mercredi 11 mars 2020 - par rosemar

Louise de Vilmorin, une femme passionnée...

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Vilmorin... Cela vous dit quelque chose ? Tout le monde connaît les graines Vilmorin, les produits pour jardins et potagers...

Mais qui connaît Louise de Vilmorin, cette femme de lettres française née au début du vingtième siècle ?

 

Geneviève Haroche lui a consacré une biographie intitulée "Louise de Vilmorin, une vie de Bohème"... Elle est venue présenter son ouvrage, lors du Festival de la Biographie, à Nîmes.

 

"Elle a été oubliée en tant que poète, c'était aussi une grande romancière, une grande épistolière, une journaliste et aussi quelqu'un dont le goût a beaucoup compté au vingtième siècle, aussi bien le goût en matière de décoration qu'en matière d'élégance... on peut parler de son élégance, de sa tenue, de ses bijoux. et de sa conversation.

Elle avait, dit-on, une conversation absolument étincelante.

Et donc tous ces éléments font d'elle un personnage d'Ancien Régime. Il y a chez elle quelque chose de Marivaux.

Pourquoi ? Parce que Marivaux était quelqu'un qui se plaçait à un point d'observation d'une société extrêmement raffinée et spirituelle.

Et Louise de Vilmorin qui a un art du dialogue tout à fait hors du commun marivaude un peu à la façon du XVIIIème siècle.

 

Et d'ailleurs, certains cinéastes ne s'y sont pas trompés, puisque Louis Malle lui a confié les dialogues du film Les amants, Orson Welles aussi a pris ses conseils, et un cinéaste comme Ophüls s'est inspiré de ses romans.

Donc, voilà un auteur qui est véritablement au point de jonction de différentes façons de vivre, d'écrire, et elle vit poétiquement sa vie."

 

"Alors, il y a un cahier photos très intéressant", commente le journaliste qui interroge Geneviève Haroche : "On la voit choisir ses étoffes, dans son salon particulièrement bien meublé avec des recherches de couleurs tout à fait étonnantes...

Et puis parlez-nous de son éducation, parce que Vilmorin, cela rappelle les graines, la famille des grainetiers, il y a encore un magasin à Paris."

 

"Elle naît en 1902 dans la célèbre famille de grainetiers, elle reçoit une éducation strictement familiale et elle meurt en 1969, entre temps, il y a un homme fondamental, c'est Malraux...

Il y a eu beaucoup d'hommes dans la vie de Louise de Vilmorin.

 

Il y a eu d'abord quelqu'un de très important : Saint-Exupéry qui a été son fiancé, qui lui dédie des poèmes, avec qui elle a une sorte de parenté poétique, et aussi une parenté d'insatisfaction.

 

Et puis, Malraux, c'est celui qui va lui mettre le pied à l'étrier, c'est celui qui lui dit : "Osez écrire...", c'est celui qui lui ouvre la porte des Editions Gallimard.

 

Sur le plan des recherches verbales, avant l'Oulipo, elle joue avec le langage, elle aime les mots, elle aime déconstruire la poésie.

 

En revanche, sur le plan politique, on ne peut pas dire qu'elle soit réellement intéressée, vraiment en phase avec son temps....

La seule question politique qui l'ait vraiment passionnée, ça a été la question de la Hongrie et le moment où les chars russes rentrent dans Budapest, elle prend position, à ce moment-là, elle s'engage.

Mais, elle avait cela en commun avec Roger Nimier, c'est cette très profonde indifférence historique."

 

Question du journaliste :"Est-ce qu'elle est réactionnaire ? Il y a un moment extraordinaire où un journaliste lui dit : "Mais est-ce que vous êtes pour l'indépendance des femmes ?"

Alors, là elle est furieuse, elle dit : "Mais comment ? Mais jamais je ne serai indépendante, c'est horrible d'être indépendante !"

Elle s'exprime avec beaucoup de préciosité, beaucoup de charme... et quand même, elle n'est pas pour le MLF..."

 

Voici la réponse de Geneviève Haroche : "C'est à dire qu'officiellement, elle n'est pas pour l'indépendance des femmes, mais en réalité, elle a toujours vécu de façon totalement libre, complètement indépendante, rêvant peut-être d'une dépendance dont elle ne voulait pas.

Ce n'est pas le moindre des paradoxes parce qu'on peut dire de la destinée de Louise de Vilmorin qu'elle est un enchaînement de paradoxes."

 

"De qui a-t-elle été la plus amoureuse ?" questionne encore le journaliste...

"Je pense qu'elle beaucoup aimé Jean Hugo, l'arrière petit-fils de Victor Hugo, qui était peintre, dessinateur et poète.

J'ai eu la chance de bénéficier d'un inédit, 30 années de correspondance avec Jean Hugo et on voit bien que c'est la relation la plus longue, la plus fidèle et je pense qu'elle aurait aimé vivre avec Jean Hugo..."

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2020/03/louise-de-vilmorin-une-femme-passionnee.html

 

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