lundi 21 novembre 2016 - par Theothea.com

« MOI, Moi & François B. » Berléand & Castro trans-lucides au Montparnasse

Quand un auteur, non seulement délègue son alter ego durant deux actes pour persuader un célèbre acteur du bien-fondé de jouer sa pièce… en le poursuivant jusque sur scène alors que celui-ci devrait au même moment interpréter Dom Juan mais que, de surcroît, en lieu et place d’un troisième acte avorté, le dramaturge intervient lui-même personnellement au domicile du fameux comédien pour tenter, avec son manuscrit en main, de finaliser le contrat dans un tête-à-tête sans intermédiaire, il est fort probable que Clément Gayet, inconnu jusque-là du grand public, trouve en François Berléand son véritable mentor… à charge de renvoi d’ascenseur.

 

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MOI, MOI & FRANCOIS B.
© DR.

 

Il faut dire que la renommée actuelle de la star "Berléand" est, à ses propres yeux, une sorte de miracle dont ce dernier s’ébaubit à chaque instant car, s’étant jadis conçu « fils de l’homme invisible », il a passé la première partie de sa vie d’artiste à lutter contre une schizophrénie existentielle le rendant transparent à lui-même et aux autres.

Aussi, c’est par une métaphorique revanche contre la destinée que, dans la vraie vie, l’acteur soixantenaire donna son accord enthousiaste au scénario de Clément Gayet après que celui-ci eut transformé sa lettre d’accompagnement d’une première œuvre avortée, en véritable dramaturgie surréaliste & iconoclaste… tellement proche de l’imaginaire de François !

Et voilà donc, quelques années plus tard, Stéphane Hillel en situation de mettre en musique cette quête à, au moins, double entrée où l’auteur novice va rechercher la reconnaissance immédiate du public via l’hyper sensibilisation du comédien « bancable » en prise avec son propre kaléidoscope identitaire que celui-ci pense pouvoir unifier en le faisant d'abord imploser.

 

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MOI, MOI & FRANCOIS B.
© Theothea.com

 

Donc, Moi & François B. vont se retrouver en huis clos durant les deux premiers tiers de la représentation, en une sorte de manipulation mentale où Vincent (Sébastien Castro), le sosie de l’auteur se coltine avec François le double de Berléand, tous deux aspirés dans une fiction imaginaire dont les ficelles seraient tirées par un démiurge mal identifié mais non sans les avoir accompagnés, pour faire diversion, de Cézanne (Inès Valarcher) l’étrange fée contorsionniste ainsi que de Cécile (Constance Dollé) « la moitié féminine » de François quelque peu récalcitrante.

Viendra donc, en phase finale, le temps du de(briefing) où la séance de séduction, organisée par Clément l’auteur, afin de convaincre François l’acteur, de s’impliquer dans son œuvre, servira tout à la fois de réminiscence au spectateur ayant préalablement assisté à cette négociation contrainte et forcément problématique ainsi que de présentation au projet théâtral où le vrai François Berléand, lui, serait programmé pour jouer prochainement avec son épouse, mais sans son approbation formelle, afin de faire triompher l’auteur inconnu qui, grâce à cette méthode « marketing », plébisciterait l’audience du grand public… à moins que, coup de théâtre imprévu, ce soient en définitive Nathalie Baye et Pierre Arditi qui coiffent, sur le poteau, les deux interprètes initialement choisis…

 

Visuel affiche © DR. 

photos 2 & 3 © Theothea.com

  
MOI, MOI & FRANCOIS B. - **.. Theothea.com - de Clément Gayet - mise en scène Stéphane Hillel - avec François BERLÉAND, Sébastien CASTRO, Constance DOLLÉ, Inès VALARCHER & Clément GAYET - Théâtre Montparnasse

 

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MOI, MOI & FRANCOIS B.
© Theothea.com

 




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