Mantra, livre génial...

La rentrée littéraire est arrivée, les gros auteurs sont là, et la
chasse aux bons papiers est ouverte. Rien d’inhabituel. Comme une
ritournelle, nous verrons passer du Christine Angot, du Yann Moix et
autre Amélie Nothomb... Quelques perles arrivent tout de même à se
faire une petite place ici ou là, mais certaines ne sortiront peut-être
jamais au grand jour médiatique. Profitons donc d’un espace ouvert pour
parler de l’une d’entre elles... Le fabuleux Mantra de Rodrigo Fresan.
Déjà paru en espagnol aux éditions Mondadori, il avait reçu une
critique élogieuse de Roberto Bolano. Aujourd’hui il paraît sous sa
traduction française aux discrètes éditions Passage du Nord-Ouest, et
promet de rester un des grands romans de la littérature hispanique.
Ce roman, construit en trois grandes parties, est un récit plein
d’humour qui parle de Mexico à travers plusieurs personnages (aussi
poétiques qu’étranges). En première partie, il y a l’histoire de Martin
Mantra, petit Mexicain, vu à travers les souvenirs d’enfance d’un Argentin. Martin Mantra est un enfant terrible (il commence par jouer à
la roulette russe), fils d’acteurs de série télé et accompagné d’un
garde du corps ex-lutteur masqué... La deuxième partie est une sorte de
dictionnaire de Mexico (ordre alphabétique), dont le narrateur est un Français amoureux d’une Mexicaine. Le récit passe par le croisement de
plusieurs histoires : Burroughs en Guillaume Tell, deux lutteurs
masqués, un groupe de rock féminin, la langue internationale des
morts-LIM-, Martin Mantra le guérillero, etc. Enfin, la troisième
partie (futuriste) se passe dans une nouvelle cité (Nueva Tenochtitlan
del Tremblor) construite sur les ruines de Mexico (détruite par des
tremblements de terre). Le narrateur est alors un robot en quête de traces de son père (Mantrax) par promesse faite à sa mère ordinateur...
Peu de romans sont aussi passionnants à lire que Mantra. Les histoires
s’y mêlent et s’y superposent dans un faux désordre parfaitement
maîtrisé, les temps s’entrechoquent, l’enfance y est comme un
territoire limitrophe avec la mort, le tout dans un récit délirant,
émouvant et infiniment drôle.
note : pour lire des extraits allez sur http://mantra.fresan.free.fr/dotclear/