mercredi 31 juillet 2019 - par Fergus

Paimpol 2019 pour un savoureux « best of »

Né en 1989, le « Festival du Chant de Marin » fêtera ses 30 ans avec cette 14e édition qui s’apprête à réunir durant trois jours à Paimpol des dizaines de milliers d’amoureux des musiques de tradition maritime, non seulement issues du patrimoine des régions côtières françaises, mais également de nombreux autres pays riverains des mers du globe. L’occasion de revivre, dans un cadre magnifié par la présence de dizaines de vieux gréements, quelques-uns des temps forts de l’histoire de ce festival à nul autre pareil. L’occasion également de découvrir de nouveaux artistes talentueux venus d’horizons très variés…

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Taillevent (2015)

Le Festival du Chant de Marin (Gouel Kan ar Vartoloded) fêtera ses 30 ans les vendredi 2, samedi 3 et dimanche 4 août 2019 dans le port de Paimpol. Comme à chaque édition, l’ambiance de fête sera même déjà palpable dès le jeudi 1er août avec l’arrivée, très attendue dans les bassins, des vieux gréements avec leurs coques en bois et de leurs mâtures entoilées à l’ancienne. 200 seront présents cette année encore, venus de différents ports de France, du Royaume-Uni, des Pays-Bas et même du Danemark, pour le plus grand plaisir des esthètes et des photographes.

Pourquoi un festival dédié aux musiques de tradition maritime est-il né à Paimpol ? Tout simplement parce que cet hommage à la vie austère et aux rudes métiers des gens de mer est apparu en 1989 comme une évidence aux habitants de cette ville portuaire. Quel meilleur témoin de l’histoire de cette magnifique côte du Goëlo, si souvent endeuillée naguère par les naufrages des goélettes « islandaises » que le port de Paimpol ? Ce lieu est en effet emblématique de l’harassante et périlleuse pêche à la morue sur les bancs d’Islande* ainsi que des angoisses des proches restés à terre. Une aventure humaine parfaitement décrite naguère par le romancier et officier de marine Pierre Loti dans son célèbre roman Pêcheurs d’Islande

Longtemps centrée sur son objet initial – le « chant de marin » –, la programmation musicale du festival a, lors des dernières éditions, été élargie par les organisateurs à des formations sans rapport direct avec la tradition maritime. Un choix en l’occurrence délibéré car destiné à faire venir sur le site paimpolais un public peu familier des musiques et des chants de marins – français et étrangers – qui restent au cœur de l’événement. Pari gagné : le FCM de Paimpol est, au fil du temps, devenu un rendez-vous incontournable de la scène bretonne et, édition après édition, a vu sans cesse croitre le nombre des festivaliers. À tel point qu’aujourd’hui, l’événement est attendu non seulement par les Bretons amoureux de la mer et des traditions régionales, mais également par de nombreux étrangers, tombés sous le charme de ce cadre portuaire et de cette programmation diverse et colorée.

Pour cette édition 2019, le Festival paimpolais restera fidèle à son sous-titre : Musiques des mers du monde (Sonerezhioù Morioù ar Bed). Outre les groupes bretons habitués des lieux, de nombreux artistes britanniques, irlandais, néerlandais, polonais et québécois viendront en effet interpréter des musiques et des chants puisés dans leur propre patrimoine maritime. Au programme : des chants à haler, à hisser, à nager (ramer), à virer qui rythmaient autrefois le dur et ingrat travail de bord de la marine à voile, que ce soit sur les bateaux de pêche, les navires de guerre ou les grands clippers qui sillonnaient les océans. L’on pourra également entendre les complaintes inspirées aux matelots et à leurs épouses par l’éloignement et la rudesse de leurs conditions de vie, ainsi que les musiques de détente, le plus souvent des mazurkas, des passe-pieds et des polkas.

Du côté des têtes d’affiche de cette édition 2019, outre quelques grands noms de la scène bretonne, les festivaliers pourront entendre des artistes aux talents très différents, et pour la majorité d’entre eux de renommée internationale : Jeanne Added, Goran Bregovic, Gilberto Gil, Femi Kuti, Bernard Lavilliers, Pink Martini, Motivés !, Denez Prigent et Yann Tiersen, Soviet Suprem ou Tri Yann, pour n’en citer que quelques-uns. Nul doute qu’il y aura beaucoup d’ambiance aux abords de la grande scène !

Une grande scène, dédiée au regretté shantyman Stan Hugill, qui ne sera pas isolée : deux autres scènes, un cabaret, une taverne et le pont d’une goélette néerlandaise complèteront le dispositif entre 14 heures et 2 heures du matin. Sans compter les prestations des artistes en déambulation sur les quais dès 10 h 30 ou, de manière spontanée, à bord de bateaux ancrés dans le port. 

De la musique, des moules-frites, des galettes-saucisse, des harengs fumés, des maquereaux marinés, de la bière et du cidre, des rires, de l’émotion, des animations pour les enfants, il y aura tout cela cette année encore sur les quais de Paimpol. Avec à la clé une formidable ambiance, festive et chaleureuse, pour tous, petits et grands, soit à l’écoute des musiciens, soit sous une forme participative à l’occasion des festoú noz. Et cela pour 29 euros la journée (4 euros pour les 6 à 14 ans) ou 58 euros le forfait trois jours (8 euros pour les 6 à 14 ans). Un prix d’ami pour de la musique à gogo, à consommer sans modération à l’écoute des artistes invités, qu’il s’agisse des grands noms évoqués plus haut ou de groupes comme Aco + Taca, Cent Z’escales, Erik Marchand et le Taraf de Caransebes, The Exmouth Shanty Men, Les Goristes, Kila, Les Marins d’Iroise, Nordet, Onstuimig Schuim, Orkiestra Samanta, Sasiedzi, Sheepsfolk, Taillevent, The Wareham Whalers, Vent de Noroise, Za Horyzontem, pour ne citer que ceux-là, sans oublier bien sûr le groupe local, Les souillés de fond de cale, présent à Paimpol depuis… 1991.

Degemer mat e Gouel Kan ar Vartoloded ! (Bienvenue au Festival du Chant de Marin !)

Deux symboles forts, présents sur la commune voisine de Paimpol, Ploubazlanec, rappellent, l’un, l’attente angoissante des femmes de marins, : l’autre, le lourd tribut payé aux conditions de mer.

La Croix des veuves est érigée sur un promontoire face à la mer. Elle est composée d’une Trinité et d’une Pietà au sommet d’un fût de granit gravé d’inscriptions latines tirées de la Vulgate. C’est sur cette falaise que les femmes des marins guettaient les flots en attendant le retour des goélettes parties pour l’Islande lorsque les bateaux tardaient à rentrer au port en fin de campagne. Initialement nommé Kroaz Pell (la croix lointaine), cet émouvant monument a été rebaptisé par Pierre Loti.

Le second, encore plus émouvant, prend la forme d’un impressionnant Mur des Disparus dans le cimetière de Ploubazlanec. Alignées côte à côte en forme d’hommage muet, des dizaines de plaques commémoratives portent gravés dans le granit ou le marbre les noms des 120 goélettes et des 2000 marins de Paimpol et des environs qui ont laissé leur vie dans les eaux glacées des bancs de pêche d’Islande.

Pour en savoir plussur ce festival : Paimpol 2019.

En complément du festival, un site à visiter : chants-marins.info

 

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Earl of Pembroke (2017)


9 réactions


  • gruni gruni 31 juillet 2019 10:48

    Bonjour Fergus


    « De la musique, des moules-frites, des galettes-saucisse, des harengs fumés, des maquereaux marinés, de la bière et du cidre... »

    Voilà un programme bien allèchant qui mérite sans aucun doute le déplacement. Une Autre fois peut-être.


    • Fergus Fergus 31 juillet 2019 11:38

      Bonjour, gruni

      Très belle ambiance, idéale pour les familles car il se passe toujours quelque chose. Et l’on peut même écouter de la musique en dégustant des moules-frités à la terrasse d’un resto. Bref, rien à voir avec des événements comme Carhaix.

      Qui plus est, en dehors des heures de programmation, les environs de Paimpol sont superbes. Cerise sur le gâteau, l’île de Bréhat (surnommée à juste titre « l’île aux fleurs ») est toute proche.


    • Fergus Fergus 31 juillet 2019 11:41

      Bonjour, alexis42

      « Du rhum, des femmes et d’la bière »

      Il y en aura également !

      Pour ce qui est de Taillevent, ne pas attendre ses musiciens aux fourneaux, mais plutôt dans la chanson marine à contenu social engagé.


  • troletbuse troletbuse 31 juillet 2019 10:52

    Enfin avec un peu de retard, voici les pompiers de la Macronie :

    https://www.youtube.com/watch?v=m8srI3lXsaQ


  • Surya Surya 31 juillet 2019 20:28

    Bonjour Fergus,

    Un article bien sympa, positif et enthousiaste comme je les aime, qui donne vraiment envie de se rendre à ce festival.

    Et ces magnifiques vieux voiliers pour ajouter à l’ambiance... je comprends que les gens viennent du monde entier.

    .

    Cependant :

    « été élargie par les organisateurs à des formations sans rapport direct avec la tradition maritime. »


    Je n’ai évidemment rien contre les artistes sans rapport direct que vous avez cités, mais ne craigniez-vous pas que ce festival finisse un jour par devenir trop élargi et en perde de son authenticité ?


    Comme je suppose que vous allez vous y rendre, (et sans doute pour les trois jours ?) je vous souhaite donc d’excellentes journées. 


     smiley


    • Fergus Fergus 31 juillet 2019 20:44

      Bonsoir, Surya

      C’est en effet superbe !


      « ne craigniez-vous pas que ce festival finisse un jour par devenir trop élargi et en perde de son authenticité ? »


      Cette question a été posée à Pierre Martin, le président du Comité d’organisation lorsque cet élargissement a été décidé. A juste titre. Mais il semble que les organisateurs aient eu raison de balayer les craintes : le FCM a gardé son caractère particulier. Qui plus est, les grands noms invités qui s’écartent de la tradition maritime se produisent sur la grande scène, un peu à l’écart du port. Celui-ci reste donc très largement centré sur les musiques et les chants des gens de mer.


      Merci pour vos souhaits.


      Cordiales salutations !


    • pemile pemile 1er août 2019 11:23

      @Fergus « Mais cela doit se faire sur des éléments avérés ! »

      Les faits avérés c’est quand même que la fête de la musique s’est déroulée à cet endroit depuis 20 ans sans incident et que la violence assumée de ce gouvernement face au mouvement des gilets jaunes est inédite, non ?


    • Fergus Fergus 1er août 2019 11:39

      Bonjour, pemile

      Oui, je suis d’accord sur ces deux points.

      Mais cela n’explique pas tout. D’autant plus que le portable de Steve a cessé de borner nettement avant l’intervention des policiers, que le corps a été retrouvé très en amont, et qu’à ce jour il semble qu’aucun témoin n’ait vu ce jeune homme tomber dans la Loire.

      Bien que cela n’ait pas grand chose à voir, cela me rappelle la disparition du fils d’un ami dans les Alpes, entre deux sessions de la colo où il était moniteur. Tout a été envisagé à son sujet, y compris un enlèvement. Mais pas un accident. Et pour cause : il était un randonneur expérimenté et n’était parti ce jour-là  après avoir indiqué son parcours à ses amis  que pour une banale balade de 2 heures en montagne à vache sur un itinéraire sans le moindre danger. Il a pourtant disparu au coeur de l’été par grand beau temps et n’a été retrouvé dans des taillis en contrebas du chemin que l’année suivante. Que s’est-il passé ? Personne ne l’a jamais su !


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