vendredi 11 novembre 2011 - par kb

Pour quelques pépins de plus

A travers la grande histoire du cinéma, tout un pan d’ouvriers de la culture occidentale s’est évertué avec grand brio à brosser un portrait robot dans le mental collectif par une iconographie d’un genre plutôt douteux où le méchant a, tour à tour, un rictus sadique sur une face jaune aux yeux bridés, un teint basané aux yeux injectés de sang, un accent latino prononcé entouré d’une barbe crasse…etc

On oublie trop souvent que les grands monstres de l’histoire étaient aussi blancs, beaux et caucasiens…enfin, ceci avant l’avènement de certaines difformités cocasses de genre sarkozien faisant son cinéma...

Le procès d’intention ne s’arrête pas au genre humain puisque ces même promoteurs se sont attaqués avec la même véhémence à une supposée vie extra terrestre, paranoïa face à laquelle on ne peut qu’émettre un sentiment de méfiance. Prétendre déjà qu’il pourrait y avoir une autre espèce de vie à travers les milliards de galaxies relève du domaine de la probabilité, quoique pour moi on reste quand même dans le domaine de la supposition...rationnellement parlant.

Maintenant prétendre que dans le cas d’une existence extraterrestre celle-ci serait immanquablement « agressive » à notre égard puisque louchant sur nos ressources naturelles, là je dis qu’on est en pleine gratuité de supputation. Je ne vois pas comment pourrions-nous attribuer une intention belliqueuse à des êtres justes supposés existants. Il serait plus juste d’admettre que si une autre vie existait quelque part dans l’univers, elle ferait tout pour éviter aux siens d’entrer en contact avec la terre vu que ses habitants sont la seule espèce, à ce jour connue, qui se massacre massivement entre elle.

Il aura fallu attendre que le père Cameron réinvestisse le champ prolixe de la rencontre du troisième type pour inverser la donne relationnelle avec son grand bleu : AVATAR.

Au-delà du grand Mythe de l’homme blanc, bon par essence et surtout prêt a se retourner contre les siens pour défendre une noble cause (oué l’homme blanc n’est jamais renégat mais juste équitable, d’autant plus que cette fois ci le héros on l’a choisi handicapé pour fédérer encore plus la sympathie des foules), les méchants petits hommes verts si chers à Lustucru (pour ceux qui auraient un minimum de culture publicitaire) sont devenus de grands gentils hommes bleus…en moins touaregs tout de même (des schtroumpfs…je me demande où certains on été chercher ça).

Cameron a usé de toute la panoplie de clichés disponibles pour que son film cartonne au-delà même d’une symbolique très « cartoon ». Les méchants sont vraiment méchants, sauf que cette fois c’est bien de nous qu’il s’agit, les humains, via le colonel d’une armée qui rappelle étrangement Tsahal, les sumos en moins. Les cupides sont vraiment cupides via le représentant d’une compagnie sacralisant le summum de l’ultralibéralisme à l’échelle galactique. Les gentils sont vraiment gentils jusque dans leurs pattes molles et leurs défauts de fumeurs chez la représentante très « alien » de la science « altruiste ». Choix judicieux quand même de Seagourney weaver pour nous dire : eh les cocos, ceci est un film de science fiction, pas d’extrapolation avec ce qui se passe sur terre…pas con le père Cameron.Mais bon techniquement il n’y a rien à en redire. Le scénario est bien ficelé. Pas de temps mort. Toutes les scènes contribuent à faire avancer l’intrigue. Usage judicieux de la voix off. Décors féeriques. Cameron à réussi là la fusion entre le genre « bambi » et celui de « l’héroïc fantasy » dans un style très « Abraham Merit » pour les férus de SF : L’homme blanc introduit dans un univers qui n’est pas le sien (les habitants du mirage, le gouffre de la lune, la nef d’Ishtar…etc)

Ça c’était le volet rationnel de l’histoire. Côté croyance, mysticisme et autres supra normalités, si on en revient aux grands livres de l’humanité, l’homme n’est certainement pas la seule espèce de l’univers. Dieu, les anges, les houris, les djins et autres merveilleuses créatures font partie de cette catégorie extra terrestre. Le « bouraq » (Pegase) étant sans doute une nef permettant le voyage intersidéral et même inter dimensionnel. Sans doute faut-il relire différemment les grands mythes religieux pour cesser ces procès d’intentions faits aux éventuelles créatures de l’espace, d’ailleurs ce midrash de la Torah n’a jamais été si parlant qu’en ce réflexe pavlovien de diabolisation de l’autre qu’il soit juste extra national ou extra terrestre

« Nous ne voyons jamais les autres comme ils sont mais comme nous sommes »

Rappelons nous qu’à l’origine de notre exil sur terre ce fut une histoire de pomme qui a procréé tant de pépins sur terre et une conscience collective pas très tranquille portant en elle les stigmates d’un paradis foiré…normal que l’on se sente donc à la merci d’une imminence fatale venant certainement du ciel…



3 réactions


  • kb kb 11 novembre 2011 10:57

    j’aimerai bien que ceux qui votent « pas d’accord » avec l’article expliquent en quoi ils ne le sont pas...maintenant s’ils n’aiment pas l’article ça c’est autre chose...bref la formule du vote prête à confusion


  • adeline 11 novembre 2011 13:29

    Bonjour Kb, moi j’aime bien votre article , merci à vous.
    Effectivement le cinéma est utilisé pour faire passer l’image que nous « devons » avoir, beaucoup à dire là dessus


  • Switcher 11 novembre 2011 15:14

    Je trouve, au sujet des aliens au cinéma, qu’un film comme le Sud-africain District 9 est beaucoup plus crédible et ’réaliste’ (si l’on excepte certaines scènes de la fin, montées comme un actioner bourrin) : la seule envie des ETs débarqués par erreur chez nous, c’est de se barrer !

     smiley

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