lundi 7 juin 2021 - par Orélien Péréol

Partcours Dakar Juin 2021

Le Partcours de Dakar est un événement artistique qui revient chaque année durant les deux premières semaines du mois de décembre ; l’organisation cherche à réunir des espaces d’art professionnels de la capitale sénégalaise.

Une fois n’est pas coutume, le Partcours offre une présence inhabituelle ces jours, du 11 mai au 28 août pour certaines expositions. Il s’agissait de se rassembler à contretemps, au moment de la libération des contraintes liées au covid19, comme une sorte de fête nécessaire, un surplus de joie à la fin de l’épreuve. Vite fait sur le gaz, a été publié un prospect rouge avec les lieux, les dates des vernissages… Comme à chaque fois, il y a trop de galeries, studios, musées, ateliers pour pouvoir parler de tous. Il faut citer trois journées porte ouverte sur l’ile de Gorée, même si elles sont passées. Place de la liberté, on pouvait voir les livres de création d’Abdoulaye Ndoye : l’écriture y est dessin, l’objet-livre objet d’art, le livre devient le champ de l’invention plastique. Hyppolite Kabore expose des peintures étonnantes dans leurs sujets et dans la complexité des significations ainsi que des bronzes de belles factures, toujours sur des sujets excentriques, comme la pause de la bûcheronne : allongée tête en bas sur un tronc déraciné, sa forte cognée près de son visage… Jean Lebreton, photographe plasticien, expose ses œuvres mix-media étonnantes. Autre photographe, Alex « colore » les têtes des talibés, ces enfants mendiants dont la présence est si douloureuse au Sénégal, avec des clichés des ferrailles que les talibés recueillent et transportent au quotidien pour gagner quatre sous. Mouctar Sen, dont c’est la première exposition, a créé trois tableaux très expressifs d’assemblages métalliques. A la galerie le Manège, Lune Diagne et Sambou Diouf nous disent leurs « frères d’âme » dont les immenses et un peu terrifiants portraits racontent la dureté de cette fraternité et la dureté de leurs vies. Kenu Lab’Oratoire à Ouakam propose des manifestations diverses dont un théâtre forum le 12 juin « Dekkuway ».

A l’Agence Trames, on trouve Diablos, Ndoye Douts, Arébénor Bassène, Babacar Diouf, Fally Sène Sow ; ils ont « illustré » des chroniques de feu Oumar Ndao (Éditions Vives voix), sa philosophie, sa sagesse, la pertinence de ses réflexions : « C’est une des plus grosses ficelles que la modernité nous aura procurées, ficelle au sens de la ruse, de la stratégie, mais aussi au sens de la ficelle qui agite les marionnettes. Nous voici devenus des pantins agités selon le crédit dont on nous remplit. Ce n’est même pas le portable qui a du crédit ou pas de crédit, c’est nous… », un livre magnifique de sensibilité.

Il n’est pas possible de citer tout le monde, j’ai donné quelque chose de mon propre glanage, allez-y tout vaut la peine.

Un échange avec le public a eu lieu à l’Atelier Céramiques Almadies en présence de Mauro Petroni et de Koyo Kouoh de Raw Material Compagny, deux fondateurs du Partcours. Nombre de témoignages sur les modes de fréquentation du Partcours, des galeries, du rapport à l’art, se sont suivis, les questions sont arrivées par la suite. Ont été évoqués l’idée d’un thème, le rapport à l’art de rue, la vente, le lien entre l’immobilier en pleine expansion à Dakar et les œuvres locales pour habiller ces murs, l’école d’Art pour la qualité des artistes… un panorama de questions concrètes est sorti du groupe et a commencé à recevoir des esquisses de réponses. Moment de riches réflexions, rencontre conviviale et profonde.

Le Partcours de Dakar continue son œuvre de rassemblement, de mise en commun des forces artistiques et de recherche des convergences. Longue vie.




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