Partcours n°11 à Dakar
La onzième édition du Partcours a commencé le 25 novembre et se termine le 11 décembre 2022, quinze jours d’événements dans trente espaces d’art.
Instagram @partcours / Facebook @partcours.dakar http://www.partcours.art/
Le Partcours est la principale manifestation annuelle, collective, des espaces d’art et de savoir dans la capitale du Sénégal. C’est sans doute une expérience unique pour tout le continent. Toutes les formes d’art y sont présentes : peinture, sculpture, architecture, installation, vidéo, impression, photographie, performance et discussions. Les vernissages sont ouverts à tous, organisés par jour et par quartier. Les espaces restent connectés tout au long de l’année, dans un échange soutenu sur les actualités culturelles de Dakar.
Par ailleurs, la ville se métamorphose sous l’effet d’une boulimie foncière, dans le non-respect de la nature et du patrimoine architectural. L’implantation locale des espaces d’art et des créateurs y préserve un sens, un engagement citoyen. Ces lieux préservent la possibilité de s’étonner devant le mystère des quartiers et l’identité de la ville. Autant de fragments, de gestes, disséminés dans la cité et réunis en un mouvement collectif qui éclate au moment annuel du Partcours. Empreintes dans la ville, où chacune des propositions est comme une graine, comme un chemin à suivre pour mieux s’y perdre.
Il n’est pas possible de tout dire.
Je suis obligé d’être injuste et de parler de ce que j’ai saisi à la volée :
Le plus remarquable m’a paru être, à l’Institut français, ce film en immersion visuelle et sonore totale, qui montre le processus de création collectif d’une œuvre tissée. On chausse des lunettes hermétiques et un casque audio et le miracle est que l’on est au centre de ce que l’on voit comme on est tout le temps au milieu du réel, à ceci près qu’on est au milieu d’un reportage. On voit les spectateurs de cette magie technologique s’agiter doucement et rechercher à droite à gauche en haut et en bas à voir on ne sait quoi. Comme des schizophrènes paisibles, les spectateurs se donnent involontairement en spectacle. L’histoire que l’on suit est belle et calme : celle d’artistes regroupés dans l’« Atelier Ndokette » qui se concertent dans leur création, s’inspirant aussi de méthode ancestrale de Guinée, du Sénégal… Il y a un lien, me semble-t-il, avec les créations en tissu d’Hyacinthe Ouattara, liées au Mali.
A l’Atelier céramique des Almadies, Mauro Petroni nous présente un artiste remarquable et quasiment inconnu Abou Ndiaye, dont l’œuvre a été dispersée, après sa mort précoce. Son style coloré marie des influences surréalistes, (je pense à Chirico, Dali) mâtinées de références mythologiques croisées complexes… un peintre inoubliable. Teo Petroni a réalisé une plaquette somptueuse sur Abou Ndiaye (en plus de la plaquette du Partcours).
Little Sun et RAW Material Company présentent SUÑU JANT, constellation d'œuvres disséminées dans la ville, sur une idée originale de trois collectifs d'artistes locaux, KENU LAB'Oratoire des Imaginaires, Yataal Art et Kër Thiossane. Ces installations imaginent un avenir climatique juste, avec l'énergie solaire comme fondement : un festival de quartier le temps d’un week-end, un abri dans un marché nocturne, un jardin communautaire revivifié ou encore un atelier de création textile pour jeunes femmes.
Le Partcours est comme focus d’art plastique et politique dans une ville en pleine transformation et fortement active et créative, côté artistique.