mardi 8 février 2022 - par Lucia Gangale

Redécouverte d’une œuvre oubliée de Matisse : La Villa Bleue

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Matisse, La Villa Bleue

Après plus d’un siècle, une toile d’Henri Matisse (Cateau-Cambrésis 1869 - Nice 1954) a été redécouverte. Elle s’intitule La Villa Bleue à Nice et a été peinte dans cette localité très appréciée du peintre en 1918. L'œuvre sera vendue aux enchères par la maison Millon les 9 et 10 mars. Sa valeur se situe entre 150 et 200 000 euros.

Auparavant, elle n’a jamais été montrée au public et fait partie d’une série des 5 tableaux représentant la Villa Bleue et ses environs, un travail qui, comme il ressort de la correspondance que Matisse a envoyée à son ami Charles Camoin, avait particulièrement pris le peintre.

Henri Matisse arrive à Nice en décembre 1917 et est immédiatement fasciné par la lumière du sud et ses tons argentés. Il a dit : « Quand j’ai compris que chaque matin je reverrais cette lumière, je ne pouvais croire à mon bonheur. Je décidai de ne pas quitter Nice, et j’y ai demeuré pratiquement toute mon existence ».

Matisse peint beaucoup malgré la guerre, se concentrant notamment sur ses recherches sur la lumière, qu'il commence à Saint-Tropez en 1904 avec Paul Signac, puis à Collioure en 1905 avec André Derain et au Maroc. Mais c'est à Nice que cette recherche atteint sa plénitude et lui permet de produire ses œuvres les plus importantes.

Lorsque Matisse est arrivé à Nice, il a d'abord séjourné à l'hôtel Beau Rivage sur la promenade des Anglais, puis loue un appartement juste à côté qu’il aménage en atelier, ou il réalise ses premiers intérieurs niçois et ses fenêtres ouvertes sur la mer. En mai 1918, les Allemands réquisitionnent son hôtel, c’est alors qu’il déménage avec son fils Pierre à la Villa des Alliés sur une colline au-dessus de Nice, et fait la découverte de la Villa Bleue, une ville tipyque de la région par son architecture originale, nichée dans une nature idyllique. Matisse écrit à Camion : « J’ai travaillé tous ces temps en plein soleil de 10 h à midi et je m’en trouvais crevé pour la journée. Je vais changer mes heures - dès demain je commence à 6 heures et demie ou 7 heures. Je pense avoir une bonne heure, peut-être deux, de travail. Les oliviers sont si beaux à cette heure - le plein midi est superbe mais effrayant. Je trouve que Cézanne l’a bien rendu dans ses rapports, heureusement pas dans son éclat qui est insoutenable. J’ai fait tout à l’heure une sieste sous un olivier et ce que je voyais était d’une douceur de rapport attendrissante. Il semble que c’est un paradis qu’on n’a pas le droit d’analyser, et pourtant on est peintre, N. D. Ah ! c’est un beau pays Nice ! Quelle lumière tendre et moelleuse malgré son éclat. Je ne sais pourquoi je la rapproche souvent de celle de la Touraine (…). Celle de la Touraine est un peu plus dorée, celle-ci est argentée. Même que les objets qu’elle touche sont très colorés comme les verts, par exemple ».

Le tableau La Villa Bleue fait partie de la série idyllique de 5 tableaux représentant la Villa Bleue. Au centre de la scène se détachent trois arbres au tronc noir qui offrent abri et fraîcheur à la Villa blanche au toit bleu. Le ciel est bleu. La juxtaposition chromatique communique des émotions et parle un type de langage nouveau dans l’art contemporain au peintre, dans le cadre de ce renouveau également porté par son contemporain Picasso.



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