jeudi 12 novembre 2015 - par Theothea.com

« Oscar et la Dame Rose » Judith Magre « Seule en Scène »

Lors de sa création en 2003 à la Comédie des Champs-Elysées par Danièle Darrieux mise en scène par Christophe Lidon, le texte d’Eric-Emmanuel Schmitt, dédié par l’auteur à l’immense comédienne, fut alors l’occasion d’une magistrale interprétation théâtrale pour laquelle celle-ci fut récompensée du Molière de la meilleure comédienne.

Deux années plus tard, c’est Anny Duperey qui reprenait le rôle, nominée aux Molières 2006, sous la direction de Joël Santini au Théâtre de l’Oeuvre.

La comédienne y établissait une véritable performance en jouant l’ensemble des protagonistes sous différents registres scéniques et autres timbres de voix.

En 2009, Eric-Emmanuel Schmitt dirigeait l’adaptation cinématographique avec une vingtaine d’acteurs dont Michèle Laroque en Mamie Rose.

Devenu par la suite directeur du Théâtre Rive Gauche, l’auteur propose dans sa salle parnassienne, en cette première partie de saison théâtrale 15-16, deux têtes d’affiche féminines pour deux récits liés conceptuellement par un compte à rebours existentiel à durée fixée à l’avance.

« 24 heures de la vie d’une femme » avec Clémentine Célarié et donc « Oscar et la Dame Rose » qui comptabilise 120 années de vie humaine sur douze journées vécues à fond par un jeune garçon de 10 ans, condamné par la maladie.

Voici donc La grande Judith Magre, en charge de compléter brillamment le duo valeureux Darrieux-Duperey en trio, alors même que sur sa lancée de 89 printemps, elle vient de jouer 4 pièces en 2 années.

S’étant pourtant juré intérieurement de ne plus affronter les planches en solo avec un monologue, c’est néanmoins en compagnie de tous les proches d’Oscar que la comédienne rejoint chaque soir son fameux personnage de Mamie Rose, cette visiteuse médicale qui a la vertu de peupler l’imaginaire d’Oscar en prise avec ses pensées contradictoires de petit garçon malade face aux spécificités de tous les âges successifs de la vie bien au-delà du centenaire.

Quelle longévité ! Quelle perspicacité ! Quelle volonté de s’accrocher aux atouts du vivant !…

Eric-Emmanuel Schmitt lance ainsi le défi de la survie coûte que coûte pourvu que le rêve puisse être le garant d’une satisfaction avérée.

C’est peu de dire que Judith Magre en relève fièrement l’enjeu à la fois réaliste et onirique, en restant au plus près du roman initial, tel un récit qu’elle se ferait à elle-même de façon à unir début et fin de vie en une même lutte aux couleurs de l’enfance ne demandant qu’à « jouer ».

La mise en scène de Steve Suissa se veut la plus discrète possible dans une lente pérégrination de cour à jardin & vice versa au cœur d’une chambre d’enfant où une multitude de jouets y régne naturellement grâce à sa potentialité bienfaisante.

Crânement « Seule », Judith Magre y raconte effectivement avec grande dignité et force poésie, l’histoire compassionnelle d’Oscar et Mamie Rose, à l’instar d’un conte ludique pour grands enfants avertis.

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OSCAR ET LA DAME ROSE
Visuel affiche

OSCAR ET LA DAME ROSE - **.. Theothea.com - de Eric-Emmanuel Schmitt - mise en scène Steve Suissa - avec Judith Magre - Théâtre Rive Gauche




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