mercredi 14 février 2007 - par Jean-Dominique Reffait

Marion mon amour

La jonction se fait au sublime. Une jeune actrice rencontre un rôle sacré. Il ne lui manquait pas grand-chose, juste ce rôle, pour entrer dans notre imaginaire de perfection. Marion Cotillard est Piaf, dans le film « La Môme » d’Olivier Dahan.

Partout dans le film, c’est Piaf qui vit, qui rit, qui pleure, qui souffre, qui chante et l’on ne voit qu’elle, Marion Cotillard, non pas une actrice grimée en Piaf, pas une transfiguration, non, Marion Cotillard est la comédienne parfaite qui est totalement elle-même en étant Piaf. Et le film nous dit alors qu’il ne pouvait exister sans elle, qu’il aurait été une splendide biographie comme tant d’autres sans ces yeux ahurissants de passion, sans cette bouche dont chaque mouvement est une chorégraphie, sans ce timbre de voix d’une douceur métallique.

Non pas que le film d’Olivier Dahan manque de force et de qualité : vision subjective et intérieure du destin magnifiée d’Edith Piaf, Olivier Dahan nous rend Piaf telle qu’on la désirait. Le malheur a des mystères qui se lovent douillettement dans les habits neufs du succès, de la gloire et du talent. Piaf envoûte car à chaque mot chanté, il demeure au fond de sa gorge le secret de la note poussée : le film rend compte de cette curiosité qui nous taraude. De quel tréfond pouvait provenir ce talent si puissant ?

Mais Marion Cotillard écrase tout, elle emporte le film plus loin encore, elle emporte Piaf avec elle au point que, lorsque les photos usées d’Edith Piaf ne suffisent plus à nous restituer la finesse de son visage, il semble désormais que nous ne puissions plus lui substituer une autre image que celle de Marion Cotillard.

Il nous manquait, dans cette génération, une actrice qui pût nous émouvoir dans un rôle au point que sa simple présence à une émission de promotion du film ressuscite le trop-plein d’émotion. Présence magique de l’actrice lorsqu’elle devient une star, une vraie, une étoile dans notre coeur. Un temps, on avait pu y croire avec Audrey Tautou mais son personnage d’Amélie Poulain était finalement trop fabriqué et les films suivants n’ont pas tenu leurs promesses. Question de chance pour une comédienne. Alors, c’en serait fini d’une Deneuve ou d’une Adjani dans les générations nouvelles ? Eh bien non, Cotillard est née. Et elle a tous les pouvoirs des fées.



3 réactions


  • L'enfoiré L’enfoiré 14 février 2007 14:20

    Bonjour,

    La sortie du film en Belgique est aujourd’hui, 14 février. Ce choix est en plein dans le mille. Fête des amoureux. Sa vie n’a été que faite que de cela.

    Edith que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître a prêté ses traits à une jeune fille, à une jeune dame. C’est d’une justesse à couper le souffle. Je n’ai vu que des bribes du film et pourtant on s’y croirait.

    Pourtant, quand on pense à ce qu’était la vraie Môme, il faut dire que malgré les traits usés ne correspondaient pas du tout avec l’âge de Piaf au moment de sa mort. A la voir, on aurait pu penser qu’elle avait une longue carrière derrière elle. Celle-ci a été compressée au maximum. Zippée, diraient les informaticiens... Ce n’est pas le premier film sur sa vie mais je pense que nous avons un « top ».


  • gem gem 14 février 2007 14:40

    bigre, quelle belle déclaration ! Vous n’avez pas peur de rendre quelqu’une jalouse, vous smiley


  • Rapetout 4 mars 2008 10:50

    Je m’en tamponne le cotillard.


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