samedi 7 juin 2008 - par Voris : compte fermé

Mathurin Méheut, peintre des vieux métiers

Le peintre de la Bretagne, Mathurin Méheux, est sous les feux de l’actualité en 2008 mais pour des faits divers. Le 19 avril, le quotidien Ouest-France informe du vol d’une dizaine de ses œuvres. Le 2 mai, le même journal annonce dans la rubrique immobilière que la maison du peintre est en vente. Enfin, le 6 juin Ouest-France encore nous apprend que les héritiers du peintre vont reprendre près de la moitié des 10 000 toiles du musée de Lamballe. C’est l’occasion de présenter ce peintre.

Peintre très coté en Bretagne (le moindre dessin se négocierait à 1000 euros), Mathurin Méheut est inconnu passé la frontière bretonne. Et pourtant...


Qui était Mathurin Méheux ? (1882-1958)

Né à Lamballe (Côtes-d’Armor) en 1882, et décédé à Paris en 1958, Mathurin Méheut fut élève de l’école des Beaux-Arts de Rennes, puis en 1902 de l’école des Arts Décoratifs de Paris. Il réalisera une grande quantité de motifs décoratifs inspirés par la faune, la flore et la géologie. Remarqué par le célèbre banquier-mécène Albert Kahn, qui a créé les Archives de la planète, Méheut est le seul artiste parmi de nombreux photographes à bénéficier d’une bourse de voyage autour du monde dont il doit ramener des dessins inédits sur la vie des populations. Il entreprend alors un voyage qui le mènera jusqu’au Japon. Voir ici.

Il est rappelé pour la Première Guerre mondiale, lors de laquelle il produit un grand nombre de dessins, véritable témoignage de la vie dans les tranchées. Voir ici.

Après l’armistice, il revient dans sa Bretagne natale, et devient illustrateur (notamment pour Maurice Genevoix, Colette, Pierre Loti, Roger Vercel). Il enseigne aussi à l’école des Beaux-Arts. Artiste pluridisciplinaire, il sera chargé de la décoration du paquebot Normandie ! En tout, il décorera une douzaine de paquebots. Il va aussi collaborer étroitement avec le faïencier Henriot de Quimper. Voir quelques faïences ici.

Mathurin Méheut a aussi été nommé peintre officiel de la marine en 1921.


Méheut et les vieux métiers bretons :

Mais le public retient surtout ses nombreux tableaux sur la Bretagne, en particulier sur les vieux métiers. Il faut dire que Méheut est né dans une famille d’artisans. Le père de Mathurin Méheut était charpentier menuisier à Jugon-les-Lacs. Méheut s’est donc ainsi intéressé aux divers métiers de l’artisanat et de la mer, ce qui fait de lui un peintre de la condition humaine de son époque.

Au cours d’un séjour (1911-1912) à Roscoff, il se passionne pour la Basse-Bretagne et découvre les pêcheurs et les goémoniers. Il restera deux ans au sein de la Station Biologique où il accompagnera les chercheurs sur les plages, les grèves et en mer. Deux années durant lesquelles il va patiemment et minutieusement reproduire les poissons, crustacés et algues qu’il récolte. Voir ici.

L’étude de la mer, flore et faune de la Manche et de l’Océan, le fait connaitre auprès des scientifiques et des critiques d’art.


Méheut sous les projecteurs de l’actualité récente :

Le 19 avril 2008, on apprenait le vol de tableaux de Mathurin Méheut au domicile d’un couple de Paimpolais. Le préjudice se chiffre en milliers d’euros. Le 2 mai, c’est l’annonce de la mise en vente de la maison natale de Mathurin Méheut pour un prix de 700 000 €. Les propriétaires en avaient particulièrement pris soin et réussi même à en faire un lieu touristique incontournable, inscrit au Guide du routard, avec chambres d’hôtes. Mais qu’on se rassure : elle sera peut-être affectée au futur musée...Et puis voici que la moitié des 10 000 toiles du fonds d’atelier de Méheut va quitter Lamballe. Après sept ans de bataille juridique puis de conciliation, les héritiers du peintre les récupèrent. Ils avaient contesté les donations effectuées par leurs ascendants, entre 1962 et 1972, à l’association qui gère le musée, les Amis de Mathurin-Méheut. C’est au nom de la réserve héréditaire, même si la fille, disparue en 1992, a cédé librement son patrimoine, que la restitution est décidée. Un accord a donc été trouvé mais le musée conservera les toiles les plus emblématiques du parcours de Mathurin Méheut. Par ailleurs, le musée pourrait récupérer -malgré le trou dans la trésorerie que cette affaire occasionne- une partie des oeuvres rendues aux héritiers si ces derniers les cèdent lors d’une vente publique ou les donnent à l’Etat pour régler les droits de succession.



Musée Mathurin Méheut à Lamballe

A voir aussi :

Les bleus de Mathurin Méheut.



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