre ou un vin millésimé. L'amertume ne sied à personne même pas à une belle femme comme vous. C'est une des couleurs les plus vilaines qui soient."

Ce roman, c'est un peu de sociologie, de la psychologie, de l'optimisme, certes mais pas "béat"

C'est aussi une philosophie de la vie qui nous faire revenir très vite sur terre :

"Le monde n'est rien d'autre que la représentation que chacun en a, il devient ce qu'on en fait"

Voici là une romancière suédoise que j'ai eu le plaisir de lire.

Jean-François Chalot



2 réactions


  • JP94 20 août 2012 16:39

    Le sous-titre le dit bien : « dans la campagne suédoise , le calme n’est qu’’apparent » ...
    Les banlieues à 50 km de Stockholm , du reste , on y va peu ... et ce n’est pas rose , c’est bien plus déprimant que la grande banlieue parisienne ...

    Les romanciers suédois aiment souvent montrer l’envers du décor lisse de la Suède : la Suède nous est souvent montrée comme le paradis possible sur Terre , une sorte de capitalisme moralisé et social ...où la femme aurait un statut égal dans les idées et les faits ...

    Lire les romancières et les romanciers suédois c’est se confronter à une écriture âpre , c’est découvrir une réalité grinçante , une situation sociale en déliquescence .

    Je recommanderais pour ma part le couple d’auteurs Mag SJÖWALL & Per WAHLOÖ qui ont écrit à 4 mains une série de 10 romans policiers ( 3000 pages au total) qui donne un scanner de la Suède de 1963 à 1973 puis Per est mort - cela rappele Stieg Larsson . ( Rivages / Noir ) . Le style est très mordant , drôle et ces 2 auteurs étaient des journalistes engagés , à l’analyse radicale .
    Chacun des 10 récits traite d’un aspect de la société suédoise de ces années de mutation .
     - statut de la femme, de la jeunesse , idéologie et même crime pédophile avant que la sujet ne monte à la surface : tout ceci formant les symptômes d’un profond malaise social .

    Le leitmotiv est le portrait décapant d’une police incompétente ( à mourir de rire ) , mais pas inexistante ( bien au contraire ) , dont font partie les principaux protagonistes , très critiques , de cette série . Ces policiers-là débattent en fait de la société tandis que les incompétents la prennent telle qu’elle est , sans se poser de question .

    Sjöwahl et Wahlöö sont en fait les pionniers et références reconnues de tous les auteurs suédois et au-delà ( au moins ceux de polar ) .

    Ce qui intéressant est de confronter l’évolution de la société qu’ils anticipaient et dénonçaient avec ce que l’on observe aujourd’hui : les boulangeries ont totalement disparu . les bureaux de poste publique aussi . Le centre de Stockholm a été éventré pour des opérations immobilières ...ou tracés autoroutiers ...
    Et ils ont même anticipé les circonstances de l’assassinat d’Olof Palme ... simplement par l’acuité de leur regard , dans leur dernier roman , les terroristes , ces pseudo terroristes étant dénoncés en laissant opérationnel les groupuscules d’Extrême-Droite ... on n’est pas loin de Breyvik ( sans oublier qu’un attentat un peu similaire a été évité de justesse en Suède un an auparavant , grâce aux étudiants eux-mêmes ) , 35 ans à l’avance ... la politique actuelle vient donc de loin et persiste en dépit de ses conséquences terribles .

    Il y a aussi le regard sympathique posé sur les habitants du Nord de la Suède .( Umea , Lulea ) ...
    On dispose aussi , comme avec d’autres romanciers suédois de descriptions géographiques et urbaines détaillées .


  • CHALOT CHALOT 20 août 2012 19:13

    merci de l’apport JP 94


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