samedi 23 juin 2012 - par NewsofMarseille

Sagan et fils / The Dictator

Les films et livres sur Françoise Sagan, ce n’est pas ce qui manque. L’auteur, qui a fait parler d’elle autant pour son personnage que pour ses œuvres, est un des sujets préférés des biographes-journalistes. Et même si Sylvie Testud lui rend un bel hommage en l’interprétant à merveille dans « Sagan » de Diane Kurys, je préfère me plonger dans la lecture de Sagan et Fils, la biographie tant attendue de celui qui a été proche de l’insaisissable, son fils Denis Westhoff.

Critique Livre : Sagan et fils


Fils unique de la romancière et de Bob Westhoff, un Américain anticonformiste, il décide à cinquante ans de rétablir la vérité et de dessiner un portrait plus ressemblant de sa mère, morte en 2004 à l’âge de 69 ans. Françoise Quoirez de son vrai nom, s’était fait connaître avec son premier roman provoquant ; « Bonjour Tristesse », écrit à l’âge de 18 ans. Une carrière qui commence jeune, une personnalité qui dérange, des excès de toutes sortes, le mythe Sagan était lancé. En 2006, deux ans après le décès de sa mère, Denis Westhoff acceptera de reprendre le royaume bancal, composé de dettes mais aussi d’œuvres fantastiques.

Cette succession empoisonnée vient probablement du côté fantasque de Sagan qui brûlait sa vie par les deux bouts de ses cigarettes, en repoussant toutes les limites. Un personnage qui colle à l’épitaphe qu’elle avait rédigée pour elle-même : « Sagan, Françoise. Fit son apparition en 1954, avec un mince roman, Bonjour tristesse, qui fut un scandale mondial. Sa disparition, après une vie et une œuvre également agréables et bâclées, ne fut un scandale que pour elle-même. »
 Son fils dépeint sa passion pour les bolides, ce qui lui vaudra un accident presque fatal.

Denis reste dans la peau de l’enfant qui idolâtre ses géniteurs et ne tarit pas d’éloges sur ses parents. Assuré d’être celui qui sait plus que les autres, il apparaît plutôt comme celui à qui l’on a caché beaucoup de choses. L’addiction aux drogues, l’homosexualité, la déchéance financière. Il atténue et lisse les faces sombres de Sagan, une mère qu’il chérit et idéalise.

L’enfant unique semble cependant avoir pris les qualités d’écriture de sa mère, très agréable à lire, Sagan devient au fil de la lecture, un personnage attachant. Et même si des chapitres-précisions peuvent être longs comme la visite de la maison en Normandie, la description des animaux de son enfance, le foyer, ou l’éloge à son père Bob Westhoff, on appréciera le chapitre des conseils littéraires d’une mère à son fils qui deviendront ceux d’une auteur à ses fans.

Ce livre n’est donc pas une biographie de plus (la neuvième, signée Pascal Louvrier, vient de sortir) mais le récit d’un enfant regardant sa mère d’un œil émerveillé, occultant ses défauts, vénérant ses talents. Qui peut le lui reprocher ?

 

Critique Cinéma : The dictator


Je ne peux pas faire une critique sérieuse d’un film comme The Dictator, alors je me dédouble, intègre mon autre personnalité, celle qui aime le deuxième voire le troisième degré et qui rigole comme une petite folle devant RRRrrr ou la Cité de la Peur.

« The Dictator » est signé Larry Charles, le réalisateur déjà responsable de Borat et Bruno. Le film raconte les péripéties de l’Amiral Général Aladeen, un tyran bling-bling, mégalo, raciste, misogyne et pédophile (liste non exhaustive) qui fait égorger tous ceux qui osent le contredire. Inspiré des feu dictateurs Kadhafi, Hussein ou Kim Jong Il, il dirige d’une main de fer la République du Wadiya, en Afrique du Nord.

Le dictateur se retrouve à New York et commence alors une parodie d’Un Indien dans la Ville. La vision américaine de la dictature mélangée à la vision de Sasha Baron Cohen de l’Amérique, le tout pourrait être marrant si il ne tombait pas systématiquement dans le pipi-caca, au sens propre. Le faux accent caricatural tout au long du film devient aussi insupportable que l’accent marseillais forcé qui est présent systématiquement dans les spots publicitaires vantant les vertus de l’huile d’olive…

Les adolescents de la salle semblent réceptifs à l’humour du « Mickaël Youn américain », alors que moi je ne souris qu’aux quelques plaisanteries concernant la démocratie chinoise et autres clichés écolo-lesbiens.

Après Ali G, Borat et Bruno, Sacha Baron Cohen se cache encore et toujours derrière un personnage fantasque dont il ne sort même pas (et surtout pas) pour la promo. La barrière entre fiction et réalité n’existe pas. Mais qui est donc réellement Sacha baron Cohen ? Aurons nous la chance un jour de le voir dans un rôle sérieux ? Son humour no limit, quelques fois d’un goût douteux sert souvent à faire passer un message, mais cela ne pourrait-il pas être fait sans se ridiculiser ?

Un site internet de la « Wadiya », une promo des plus démesurées à Cannes, le duo Cohen/Charles réussit encore et toujours un excellent coup marketing. Tout n’est donc pas à jeter dans le film, mais avec un budget de 65 millions de dollars on aurait espéré un scénario plus abouti.

Sur l’affiche est stipulé « aucun journaliste n’a été maltraité pendant la projection du film » Me concernant, j’ai parfois eu le sentiment d’être soumise à la torture intellectuelle…

 

Melissa Reverso



1 réactions


  • Sulpicia 30 juin 2012 15:40

    Sacha Baron Cohen dans Borat était excellent, ainsi que dans Bruno et j’ose espérer que dans The Dictator aussi.
    Si l’auteur(e) de cette critique lit ce commentaire, je souhaite lui dire que Sacha Baron Cohen n’est ni un con mais bien un superbe acteur. Dans Sweeney Todd Le diabolique Barbier de Fleet Street du génial Tim Burton, il y incarne un barbier et y chante divinement bien. Et j’ai entendu dire qu’il avait joué dans Hugo Cabret de Martin Scorsese... Pour ma part, je trouve cet homme très intelligent, doté d’un second degré, certes assez spécial mais ses films ont un message non ?
    L’Amérique n’est pas l’Eldorado de beauté qu’elle le laisse entendre...


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